Le bâtiment était gigantesque. D’un blanc immaculé, il s’étalait sur plusieurs centaines de mètres devant moi. J’étais arrivée en avance pour avoir tout le loisir d’observer les courbes de l’édifice : c’était un petit bijou d’architecture moderne. Je me tenais fièrement sur mes escarpins noirs, en face de l’escalier principal.
Le temps était clément en ce début de septembre, c’est pourquoi je m’étais permise d’enfiler une jupe en tulle blanc qui me tombait aux genoux, un débardeur noir en dentelle et une simple veste en jean. Je portais nonchalamment mon sac Louis Vuitton en bandoulière sur l’épaule tout en me perdant dans la contemplation de ma future école. Je n’avais pas encore eu l’occasion d’y entrer, mais je m’imaginais parfaitement un lieu particulièrement lumineux. De grandes fenêtres aux vitres teintées s’étalaient sur les murs de la structure. Seules quelques fleurs venaient ajouter une touche de couleur à ce géant blanc. Je trouvai l’ensemble parfait. Je m’y sentais déjà bien.
Mangouste’s School avait été le rêve de ma mère. Mais en tant qu’héroïne de guerre, elle avait été plus ou moins contrainte d’accepter un poste à responsabilités au ministère : les affaires étrangères. Jamais personne n’avait réellement compris comment ma mère avait pu atterrir dans ce département.
Parce que moi, Rose Weasley, j’étais particulièrement bien placée pour savoir qu’en termes de diplomatie et de discrétion ma mère était une quiche. La preuve en était qu’elle se tenait à l’instant même juste derrière moi, main dans la main avec mon père qui avait spécialement annulé un entrainement pour pouvoir assister à ma rentrée. Je soupirai. J’avais dix-huit ans, toutes mes dents blanches parfaitement alignées, j’étais vaccinée et avais une protection contraceptive à défier le plus rigoureux des spermatozoïdes. Et pourtant, il avait été impensable pour mes chers parents de me laisser savourer la découverte de mon université.
Je n’étais certes pas la seule à être accompagnée par ma famille. Mais en soi ce n’était pas tant le fait que mes parents me traitent comme une enfant de treize ans qui me gênait – j’étais habituée désormais. Non, ce qui me dérangeait c’était que tout le monde allait les reconnaitre et m’identifier comme étant « la fille d’Hermione Granger et Ronald Weasley ». Parce que c’était sûrement trop demander que de me considérer comme Rose. Juste Rose. Déjà que se prénommer comme une fleur était un calvaire à mes yeux, il avait fallu que le destin m’affabule d’un nom connu dans toute l’Angleterre. Merlin était vil et sournois.
J’allais m’asseoir sur le bord de la fontaine qui se trouvait juste derrière nous lorsque mon père grommela :
- Mais qu’est-ce qu’il fout là lui ?
Je suivis son regard et pestai également. Drago Malefoy se tenait non loin de nous, accompagné de sa charmante épouse, Astoria Malefoy Greengrass. Charmante était malheureusement le bon mot. J’aurais tellement souhaité avoir une bonne raison de haïr cette femme. Je retins ma respiration lorsque monsieur Malefoy croisa mon regard. Le sien était gris, dur comme de l’acier. Il me fit un vague sourire – une bouffée de chaleur traversa mon corps – et tira délicatement sa femme dans notre direction. Je sentis mon père se crisper. Les vieilles rancœurs entre eux n’avaient jamais pu s’effacer – au plus grand dam de toutes nos connaissances.
- Miss Weasley, me salua-t-il en déposant un léger baiser sur ma main.
Je me forçais à afficher mon plus joli minois et fis une légère révérence pour le saluer à mon tour. Astoria de son côté avait déjà pris ma mère par le coude pour lui demander son avis sur les rosiers qui se trouvaient non loin. Je me demandai vaguement pourquoi cette femme s’obstinait à vouloir partager sa passion avec ma mère qui était aussi douée en jardinage qu’en Quidditch. Drago de son côté demanda rapidement des nouvelles à mon père et le félicita poliment pour les derniers résultats qu’avait obtenus son équipe lors du dernier championnat. La scène était étrange pour quiconque les avait connus à Poudlard. Et le principal responsable de cette grande mascarade venait tout juste de faire irruption dans mon champ de vision.
Albus Severus Potter, mon cousin, premier du nom à avoir atterri à Serpentard. Et surtout ! surtout, premier Potter à avoir lié une amitié avec un Malefoy. Et pas une banale amitié, cela aurait été bien trop simple. Le genre d’amitié à remuer ciel et terre pour obtenir ce qu’elle veut. En l’occurrence, ce qu’ils avaient voulu c’était la paix entre leurs familles. Et le plus scandalisant était qu’ils l’avaient obtenue. Pour mon plus grand malheur, puisque je devais maintenant supporter Scorpius lors des soirées familiales.
Le fils Malefoy. Je ne savais pas réellement pourquoi je le haïssais, en réalité. Mais c’était viscéral. Autant j’adorais Astoria et avais su apprécier Drago – un peu trop peut-être ? – autant le résultat de leur amour était une erreur de la nature selon moi. Erreur qui s’approchait dangereusement de nous, abordant un sourire carnassier, une chemise blanche rentrée dans son jean sombre préféré. Le tout en tirant allègrement sur une cigarette. « Sucette à cancer » que son père lui arracha de la bouche puis écrasa par terre sans un mot. Scorpius ne s’en formalisa pas, bien sûr, puisqu’il ne faisait jamais attention à rien.
- Bonjour belle fleur, fit-il à mon intention.
- Bonjour, répondis-je froidement.
Mon ton polaire à faire fuir un Esquimau n’enleva pas non plus son sourire. Chaque fois que je le voyais, j’avais la vaste envie de lui claquer brutalement ma main droite sur sa joue pour lui retirer cet air insolent qu’il abordait sans cesse. C’était de famille, selon mon père. Il arrivait d’ailleurs assez régulièrement qu’il nous ressasse la formidable histoire d’Hermione giflant Drago lors de leur troisième année à Poudlard. J’avais bien tenté de faire la même chose avec le fils lors de notre sixième année, mais j’avais été littéralement confronté à un problème de taille. Scorpius faisait une tête de plus que moi – lorsque j’étais perchée sur mes Jimmy Choo…
- Je suppose que tu n’es pas là pour admirer l’architecture, déclarai-je narquoise.
- Tu n’es pas au courant Rose, s’écria Albus, prenant son ami par l’épaule. Scorpius a été admis à Mangouste’s School. C’est génial non ?
- Super, sifflai-je
Oui. Super. Même inconsciemment, Scorpius Malefoy arrivait à me pourrir la vie. Mon rêve idyllique venait de se transformer en cauchemar. Attendez, à propos de Merlin, j’avais seulement dit vil et sournois ? Ajoutez donc sadique à la liste. Si cette idée ne m’avait pas tant agacée, j’aurais presque pu en rire : le narcissique Scorpius Malefoy voulait devenir medicomage.
- Comme ça tu ne seras pas toute seule, remarqua Albus, moqueur.
- Tais-toi, abruti, susurrai-je entre mes dents.
Mon cousin avait toujours adoré me mener la vie dure. Parfois, je me demandai même s’il n’avait pas fait exprès de prendre pour meilleur ami la cible de mes pulsions meurtrières. Je vis du coin de l’œil que nos parents allaient interrompre notre petit manège, mais la directrice de l’école le fit avant eux. Avec nos chamailleries, personne n’avait remarqué qu’elle s’était postée en haut des grandes marches. Elle avait lancé un Sonorus sur sa gorge et souhaitait la bienvenue à tous les premières années – qui étaient à peine une trentaine semblait-il. L’élite du monde. Je saluais rapidement Astoria, laissa mon regard se perdre dans les yeux de Drago quelques secondes, puis serrai mes parents dans mes bras. Enfin, sans regarder en arrière, je me dirigeai vers ma future directrice, les futurs murs dans lesquels j’allais vivre mes prochaines années, les futures amies que j’espérais me faire. Mon avenir, en somme.
Sur le chemin qui me séparait du haut de l’escalier, je pris une grande inspiration. Non, je refusai qu’un crétin à la tignasse blonde vienne me gâcher mon année. C’était important pour moi. Réellement. J’avais passé l’été à en rêver, à tout planifier, à y croire. Pour la plupart des enfants, Poudlard était un merveilleux endroit et tous en gardaient un beau souvenir. Mais pas moi. Pas nous, les enfants des « héros ». Nous avions passé de bons moments entres ces murs, certes, mais dès que nous avions posé le pied sur le quai du train qui devait nous mener au château, nous avions compris que nous ne pourrions jamais être comme les autres.
Comment le pourrions-nous avec des parents célèbres dans toute l’Angleterre ? Nous avions passés notre adolescence entre jalousies, hypocrisies et mensonges liés à nos noms de famille. Alors oui, cette école c’était un peu ma seconde chance. De nombreux étudiants étrangers postulaient pour rentrer à la Mangouste’s School et pour mon plus grand plaisir, beaucoup étaient acceptés C’était ça, la promesse que je m’étais faite : passer au moins quelques années normales, en étant appréciée et adulée pour ce que j’étais réellement et pas simplement parce que je m’appelais Weasley.
Nous fûmes appelés par ordre alphabétique pour rejoindre les différents professeurs qui seraient nos tuteurs tout le long de notre scolarisation. Mangouste’s School était un endroit carnassier où les élèves de chaque année étaient répartis en trois groupes d’environ dix individus. Et tout était fait pour que ces trois groupes se détestent et luttent pour la victoire. Victoire qui nous promettait au terme de nos cinq ans d’études acharnées un emploi dans l’hôpital du même nom. C’était une tradition rodée qui visait à tirer le meilleur de nous-mêmes. Je lus sur les visages de beaucoup que ce système était une grande première. Pour Scorpius et moi, qui avions connus Poudlard, c’était une habitude.
Aussi, lorsque mon nom fut appelé et qu’on me désigna le groupe où ce petit crétin aguichait déjà une blondasse en costume noir, je réalisais que les habitudes allaient devoir changer. Pour la première fois, nous allions faire front ensemble. Après sept longues années à se disputer les points lors de nos cours communs, nous allions être forcés de cohabiter et lutter pour un même objectif. Je manquai de m’évanouir.
Merlin, vous êtes un enfoiré.
Je tiens à préciser que cette fanfiction n’est pas réellement à prendre au sérieux. C’est avant tout un gros craquage de ma part et je ne prétends pas écrire un chef-d’œuvre, juste m’amuser un peu et espérer vous distraire également.
Je tiens à remercier par avance mes bêtas qui se reconnaitront, et bien sûr vous, lecteurs.
Concernant les publications, je pense qu'il faudra être patient, j'ai quelques chapitres d'avance mais ça s'épuise vite ces petites choses là... ^^
Sur ce, profitez-en ! :)
Je rappelle que le rating déconseillé -16 n'est pas la par hasard. Je n'ai pas mis -18 car il n'y aura rien de décrit explicitement. Cependant, certains termes seront crus, sans détours. Il sera fait mentions de sexe, d'alcool, et autres joyeusetés. Donc cette fanfiction ne s'adresse pas à n'importe qui non plus.
Bonne lecture !
Et n'oubliez pas de laisser une review pour me donner votre avis ! ;)