Tout appartient à J.K. Rowling, je vous souhaite une bonne lecture o/
Molly avait défait le sort. Plus de magie, plus de vie. Juste ses doigts qui s’abîmaient sur les aiguilles, lentement, doucement. Continuellement. Ça expiait ses fautes, ça comblait le manque. Dans le salon vide du Terrier, il n’y avait plus rien. Partie, la joie. Partis, les enfants et les turbulences. Sur la table, il n’y avait même pas un bout de tarte qui traînait. C’était une salle vide, une salle morte.
Morte… Un peu comme Molly au fond. Morte parce que Ron était parti, George était parti, Bill, Charlie et Percy aussi. Même sa petite fille, sa seule et unique princesse. Elle aurait tant voulu que ses enfants, ses bébés restent petits pour toujours. Elle aurait voulu les voir courir dans le jardin pendant des années encore, le sourire aux lèvres, insouciants et heureux.
Une maille à l’envers, une maille à l’endroit.
Elle ne supportait plus le silence. Où était Arthur ? Où était-il parti ? Depuis la fin de la guerre, il disparaissait pendant des heures, s’enfermant dans sa cabane de bricolage. Il restait là-bas, parmi tous ses objets moldus. Il la laissait. Il la délaissait. Parfois le soir, il venait se coucher après elle, se glissant sous la couette doucement, tendrement. Il se tournait vers elle et elle sentait son regard fixer son dos avec insistance. Parfois il posait sa main sur sa hanche, parfois il se retournait simplement et s’endormait. Certains soirs, Arthur ne venait pas la rejoindre. Il devait errer dans les chambres, s’endormir dans le lit d’un des enfants. Il était détruit, dévasté. Il n’était plus l’homme qu’elle avait épousé.
Une maille à l’envers, une maille à l’endroit.
Oui, Molly ne supportait plus le vide qu’ils avaient tous laissé derrière eux. Alors, elle avait enlevé le sort, elle avait pris les aiguilles. La pelote de laine orange était tombée de ses genoux et avait roulée sur le parquet. Elle était trop loin pour qu’elle l’atteigne en se penchant. Alors Molly l’avait laissée là et s’était mise à tricoter. Elle croisait le fil de laine entre les aiguilles, créant de ses doigts un petit pull, un pull pour enfant. C’était magique. Ça la ramenait des années auparavant, dans une autre vie, dans une vie de bonheur et de joie.
Une maille à l’envers, une maille à l’endroit.
Molly le tenait dans ses mains ridées et amaigries par l’âge. Le petit pull était fini. Un grand "F" y était tricoté. Elle en avait déjà fait un de ce genre. Une larme coula et vint se faufiler entre les mailles du tricot. Il y avait deux mailles de l’envers qui se suivaient. Un accro, une irrégularité. Molly haussa les épaules, personne ne le verrait.
Une irrégularité comme celle qui chavirait sa vie. Elle serait la seule à la voir, la seule à en pâtir. Sa vie filait à l’envers. Jamais, non jamais, les enfants devraient partir avant leurs parents. Ce n’est pas comme ça que la vie est faite, ce n’est pas comme ça que les choses doivent se passer. Et pourtant, pourtant, Fred était parti. Il avait créé ce revers, créé cet accro. Comme pour un tricot, si on appuyait trop fort, un vide se créait et grandissait jusqu’à détruire tout autour de lui.
Molly posa le pull sur la table. Elle l’enverrait à George par hibou plus tard dans l’après-midi. Elle reprit ses aiguilles et changea de pelote. La vieille femme se remit alors à tricoter. Il lui restait beaucoup d’autres à faire, beaucoup d’autres petits-enfants à habiller et pourtant, ça ne serait jamais assez pour elle. Elle continua, ignorant le silence pesant, la pièce bien trop rangée. Elle voulait juste oublier. Simplement oublier.
Une maille à l’endroit. Une maille à l’envers.
Encore et toujours.
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