Chapitre 1 : Le Maître de la Mort
Une semaine s'était écoulée depuis la mort de Lord Voldemort. Il régnait à Poudlard une certaine effervescence, de part cet évènement qui marquait la fin d'une période sombre et sinistre. Des sorciers de tout le pays, avaient afflué afin de redonner à l'école de sorcellerie sa splendeur d'antan. Il y avait en effet, un travail considérable : il avait fallu s'assurer que certaines parties du château n'avaient pas été fragilisées par la bataille, et si oui, les remettre en état, déblayer des couloirs entravés par de nombreux gravats, soigner les blessés (St Mangouste avait été pris d'assaut par ces derniers après la bataille, mais en raison du surplus de personnes, elle n'accepta que les cas les plus graves). Une infirmerie avait donc été mise en place dans le but de seconder l'hôpital. Les corps des personnes ayant œuvré pour la libération de Poudlard furent placés dans la salle des trophées alors que ceux de l'autre camp furent mis dans les cachots. L'école avait donc vu errer entre ses murs plus d'une âme en peine, désolée par la perte d'un être cher.
C'était sans compter sur les journalistes qui s'étaient invités dans l'espoir de recueillir des témoignages croustillants de familles dévastées. Même en temps de deuil, ils ne pouvaient s'empêcher de partir à la recherche d'informations qui mettrait toute la communauté magique en émoi. Certains d'entre eux avaient tellement le sens du professionnalisme, qu'ils s'étaient juré de ne pas quitter les lieux avant d'apercevoir le Survivant, celui sans lequel tous ces potins n’auraient pas lieu d’être. Leur espoir était vain puisque la cape d’invisibilité d’Harry Potter était devenue sa meilleure alliée dans son combat contre les journalistes. Il avait su les esquiver comme les cognards tenaces, qu’il avait eu à affronter durant ses matchs de quidditch. Hermione lui avait tout d’abord suggéré de se reposer, et de rester tranquillement au terrier ou au square Grimmaurd, le temps que l’agitation cesse. Mais il avait répliqué qu’il ne pouvait rester les bras croisés pendant que tout le monde s’affairait à Poudlard, par sa faute. Sachant qu’elle ne pouvait contrer sa détermination, la brillante jeune fille lui avait fortement conseillé de garder sa cape auprès de lui.
Le jeune homme avait ainsi contribué à la reconstruction de Poudlard sous le couvert de sa cape. Un jour, cependant, voyant son ami Neville pris en otage par des parents désespérés, il décida de sortir de sa cachette. En apercevant le Survivant, les parents changèrent immédiatement de cible et se ruèrent vers lui.
« Monsieur Potter!» s’exclama l’homme visiblement enchanté par sa seule présence. « C’est un honneur pour nous de faire votre connaissance … même si j’aurais préféré que ce soit en d’autres circonstances ! »
Il avait prononcé ces derniers mots avec un regard lointain qui en disait long sur son chagrin. Harry connaissait ce regard mais n’arrivait pas à se souvenir de la personne qui l’avait, ou l’avait eue par le passé. Cette pensée le fit frissonner, il y avait tellement de personnes qui avaient donné leur vie en le soutenant, en lui faisant gagner du temps lors de cette bataille qui avait failli tourner à son désavantage. Un petit sanglot hystérique le fit revenir à la réalité. La femme essayait de reprendre ses esprits mais n’arrivait toujours pas à prononcer un mot. Son conjoint la serra contre lui, et par ce geste, lui donna la force de parler.
« Je n’arrive toujours pas y croire, mon fils ... » Elle reprit son souffle puis continua. «Je le vois encore nous montrer ses photos, il était tout simplement heureux quand il en prenait. Il disait qu’elles permettaient d’immortaliser le moment présent. »
A l’évocation des photos, Harry eut un pincement au cœur et comprit que c’étaient les parents de Colin Crivey. Ce dernier n’était pas encore majeur lorsque la bataille avait eu lieu, et aurait du rejoindre la salle sur demande afin de prendre le passage qui menait à la Tête de sanglier. Mais comme beaucoup d’élèves, il avait préféré aller se battre et y avait laissé sa vie. Harry repensa au regard du père et se souvint qu’il avait déjà vu Colin avec ce même regard, preuve que peu de monde comprenait son intérêt pour les photos. Un long soupir suivi du nom de Colin s’échappa des lèvres d’Harry.
« Oui, vous le connaissiez, il nous disait toujours le plus grand bien de vous. » dit la femme qui avait entendu Harry.
« Est-ce que je peux faire quelque chose pour vous? » questionna Harry qui voulait se rendre utile auprès d’eux.
« Eh bien, nous sommes des moldus et n’avons aucune idée de l’endroit où se trouve la salle des trophées. Nous avions l’intention de nous informer, mais tout le monde a l’air terriblement occupé. Alors, peut être que vous pourriez nous y amener … » dit d’une traite, l’homme qui avait repris sa femme dans les bras.
Harry s’empressa d’acquiescer et entra dans le château avec eux. En chemin, il apprit qu’ils s’appelaient Carl et Mary, et que leur autre fils Denis s’affairait depuis une semaine à aider tout le monde autour de soi. Ses parents soupçonnaient que la cause de cet acharnement soit le chagrin qui menaçait de le submerger. Leur deux fils avaient eu en effet une extrême complicité. C’est avec le cœur lourd qu’Harry arriva devant la salle des trophées. Celle-ci était gardée par 2 aurors, tous les jours, à chaque heure. Ce système de sécurité était nécessaire étant donné le fait que de nombreux mangemorts étaient toujours en fuite. Harry doutait qu’ils reviennent ici pour profaner les morts, mais comme disait autrefois Maugrey Fol œil « Vigilance constante ». Ils entrèrent dans la salle et une fois la porte fermée derrière eux, Harry commença à se sentir mal. Il laissa Carl et Mary avancer afin de rechercher leur fils, et s’adossa contre un pilier qui se trouvait là. Il y resta de longues minutes, les yeux fixés sur l’étendue de corps, une sueur froide coulant le long de sa tempe. Il savait que parmi eux se trouvait Fred, Tonks, Remus, des élèves et des membres de l’ordre qu’il avait côtoyé. Il était heureux que ce cauchemar soit désormais fini, mais triste en pensant à tout ceux qu’il avait laissé derrière lui. Il allait maintenant commencer une nouvelle vie et laisser celle qui était remplie de peur, de colère, de trahison, et de mensonges dans son sillage. Mais arriverait-il à vivre en pensant à tous ceux qui sont morts pour lui ? Il en doutait … doutait … doutait …
*****
« Harry ???
-Laisse le Hermione, tu vois bien qu’il n’est pas prêt de reprendre conscience!» dit Ron en levant les yeux au ciel.
« Je lui avais dit de se reposer, de ne pas trop cogiter, mais Monsieur n’en fait qu’à sa tête !» explosa Hermione.
« Eh ! Tu ne vas pas l’interdire de penser quand même !» rétorqua Ron.
Ils se trouvaient dans la tour des Griffondors, près du lit sur lequel Harry était étendu inconscient. Hermione faisait les cent pas dans le dortoir, et Ron la regardait assis sur un autre lit avec un air mi amusé, mi exaspéré. Voyant qu’elle continuait de marmonner avec son air renfrogné, il se leva, l’immobilisa et l’embrassa. Hermione tout d’abord surprise, se détendit et lui rendit son baiser. Un sourire apparut sur son visage lorsqu’ils relâchèrent leur étreinte. Elle repensa à leur tout premier baiser qui avait été échangé une semaine plus tôt, lors de la bataille. Ils s’étaient embrassés fougueusement, de peur que ce soit leur première et dernière étreinte. Son sourire se fit plus grand quand elle pensa que ce baiser là avait été doux, preuve qu’ils n’avaient plus à s’inquiéter et qu’ils avaient la vie devant eux.
« Bon, ça te dirais d’aller voir comment se portent les elfes de maison ? » demanda Ron, avec un air impliqué qui ne lui allait pas du tout.
Hermione ne répliqua pas se contentant d’un coup de poing sur l’épaule de son petit ami. Il n’avait pas arrêté de la charrier tout au long de la semaine à propos des elfes de maison. Ron ne put s’empêcher de rire sous les coups répétés d’Hermione.
« Qu’est ce qui se passe ? » demanda Harry d’une voix ensommeillée.
« Rien, juste une discussion animée sur les elfes de maisons ! » expliqua Ron d’un ton qui se voulait professionnel. Hermione soupira, lui donna un dernier coup, et s’approcha du lit d’Harry.
« Comment te sens-tu ? »
-Bien!» répondit Harry. « Pourquoi tu me regardes comme cela ? » questionna Harry à l’intention d’Hermione qui le regardait avec un air farouche.
« Peut être parce que tu as perdu connaissance dans la salle des trophées, et que tu m’avais promis de ne pas trop en faire ! » s’exclama-t-elle.
Harry voulut répliquer, mais il vit Ron placé derrière Hermione, lui faire de grands signes dans le but qu’il se taise. La jeune fille qui n’avait rien vu, se radoucit et s’assit auprès d’Harry.
« Je m’inquiète pour toi, j’ai conscience que ce n’est pas évident. Tout Poudlard est en deuil et en même temps en fête. Tu es obligé de te cacher pour ne pas avoir les journalistes sur le dos. Et tu as l’impression de ne pas assez en faire puisque tu considères que tout ceci est ta faute.» dit elle avec son air très sérieux sur le visage.
Hermione l’avait toujours impressionnée par sa capacité de déduction, mais il dut s’avouer qu’il était très prévisible. Sur cette pensée, il se leva et commença à chercher frénétiquement dans ses affaires. Ses amis le regardèrent d’un air intrigué, et attendirent qu’Harry se redresse avec l’objet en question, pour parler.
« La baguette de Sureau ?
-Oui Ron, j’avais dit que j’allais la remettre à son ancien propriétaire, et c’est ce que je vais faire sur le champ !» dit Harry avec une expression déterminée sur le visage.
« Tu pourrais peut être le faire plus tard ! » suggéra Hermione qui l’examinait sous toutes les coutures.
« Je vais bien, je t’assure ! » répliqua Harry d’un ton qui se voulait convainquant.
« D’accord, mais tu prends ta cape! »
Harry se résigna à faire ce qu’Hermione lui demandai, et prit la cape. Ils descendirent dans le parc, Harry sous sa cape, Ron et Hermione à côté se tenant la main. Ils étaient en effet trop grands, pour tenir à trois dessous.
« Je ne sais pas vous, mais cela ne me plait pas trop d’ouvrir la tombe du professeur Dumbledore. » dit Ron avec une petite voix.
Harry n’avait jamais pensé à ce détail, et déglutit. Hermione s’apprêtait à répondre quelque chose, mais ils furent interrompus par Ginny qui accourait vers eux, suivi de George.
« Qu’est ce que vous faites ? Une balade entre amoureux ?» questionna Ginny qui ne voyait pas Harry sous sa cape.
« Moi je pense plutôt qu’Harry est là mais qu’on ne peut pas le voir. J’ai raison ?» dit Georges en quête d’une réponse affirmative.
« Oui.» dit tout simplement Harry.
Il n’avait pas pu s’empêcher de manifester sa présence. La tête du frère de Ron faisait peur à voir, il avait d’énormes cernes sous les yeux et paraissait être en compagnie d’un détraqueur. Son visage affichait en effet, un immense chagrin, comme s’il n’allait plus jamais rire de sa vie. La perte de son frère jumeau Fred, l’avait terriblement marquée, et Harry se demanda s’il arriverait un jour à s’en remettre.
« Harry, tu ne veux pas sortir de ta cape qu’on te voit ? » demanda Ginny en jetant des coups d’œil près d’eux.
Harry s’exécuta après avoir vérifié que personne ne rodait autour.
« C’est vrai que tu as perdu connaissance dans la salle des trophées ? » continua Ginny à son attention.
« Ne me dis pas que toute l’école est au courant » grogna Harry.
« Eh bien … » commença t elle.
Harry se demandait pourquoi elle n’avait pas fini sa phrase, quand il vit la cause de son interruption. La cape qu’il tenait dans sa main droite, s’était mise à luire. Il observait ce phénomène lorsqu’il entendit une exclamation provenant d’Hermione. Il se retourna et vit qu’elle pointait son doigt sur sa taille. Il baissa les yeux et vit que la baguette de sureau située dans la poche de son pantalon, brillait également de cette même lueur blanche. La cape dans une main et la baguette dans l’autre, il regarda tour à tour Ginny, Hermione, Ron et George. Ils avaient la même expression de stupéfaction sur le visage, y compris George qui avait laissé de côté sa mine triste. Harry fixa ensuite son regard sur un point lumineux situé à la lisière de la forêt interdite, et vit avec consternation, la pierre de résurrection flottant dans l’air, venir à lui. Trop étonnés pour bouger, Ron et Hermione regardèrent les trois reliques avec un mélange de peur et de curiosité, alors que Ginny et George qui ne connaissaient pas ces dernières les regardèrent avec stupéfaction et ravissement. Harry était totalement perdu et ne savait comment réagir, mais lorsque la pierre fut à portée de main, il eut irrémédiablement envie de la toucher. Il se rendit alors compte que ses mains étaient libres, et que la cape ainsi que la baguette flottaient à ses cotés. Les reliques formaient un triangle dont il était le centre.
Il fit alors ce que son cœur lui dictait de faire. Une déflagration lumineuse se produisit … et tout disparut.