Voilà donc mon second Ginny-versaire. Je m'excuse pour les textes que je n'ai pas encore reviewer, je m'y mets de ce pas :)
Et surtout, n’hésitez pas à aller lire les autres !
- A Ginny ! répétèrent tous les convives en cœur.
La reine de la soirée sourit, les joues en feu. Autour d’elle, ses amis et sa famille buvaient en l’honneur de son dix-huitième anniversaire. Ils étaient heureux, légèrement pompette, et discutaient avec entrain.
- Un discours ! cria alors une voix dans la foule.
Tous les regards se tournèrent vers Ginny et, de manière parfaitement synchrone, tous les invités commencèrent à scander ces deux mots. Embarrassée, la jeune sorcière leur fit signe de se taire et se racla la gorge. Elle posa son verre sur la table qui se trouvait derrière elle puis regarda tour à tour, tous les visages qu’elle pouvait saisir.
- Eh bien… Pour commencer, merci d’être venus. Tous. Ça me touche énormément de voir qu’il y a autant de personnes sur qui je peux compter.
Elle rit nerveusement et des sourires à la fois complices et attendris transpercèrent la foule.
- Bon… ça y est, c’est officiel. J’ai dix-huit ans !
Tous les invités sifflèrent ou crièrent en levant leur verre, ce qui eut le don de faire encore plus sourire Ginny.
- Je deviens vieille, s’auto-dérida-t-elle, amusant la foule. Dans des discours comme celui-ci, on raconte généralement une anecdote de sa jeunesse parce qu’on n’a rien à dire. Alors… c’est ce que je vais faire. D’aussi loin que je me souvienne, mes anniversaires ont toujours été géniaux. Parfaits, même. Ça va peut-être vous sembler fou, mais je me rappelle de mon troisième anniversaire. J’avais eu le droit à trois vœux. Et je me souviens avoir fait de la magie. A trois ans, oui.
Ginny marqua un silence, replongeant dans ses souvenirs.
- Tout ça grâce à mes frères.
Elle fit signe au groupe de rouquin qui lui faisait face.
- Alors, oui c’est vrai que les discours ne sont pas vraiment mon truc. Comme la plupart ont pu le constater, je suis plus une femme… d’action. Et je n’ai sûrement pas la facilité de George et Fred à…
La gorge de Ginny se serra et elle soupira silencieusement comme pour ravaler ses larmes.
- A raconter des histoires passionnantes, finit-elle en souriant. Donc, je finirai ce discours lamentable en vous remerciant une nouvelle fois et en vous mettant en garde : il ne doit rien rester !
D’un geste du pouce, elle montra un des buffets recouvert de bouteilles et de boissons alcoolisées. Dans un seul et même rire, l’assemblée l’applaudit et lui rendit hommage une dernière fois. Puis les convives reprirent leurs conversations, exceptés certains qui, ayant pris les propos de Ginny au pied de la lettre, se dirigeaient avidement vers les bouteilles de champagnes.
Discrètement, la reine de la soirée s’éclipsa sur un des nombreux balcons de la salle. Cette dernière, louée pour l’occasion par Harry, était presque deux fois plus grande que son petit appartement dans le centre de Londres. Elle était si luxueuse que Ginny n’arrivait même pas à se sentir à l’aise à l’intérieur. Entourée de toutes ces personnes qui, pour la plupart, était venue célébrer Ginevra Weasley la résistante de Poudlard et non Ginny, elle se sentait mal dans sa peau. Comme si elle avait fini par ne plus vivre sa vie. Comme si elle était devenue étrangère à elle-même.
Dehors, une bourrasque fraiche mais agréable souffla, relevant ses cheveux roux. Elle frissonna à peines quelques secondes car une veste chaude vint envelopper ses épaules musclées. Harry venait de la rejoindre. Le sourire aux lèvres, il ôta ses lunettes pour les essuyer, un tic qu’il avait acquis au fil des ans.
- Fred, n’est-ce pas ? soupira-t-il en dévisageant sa petite amie.
- Fred, conclut Ginny dans un triste sourire.
Harry lui sourit à son tour et s’adossa sur la balustrade. Il regarda un instant les étoiles comme pour se donner de l’inspiration. Ou du courage. Avant de rabaisser ses yeux sur Ginny.
- Tu te souviens de l’après bataille ? Lorsque j’étais perdu, au milieu de la cour et que tu es venue ? demanda-t-il grimaçant.
- Oui, souffla Ginny.
- Peut-être qu’il est temps alors. Peut-être que tu dois rompre cette promesse et te mettre à chasser tes propres fantômes, non ?
- Si ce n’était que ça… murmura-t-elle.
Harry voulu se rapprocher mais Ginny eut un mouvement de recul. Elle savait que s’il commençait à la réconforter, elle ne pourrait pas aller jusqu’au bout de ses pensées. Doucement, elle retira la veste et la tendit à Harry. Celui-ci la regarda dubitativement avant de s’en emparer et de la jeter négligemment à ses côtés sur la barrière.
- Je n’ai que dix-huit ans, Harry.
- Ca je le sais et…
- Laisse-moi finir, s’il-te-plaît, le coupa-t-elle. Seulement dix-huit. Et j’ai déjà l’impression d’être vieille. Je viens tout juste de sortir de Poudlard, et mon avenir est déjà tout tracé. Alors, non, je ne vais pas me plaindre de ce que j’ai. Mais une personne normale, à mon âge, ça devrait faire la fête dans des bars branchés, rencontrer des garçons et embrasser des inconnus dans la rue.
« Je ne devrais pas être habillée d’une robe chic et boire du champagne dans une salle bien trop luxueuse. Je ne devrais pas être entourée d’inconnus ou de personnes intéressées qui ne sont là que pour les héros de guerre.
Harry la dévisageait avec horreur, presque, et Ginny savait qu’elle l’avait blessé. Mais tout cela avait eu besoin de sortir. Et tôt ou tard, elle aurait dû lui confier ses doutes. Elle n’avait à peine dix-huit ans et bientôt la bague au doigt. Elle voulait vivre sa vie.
- Cette guerre m’a détruite, conclut-elle. Elle m’a volé mon enfance, mon innocence. Elle m’a volé tout ce que j’avais de précieux.
- Tu veux qu’on rompe ? demanda très sérieusement Harry, tentant de cacher sa douleur.
- Non !
Son refus sortit comme un cri désespéré du fond de sa gorge. Bien sûr qu’elle ne voulait pas se séparer de lui ! Elle l’aimait comme jamais elle n’avait aimé. Ç’aurait été au-dessus de ses forces de le laisser partir. Harry lui sourit, sûrement soulagé de ne pas devoir faire la plus grosse erreur de sa vie : rompre.
- Alors, on peut prendre des distances, attendre que tu te sentes prête, proposa-t-il.
- Tu ne saisis pas, Harry. Ce n’est pas toi. C’est ma vie en général. J’ai… j’ai l’impression de passer à côté de tout, d’être passive… de ne pas vivre ma vie. C’est comme si… si je n’avais pas évolué. Que j’étais restée à la fin de cette guerre, sans avoir pu renaître.
Les deux amants se regardèrent un instant, oubliant les bruits des convives et la musique presque trop forte.
- Je sais, fit alors Harry en lui prenant la main. Tu es prête à courir ?
Il ne lui laissa pas le temps de répondre et l’emmena à sa suite. A toutes jambes, ils traversèrent la salle, zigzagant entre les invités qui les regardaient dubitativement. D’un coup de baguette, Harry ouvrit la porte en grand et attira Ginny à l’extérieur de la pièce. Ils dévalèrent quelques escaliers et en quelques secondes, se retrouvèrent dans la rue.
Ginny hésita un instant, devant la soudaine spontanéité du sorcier. Mais tirée en avant, elle n’eut pas le courage de résister plus et se laissa entraîner dans un petit square. Là, Harry lui lâcha la main et l’abandonna sur place. Le regard perdu et presque peiné, elle le laissa s’en aller sans rien dire. Autour d’elle, des Moldus avançaient en discutant. Certains en couples, d’autres entre copains, ils semblaient tous heureux de la soirée qui se dessinait devant eux. Un groupe de jeunes filles passèrent à ses côtés et la détaillèrent, ainsi que sa tenue, en riant.
Soupirant, elle s’assit sur un banc et regarda d’un œil terne les passants. Soudain, un jeune homme s’approcha d’elle et lui tendit une veste.
- Pourquoi une si charmante jeune femme est assise seule ? fit-il doucereusement. Vous devez avoir froid.
Ginny sourit de toute ses dents et, se levant, enfila la veste que lui avait tendu l’inconnu .
- Je m’appelle Harry, fit l’homme. Et vous ?
- Ginevra Weasley. Mais appelez-moi Ginny.
- Ginny, répéta-t-il comme pour savourer le prénom. Puis-je vous demandez si vous avez un quelconque rapport avec la boutique Weasley&Weasley, farces pour sorciers facétieux ?
La jeune femme rit doucement. Harry ne finirait jamais de la surprendre. Une fois de plus, elle eut une énième raison de l’aimer d’avantage. Elle commença à avancer, tout en l’invitant à la suivre.
- Comme ça, vous êtes sorcier ? questionna-t-elle en feignant la surprise.
- Oh ! C’est donc vrai ! Qui êtes-vous ? Une cousine peut-être ? Une femme… ?
Ginny saisit une pointe de déception dans sa voix, ce qui l’amusa d’autant plus.
- Non, vous avez faux sur toute la ligne, rit-elle. Une sœur serait la réponse exacte. Et vous… êtes-vous LE célèbre Harry Potter ?
- Lui-même ! se vanta le sorcier.
- Eh bien, ravie de faire votre connaissance. Puis-je vous demander quelque chose de très gênant ? continua-t-elle à jouer la comédie.
Il s’arrêta et d’un regard pétillant lui répondit :
- Bien sûr ! Je ne me permettrais pas d’éconduire une si jolie jeune femme.
- Puis-je vous embrasser ? rougit-elle autant pour sa demande que pour le précédent compliment.
Harry sembla hésiter avant d’hocher de la tête.
- Tout le plaisir serait pour moi.
Sans attendre, Ginny se hissa sur la pointe des pieds et embrassa les lèvres de son inconnu. Aussitôt fait, elle se recula sans rouvrir les yeux.
- Eh bien, reprit Harry. J’espère que vous ne faites pas ça avec tous les inconnus que vous croisez… Car j’aimerais bien être l’unique chanceux d’avoir pu goûter à vos lèvres.
Le sourire de Ginny redoubla d’autant plus.
- Vous savez quoi ? demanda-t-elle en lui prenant le bras. Il se trouve qu’aujourd’hui est le jour de mon dix-huitième anniversaire.
- Ah oui ! Eh bien, joyeux anniversaire ! Peut-être pourrions-nous aller boire un verre à votre honneur. Qu’en pensez-vous ?
- Ca serait avec plaisir !
Et tout en riant, ils continuèrent leur marche.
Ginny avait peut-être dix-huit ans, mais sa vie, elle pouvait la recommencer quand elle le voulait. Il lui suffisait d’agir. D’agir et vivre. Et grâce à Harry, son futur ne lui semblait plus sombre et ennuyeux. Non, Ginny aurait une vie passionnante et pleine de rebondissements.
Mais avant toute chose, elle allait rattraper sa jeunesse envolée.
Merci d'avoir lu ! :)