Je m'excuse platement pour la qualité plus que douteuse de cet OS. Il se veut poétique mais il a été écrit entre minuit et 3h du matin, sans être retravaillé par la suite. Mais je reste ouverte à toute critique !
La famille Weasley s'agitait autour d'une longue table sous le soleil de treize heures ; une toile blanche tendue en un arc de cercle flottait doucement quelques mètres plus haut, aménageant un coin d'ombre au milieu du jardin desséché. Quelques nuages noyés dans l'océan du ciel moutonnaient au-dessus de leurs têtes avec un air paisible, observant la scène en contrebas. Chacun tirait sa chaise parmi les hautes herbes, s'installait, changeait de place ; on continuait la discussion entamée plus tôt, lorsque l'on était tous rassemblés, debout, avant que la table n'apparaisse soudainement avec un mouvement de poignet de Bill. De temps à autre, un éclat de rire s'échappait d'une conversation, aussitôt repris en chœur.
Ginny était entourée de Harry, à sa droite, et de Dennis, à sa gauche. A côté de ce dernier, Andromeda était penchée sur Teddy, quatre ans, qui s'amusait à frapper les couverts de sa grand-mère contre la nappe rouge et or. La minuscule Victoire, assise sur les genoux de son père, fixait sans bouger le petit garçon – aux cheveux blonds pour l'heure. Fleur discutait robes avec Audrey. Celle-ci, tout en parlant avec enthousiasme, caressait la jambe de son mari. Percy, un bras passé autour des épaules de sa femme, souriait simplement, reculé au fond de sa chaise. Il avait encore un épi qui se dressait à l'arrière de son crâne, après que Charlie lui eut sauté dessus en riant, étirant sa face burinée. Le dresseur parlait dragons avec Dean.
C'était à ce coin de table que se trouvait la maîtresse de maison, seule encore campée sur ses jambes, observant la tablée avec sérieux. Arthur avait renoncé à la calmer en lui répétant que tout était pour le mieux. Il avait plutôt décidé de questionner Lavande et Seamus, qui se voyaient contraints de narrer leur rencontre, leur emménagement, leurs projets. Ginny leur souriait d'un air compatissant.
Elle souriait à tous, d'ailleurs, échangeait des regards complices avec Charlie, assis face à elle, rejetait ses longs cheveux roux derrière son épaule, se laissait caresser le bras par Harry.
Enfin des vivats s'élevèrent lorsque l'on vit arriver l'immense gâteau à la violette, surmonté de crème fouettée, illuminé de dix-neuf bougies, conduit à la baguette par Ron Weasley comme un chef d'orchestre. Dans son ombre, George étirait un large sourire, mains dans le dos.
Ron déposa le gâteau devant Ginny, sous les directives d'une Molly fendue d'un large sourire, et les Happy Birthday retentirent tandis que Ron prenait place à côté de Harry.
L'air était brûlant, la toile s'agitait sous une vaine et rare brise ; une coccinelle s'englua dans la crème glacée, battit un peu des ailes.
Ginny souffla sous les applaudissements de la tablée et une pluie multicolore s'éleva, avant de s'évaporer rapidement dans les airs. George leva les mains en l'air, comme innocent.
La coccinelle s'envola.
**
Ginny et Harry étaient accoudés à la barrière du jardin. Dans leur dos, le Terrier se découpait dans la nuit, sous les étoiles. Quelques fenêtres encore éclairées formaient une flaque de lumière sur la pelouse d'herbes folles. Elles ondulaient faiblement sous la brise redevenue fraîche. De temps à autres, on entendait des voix qui parlaient bas dans la maison mais, toujours, le criquet chantait.
Lorsque Ginny reprit la parole, Harry se tourna vers elle, et son visage fut éclairé drôlement, plein d'ombres et de crevasses redessinant ses traits comme au couteau.
« Tu crois que ça va durer, entre Lavande et Seamus ?
Je l'espère. »
Ginny acquiesça. Frissonna. La température s'était diablement rafraîchie.
« J'espère qu'ils connaîtront ce que je connais, » ajouta-t-il.
Elle sentit deux bras enserrer sa taille, de douces lèvres chercher les siennes. Ils s'embrassèrent, un moment, tandis qu'elle passait ses mains autour de son cou.
« Ah ! Au fait... »
Elle se détacha en le voyant fouiller la poche de son jean.
« Ton cadeau.
Tu m'en as déjà offert un ! se récria-t-elle, repensant au T-shirt des Bizarr'Sisters.
Oui..., concéda-t-il. Seulement, je ne voulais pas offrir le vrai devant tout le monde. »
Elle contempla avec un petit sourire aux lèvres sa moue gênée.
Le petit sachet vert kaki se distinguait difficilement dans la nuit noire. Il contenait un bracelet d'argent, qu'elle fit glisser dans la paume de sa main ; les maillons s'entrecroisaient jusqu'à former une chaîne régulière et élégante.
« Je l'ai trouvé joli..., crut bon de s'expliquer Harry.
Il l'est, assura-t-elle. Tu me le mets ? »
Il entreprit d'attacher le bracelet de ses doigts maladroits. La tache était rendue encore plus malaisée par les baisers légers que Ginny déposait sur ses joues, l'arrête de son nez, son cou. Elle riait doucement près de son oreille, et lui avait du mal à se concentrer, si bien qu'au moment où il réussit enfin, il la souleva brusquement de terre dans le but de la surprendre. Elle poussa un cri très crédible et il la fit tourner en tâchant de garder son équilibre.
Ginny éclata de rire lorsqu'il manqua de les faire tomber.
Ils traversèrent un rectangle de lumière, les cheveux roux de Ginny étincelèrent, avant de redevenir aussi noirs que ceux de son amant. Son sourire, lui, ne se ternit pas.
Une coccinelle passa près de sa joue.
« Tu sais ce que tu m'as dit, il y a quelques mois ? »
C'était un chuchotement dans le creux de son oreille, à côté d'un épi noir de jais.
« Quoi ?
— Qu'un jour, on partirait loin, juste pour voir. »
Un temps.
« Rien que toi et moi. »
Un autre.
« Et qu'on partirait dans la nuit en s'envolant sur nos balais. »
Elle l'embrassa.
Et, à travers ce baiser, elle dit tout ce qu'elle ne pouvait exprimer. La jeune femme qu'elle était rêvait de nouveaux horizons, de nouvelles expériences. Maintenant qu'ils avaient un peu pansé les cœurs, rafistolé les sourires, elle rêvait de s'évader. Elle s'octroyait ce droit. Plus de deux ans déjà depuis la Grande Bataille. Elle avait grandi, mûri, aimé, plus que jamais. Sa famille, ses amis, Harry.
La vie.
Alors, aujourd'hui, à l'aube de ses dix-neuf ans, elle s'autorisait un regard en arrière ; songeait au chemin parcouru.
Dix-neuf ans ; tout dans ce nombre d'années respirait l'indécision, la fragilité. Qui s'attardait à dix-neuf quand on pouvait avoir vingt tout rond, vingt tout bon.
Vingt tout con.
Dix-neuf ans, c'était parfait pour un nouveau départ sur les bases solides du passé. Encore libre, encore jeune, encore insouciant, encore un peu, juste un peu.
Comme un tremplin pour le reste de la vie.
Comme une coccinelle qui, dans son cou, s'envole.