Ce matin, il fait beau. Comme presque tous les onze Août, d'ailleurs. Je suis encore passée par ce moment flou au réveil, où les bruits ne nous gênent pas, où la place à côté de nous est vide ou peut-être pas, où on ne sait pas encore quel jour on est, ce qui a bien pu se passer hier, avant hier, le mois dernier ou l'année passée. Ce moment-là où on est personne, juste soi. Aucune pensée claire, presque aucune sensation. Sans passé, sans présent, sans futur.
Mais, tu le sais aussi bien que moi, ce moment disparaît vite. On se souvient qu'on doit se réveiller, se lever, comme chaque matin. Comme je te le raconte depuis deux mois, je suis à Poudlard. Encore. J'y rattrape ma sixième année, dont j'ai passé une partie chez Tante Muriel, cette vieille mégère. Bref. Je préfère ne pas attaquer sur ce sujet, je risque d'être intarissable de noms de Botruc sur elle... Ce matin, j'attaque avec Défense contre les forces du mal, avec Sturgis Podmore, professeur par intérim.
Ce n'est que quand Demelza sort de la salle de bains et me saute dans les bras en criant comme une folle que je me souviens que c'est aujourd'hui. Aujourd'hui, j'ai 17 ans. Aujourd'hui, je suis majeure! Pour le plaisir, j'attrape ma baguette et transforme ma lampe de chevet en pie. Et dire que pour faire ça, je ne suis plus surveillée! Je peux enfin faire ce que je veux!
Demelza sort de sa valise un objet assez mal emballé qu'elle me fourre entre les doigts sans cérémonie. Je sais pertinemment que c'est elle qui l'a fait, et le papier cadeau aussi. Je n'ai pas loupé! C'est un chat en verre soufflé. Demelza est une vraie artiste, tu t'en doutes. C'est fou ce qu'elle peut faire avec ses mains et sa baguette!
Je la remercie et, finalement, vais m'habiller.
Plus tard, à peine descendue dans la grande salle, le professeur Mc Gonnagal est venue me voir. J'avoue que j'ai flippé. J'ai eu peur qu'elle se soit rendue compte que c'était moi, le coup du seau de boue au dessus la porte du bureau de Rusard. J'avoue rester une enfant, même le jour de ma majorité et ceux qui suivront.
Mais non, c'était pour me dire que je rentrais chez moi à partir de onze heures, pour profiter de ma famille le jour de ma majorité. J'ai trouvé ça gentil de sa part. Enfin, je pense que c'est le nouveau directeur, M. Brocklehurst, qui a accordé un jour de congé pour chaque étudiant qui atteint sa majorité. Donc, ouais, c'est gentil de leur part. Plus tard, quand je suis arrivée dans la cheminée de la maison, les yeux pleins de suie et la toux dans la gorge, je me suis retrouvée écrasée dans une paire de bras.
Dommage, ils avaient prévenu Maman.
Toute la famille est présente pour l'anniversaire (et la majorité) de la petite dernière. J'apprends par Maman que Bill et Fleur sont dehors pour décorer le jardin, Charlie arrivera à midi et demie, juste avant manger, Percy ne viendra me faire un coucou qu'en fin d'après-midi, car le ministère est débordé au lendemain d'une guerre, George a dormi là spécialement pour moi, mais dans la chambre de Ron, et ce dernier est allé voir Hermione et l'a obligée à prendre sa journée pour passer la journée au Terrier, et elle est désolée qu'Harry n'ai pas pu venir.
Je résume : Bill et Fleur se font des trucs de couple derrière la remise à balais, Charlie n'a pas pu prendre sa matinée, mais ça l'arrange bien, il n'aura qu'à mettre les pieds sous la table en arrivant, Percy ne changera jamais, toujours accro au travail, Maman a obligé George à rester là, de peur qu'il ne vienne pas aujourd'hui, car pour lui, même si la famille est complète, il manquera toujours Fred, Ron a agressé Hermione de baisers pour qu'elle lâche enfin ses bouquins de révision des ASPICS et passe la journée avec nous, et elle me cache la venue d'Harry comme surprise en plus.
Je n'aime pas rester les bras croisés, même le jour de mon anniversaire. On nous a élevés avec l'optique du '' Tout le monde fait quelque chose, quelque soit le jour''. C'est pour ça que je vais mettre la table, magiquement, bien-sûr.
Concentrée sur ma baguette qui dirige les assiettes, les couverts et les verres qui flottent devant moi, je ne remarque qu'au dernier moment que je manque de rentrer dans Fleur. Bon, on va se mettre d'accord, ce n'est pas la Fleur que j'ai l'habitude de voir. Cette Fleur-là, elle a le regard vague, les yeux brillants, les lèvres très rouges, les cheveux un peu comme un champ de bataille, elle glousse de façon hystérique en jetant des regards un peu partout, et a la robe toute froissée.
Hum... Quand je disais qu'ils se faisaient des choses de couple, je pensais pas à ce point...
Je pose tout sur la table, et les dispose magiquement.
J'ai à peine fini que je me retrouve dans les bras de mon grand frère péféré. Bill est arrivé et m'a pris par surprise.
Plus tard, Charlie arrive enfin. Mon dresseur de dragon de frère n'a pas oublié mon anniversaire, et j'en suis contente. En m'embrassant le sommet du crane, il me souhaite un joyeux anniversaire, et me glisse un petit paquet dans la main, m'annonçant qu'il l'a ensorcelé pour qu'il m'asperge d'empestine si j'essaye de l'ouvrir avant qu'il l'ai décidé. N'est-il pas gentil?!
George est morose, et il ne fait aucun effort pour moi. Il ne m'a même pas souhaité un joyeux jour de naissance, comme les années d'avant. Pour mon dix-septième anniversaire, je n'aurais aucune farce, contrairement aux années précédentes. Je dois 'avouer que ça me serre le coeur. C'est aussi mon frère qui est mort, il y a moins de trois mois! Mais pour lui, il est le seul à souffrir... Maman aussi a perdu un fils, et Ron, Percy, Bill et Charlie ont aussi perdu un frère!
Hermione me saute dessus, me serrant dans ses bras de toutes ses (maigres) forces. Elle me demande juste après d'exécuter un chauve-furie sur mon frère, parce que cet imbécile a encore réussi à vexer ses parents. Il a osé dire que les moldus étaient bêtes... Bravo, Ron, justement, devant des moldus!
Nous sommes tous attablés quand un raffut provient du salon. Je me précipite, baguette au poing. On ne perds pas si bien ses réflexes de guerre... J'ai lancé un Petrificus Totalus sur Harry!
Je pensais bien qu'il allait venir, mais j'aurais plutôt pensé après 15 heures, car il a programmé l'entraînement de Quidditch cet après-midi.
Maman m'a demandé si ma surprise me plaisait. J'ai rigolé, et lui ai répondu que je savais qu'il allait venir. Pauvre Harry, Maman a failli se recevoir un Silentio pour m'avoir tout dit. Alors que tu sais comme moi que c'est Ron qui a vendu la mèche.
Enfin...
A la fin du repas, après le gâteau au chocolat de maman (en forme de montre traditionnelle! Elle a fait fort!), j'ai enfin pu ouvrir mes cadeaux!!!!!!!
De la part de Maman, j'ai eu la montre habituelle, celle que reçoit chaque sorcier à la majorité. Et devines quoi?! Elle était NEUVE! *saute de joie partout*
Papa m'a offert ce qu'il a appelé une montre agousser, une montre moldue, très jolie, et très ancienne au vu des gravures inscrites sur le coque.
Ron et Hermione se sont cotisés pour m'offrir un bébé Fléreur couleur crème, une petite boule de poils, qui, dit-on, une fois qu'il est attaché à son propriétaire, est un très bon animal de compagnie.
Bill et Fleur m'ont offert un modèle français de tapis volant, Fleur prétendant que la législation de notre pays était "tellemeeeeeent" stricte, et qu'il était dommage que chaque sorcier anglais ne reçoive pas un tapis volant à sa majorité.
George ne s'est évidemment pas foulé... Un simple assortiment de farces et attrapes, disponible dans les rayons du magasin. Ron s'en est excusé par la suite, il avait demandé à George s'il avait un cadeau pour moi, et il avait répondu que oui. Après tout, Ron ne pouvait pas savoir...
Charlie, lui, m'a offert une dent de dragon montée en pendentif, qu'il a soit-disant lui même arraché à une femelle Boutefeu Chinoise. Je le crois sans problème, la cicatrice encore fraîche sur son bras me le prouve. Il m'explique qu'il l'a ensorcelé avec Bill pour qu'elle repousse les sortilèges mineurs.
En dernier, Harry m'offre un pendentif montrant une étoile en cristal, qui a appartenu à sa mère, je l'apprends plus tard. Elle est vraiment magnifique. Quand je fais le tour de table pour remercier, Bill me glisse un mot dans la main. Je le colle là, j'en suis trop fière! :
A ce moment là, j'ai explosé de joie, et je me suis jetée dans ses bras en lui murmurant des "Oui, Oui, Oui, Oui, Oui" à l'oreille pas très discrets, à ce que m'a fait remarqué Harry plus tard.
Ne manquait qu'une seule personne, Fred. Et ça fait mal, tu sais. Le poids dans l'estomac, et George, immobile, presque aphone, qui m'a à peine dit bonjour, et qui ne m'a pas souhaité mon anniversaire...
Je crois qu'il n'est pas le seul à qui il manque. J'ai parfois surpris des regards obliques vers la place qu'il occupe d'habitude, la place qu'il occupait il y a un an tout juste. J'ai vu les yeux de Papa s'embuer quand je me suis retournée vers la chaise de Fred, machinalement, quand j'ai remercié tout le monde, et j'ai senti que le gâteau de maman avait un goût particulier.
Plus tard, Percy est venu m'apporter mon cadeau. Comme il fait toujours dans l'utile (on ne le changera vraiment pas!), j'ai eu droit à une plume auto-correctrice.
Le soir, quand Harry et moi sommes enfin retournés à Poudlard, un cadeau de Neville m'attendait sur mon lit. Il m'a offert une plante très belle, mais très baveuse, et je n'ai pas bien compris à quoi elle servait, les explications de mon ami s'étant diluées à cause de ladite salive. Beurk.
Quand je suis descendue manger, Luna m'a accueillie avec une billeababille. Elle m'a expliqué que je dois la mettre dans ma future maison, du moins pour le moment, dans ma chambre, au dessus de la tête de lit, pour qu'elle rejette les Nargoles qu'elle voit nager autour de moi. Je la remercie, et vais retrouver Harry.
Plus tard, quand j'ai installé la billeababille au dessus de mon lit et que je me suis couchée, j'ai compris pourquoi le gâateau avait un goût étrange. Fred manque à maman, aussi. Et le gâteau avait un goût étrange. Un goût de sel.