Bonjour !
Alors voilà, je publie aujourd'hui L'Ordinaire, ma participation au concours de Popobo.
J'espère que vous apprécierez ce petit texte.
Un immense merci à Akasora qui a permi à ce textes de voir le jour grâce à ses conseils avisés et son oreille attentive. Merci aussi à elle et Emiwyn ainsi que Laura1406 pour leurs relectures rapides et efficaces !
Je vous conseille de lire ce texte en écoutant le version d'Alexis Weissenberg du Prélude, Fugue & Variation de Franck puisque je l'ai écrit avec cette musique.
Ollivander appartient à JKR, Ashley, l'Ordinaire et la Voix m'appartiennent.
Bonne lecture.
Chacun se demandera au moins une fois dans sa vie comment sa baguette a été créée. Certains se demanderont comment le fabricant a réussi à y insérer un cœur, d’autres réfléchiront à savoir pourquoi elle a été taillé dans ce bois-ci. Mais tous, absolument tous, rêveront un jour de créer eux aussi une baguette.
Ce n’est pas si simple, cependant, ne devient pas fabricant de baguette qui veut). Si on demandait au vieux Garrick Ollivander, il vous dirait que, pour lui, devenir fabricant de baguette n’a jamais été une vocation, ni même un choix. Cela peut paraître surprenant, pourtant, la raison en est toute simple : on naît fabricant de baguette, on ne le devient pas.
C’est facile à dire, diriez vous, c’est ce que les parents disent toujours. « Mon fils est né pour devenir joueur de Quidditch ». Il vous répondrait que non. On ne choisit pas où l’on naît, ni dans quelle famille. On ne choisit pas de naître sorcier, moldu ou cracmol. On ne choisit pas de naître avec la Voix.
La Magie est puissante, bien plus qu’on ne pourra jamais l’admettre. Elle régit le monde et lui permet de tourner rond, elle rétablit l’équilibre des forces, qu’on en soit conscient ou non. Pour ce faire, elle a ce qu’on pourrait appeler des messagers, mais en réalité, ce sont des pions. Des enfants qui naissent pour très vite se rendre compte qu’ils sentent la Magie, qu’ils l’entendent, qu’elle leur parle. Et ces enfants là deviendront fabricants de baguettes puisque la Magie l’a voulu.
Tout au long de leur vie, elle leur susurrera à l’oreille ses ordres, exigeant d’eux qu’ils créent pour elle de nouvelles baguettes. « Ils n’ont qu’à désobéir ! » direz vous. Mais ça ne se passe pas comme cela. Les ordres que la Magie donne deviennent pour ces hommes, ces pions, des envies, des besoins. Ils ne se sentiront en paix avec eux-mêmes qu’après avoir fabriqué ces baguettes.
Cela peut sembler cruel mais ça ne l’est que si on résiste. Dans le cas contraire, cela devient un don, une chance. Alors non, pour le vieil Ollivander, devenir fabricant de baguette n’a jamais été un choix, ça a été une chance.
Parce que, lorsque vous avez la Voix, vous avez la chance de connaître la Magie mieux que quiconque. Mieux que ces sorciers tant de fois décorés, mieux que ces mages noirs qui veulent asservir le monde, bien mieux que tous ces gens. Certes, vous n’êtes peut-être pas un maître dans l’art du duel ou un enchanteur de talent, mais la Magie vous parle. Vous la sentez couler dans vos veines, vous l’entendez chanter à votre oreille.
Si Garrick Ollivander se souvient de chacune des baguettes qu’il a vendues, c’est d’abord parce qu’il se souvient de chacune de celles qu’il a créées. Il se rappelle ce besoin qu’il avait de trouver le bois, d’y introduire un cœur, de tailler cette nouvelle baguette. S’il s’en souvient si bien, c’est parce que chaque baguette est différente. Le cœur a beau être le même, ou bien le bois utilisé, ou bien encore la longueur taillée, le contexte est à chaque fois unique. Qu’il soit très tôt le matin ou très tard dans la nuit, que la paix règne ou que la guerre fasse rage, que le soleil brille ou que la pluie martèle les pavé du Chemin de Traverse, un même cœur et un même bois donneront toujours des baguettes différentes.
Deux baguettes ne seront jamais identiques. Chacune aura ses caractéristiques propres et la baguette choisira son sorcier afin qu’entre eux se crée un équilibre. Plusieurs sorciers pourront être l’équilibre parfait pour une même baguette, comme plusieurs baguettes pourront convenir à un même sorcier.
Chaque baguette est unique, chaque sorcier est unique et chaque couple créé dans son magasin l’est également. Ollivander sait que lorsqu’une baguette choisit son maître, elle change sa destinée. C’est une chose dont ses clients n’ont pas conscience. Eux, viennent acheter une simple baguette sans savoir que l’instant qu’ils vivent est décisif. Celle-ci développera leur envie de se rendre utile tandis que celle-la entendra leur ambition.
Les couples qui se forment sous les yeux d’Ollivander servent tous l’équilibre du monde, obéissent tous sans le savoir aux règles érigées par la Magie.
Chaque baguette est, pour le vieux Garrick, un trésor exceptionnel au pouvoir insoupçonné, c’est pour cela qu’il se souvient de chacune d’elles.
Pourtant, au milieu de ces centaines d’étagères, quelque part cachée au milieu des autres, existe une baguette qu’Ollivander n’a pas taillée. La seule.
Bois de poirier, poil de fléreur, 28,7 centimètres, souple et légère, sculptée en 1716.
La seule de toutes les baguettes qui n’ait jamais trouvé de sorcier. Au cours des générations, les fabricants de baguettes de la famille Ollivander ont tenté de lui trouver acquéreur, mais aucun n’a semblé convenir. Certains se sont demandés si elle avait été taillée correctement ou si elle attendait un sorcier qui pourrait changer le monde.
Le bois était courant, le cœur simple à trouver, la sculpture précise. Non, cette baguette n’avait rien d’extraordinaire. S’il l’avait osé, Garrick Ollivander aurait même dit que de toutes les baguettes du magasin, elle était la plus ordinaire de toutes. Aussi, il était certain que le sorcier ou la sorcière qui en deviendrait maître devrait être quelqu’un de tout aussi ordinaire.
C’est avec un sourire qu’il vous raconterait le jour où il a finalement vendu cette baguette, un sourire presque fier. Il se souvient comme si c’était hier de cette journée de mai. Mai 1992. Le soleil qui brillait était doux, parfois voilé par les nuages et le vent qui soufflait par instants rafraîchissait l’air. Une journée de mai comme toutes les autres en somme. Une journée ordinaire.
La petite fille était entrée suivie de ses parents. Et Ollivander avait su, la Magie le lui avait murmuré, elle venait pour la baguette, pour l’Ordinaire.
Parce que la vérité était là, Ashley Williams était comme cette baguette, ordinaire. Rien dans son physique ne la rendait remarquable, ses yeux bruns étaient semblables à des milliers d’autres, le châtain de ses cheveux était des plus communs, même son nom était ordinaire. Ashley Williams, comme des dizaines d’autres.
Discrète comme elle l’était, peu remarquable, Ashley était de ces enfants qui manquent lorsqu’on tente de faire une liste de mémoire, de ceux auxquels on ne pense pas, de ceux qu’on oublie, tout simplement.
Mais elle en était consciente et cela lui convenait. Ashley était ordinaire et ça lui allait bien.
Dans l’équilibre que la Magie gérait constamment, Ashley se trouvait au milieu, parfaitement au milieu. Comme un élément qu’on aurait pu ôter sans faire pencher la balance d’un côté ou d’un autre. Ashley était une petite fille ordinaire mais elle était heureuse et au fond, c’est tout ce qui importait.
Comme à chaque fois, Garrick Ollivander avait accueilli l’enfant avec le sourire de celui qui sait. Il avait pris ses mesures alors que le regard brun de la petite fille le scrutait. Puis il s’était écarté et s’était tourné vers les étagères couvertes de boites. Elles étaient des milliers, empilées les unes sur les autres, de manière plus ou moins précaire. Mais il n’avait pas tâtonné, il n’avait pas cherché. Il s’était rendu dans la troisième allée, avait grimpé sur un tabouret pour atteindre le septième niveau de l’étagère centrale et en avait tiré la petite boite.
Le carton était le même que pour toutes les autres baguettes, maintenu à neuf par un sortilège ; personne ne se serait douté que cette baguette avait attendu Ashley pendant de deux cent soixante-quinze ans.
Il était retourné auprès de la petite fille et avait soulevé le couvercle, lui tendant la baguette posée sur son linge de soie. Elle l’avait observée un moment, s’extasiant silencieusement devant les gravures pourtant simples qui l’ornaient, ordinaires. Elle avait tendu les doigts, puis avait reculé avant de la saisir vraiment. Et Garrick avait su.
La Magie avait chanté, l’avait félicité, parce qu’enfin, l’Ordinaire avait trouvé sa sorcière.
Ashley était restée figée, son regard sur la baguette dans sa main, comme si pour la première fois, elle était exceptionnelle. Comme si cette baguette avait été dessinée pour elle.
Ollivander savait qu’elles étaient faites l’une pour l’autre, Ashley aussi l’avait compris, mais malgré tout, comme la tradition le voulait, il lui demanda de faire le geste. Elle s’exécuta et immédiatement, tous les couvercles des boites autour d’eux s’ouvrirent et s’abaissèrent, puis recommencèrent. Le bruit était assourdissant et aurait pu inquiéter le vieillard, mais il se contenta de sourire. Elles applaudissaient. Elles applaudissaient l’Ordinaire qui avait enfin trouvé son double.
Lorsqu’Ashley s’éloigna de la boutique de Garrick, un sourire aux lèvres et sa baguette à la main, il souriait encore. Il était heureux parce que l’on raconterait les histoires d’êtres extraordinaires à qui il arriverait des aventures passionnantes, on parlerait de ces sorciers puissants, de ces mages noirs. Lui, il conterait l’histoire d’Ashley et de l’Ordinaire, se réjouissant de savoir que dans ce monde où la Magie régnait, les personnes comme Ashley pourraient être heureuse sans jamais faire de grandes choses ou devenir extraordinaires.
Voilà, j'espère que ça vous a plu. N'hésitez pasà me laisser des reviews pour me dire ce que ça vaut.
Pensez à lire les textes du concours et à voter à partir du 3 septembre !
A bientôt et merci d'avoir lu :)