Bonjour, Monsieur. Oui, oui je vais bien, merci, ce n’est pas la peine de me regarder comme ça.
Non non, je vous assure, tout va bien. Vous savez, mes parents, ils sont très gentils, mais ils ont un peu trop tendance à s’inquiéter pour un rien. Mais ce n’est pas grave. Moi je les aime bien quand même. Et puis, ils ne sont pas toujours inquiets. Souvent, mais pas toujours. C’est ce qui compte.
Oui, j’ai dix ans. L’année prochaine j’entrerai à Poudlard, c’est bien ça. Oui, j’ai hâte d’y aller, bien sûr, tous les enfants ont hâte d’y aller non ? Si, je vous assure, je suis impatient. Seulement, je ne le suis pas autant que les autres enfants, c’est tout. Il n’y a pas de quoi vous inquiéter, je vous assure. Dans quelle maison je voudrais être ? Oh, peu importe, enfin, Gryffondor semblait être la tradition familiale mais bon…
Pourquoi « semblait » ? C’est simple, enfin. Regardez, Dominique elle est à Serdaigle et pourtant elle s’en sort bien. Papa et Maman, ils n’arrêtent pas de me parler d’elle. Ils disent toujours qu’elle est très intelligente, et qu’il faudra que je prenne exemple sur elle. Victoire ? Oh, elle aussi elle s’en sort bien. Très bien. Victoire, elle est à Gryffondor vous savez. C’était évident, quand on s’appelle Victoire et qu’on est né un 2 mai, on va à Gryffondor, c’est sûr. Elle aussi elle est brillante. Elle est la meilleure duelliste de l’école, avec Dominique bien sûr. Du coup, tout le monde les admire. C’est normal. Elles sont fortes, Dominique et Victoire.
Vous décrire mes sœurs ? Vous devez bien avoir une idée pourtant, vous savez, elles sont si semblables à ma mère. Et ma mère, la championne Fleur Delacour, vous l’avez tous vu au moins une fois je crois ? Enfin… elles sont magnifiques, toutes les deux, oui, magnifiques, il n’y a pas d’autre mot. Tous les garçons les aiment bien, je crois. Même si Victoire, elle s’en fiche, elle a Teddy. Ce n’est pas officiel, elle ne lui a jamais fait de bisou devant nous, mais tout le monde le sait dans la famille. Et puis, Dominique, elle, elle aura le temps d’y penser. Tout le monde l’aime déjà, elle n’a pas à s’inquiéter.
Oui, moi aussi on m’aime bien, je crois. Pas autant qu’elles mais on m’aime bien. Les filles à l’école elles disent que je suis beau. Mais moi je n’aime pas trop leur parler aux filles. Ni aux garçons d’ailleurs. J’aime bien qu’on me laisse tranquille. Du coup, les gens ils me trouvent beau. Juste beau.
Oh non, c’est n’est pas très grave. Je vous l’ai dit, j’aime bien être tranquille. C’est pour ça que je m’entends bien avec Albus. Lui aussi il est calme, il est comme moi, il aime bien rêver. Quand il vient à la maison on monte sur les dunes tous les deux, on regarde le ciel le soir. James il dit que l’on va finir à Poufsouffle, moi je trouve que c’est une bonne maison Poufsouffle. Tonton Harry il m’a dit que l’amitié et l’amour lui avaient permis de réussir ce qu’il a fait, et l’amitié et l’amour c’est important à Poufsouffle non ? Alors, Poufsouffle est une maison importante.
Je sais que Papa et Maman trouvent ça bizarre. Et puis, ne me regardez pas comme ça. Je le sais, j’ai répondu à votre question, vous devriez être content non ? J’ai le droit d’aimer être seul. Si j’ai des passions dans la vie ? Pour quoi faire… de toute façon, tout ce que j’entreprends, ce n’est jamais assez bien pour Papa et Maman. C’est leur deuxième défaut. Mais ce n’est pas grave, je vous l’ai dit, je les aime bien quand même. Je devrais être content qu’ils aient de l’ambition pour moi.
C’est quoi du conditionnel ? Ah, d’accord. Pourquoi je l’utilise ? Je ne sais pas, la maîtresse elle dit que c’est bien que mes parents aient de l’ambition pour moi. Alors c’est bien. En fait, moi, je préfèrerais qu’ils m’aiment comme ça, mais je dois sûrement me tromper. Après tout, la maîtresse dit que c’est bien. Donc c’est bien. Ce sont les adultes qui ont raison. Pourquoi ? Parce que c’est comme ça. Tout le monde le dit. Papa et Maman aussi. Il faut écouter les adultes, ils ont raison, alors écoute-les. Moi, je pense qu’on n’écoute pas assez les enfants, mais j’en suis un alors ça ne compte pas. Quand je serai grand, je penserais sûrement comme eux. Mais vous savez, Papa et Maman m’aiment. Ils voudraient juste que je fasse des choses exceptionnelles.
Comme quoi ? Vous n’avez qu’à regarder mes sœurs. Victoire fait déjà fleurir le monde du bout des doigts, elle excelle en combat, elle veut devenir Auror, elle fera des grandes choses Victoire. Et puis, Dominique, elle n’est peut-être pas bien grande encore, mais tout le monde dit qu’elle est très intelligente. Elle est déjà passionnée par la politique, c’est vous dire. Tonton Percy il dit même que plus tard elle entrera au Ministère, et d’ailleurs c’est ce qu’elle veut faire, Dominique. Et puis, elle y arrivera sûrement. Elles feront des grandes choses.
Non, Monsieur. C’est ça que vous n’avez pas compris. Vous voyez, je savais bien que ça ne servait à rien, tout ça. Il n’y a rien qui cloche chez moi, c’est pas la peine d’aller voir un psychologue. C’est juste que Papa et Maman, ils sont des héros de guerre. Et ce ne sont pas Victoire et Dominique qui les font redescendre sur terre.
C’est leur dernier défaut. Papa et Maman, ils ne connaissent pas la normalité. Ils ne savent pas ce que c’est de n’être que normal. Alors, ils pensent que j’ai un problème.
Forcément.