Elle peut se brûler les ailes à tout instant, et elle le sait, mieux que personne. Alors, pourquoi continue-t-elle de s’y accrocher, de s’envoler toujours plus haut, tout en sachant que la chute lui sera sûrement mortelle ?
Parce que c’est ça, l’Amour. L’envie de tout donner, de lui prouver à quel point on l’aime, sans avoir peur de ne pas avoir de retour. Mais là, elle avait un retour.
Elle attendait depuis six ans.
Six ans, où elle l’a vu triste, heureux, en colère, rieur, mais jamais elle n’avait cessé de l’aimer. Même si elle était sortie avec deux autres garçons, sur conseils de sa meilleure amie, elle n’avait jamais renoncé à lui. Jamais vraiment.
Elle s’est battue à ses côtés.
Elle a souffert à ses côtés.
Mais elle s’est aussi amusée à ses côtés.
Elle a beaucoup partagé avec lui, mais elle sait qu’il y a certaines facettes de sa personnalité, de ses sentiments, qu’elle ne connait pas et ne connait pas encore. Et ne connaitra peut-être sûrement jamais, elle en est consciente. Mais cela ne l’embête pas plus que ça. Il n’a pas besoin de tout lui dire. Elle non plus, d’ailleurs.
Parce que Ginny est libre, Harry aussi. Elle n’a pas besoin de lui vingt-quatre heures sur vingt-quatre, mais elle le veut aussi rien que pour elle quand même. Mais elle sait où est la limite de sa liberté, elle sait quand c’est trop. Être libre c’est bien, mais il y a des limites à respecter.
Elle sait qu’elle ne comprendra jamais vraiment Harry. Ils sont différents mais pareils. Ils sont un peu comme le Yin et le Yang. Ils se complètent, mais ont quelques points communs aussi.
Les gens ne sont ni tout blancs ni tout noirs.
Les gens aiment croire, par exemple, que Dumbledore est parfait. Qu’il est entièrement blanc. Mais si Dumbledore a l’entière confiance de Ginny, elle ne pense pas non plus qu’il n’a jamais rien fait de mal.
Les gens aiment croire que Vous-Savez-Qui -pardon, Voldemort- est un monstre. Qu’il est entièrement noir. Mais Ginny n’est pas d’accord avec ça. Les gens ne deviennent pas « méchants » pour le plaisir. Il y a toujours une raison. Bien sûr, Voldemort est un grand « méchant », donc Ginny le hait, mais elle aimerait quand même savoir se qu’il s’est passé pour qu’il devienne aussi horrible.
Elle l’a déjà dit plusieurs fois à Harry, mais il ne veut pas comprendre. Harry est ordinaire dans bien des domaines. Croire comme la plupart des gens. Accorder sa confiance trop vite. Être colérique.
Mais c’est aussi un vrai héros. Il est brave, courageux. Si un jour Harry voudra rompre avec elle, elle saura que c’est pour quelque chose d’important. D’héroïque. Donc Ginny le laissera partir, tout en sachant qu’il reviendra toujours. Pas besoin de le promettre.
C’est pour ça qu’elle l’aime, c’est pour ça qu’elle l’a toujours aimé.
Mais le monde ne tourne pas autour d’Harry.
Il y a sa famille, ses amis, Poudlard, et tant d’autres.
Ginny est indépendante, elle n’a plus besoin d’être protégée. Elle est forte. Si elle se bat, c’est pour ceux qu’elle aime, pas uniquement pour Harry.
Elle n’est pas une nunuche, elle n’a pas peur d’être blessée.
Elle ne pense pas que les gens sont uniquement tout blancs ou tout noirs. Elle n’a pas peur de le dire à haute voix. Elle n’a pas peur de contredire les gens, que ce soit Harry, Dumbledore, sa famille. Elle a son avis à elle et le dit clairement.
Elle n’a que seize ans mais a déjà un caractère bien trempé. Elle se fiche de ce que les gens pensent d’elle. Elle est Ginny Weasley. Et elle est fière de l’être.