Noël 1963 : Alors qu'il n'a que trois ans, Severus ne rêve que d'une chose : devenir enfin grand ! Il en rêve, il rêve de s'éloigner de ce domicile, de ce déchirement.
De sa chambre, il entend les cris de ses parents, les assiettes volant, les sanglots éclatants. Au premier étage, il attend cet ami, cet autre qui le comprend. Personne ne vient. Alors, la nuit, il glisse doucement dans ce songe, à la rencontre de cet être si connu, si présent pour lui : celui qu'il dénomme "mon ami". Ils font les quatre cents coups, et papa offre des fleurs à maman.
Au réveil, la réalité rattrape son présent.
Le petit Severus était un enfant calme, presque distant. Il s'entraînait déjà à être celui qu'il serait plus tard : un sorcier puissant.
Noël 1970 : Les parents se disputent encore, cette fois, pour déterminer si leur petit finira sa vie dans le monde des sorciers ou au-dehors. Severus n'a qu'une seule envie : franchir au plus vite le cap de sa scolarité que commence sa vie.
Il connaît à présent de nombreux sortilèges, et il a même une amie depuis peu, une jolie petite rousse du nom de Lily. Ses rêves de gloire s'éteignent dans ses yeux, sans le savoir, Severus commence à tomber amoureux.
Pourtant, les heures étaient de plus en plus néfastes et sombres. Un seigneur de la mort envisageait de prendre le pouvoir et de rendre stériles les collaborations entre sorciers et moldus. Son but : instaurer la peur, arme puissante et vengeresse, pour plonger l'être humain au coeur d'une profonde détresse.
Noël 1971 : "Le petit est à serpentard ! Quel bon à rien ! Que fera-t-on de lui? Tante, ne le gâtez pas trop, voyons ! Il risque de prendre des mauvaises habitudes."
La dinde au marron est froide comme un cadavre. Le temps est glacial. Son coeur a, à présent, la fragilité d'une opale. Ces petits arrogants, insolents, un jour il leur fera payer !
Sa haine se répand dans ses veines jusqu'à ses poignets, qu'il enserre comme le cou qu'il rêve de briser.
Il ne le savait pas alors, mais un jour, ce serait à lui de les sauver.
Noël 1976 : Sa tante est morte, Severus a subi la pire humuliation de sa vie, ses parents manquent de s'entretuer à chaque fois qu'ils ouvrent la bouche...Sa vie ne plus durer. Soit il tue quelqu'un, soit il finira lui-même par crever.
Il flirte dangereusement avec les ténèbres et la mort, il distille celle-ci dans les flacons, l'enferme dans une bouteille, et la contemple, droit dans les yeux. Ses camarades Lucius et Bellatrix ne parlent plus que de Voldemort. Il glisse sur la pente de la facilité, se laissant séduire par l'idée envoûtante d'être craint à défaut d'être aimé.
Ce soir-là, il renonça au cadeau qu'il aurait tant aimé, elle-même aimant et étant aimée par cet autre qu'il ne pouvait supporter.
Noël 1978 : Sauvé de la mort par son rival, il a envers lui une dette insupportable. Insurmontable ! Comment la lui payer?
Plus il avance, plus il lui est impossible de reculer. Il appartiendra bientôt à un mouvement de terreur pour lequel il combattra sans pitié.
Son cadeau, quant à lui, lui avait été définitivement arraché.
Noël 1980 : Dumbledore ne lui accordera pas son souhait le plus cher : devenir professeur de Défense contre les forces du mal. Il le supplie de protéger les Potter, la protéger elle, elle qui est aussi forte qu'elle est son point faible.
Il espionne à présent le seigneur des ténèbres et la mort effrayante a pour lui l'attrait d'une merveille. Son jeu est double, l'enjeu est grand. Qui de l'élève ou des maîtres est le plus puissant ?
Alors qu'il se disait loyal à une cause et une autre, il cachait en secret sur le plan de l'échéquier, tous ses plans qui visaient à la sauver.
Noël 1981 : La vie n'a plus de sens, la flamme s'est éteinte ! Quel cadeau attendre lorsque que l'on a définitivement perdu le sien ?
Dénoncé comme mangemort, trahi par les siens, il n'attend plus que la mort vienne le frapper en son sein.
NON !
Lily avait engendré un enfant. Enfant qui aurait pu être sien. Marqué comme son égal par Voldemort lui-même, ce gamin était un don inespéré du ciel.
Noël 1988 : Cette année encore Dumbledore ne lui accorde pas le poste. Pour le consoler des bonbons au citron il lui offre.
Noël 1990 : Après soixante ans de combats perpétuels, ses parents enfin décèdent. Il apprécie le calme serein de Noël.
Noël 1991 : Le petit Potter est arrogant comme son père! Quel ingrat! Quel talent pour s'attirer des ennuis et se mettre dans le purin de Dragon jusqu'au cou! Ah! Cet enfant! Le faire disparaître est son souhait le plus grand.
Noël 1995 : Il le sait, Voldemort est de retour, à présent il y a plus qu'un léger bruit qui court. Il entend ses appels, il entend ses remontrances. Il attend dans l'ombre; un serpent qui surveille sa proie en déclin. Il n'a plus de temps à perdre, le monde a franchi le dernier point. Le point de non-retour.
Quel plan doit-il tracer alors que sombre le monde et l'échéquier ?
Noël 1996 : Finalement, il s'est attaché au gamin, gamin qui servira d'appât dans la fosse à purin. Lui, mais pas seulement : le petit Malefoy est lui aussi envoyé sur le front. Voldemort et Dumbledore ont donc décidé d'envoyer leur pion s'affronter. Un échec se dessine dans la perspective de ce terrain miné.
Comment les protéger ? Qui doit-il sauver ? Malefoy ou Potter ? Il a prêté un serment d'allégence à la mère du premier, et a juré une fidélité éternelle à la mère du second.
Quelqu'un d'autre pourrait-il prendre sa place ?
Noël 1997 : Ce sera le dernier Noël passé à table devant une table froide. Au repas : préjugés raçistes, propos machiavéliques à la sauce mangemorts, le tout servi sur un lit d'arrogance. Bon appétit.
Le dîner se conclut sur un meurtre de parents né-moldus.
Severus n'en peut plus.
Son patronus ne le protège plus.
Il le rattache toujours et encore à cet être perdu.
Il sait que le glas de son dernier noël a sonné, tout intime du seigneur des ténèbres qu'il soit.
Un jour, ce sera lui, le menu du serpent aux dents aiguisées.
Lui, prince de sang mêlé, qui a sans doute sauvé plus de vies qu'il n'en a tuées. Lui, il terminera sa vie non sans avoir révélé à Potter comment sauver le sort du reste de l'humanité.
Le dernier cadeau qu'il aurait désiré, aurait peut-être été l'amour et l'estime qu'il n'a jamais espérés, mais, qui, bientôt, lui seront enfin témoignés.