Pétunia choisit deux nouvelles chemises, les plia et les déposa dans la grande valise bleue qu'elle avait sortie. Elle se tourna à nouveau vers son armoire à vêtements, saisit l'écharpe légère que lui avait offerte Vernon l'an passé, et après s'être regardée dans le miroir, la reposa à sa place. Puis elle fit quelques pas, poussant du pied les sacs vides qui jonchaient le sol et marchant même par mégarde sur un cadre photo qui était tombé. Enfin, elle s'assit sur le rebord de sa fenêtre, et regarda à travers en soupirant.
Demain serait un grand jour. On ne pouvait pas dire qu'elle l'avait attendu avec impatience, mais elle avait fini par se résigner, et considérait ce grand changement dans sa vie comme nécessaire. Demain... Elle quitterait la maison qu'elle avait habité depuis plus de vingt ans maintenant, et partirait avec l'un de ces sorciers pour une destination inconnue.
Pétunia sourit. Si quelqu'un avait lui avait prédit cela quelques mois plus tôt, elle lui aurait sûrement ri au nez, puis lui aurait fracassé l'un de ses pots de fleurs sur la tête avant d'appeler la police. Mais la situation avait certainement bien changé. Elle avait appris par son neveu le retour de celui qui avait assassiné sa soeur et son beau-frère, et craignait désormais pour la vie de sa propre famille. Si quelqu'un osait ne serait-ce que toucher à un cheveu de son petit Dudley chéri... Elle ne savait pas de quoi elle serait capable.
Minuit sonna, et Pétunia sursauta. Elle devait absolument se remettre au travail, les valises n'étaient qu'à moitié prêtes, et elle ne voulait pas partir sans avoir rangé un minimum sa maison. C'était peut-être idiot, mais ça lui donnerait l'impression qu'ils partaient simplement en vacances, et que lorsqu'ils reviendraient dans quelques semaines rien n'aurait changé. Pétunia se leva donc, et marcha d'un pas pressé vers la petite penderie au fond de la chambre. Exténuée, elle ne fit pas attention au tiroir ouvert de son bureau, et se cogna la hanche dessus. Elle laissa échapper un petit glapissement aigu, avant de s'apercevoir qu'une boîte qui devait sûrement se trouver sur le meuble était tombée par terre, renversant son contenu. Pétunia se pencha en avant. Des lettres. Il y avait au moins une dizaine de lettres, dont le papier avait jauni avec le temps – sur certaines, l'encre avait même presque entièrement disparu.
Pétunia les ramassa, sifflant qu'elle n'avait vraiment pas de temps à perdre, et jeta machinalement un coup d'oeil à la signature de l'une des lettres. Hana Evans. Maman.
Le coeur de Pétunia rata un battement, et elle dût s'asseoir sur le lit en sentant ses jambes flageoler. Ces lettres... Elle s'en souvenait maintenant ! Après l'enterrement de sa mère, elle n'avait pas pu emporter grand-chose, Vernon estimant que les meubles de la défunte ne s'accorderaient jamais avec la décoration qu'ils avaient tous les deux en tête. Pétunia s'était donc contentée d'un petit coffret en bois de cerisier dans lequel elle avait entassé la majeure partie de la correspondance de sa mère. Elle ne s'en était plus occupée depuis.
Pétunia commença à les feuilleter. Presque un tiers des lettres étaient des copies de celles que sa mère avait envoyées – elle lui avait dit vouloir garder une version complète de la correspondance qu'elle entretenait avec sa famille. Pétunia mit donc de côté les missives dont l'expéditeur lui était inconnu, et examina plus attentivement le paquet qui restait. Il y en avait quelques-unes de son père, quand il était parti un mois en France pour son travail. Cinq lettres de sa grand-mère, qu'elle avait peu connue. Une vingtaine avait été écrite par elle-même – Dieu que son écriture était illisible à l'époque ! Et enfin... Enfin, il y avait les lettres de sa soeur. Lily. Certaines étaient accompagnées de photos animées – Pétunia grimaça – ayant principalement pour sujet Harry bébé, devant un sapin de Noël dont les guirlandes se tortillaient comme des serpents, ou sur ce qui ressemblait à un balai miniature tout à fait ordinaire, si ce n'était qu'il volait.
Bon, et maintenant, qu'allait-elle faire ? Elle ne pouvait pas lire la correspondance de sa mère et sa soeur, quand même – et puis, elle devait finir les valises ! Pétunia décida de ne regarder que les dates, puis fut attirée par un mot souligné ici, un point d'exclamation là-bas, ou une petite fioriture qui lui fit plisser les yeux pour la déchiffrer.
Et finalement, sans s'en rendre compte, Pétunia se mit à dériver dans les méandres du passé.
Note de chapitre:
Cet OS est ma participation au concours "Mes parents, ces héros" de Ielenna.
Il s'agissait entre autres de mettre en scène dans une fiction la relation entre un personnage et au moins l’un de ses parents. Un grand merci à lilimordefaim qui m'a corrigée si rapidement !
Note de fin de chapitre :
Voilà, le prochain chapitre (qui constitue la majeure partie de l'OS sera publié très prochainement. Il y aura ensuite un épilogue. Je tiens juste à préciser que les circonstances de la mort des parents de James et de ceux de Lily telles que les a imaginées JKR sont disponibles dans une interview sur mugglenet...
Merci d'avoir lu !
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