Joyeux anniversaire, ma choupie !
J'espère que cet humble OS te plaira, je suis désolée de n'avoir pas pu pondre un truc plus joyeux :/
Profite bien de tes quinze ans o/ Tu deviens officiellement mon aînée :mg:
Bonne lecture à tous !
Désormais. J’ai entendu ce mot, hier. Désormais.
Il paraît que tout serait différent, désormais.
Il m’a fait peur, ce mot. Désormais.
Désormais, désormais…
Dire désormais, c’est mettre une barrière entre notre espoir et mon désespoir, entre mes projets de petite fille et le vide devant moi, entre notre connivence et ma solitude.
Alors oui, évidemment, ton absence sera comme un grand vide. Alors oui, bien sûr, il aurait des soirs où je ne pourrais plus trouver le sommeil, où je resterais allongée, immobile, le regard vide, sans pouvoir penser à quoi que ce soit. Bien sûr. Evidemment. Il fera noir ; il fera calme ; et ce sera le silence. Personne ne pourra m’entendre crier ma douleur, la douleur du vide, et j’aurais honte, honte et mal… Et ils seront tous sourds, et aveugles, parce que ce sont les grandes personnes, et que les grandes personnes ne comprennent pas qu’on crie notre douleur, notre première douleur. A les entendre, ce serait chose courante, avoir mal.
Tu sais… je crois vers la fin, je me suis plus que jamais attachée à toi – pas pour toi, pour ce que tu étais, mais pour ce que tu avais été, avant. Pour tout ce que nous avions traversé. Juste parce que tu avais été là, à côté de moi. Vers la fin, je t’ai aimé par habitude. J’aurais mal, mal de sentir à côté de moi une présence vide, après tout ce temps. C’est terrible, ça. Je ne t’ai plus regardé pour ce que tu étais, je ne t’ai pas écouté pour ce que tu avais à dire. Je n’ai plus pris le temps de rien savourer. Je t’ai aimé par habitude, parce qu’il n’en a jamais été autrement, et que tu avais comblé cette grande place vide – ce vide qui aujourd’hui viendra me hanter, et qui me hantera toujours.
Ça me manquera, tu sais. Nos mains qui s’entrecroisent, et tes lèvres, et ton sourire… Et la chaleur, quand je voyais ton sourire… La chaleur qui m’inondait toute entière… Comme une lumière… Ton sourire…
Mais tu sais… J’ai honte de l’avouer, maintenant, mais avec toi disparaît ma plus grande crainte aussi. Je ne sais pas pourquoi je te le dis. Parce que ça me rend coupable peut-être, et que je veux me libérer de cette culpabilité.
Ecrire ne me libérera pas.
J’ai eu très peur du toi que tu devais devenir, du toi qui ne me connaîtrais plus. Tu aurais eu ces vingt ans de plus qui pèseront comme un fardeau sur tes épaules, le poids des responsabilités de l’âge adulte qui auraient enlaidi ton visage, et tu aurais été heureux – tu aurais été heureux ! Dans tes grands yeux vides, seulement, tu aurais eu le regard de l’étranger, et nous nous serions regardés, comme des passants se dévisagent, pour la première et dernière fois.
Tu faisais des projets. Je sais que grandi, tu aurais été heureux. Je sais aussi que grandi, tu aurais disparu, et tu te serais éloigné de moi. Mais grandi, tu seras mort à mes yeux, parce que le petit garçon n’aurait plus existé, et ce que j’ai aimé et qui faisait de toi un être à part, c’était ça, c’était le petit garçon. Enfant, chaque être est unique et merveilleux ; adulte, il aura fait le choix de ressembler à tous les autres.
Tu aurais ressemblé à tous les autres… Et tes yeux auraient été vides, et au fond, tout au fond, il y aura ce regard de l’étranger… Terrible regard de l’étranger…
C’est cruel. Tu ne grandiras pas, et tous ces projets ne verront pas le jour. C’est cruel aussi, parce que celui qui voulait vivre, et qui se tournait vers l’avenir, de nous deux, c’était toi. Et c’est moi qui ai survécu.
C’est ironique, également, parce que mon vœu le plus cher était que tu ne grandisses pas pour rester auprès de moi, toujours – pour que tu ne me regardes pas avec ce regard de l’étranger – et il a fallu que la Mort intervienne pour qu’il se réalise.
Désormais, le sourire de tes dix-sept ans restera éternellement gravé sur ton visage.
Il m’a fait peur, ce mot. Désormais.
Il paraît que tout serait différent, désormais.
Désormais. J’ai entendu ce mot, hier. Désormais.
Je ne sais pas comment on ose prononcer des choses pareilles.
Dire désormais, c’est se tourner vers le futur, et le futur me fait peur. C’est imaginer un lendemain sans toi. Prendre conscience, vraiment conscience de ce vide qui sera près de moi. Et puis il faudra devenir adulte, et oublier… C’est cela, devenir adulte, c’est oublier.
Moi, je ne veux pas ça ! Moi je ne serais pas comme eux ! Mon désormais, alors, à moi, ce sera le passé. Ce sera un désormais où tu seras toujours présent, Teddy, toujours. Je ne t’oublierais pas, Teddy ; chaque chose me rappellera sans cesse toi, et je ne t’oublierai pas, et je serais courageuse, aussi.
Désormais. Je trainerai ton fantôme avec moi, désormais. Le fantôme de tes dix-sept ans, de ton rire, de ta joie de vivre. Un fantôme qui ne grandira pas, un fantôme qui ne sera pas heureux. Moi non plus, je ne serais pas heureuse, mais je n’oublierai pas. Je serais là. Nous serons ensemble, désormais. Malgré tout. Je ne t’oublierai pas.
Ta Victoire.
*court se cacher*
Je suis novice dans ce genre de texte, donc n'hésitez pas à critiquer à volonté, je ne demande qu'à m'améliorer =D
*jesuismasoetjassume* o/
Breyf. J'espère que ça vous aura plus. Et que ça t'aura plu, ma Ju. Encore joyeux anniversaire