Disclaimer : Les personnages appartiennent à J.K. Rowling, je ne fais que les mettre en scène.
Bonjour bonjour :) voilà un petit OS pour Dunne, qui voulait un Harry/Astoria même si ce texte n'en est pas vraiment un ... Merci encore à Ielenna pour son idée géniale de proposer des images pour les auteurs !
Harry frissonna. Il ne faisait pas froid mais par réflexe, il resserra les pans de sa cape autour de son cou et croisa les bras avec force sur sa poitrine. Il se força à respirer régulièrement et ferma les yeux pour se calmer. Être à Poudlard sans Ron ni Hermione était étrange. Avoir une vie normale était étrange. Cela faisait deux mois qu’il avait repris les cours pour sa septième année et il ne s’y faisait toujours pas. Le matin, lorsqu’il ouvrait les paupières, il s’attendait à voir la toile de leur tente. La journée, il ne pouvait s’empêcher de garder les yeux fixés sur les portes comme si les Mangemorts allaient entrer en les faisant exploser. Le soir, il se couchait en pensant que peut-être, le lendemain il ne se réveillerait pas et que tout ceci était un rêve. Et alors, il n’avait plus d’espoir de voir un jour se lever sans ce poids sur ses épaules et cette douleur dans son cœur.
Il passa une main dans ses cheveux avec un soupir. Peu d’élèves de son âge avaient accepté de refaire une septième année. Beaucoup, dont Ron et Hermione, avaient passé leurs ASPICs à la fin de l’été pour commencer à travailler. Il y avait encore tant à faire, dans le monde extérieur. Harry avait pensé à les imiter, mais on lui avait vivement conseillé de passer une année à Poudlard. Il les avait sauvé alors il avait bien le droit de prendre un peu de repos. Neville, Padma, Hannah, Ernie et Malfoy étaient les seuls à être restés. Le premier parce qu’il avait vécu beaucoup pendant l’année précédente et aussi parce qu’il voulait aider Mrs Chourave, blessée pendant la bataille, à prendre soin des serres. Les trois suivants parce qu’ils ne voulaient pas tenter les ASPICs après une année aussi mouvementée. Le dernier, personne ne savait vraiment pourquoi, il ne leur parlait pas et ils le lui rendaient bien.
Harry regarda sa montre. Onze heures cinquante-sept. Elle allait certainement arriver, elle était toujours ponctuelle. Il se sentit légèrement coupable, avant de se rappeler qu’il ne faisait rien de mal. Il n’y avait rien entre eux si ce n’était une entente cordiale. Ils se supportaient mutuellement sans pour autant étouffer l’autre. Harry pensa un instant à Ginny mais la chassa temporairement de son esprit. Il avait beau l’aimer de tout son cœur, il ne voulait pas la brusquer. Elle avait perdu un frère pendant la bataille, et elle ne voulait pas reprendre leur relation tout de suite. Peut-être aussi lui en voulait-elle encore de l’avoir laissée derrière, peut-être avait-il perdu sa confiance.
Il laissa échapper un long soupir et se massa les tempes en penchant la tête. Il s’était promis d’attendre qu’elle soit prête et de ne plus penser à leur dernière dispute. Harry sentit son cœur se serrer et il secoua la tête comme pour chasser tout cela de sa tête.
– Tu es déjà là.
Harry se tourna et vit une silhouette se découper dans la pénombre. Elle était petite et ses cheveux bouclés ne laissaient pas la place au doute.
– Tu as mal à la tête ? demanda Astoria en approchant encore.
– Un peu. Ca va passer, ajouta-t-il un peu moins sèchement.
Elle hocha la tête et s’assis contre le mur à côté de lui. Pendant de longues minutes, ils n’échangèrent pas un mot. C’était devenu une habitude, depuis les deux semaines qu’ils se rencontraient le soir. Au départ, ç’avait été un hasard. Ne parvenant pas à dormir, Harry s’était mis à errer dans le château en quête d’une preuve concrète qu’ils étaient saufs. Il ne l’avait pas trouvée, mais il avait rencontré Astoria au détour d’un couloir. Il s’était assis à quelques pas d’elle sans trop savoir pourquoi, et ils avaient commencé à parler après quelques temps. Harry n’avait pas eu à garder le masque qu’il s’était forgé, celui du Survivant et du héros du monde sorcier. Il n’avait plus à sourire et à prétendre être heureux et comblé. Dans l’obscurité, elle ne voyait pas ses larmes, et si elle l’entendait renifler, elle n’avait jamais fait de remarque.
– J’ai réussi un informulé aujourd’hui, annonça Astoria.
Elle avait murmuré, comme si elle avait peur qu’on l’entende.
– C’est bien, dit Harry honnêtement. Quel sort ?
– Wingardium Leviosa.
– Tu as réussi à le faire durer ?
Elle fit la moue, du moins le devinait-il à son silence. Il commençait à la connaître.
– Bah, c’est pas si grave, dit-il d’une voix si basse qu’elle ne l’entendit peut-être pas.
Il posa sa tête contre le mur et ferma les yeux.
– Tu as envie de pleurer ?
Il n’y avait aucune trace de moquerie dans sa voix, mais une certaine douceur qui lui réchauffait le cœur. Astoria était encore une gamine. Une gamine dont l’innocence avait été volée par la guerre et ses atrocités, certes, mais une gamine quand même. Elle était franche et n’avait jamais peur de poser les questions qui n’avaient même pas le temps de lui brûler les lèvres.
– Pas ce soir, mentit Harry.
Il avait toujours envie de pleurer, surtout la nuit, quand tout le monde dormait et qu’il n’avait plus rien pour le distraire de cette peur qui le rongeait. Il avait peur que tout ceci n’ait été faux, qu’ils soient encore en danger et qu’il n’y ait plus rien qu’il puisse faire pour sauver ceux qu’il aimait. Cette fois-ci cependant, il ne voulait pas se laisser aller. Depuis quelques nuits, il se sentait mal lorsqu’elle se mettait à pleurer, elle aussi. Il n’aimait pas l’entendre sangloter et il détestait la sentir trembler contre son bras.
– Tu as lu la Gazette, ce matin ? s’enquit-elle après un long moment. Ils ont encore attrapé un groupe de Rafleurs.
– Il ne doit plus en rester beaucoup, je pense, dit Harry, plus pour lui-même. Ils ne sont pas très malins d’après Kingsley, ils sont plus simples à capturer que les Mangemorts.
– Il y a encore beaucoup de Mangemorts en fuite ?
– Peut-être, dit Harry, on n’a jamais su exactement qui faisait partie des rangs de Voldemort.
Elle frissonna en entendant le nom mais ne dit rien.
– Certains s’affichaient sans honte, continua-t-il et elle sut qu’il parlait de Malfoy. Mais il y en a pas mal qui agissaient dans l’ombre, et ceux-là ne seront peut-être jamais trouvés.
L’air pensif – qu’il devinait encore dans le couloir sombre – elle hocha la tête.
– Tu crois que c’est vraiment fini ? murmura-t-elle.
Son cœur manqua un battement et soudain, Harry avait l’impression que tout l’air de ses poumons avait quitté son corps. Il crut un instant qu’il ne retrouverait pas son souffle mais réussit à inspirer bruyamment et elle lui pressa doucement la main.
– Désolée.
– Ne t’excuse pas.
Il ferma les yeux et serra la mâchoire.
– J’en sais rien, avoua-t-il quelques minutes plus tard. J’en sais foutre rien, rajouta-t-il, une colère sourde faisant battre son cœur un peu plus fort.
– J’espère que oui, dit-elle calmement. Je prie pour que ça soit terminé.
– Tu crois en Dieu ?
– Toi pas ?
– Je n’y ai jamais vraiment réfléchi, dit-il sincèrement.
Il prit le temps d’y penser avant de continuer.
– S’il y a vraiment un dieu, il n’aurait pas laissé autant de choses arriver, si ? Il n’aurait pas laissé Tom Jedusor devenir Voldemort, il n’aurait pas permis autant de victimes. S’il y a vraiment un dieu, pourquoi mes parents sont morts ? Pourquoi j’ai dû me battre si longtemps ? Pourquoi tous ces gens ont été tués ?
Elle ne répondit pas mais il savait qu’elle méditait ses paroles. Quant à lui, il tentait de retrouver son calme et de retenir ses larmes.
– Mais s’il n’y a pas de dieu, commença lentement Astoria, alors… Alors il n’y a rien au-dessus de nous ? Personne n’est plus puissant que le plus puissant des sorciers ? S’il n’y a pas de dieu, alors je ne sais plus qui croire.
Sa voix se brisa et elle se tut. Harry regretta d’avoir émis ses doutes et passa un bras autour de ses épaules alors qu’elle s’était mise à pleurer.
– Crois en l’avenir, lui dit finalement Harry. C’est la seule chose dont on peut vraiment être sûr. Il y aura toujours demain.
Elle hocha la tête et renifla. Il lui caressa doucement l’épaule, tenta de la rassurer un minimum. Quand elle craquait il ne se sentait plus capable d’avancer. Si quelqu’un d’aussi pur qu’Astoria Greengrass n’arrivait pas à passer à autre chose et à laisser tout cela derrière lui, comment lui pouvait y parvenir ? Comment lui, Harry Potter, putain de Survivant, pouvait espérer tourner la page et vivre sa vie comme tout le monde ? Il se sentait si en colère contre le monde qu’il avait envie de hurler. Il n’en fit rien.
– Tu devrais aller te coucher, murmura-t-il doucement. Il est tard.
– Toi aussi, contra-t-elle de sa voix rauque.
– J’y vais, confirma Harry.
Aucun des deux ne bougea cependant, et ils restèrent encore longtemps assis dans ce couloir du deuxième étage.
– Allez, viens.
Il l’aida à se lever et serra sa main.
– Tu veux que je te raccompagne ? demanda-t-il dans un murmure.
Elle passa son autre main sur sa joue mal rasée et il ferma les yeux.
– Non, va te coucher, répondit Astoria avec un petit sourire. Tu dois dormir, Harry.
Elle sembla hésiter.
– Ce n’était pas de ta faute.
Il avait l’impression qu’on lui avait donné un coup de poing dans l’estomac. Avant qu’il ait pu dire quoi que ce soit, elle déposa un baiser aussi léger que l’air sur sa joue et s’éloigna pour se perdre dans l’ombre des escaliers. Harry resta longtemps bouche bée, debout là où elle l’avait laissé après avoir prononcé ces mots qu’il détestait et qu’il avait pourtant tellement besoin d’entendre.
Il se tourna vers la fenêtre et regarda le ciel couvert à l’extérieur. On ne cessait de lui répéter cette phrase. « Ce n’était pas de ta faute. » Venant d’elle cependant, il y avait quelque chose qui le fit soudain espérer. Avait-elle raison ? Est-ce que tous ces gens qui lui avaient dit la même chose avaient raison ? Inspirant longuement, il se dirigea vers la tour des Gryffondor, les mains dans les poches, la tête baissée et peut-être un peu plus serein. Il y avait peut-être de l’espoir, finalement.
Merci d'avoir lu, n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez :)