Je veux revivre ces nuits de satin blanc, me réveiller à tes côtés. Toi, tu m'as dit de rester ici et que tout irait bien. Mais ça ne peut pas bien se passer ce soir, tu ne peux pas t'en tirer si facilement. Tu m'as dit de rester ici et de m'occuper de notre fils. Mais je suis déjà coupable de préférer être à tes côtés. Tu m'as dit « Il aura besoin de sa mère » et j'ai répondu que moi, j'aurai besoin de toi.
Cette nuit sera de celles n'arrivant jamais à leur terme, je redoute l'aube et que tu ne reviennes pas.
L'horloge sonne dix-neuf heures quand tu claques la porte et je n'empêche plus les larmes de couler. Je suis partagée entre l'amertume et la fierté. Tu vas combattre pour une cause juste mais tu m'abandonnes pour celle-ci, aussi. Tout s'est passé trop vite depuis plusieurs mois, j'ai le sentiment égoïste qu'on m'enlève quelque chose dont je n'ai pas assez profité. Je repense à ces lettres que j'ai écrites pour toi quand tu partais en mission, sans jamais avoir l'intention de les envoyer. Tous ces mots accrochés à des parchemins usés que tu ne liras jamais. Ces souvenirs d'un passé trop présent, seuls traces qui resteront si tu ne reviens pas.
« Ne t'en fais pas pour lui, il sait se battre »
On a déjà perdu un mari, un père. Mon père et sa beauté que je n'ai jamais su voir, qui m'a laissée avec mes regrets. Et cette peine que je refuse de partager avec ma mère parce que toi, tu survivras. Tu ne peux pas ne pas survivre. Car je t'aime.
Teddy se met à pleurer quand je reçois ton patronus, tu me dis de rester calme et que tout se passera bien. Tu n'as jamais su mentir. Je ne sais plus trop si c'est la panique dans ta voix ou l'hésitation crispante lorsque tu me demandes de veiller sur notre fils. Je ne sais plus trop à quel moment je décide de te rejoindre. Et Teddy pleure toujours.
Je transplane sans me détacher de l'image des larmes dans ses yeux. Je me précipite vers La Tête de Sanglier sans aucune vigilance. Je fais n'importe quoi parce que j'ai décidé de te retrouver. Je me rends sur le champs de bataille en observant les gens, ils ont peur. Moi aussi. Je demande à ceux que je connais s'ils ne t'ont pas vu, la panique me gagne à mesure que j'encaisse les négations. Certains marchent main dans la main et les miennes sont glacées. Je croise Harry qui semble aussi désorienté que moi, il ne t'a pas vu. Personne ne t'a vu.
J'ai peur, je ne veux pas arriver trop tard. Je sens que la fin approche, je sais que ce soir ce sera encore une de ces épreuves que j'endure. Alors je me mets à courir dans le château, je n'arrive pas à choisir une direction et je perds mon temps. Ce n'est qu'en arrivant dans la Grande Salle que je réalise que ce sera notre dernière bataille, quelle qu'en soit l'issue, quel qu'en soit le gagnant.
Je fonds sur nos alliés présents, pour comprendre, pour leur poser mille questions. Mais ils sont simplement incapables de les comprendre. L'urgence qui les entoure s'impose à moi, je me rappelle que je dois te trouver, que je suis là pour combattre. Que j'ai laissé notre fils parce qu'il mérite une vie heureuse. Alors je sors de la pièce pour me diriger vers le parc, ou du moins, ce qui en fut un.
A peine les portes franchies, la violence de toute cette guerre me saute à la gorge. J'empêche les larmes de monter, ce n'est pas le moment de me laisser gagner par la panique. Mais je commence à comprendre qu'il est grand temps de se battre pour être libre, parce que c'est exactement ce que tu veux être. C'est pour ça que je suis là. Mon corps se dirige tout seul vers un combat. Tu es au centre avec Bill et Hestia. Et si tu n'es pas encore mort, je sens que tu finiras par le devenir. Quand je suis assez proche, tu te jettes sur moi.
Tu m'as demandé ce que je faisais là, tu m'as secouée, tu m'as hurlé de rentrer chez nous et de rester en sécurité avec Teddy. Tu m'as forcée à affronter ton regard dur et inquiet. Tu m'as laissée m'emparer de ta main, tu m'as emmenée dans un nouveau combat.
Etrangement, je ne m'étais jamais sentie aussi vivante qu'à ce moment-là. De manière générale, je suis toujours plus féroce quand je me bats à tes côtés. Quand nous sommes deux et que nous sommes plus forts. Je sens les sorts vibrer dans mon bras et j'entends ton souffle toujours plus saccadé. Je te vois te battre comme le loup que tu es, à la fois vif et bestial. Et je t'aime, plus que jamais. Et je suis fière d'être ta femme et ton alliée, fière que nous défendions notre liberté et celle de notre fils. Je suis tellement fière d'être dans cette bulle de force et de défense avec toi que je ne vois pas les ennemis nous submerger. Je ne vois plus les maléfices qui passent au-dessus de nos cheveux, je ne vois pas que je m'éloigne de toi.
Toi, tu n'as pas vu l'éclair bleu qui t'a frappé. Tu n'as pas vu quand tu es tombé au sol. Tu n'as rien entendu de mes cris, de l'horreur qui sortait par ma gorge. Tu n'auras pas été là pour mes derniers exploits, quand j'ai mis hors d'état de nuire la demi-douzaine d'ennemis. Quand j'ai laissé la démence m'envahir et que j'ai tué cet enfoiré de Dolohov. Tu n'étais plus là pour me dire de ne pas me retourner, de ne pas me jeter sur ton corps inerte. Ton visage inanimé et une rage que je ne me connaissais pas, comme si ta bête m'envahissait. Ces sorts qui ont fusé jusqu'à moi, celui qui m'a touché par-dessus le rire terrifiant de Bellatrix Lestrange. Mes yeux qui se sont fermés face à toi, quand je suis tombée. Mes derniers mots qui étaient pour toi. Parce que je t'aime.
Note d'auteur :
Un grand merci à Labige et Aredhel pour leurs précieux conseils o/ !
Note de chapitre:
Un nouvel OS répondant aux prompts d'Ao et LITS, sur le thème "Se jeter dans la gueule du loup".
Song-fic sur la chanson Nights in white satin, les paroles sont en italique. Bonne lecture !
Note de fin de chapitre :
En espérant que ce texte vous ait plu.
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