Bon voilà, j'étais sensée réviser mais j'arrivais pas à me sortir cette chanson de la tête (Sisters, Pain of Salvation).
Je ne sais pas si je suis satisfaite ou pas de ce texte, par contre...
Tu regardes ton verre. Tu ne sais pas ce qu'il y a dedans, alors tu le vides par terre. Et tu pars.
Tu marches. Tu ne sais pas où aller. Tu marches juste, droit devant toi, et tu essaies de ne pas penser. Tu essaies, de toutes tes forces, mais tu n'y arrives pas. Parce qu'elle est là.
Tu la regardes. Ses cheveux blonds, ses yeux bleus, sa taille gracile. C'est elle. Là, dans sa façon de marcher, et de te sourire. Elle s'avance. Tu recules. Parce que ce n'est pas elle. Ce n'est pas celle que tu cherches depuis des mois, et que tu crois retrouver à chaque fête.
Tu la regardes. Tu la vois. Tu la vois vraiment, tremblante derrière la silhouette que tu as cru pouvoir serrer dans tes bras. Elle est fragile, tu le sens. Et forte en même temps. Elle, c'est celle qui aimait courir à perdre haleine dans les champs, et ramasser des fleurs à pleines poignées. Qui descendait si souvent sur la plage et riait aux éclats en donnant de grands coups de pied dans les gerbes d'écume, avant de se tourner vers toi les yeux à moitié fermés, comme ça, et la tête penchée sur le côté. L'autre, c'est celle qui marchait derrière, droite et élégante, tranquille comme si elle ne craignait pas le temps qui passe. Celle qui s'allongeait sous le grand frêne, près du lac de Poudlard, et s'immergeait tant dans son énorme grimoire qu'elle oubliait ta présence et ne savait même plus que tu étais en train de lui parler.
Tu t'arrêtes, et tu la laisses s'approcher. Elle noue ses bras derrière son dos. Elle soupire, se mordille les lèvres. Elle ne te regarde pas droit dans les yeux, elle fixe ta clavicule parce qu'elle est bien plus petite que toi. Elle ne te regarde pas droit dans les yeux, parce qu'elle sait que si elle ouvre la bouche et te le demande dans un murmure, alors tu te perdras. Tu te perdras – dans ses bras, dans son cou et entre ses seins. Tu te perdras, et tu te briseras. Parce que c'est elle, que c'est trop tôt, que tu as encore l'espoir, et que tu te réveilles chaque matin en tâtant le lit pour voir si elle est là. Elle, ce n'est pas celle qui te regardes. C'est l'autre. Celle qui te manque si fort que des fois tu te roules en boule, tremblant, et que tu attends que la douleur passe.
Alors tu retiens ton souffle. Tu fermes les yeux. Tu lui prends son verre de vin, et tu en avales une gorgée. Tu fixes un point au loin, bien au-dessus de sa tête, et tu te prépares à lui dire bonne nuit. Tu sais qu'elle est déçue. Tu sais qu'elle espérait, qu'elle attendait plus. Mais tu ne peux pas t'y résoudre, et tu ne veux pas te perdre.
Quelqu'un te bouscule. Tu trébuches, puis tu te raccroches à ses épaules. Tu baisses les yeux et tu rencontres les siens. Ce sont les siens bien sûr, avec ces petites pailletes qui font comme des myriades d'étoiles. Mais ce sont ceux de l'autre aussi, le bleu éclatant, vif et moqueur qui te poursuit chaque nuit dans tes rêves.
Tu remets une mèche blonde derrière son oreille. Puis tu retires ta main, comme si tu t'étais brûlé. Tu es nerveux. Vous riez, elle fait apparaître un nouveau verre de vin et en renverse la moitié. Tu fouilles son regard, et elle en fait autant. Tu cherches des réponses, tu n'en trouves pas, et tu te demandes ce qui est en train de t'arriver.
Elle est l'autre. Leurs rires t'envoient des frissons dans le ventre, et quand le vent joue avec leurs cheveux, le parfum de lys te fait presque tourner la tête. Mais tu remarques ce grain de beauté, là, sur le cou, et qui n'était pas sur celui de l'autre. Tu regardes la fille qui te fait face, et tu te rends compte qu'elle est juste elle. Elle ne veut pas lui ressembler, elle veut être Dominique et ne pas prendre la place de Victoire. Tu l'admires pour cela, mais tu as envie de la gifler. Parce que cela ne te la ramène pas, et que cela te crache au visage que jamais elle ne te reviendra.
Mais tu la regardes. Tu regardes Dominique, et tu effaces Victoire. Tu ne sais pas si c'est à cause du vin, ou des larmes qui brillent dans ses yeux, mais c'est elle que tu veux ce soir. Tu la veux ce soir au moins une fois, pour te noyer dans sa chaleur et finir par ne plus te réveiller.
Elle ouvre la bouche. Elle comprend. Elle sait que si elle continue à te regarder, et qu'elle te le demande doucement, alors tu enverras tout balader. Elle en a envie. Tu ne sais pas depuis combien de temps, mais tu sais que cette envie est si puissante qu'elle peut tout balayer sur son passage.
Elle enroule sa main autour de ton poignet droit, et elle pose simplement ses lèvres contre les tiennes. Tu ne bouges pas. Le temps s'arrête. Son souffle te réchauffe, et tu la rapproches brutalement d'un bras possessif. Tu l'écrases contre ta poitrine, tu ne veux plus qu'il y ait de vide entre vous, tu ne veux plus d'espace, tu veux Dominique. Juste Dominique
Il n'y en presque plus, d'espace, mais il y en assez pour qu'elle se glisse entre vous. Elle te regarde, et ses yeux tristes te hurlent de lui donner une explication. Tu fronces les sourcils, mais quand tu tends la main pour la pousser, lui dire de te laisser tranquille, tu ne rencontres que du vide. Et c'est Dominique que tu repousses.
Alors tu fermes à nouveau les yeux. Tu les fermes si fort que le monde explose autour de toi. Quand tu rouvres à nouveau les yeux, Dominique a un sourire triste. Elle fixe le verre de vin qui s'est brisé entre tes doigts, et les gouttes de sang qui font trembler le sol.
Tu sais que tu peux encore plonger dans ses yeux. Tu peux encore lui demander doucement, et tu retrouveras la chaleur de ses bras. Tu ne le fais pas. Tu n'es pas encore prêt. Tu n'as pas encore réussi à laisser partir Victoire.
Elle voit tout ça. Elle te comprend. Ensemble, vous fermez les yeux et vous vous forcez à vider votre verre. Votre gorge vous gratte, vos lèvres vous démangent et vous n'avez plus soif. Vous essayez de vous souhaiter bonne nuit, mais les mots sont du sable sur votre langue.
Alors vous partez simplement, chacun de votre côté. Vous ne jetez pas un regard en arrière, car vous savez que ce qui vous donne la force de vous éloigner, c'est la certitude de vous revoir bientôt.
Vous ne savez pas tout, bien sûr. Vous ne savez pas si quelque chose aura changé, cette prochaine fois. Si vous réussirez enfin à n'être que deux.
Parce qu'elle est Dominique Weasley.
Parce qu'il est Teddy Lupin.
Et qu'entre eux, il y aura peut-être toujours Victoire.