Je devais donc entrer en cinquième année. Je savais exactement à quoi m’attendre, car j’avais eu deux beaux exemples devant moi. Et comme d’habitude, je devais être à la hauteur. Je m’y étais habituée, depuis le temps. Cela allait quand même me faire bizarre de voir Albus en dernière année. Il allait être capitaine de l’équipe de Gryffondor. Je devais donc m’entrainer d’arrache-pied pour être prise dans l’équipe cette année. Bien que je n’avais aucune difficulté en matière de Quidditch, cette année, j’avais eu l’idée de postuler comme gardienne. En réalité, je voulais être attrapeuse, comme Albus, mais mon père aurait, de tout façon, été contre.
L’absence de James à Poudlard m’avait beaucoup manqué. En plus, James avait passé son été à l’autre bout du monde : en Australie. Dans sa dernière lettre, j’avais cru lire qu’il avait rencontré une nouvelle fille (une de plus…). Pour ça, je ne m’inquiétais pas. Cependant, James changeait toutes les semaines de copine à Poudlard, il avait une réputation de « Don Juan ». Et cela avait le don de m’exaspérer. Surtout que depuis son départ, Albus avait commencé à faire la même chose, jusqu’à ce que Rose le fasse revenir à la réalité. Je ne remercierai jamais assez Rose pour ça. Elle avait remis Albus sur le droit chemin. Rose, Scorpius et Albus formaient un beau trio. J’aurais tellement voulu avoir de pareils amis. Mais malheureusement pour moi, j’étais plutôt du genre timide. Je ne m’attirais jamais d’ennuis et me faisais discrète. Beaucoup de personnes ignoraient même comment je m’appelais. Sauf pour mon nom de famille... Ça, on n’oubliait jamais ! Parfois, ce fatal nom « Potter » me hantait terriblement. Albus et James s’étaient très bien adaptés à toute la célébrité qui nous entourait lorsque l’on quittait notre petit village : Godric’s Hollow. Ils en étaient fiers, même. Mais moi, je n’aimais pas vraiment ça. Enfin bref, tout cela pour dire que je n’étais pas vraiment comme mes deux grands frères. Aussi, j’avais une grande tendance à être jalouse de tout le monde. Mais la personne dont j’étais le plus jalouse était bel et bien Rose. Je la trouvais parfaite. Au-delà de son physique à couper le souffle, Rose avait des amis en or. Elle avait une vie de rêve. Et surtout, Rose sortait avec une personne en or : Scorpius. Qui d’autre ? Celui dont j’étais follement amoureuse, secrètement. Mais je le vivais assez bien… En fait, non, c’était horrible. Horrible de passer les vacances chez Rose alors que Scorpius était invité, horrible d’écouter Rose se plaindre de Scorpius... De quoi se plaignait-elle ? Il l’aimait. Après avoir passé des journées à les observer, j’avais bien vu, comment il la regardait. Ils s’aimaient, ils étaient heureux. Mais ils faisaient à peine attention à moi.
C’était le dernier jour des vacances et Albus n’avait pas manqué de me le rappeler. Il était entré dans ma chambre alors que j’avais le nez dans mes valises. Il m’avait souri puis s’était approché de moi, tout en me regardant. C’était assez étrange quand il faisait ça. Albus m’avait arraché mes lunettes, puis m’avait dit sur un ton moqueur :
« Arrête de mettre ces trucs alors que tu n’en as pas besoin !
- J’avais oublié de les enlever, j’étais en train de lire.
- Tu feras tes valises plus tard, ce soir, on organise une fête à Londres.
- De… quoi ? balbutiais-je.
- Au Square Grimmaud, Lily. Si tu ne veux pas venir, je ne te force pas. Mais d’après Rose, James va peut-être venir.
- Papa et Maman sont d’accord ?
- Bien sûr, si Teddy nous surveille. Mais à tous les coups, il ne va pas venir, comme à chaque fois, me sourit Albus en fermant l’une de mes nombreuses valises.
- Bon, et il y aura qui que je connais ? lui avais-je demandé.
- Presque tous les cousins : Scorpius, Loran, ta copine là… Talia, Mike, Tyler…
- Ok, ok, l’avais-je interrompu. Je viens !
- Ok sœurette, je t’appelle quand on doit y aller ! »
Albus sortit de ma chambre. J’avais soudainement regretté d’avoir accepté aussi vite. Je ne connaissais pas grand monde à cette fête. Enfin si, je connaissais tout le monde, mais c’était plutôt eux qui ne me connaissaient pas… Et puis qu’allais-je porter ? Une idée m’était venue à l’esprit : Rose. Oui, des robes, elle en avait des tonnes ! Pourquoi ne pas lui en demander une ? J’avais réfléchi pendant quelques instants. Si j’allais chez Rose, je risquais de croiser Scorpius, mais de toute façon, j’allais le croiser à la fête. J’avais pris ma décision. Je n’avais rien à me mettre à part des robes qui dataient de l’antiquité. J’avais rapidement pris ma veste, puis m’étais dirigée vers le salon, où se trouvait la cheminée. Ma mère était assise sur le canapé et lisait tranquillement la Gazette du Sorcier. En me voyant débarquer, elle avait légèrement froncé les sourcils en me disant :
« Lily, il est trop tôt pour aller à cette fichue fête, non ?
- Je vais chez Rose, maman.
- Lily ? Tu veux vraiment aller à cette fête ? me demanda-t-elle en refermant le journal.
- Oui, pourquoi ?
- Je ne sais pas, ça ne te ressemble pas vraiment. Et puis il y aura des personnes plus âgées que toi, tu sais…
- J’ai juste envie de m’amuser un peu, et puis d’abord, ne me dis pas que tu n’allais pas à des fêtes, à mon âge.
- À ton âge ? Je ne pensais pas vraiment à ça…
- Bien sûr..., avais-je soupiré d’un air agacé. Je dois y aller, bisous ! »
Ma mère m’agaçait, parfois. Elle n’était désagréable qu’avec moi, et jamais avec Albus. J’avais pris une poignée de poudre de cheminette, avant de me rendre devant la cheminée. Puis j’avais prononcé : « 15 rue de la Souche qui gloussait, Lucarty ». D’une seconde à l’autre, j’avais atteri dans un salon semblable au mien avec une grande bibliothèque en face de moi et une grande véranda qui donnait sur le jardin. J’avais passé plusieurs étés ici, à jouer avec tous mes cousins. En général, nous fêtions tous les Noëls ici, sûrement par ce que c’était une très grande maison, et qu’il n’y avait pas de voisins à moins de 5 km.
J’étais sortie de la cheminé en espérant trouver Rose. Puis, j’avais entendu des grincements d’escaliers. Hugo avait pris place dans le salon, ayant visiblement l’air étonné de me voir ici. Il m’avait demandé ce que je faisais là. Après lui avoir expliqué, il m’avait répondu que Rose était dans sa chambre avec Scorpius. Je devais donc me rendre dans sa chambre…
Arrivée devant la porte, j’avais hésité à frapper. J’allais sûrement les déranger, et puis Rose n’aimait peut être pas que j’arrive de si tôt... Trop tard, la porte s’était ouverte. Scorpius était derrière. Il m’avait invitée à entrer d’une drôle de façon. Rose était étalée sur son lit, en attendant sûrement que Scorpius la rejoigne. Elle n’avait même pas prit pas la peine de regarder qui était entré.
« Rose, c’est toi... J’ai su que tu étais derrière la porte en train d’hésiter à venir, car j’ai entendu tes pas. Et il n’y a que toi pour … - Rose hésita quelques secondes, puis reprit - faire ce genre de chose, dit-elle sous le petit rire moqueur de Scorpius. »
Elle n’avait pas honte. Enfin, là, ce devait plutôt être à moi d’avoir honte, elle m’avait carrément ridiculisée. « Il n’y a que toi pour faire ce genre de chose », ces paroles ainsi que le rire de Scorpius résonnèrent à l’intérieur de moi. Rose se leva, puis me sourit en me demandant :
« Qu’est-ce que je peux faire pour toi ?
- Je n’ai rien à me mettre pour ce soir.
- Tu m’étonnes, marmonna Rose.
- Ce soir ? répéta Scorpius, visiblement étonné.
- Albus organise une fête au Square, répondit Rose à ma place, comme d’habitude. Et bien regarde dans mon armoire de droite, celle des robes. Prends ce que tu veux.
- Merci, lui dis-je simplement. »
Quelle idiote j’étais. Me faire traiter comme ça, me laisser faire ? En même temps, c’était dans ma nature, je restais la plus part du temps discrète. Je m’étais avancée vers l’armoire que m’avait indiqué Rose, puis je l’ai ouverte. Scorpius avait dû profiter de ma demi-absence pour s’élancer sur le lit avec Rose. Je n’avais même pas pris la peine de jeter un coup d’œil. Cela me faisait trop mal. Les robes de Rose m’avaient semblé très intéressantes tout à coup. Je les entendais s’embrasser. Ces robes étaient tout simplement magnifiques. J’en avais trouvé une noire, assez simple. Ça allait faire l’affaire, et de toute façon, je ne voulais pas rester une seconde de plus ici. Je devais me retourner, et faire face, une fois de plus, aux regards de ma cousine et de celui que j’aimais. J’avais fait vite, j’étais sortie.
Une fois en dehors de la chambre, j’entendais Rose qui éclatait de rire. C’en était de trop. C’était la minuscule goutte d’eau qui avait fait déborder le vase. Ce vase qui, ma foi, était plein depuis bien longtemps. J’en avais marre. Je voulais changer, une bonne fois pour toutes, ne plus être la même. Ne plus être cette fille dont on avait toujours pitié, celle qui avait toujours été là, mais dont on se se souciait jamais. Je voulais mépriser Rose et lui piquer Scorpius, juste pour qu’elle voie l’effet que cela me faisait. Tout allait changer, tout allait être mieux.