Bon, cette fois-ci, j'ai vraiment perdu la boule :)Cette fic sera un recueil d'OS. Chaque OS se tiendra dans une époque différente, et l'ordre chronologique sera respecté.Comme vous l'aurez compris, il s'agit de faire concorder sur certains points la folie et la magie. La folie en tant qu'on peut l'entendre de différentes façons, et c'est bien là mon but. On ira de la démonologie à la psychiatrie. De la démence, aux neuroleptiques. Parfois, il s'agira de Sorciers incompris, qui ne contrôlent pas les manifestations magiques autour d'eux. Parfois, les choses seront plus complexes, différentes, mais je ne vais pas vous spoiler. Je voulais juste en venir aux premiers chapitres, ceux-ci commencent très tôt. Je considère la Magie comme contrôlée à partir de Rome, d'où la plupart des sortilèges qui sont en latin. Avant ça, la Magie telle qu'on la connaît avec Harry Potter existe mais n'est pas reconnue, pas hiérarchisée, pas apprivoisée. Du coup, vous allez probablement vous demandez ce que vous foutez là, puisque vous ne verrez pas tout de suite les liens entre les deux mondes. Et pour cela, je les expliquerai en notes de chapitres. Cela pourra aussi me permettre de montrer l'évolution de la Magie au fur et à mesure des siècles.J'ai essayé de garder la plus grande justesse possible à la fois dans l'Histoire comme dans la psychologie. Mais il est évident que plus on est tôt dans l'Histoire, moins on a d'informations justes et plus il faut faire des choix. Je ne promet donc pas de ne faire aucune faute historique.Donc on commence avec le royaume de Babylone, 2 millénaires avant notre petit J-C.Si vous n'avez pas fui, bonne lecture ! PsychoseAigue.
Êzra souffla doucement. Cela faisait maintenant 3 mois qu’il exerçait sa nouvelle profession et son père ne daignait toujours pas s’adresser à lui d’homme à homme. Son père avait toujours vu en lui le prochain āšipu, après tout la transmission se faisait de génération en génération. Mais Êzra savait pertinemment que son frère de deux ans plus jeune rêvait de passer ses journées au temple, à diagnostiquer les patients qui se présenteraient. Il lui laissait à loisir l’opportunité de faire ce que son père attendait de lui. Parce qu’Êzra, lui, voulait guérir.
Il était bien conscient de l’importance de l’āšipu, sans qui rien ne pourrait probablement se faire. Mais il était aussi fasciné par le corps humain, par son fonctionnement et par ces plantes. Si fragiles, si fébriles et pourtant tellement fortes contre les agressions maladives.
Son père était encore l’āšipu dans leur temple, et lui transmettait à contrecœur des patients qu’il avait diagnostiqué afin qu’Êzra puisse leur administrer le traitement dont ils avaient besoin. Voire d’opérer directement sur le corps, si cela était nécessaire. Mais même dans ces situations, il n’avait le droit qu’à quelques mots tout juste professionnels.
Les pas qui avaient disparus pendant quelques minutes reprirent brutalement leur ascension et Êzra se releva, cette fois-ci prêt à connaître l’identité de l’individu. Il marcha en direction de l’ouverture et tomba sur un homme mûr, paniqué, affolé, ne tenant pas en place.
‘ Que se passe t-il ? ‘
‘ Je sais. Je sais. Quelque chose va se passer. Quelque chose va se produire. N’approchez plus ! ‘
Êzra s’arrêta net. L’homme était pâle, crispé. Il suait autant que ses mains s’agitaient de manière frénétique de haut en bas. Encore et encore.
‘ Vous devriez aller voir l’āšip- ‘
‘ Il va, il va le faire ‘
‘ Qui va faire quoi ? ‘
‘ Nergal ! Contrôler mes pensées ! Il va contrôler mes pensées ! Je le sais, je le sens, c’est tout proche ! ‘
‘ Je pense que vous devri- ‘
‘ Une catastrophe. Une malédiction ! ‘
Les pas reprirent brutalement tandis que l’homme récitait des prières à l’encontre de Gula, déesse guérisseuse. Soudainement, sa voix se bloqua et ses yeux se relevèrent vers Êzra, affolés, tandis qu’il serra ses mains autour de son cou.
‘ Je m’étouffe, je vais mourir. Je m’étouffe ! ‘
Il tomba à terre sans qu’Êzra ne puisse réagir, pris de vertiges fulgurants. Tremblant comme une feuille, toussant, la seule chose qui bougeait été sa main, toujours dans les mêmes mouvements rapides. Êzra se pencha mais déjà l’homme régurgita. Il essaya vainement de maintenir sa tête, l’homme se débattant, la respiration rapide. Cela dura bien quelques minutes avant que l’homme ne se calme tout aussi brutalement qu’il avait commencé.
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Âdrièl jeta un œil à son fils, suspicieux, avant de revenir sur l’homme qu’il lui avait ramené. Il acquiesça et fit signe à Êzra de s’en aller, il prenait les choses en main à partir d’ici et n’avait besoin d’aide. Surtout pas d’une pareille aide.
‘ Répétez-moi de quoi vous avez eu peur, exactement ‘
‘ On veut contrôler mes pensées. Et répandre l’épidémie ‘
‘ Et pourquoi cela serait-il ainsi ? Que s’est-il passé ? ‘
L'homme braqua les yeux un moment dans le vide, hésitant. Devrait-il lui parler de ce qu'il avait vu ces derniers jours ? Il y avait des moments où dès lors qu'il posait son regard et engageait un mouvement vers une personne, celle-ci trébuchait subitement, avait des picotements dans les jambes ... Choses qui disparaissaient aussitôt qu'il détournait le regard vers autre chose.
Il inspira profondément, non probablement qu'il ne devrait pas lui en parler.
‘ Je, … Je suis sorti, comme je le fais toujours mais il ne s'est rien passé de particulier ‘
‘ Et c’est venu, juste comme ça ? ‘
L’homme acquiesça lentement et Âdrièl continua ‘ Très bien, dîtes-moi quand quelque chose correspond à ce que vous avez vécu ... Difficultés à respirer, douleur au ventre, brûlure de l’épaule, difficultés à voir, nausées, douleurs aux jambes ‘
Il continua pendant un certain temps, le patient se contentant d’acquiescer ou non à l’énumération de la liste et finit par arriver à la fin. Il était évident qu’il ne s’agissait pas de blessures organiques, son fils avait déjà vérifié avant de l’amener. Et l’homme ne paraissait pas ressentir des douleurs particulières.
Il était juste apeuré et avait fait une crise. Âdrièl ne connaissait pas trente moyens différents pour guérir quelque chose de tel. Il fallait que les Dieux soient avec eux.
‘ J’ai eu l’impression de ne plus pouvoir bouger mes jambes, et en même temps qu’elles tremblaient fortement ‘
Âdrièl acquiesça, ne pouvant s’empêcher de se demander ce que cet homme avait bien pu faire pour mériter un tel châtiment de la part des Dieux. Il ne savait pas de quoi il était coupable, mais une chose était certaine, la sentence était sans appel.
‘ Vous devriez voyager jusqu’à Isin, prier dans l’é-gal-mah ‘ Le temple principal de Gula. Il devait prier suffisamment fort pour implorer les Dieux de ne plus subir leurs courroux ‘ Prier plus souvent que vous ne le faites. Vous pouvez venir ici, aussi, parler pourrait vous aider. Prêtez main forte aux autres, à votre famille. Aimez-la du mieux que vous le pouvez. Nous pouvons commencer tout de suite et prier Shamash ‘
L’homme acquiesça et Âdrièl commença les incantations. La seule chose qu’il savait efficace était de créer ces deux petites figurines. L’une représentant un homme, l’autre une femme, toutes deux porteuses des maux du patient et de prier encore et encore Shamash. Et, peut-être, réussir à le faire avouer ses torts, de se confesser et de commencer la guérison.
Dooooonc, si vous êtes pas endormis, ici on a affaire aux premières esquisses des sortilèges Incarcerem, Locomotor Mortis, et Jambencoton. Le premier est lié à l'impression de l'étouffement, et les deux autres à l'impression paradoxale de ne plus pouvoir bouger ses jambes mais de les sentir trembler. …videmment, tout ça reste très faible, on est à un très très bas niveau. Mais la Magie reste présente.
Donc en fait, il a vu la Magie se manifester devant lui dans une forme très primaire (les trébuchements ne sont pas des choses aléatoires et il le sait), ce qui le travaille, ce qui va déclencher sans qu'il ne s'en rende compte d'autres phénomènes magiques de sa propre création (à force de penser à ce qu'il a vu, d'essayer de se le représenter, il finit par le recréer). La Magie est tournée vers lui car pour les babyloniens toute maladie est associée à la culpabilité. Donc si il lui arrive quelque chose d'anormal, c'est qu'il est coupable de quelque chose, et donc sans s'en rendre compte dans cette culpabilité sa Magie se manifeste contre lui. Bon, je vais pas rentrer plus dans les détails, c'est assez emmerdant comme ça mais là on a un processus psychologique qui est mêlée à la Magie. D'où peut-être la complexité, j'ai pas commencé avec le cas le plus simple ...
Juste que dans notre monde le gars aurait un problème d'anxiété, on appellerait ça un trouble panique. Son corps s'exprimerait pour lui face à sa perte de contrôle et sa peur - d'où les symptômes. Tandis que dans notre cas, la seule chose qui soit réellement psychologique, c'est le fait que la Magie soit exercée contre son propre corps. Sinon, c'est juste un pauvre gars troublé par ce qu'il a vu et qui, malheureusement, plus il y pense, plus il le recrée.
Ah oui, et Nergal est le Dieu des enfers.
Si je vous ai pas tué entre temps et que ça intéresse certains, le prochain chapitre sera direction l'Egypte.