Voici donc "Dis Lily", un OS qui fait suite à "Dis maman" (bien que les deux textes puissent se lire indépendamment).
Avec une spéciale dédicace à ImGW qui a récemment adhéré à mes écrits et qui avait particulièrement apprécié "Dis maman". Merci à toi :D
En espérant que ça vous plaise, que vous soyez d’anciens lecteurs ou de nouveaux : Enjoy it !
Un jour, j’ai cherché à en savoir plus sur la famille. Au Manoir, je n’ai entendu parler qu’une fois au détour d’une conversation vite arrêtée de mon grand-père paternel. Je crois qu’il est mort quelques années avant ou après ma naissance. Ma grand-mère paternelle est une ombre au milieu des ombres, exilée quelque part à l’étranger, je n’ai dû la voir qu’une ou deux fois. D’après ce que je sais ma mère refuse de voir ses parents, à qui cela semble très bien convenir. « Nous sommes notre propre famille, Scorpius. Ta mère, toi, et moi. N’oublie jamais cela, parce que nous nous suffisons et qu’il vaut mieux être peu qu’en mauvaise compagnie. »
Un jour, j’ai cherché à comprendre pourquoi nous voyions si peu de monde. Blaise et ma tante Daphné, ainsi que leur fille Diana, sont bien les seuls habitués de la maison. Il y a bien une certaine Pansy, une amie d’enfance de mon père, je crois. Et un dénommé Théodore, dont je ne connais même pas le nom de famille. Mais d’après le peu que je sais d’eux, ils ne vivent plus au Royaume Uni depuis plus d’une vingtaine d’années. Ma mère a quelques amies, mais elle les classe davantage dans la catégorie « relations sociales » et je ne pense pas qu’il lui viendrait à l’idée de les inviter à boire le thé. « Apprends à connaître les gens, Scorpius. Très peu méritent ta confiance et ton amitié. Sache-le. Mais apprends aussi à comptez sur eux. Parce qu’ils seront ta véritable famille. »
Plusieurs fois, j’ai demandé. Posé des questions. Elles semblaient toujours amener un certain malaise. Une gêne qui n’a jamais disparue.
« Allez Scorp’ ! Déride-toi un peu, me lance Albus tout en s’affalant sur la banquette à côté de moi. C’est reparti pour une nouvelle année. »
Oui. La quatrième à Poudlard. Je repense aux trois premières et je ne peux m’empêcher d’espérer que celle-ci soit aussi bien qu’elles.
Je me rappelle de mon entrée à Poudlard comme un calvaire, mais également comme une délivrance. Sans surprise, mon seul nom a suffit à générer des réactions très opposées. Surtout de la haine ou du dégoût en réalité. Cependant, j’ai découvert que je n’étais pas seul. Et que ceux sur qui l’on peu réellement compter ne sont pas forcément ceux que l’on croirait. Réparti à Serpentard (sans grande surprise), j’y ai été rejoint par Diana mais également (ça pour le coup ça a été la surprise du siècle) par Albus Potter. Une longue aventure, une découverte des plus surprenante, mais avec à la clef un véritable frère sur qui je sais pouvoir toujours compter. Maman avait raison.
Je crois en fin de compte que l’année de mes onze ans était destinée à être l’année surprenante. Quand j’ai parlé d’Albus à mes parents pour la première fois c’était au diner de mon retour au Manoir pour les vacances de Noël :
« Pourquoi ne pas l’inviter à boire le thé un après-midi ? » m’a proposé ma mère. Et là je suis tombé sur les fesses (ou je l’aurais fait si je n’avais pas été assis). De mon père, je n’ai rien tiré ; sauf cette esquisse de sourire en coin qu’il a rapidement dissimulé. Pas un commentaire. Pas une remarque. Ni cris, ni colère. Albus est venu boire le thé deux jours plus tard.
Deux heures après le départ du Poudlard Express, la porte de notre compartiment s’ouvre et Lily Potter vient s’assoir en face de moi, contre la vite.
« Tu t’es encore fait virer de ton compartiment par Hugo, se moque gentiment Albus.
- Non. Par Jenna. »
Concision extrême chère Lily. J’aime ça chez toi.
Lily ne prend jamais la peine de remuer ciel et terre pour quelque chose qui n’en vaut pas la peine ; elle préfère garder sa colère et son indignation pour des choses plus importantes. Et en l’occurrence, ce n’est pas le cas. Raison pour laquelle elle s’empare sans plus de commentaire de la Patacitrouille que lui tend son frère. Une fois celle-ci finie, elle plie soigneusement l’emballage qu’elle pose sur le tas des papiers à jeter, tourne la tête vers la fenêtre et s’absorbe dans la contemplation du paysage qui défile.
J’apprécie Lily, vraiment. Pour une Gryffondor c’est une fille très fréquentable, pas comme son autre frère James Potter ! Parfois je me demande pourquoi le Choixpeau l’a répartie chez les rouge et or. Si elle sait foncer tête baissée et être courageuse, elle connait aussi à merveille les vertus de la patience et de la réflexion. Pour une gamine de douze ans, elle est très vive d’esprit, pas dans le sens intello bûcheuse mais plutôt réfléchie ; et je maintiens que la ruse et la débrouillardise sont des qualités de notre Maison. Pourtant je n’arrive pas à imaginer Lily Potter à Serpentard. Il y a en elle une flamme trop chaleureuse pour les serpents, une chaleur humaine et un caractère enjoué trop fort pour eux.
Dis Lily d’où te vient cette force, cette énergie.
Tu sais, j’aurais aimé te ressembler Lily. Etre toi, avoir ta force et être le rayon de soleil de ceux qui me côtoient. Il y a dans tes yeux une étincelle de malice qui me donne envie de te prendre dans les bras et de te faire tournoyer dans les airs, t’apprendre à voler, te faire rire aux éclats.
Dis Lily d’où tu puises ce souffle de vie, ce don du bonheur.
Tu sais, j’aurais aimé te ressembler. Etre toi, avoir ton sourire et ton rire. Il y a dans tes yeux une lumière qui me donne l’impression que tout est possible et réalisable. Dans ton regard brille comme une certitude. Celle de pouvoir attraper les étoiles.
Mais dis-moi pourquoi quand je te vois entourer, quand je te vois rire, quand je te vois heureuse, dis-moi pourquoi luit cette détresse dans tes si beaux yeux. Dis-moi comment le marron de tes yeux s’est entaché de désespoir. Dis-moi…
Petit, j’ai bien vite compris qu’autour de moi tout n’était pas normal. Mes parents et leur façon d’être, avec moi, avec le monde, ou tout simplement entre eux, eux.
En grandissant, j’ai appris bien plus de mes longues heures d’observations que des réponses obtenues à mes questions. J’ai appris ce que cachait le passé, j’ai compris le regard des gens. J’ai surtout deviné mes parents : leur force à tous les deux face à ces autres, la femme merveilleuse qu’est ma mère, l’homme qui se cache vraiment derrière le masque de mon père, leur amour. J’ai deviné tout ce qui ne m’a pas été dit, j’ai deviné ces choses que l’on a jamais dites et que l’on ne dira jamais ; j’ai deviné les silences.
Aujourd’hui, je sais qui je suis. Enfin je crois…
Je suis Scorpius Hyperion Malefoy. J’aime ma mère, son courage, sa bonté et son sourire. J’admire mon père, sa force, son intelligence. Cette femme aux mains ouvertes, cet homme qui nous aime tant ; mes parents. J’adore Diana, ma sœur de lait, Albus, mon frère de cœur, et toi, petite Lily, comme la petite sœur que je n’ai pas eue et sur qui j’aurai tant aimé. Je vous aime vous, ma famille.
Mais des silences de mon enfance, tu sais, j’ai surtout retenu l’unicité de chacun. Les sentiments qui lui sont propres, les secrets plus ou moins tus. De ces années durant lesquels je n’ai cessé d’observer les gens, j’ai acquis comme une capacité de décryptage. Des comportements et des humeurs. Et surtout des silences et des regards. Et toi Lily, j’ai tout de suite compris ce qui se cachait au fond des tiens.
Dis-moi pourquoi quand je te vois entourée, quand je te vois rire, quand je te vois heureuse, dis-moi pourquoi luit cette détresse dans tes si beaux yeux. Dis-moi comment le marron de tes yeux s’est entaché de désespoir.
Dis-moi d’où t’est venue cette douleur qui te tord le ventre. Mais dis-moi aussi où tu as trouvé la force de la refouler au fond de toi, de la rendre invisible aux yeux de ceux qui croient tout savoir de Lily. Lily, si douce et si belle Lily.
J’aimerai un monde digne des plus beaux contes. Un de ceux qui seraient dignes de ton sourire et de ta fraîcheur de vie. Un monde où aucune ombre ne viendrait assombrir ton regard ni plisser ton front. Ce monde utopique dans lequel tous les Hommes vivraient ensemble dans la paix et la tolérance. Ce monde utopique à l’image de tes rires ensoleillés.
Certains jours je me perds dans mes pensées. J’imagine ce que serait la vie sans le poids de ces regards sur nos existences, le poids des jugements a priori qui nous voudraient un chemin tout tracé, droit et rectiligne, parallèle à celui de ces parents qui nous ont précédés. J’imagine nos vies sans cette masse de regards, sans visage, dénuée de figure. Cette masse impersonnelle et terrible. Juste des regards. Et le vain espoir de les voir disparaître, et avec eux, cette impuissance, au fond de tes yeux…
Voilà pour ce deuxième OS. J'espère que ça vous a plu :D
See You Soon !