Disclaimer : Les personnages appartiennent à J.K. Rowling, je ne fais que les mettre en scène.
Bonjour :) ce soir, je vous présente un texte écrit, encore une fois, grâce au projet de Ielenna, avec un montage de Onde67 cette fois :) Ce texte est une sequel de mon OS Seule sous la pluie et peut se lire avec la chanson Stubborn Love de The Lumineers qui a inspiré l'écriture et l'ambiance des deux OS. J'espère que ça vous plaira, et que la fin n'est pas trop guimauve et culcul...
Avant, Lily adorait le parfum de la pluie. Elle adorait ouvrir la fenêtre après une averse et profiter de la brise qui caressait son visage. Et elle restait assise sur le rebord de la fenêtre, le menton posé sur les genoux alors qu’elle observait le parc humide, le lac d’une couleur acier et le ciel caché par les nuages. Oui, avant, Lily aimait beaucoup le parfum de la pluie.
– Ca va Lily ? demanda Marlene l’air soucieux.
Lily lui sourit faiblement.
– Oui, ça va, ne t’inquiète pas.
Marlene ne pouvait pas s’en empêcher, de s’inquiète, et Lily se sentait un peu coupable. Elle avait assez à se soucier avec les ASPICs qui approchaient et les choix de carrière qui en résultaient.
– Sûre ?
– Oui, insista Lily. Je vais bien.
A vrai dire, elle ne savait pas vraiment si elle allait bien. Trois mois étaient passés depuis la mort de ses parents. Pour la première fois de sa vie, elle avait passé Noël à Poudlard et n’avait pas reçu le mot de sa mère et le paquet de son père. Petunia ne lui pas écrit et n’avait même pas prit la peine de répondre à la lettre qu’elle lui avait envoyée.
– On va manger ? demanda Mary.
– Allez-y, dit Lily. Je vous rejoins plus tard.
Depuis le temps, ses amies avaient compris qu’elle éprouvait le besoin de se retrouver seule. Parfois pour pleurer, d’autres fois pour penser. Souvent pour se souvenir. D’un rire, d’une dispute, d’un après-midi au bord de l’étang, d’une soirée au coin du feu, d’un sourire. Tout ce qui lui prouvait que ses parents avaient bien existés, qu’ils avaient un jour été heureux. Qu’elle avait un jour été heureuse.
Lorsqu’elle se retrouva seule dans la Salle Commune, elle alla fermer la fenêtre avant de se pelotonner sur le canapé à côté du feu crépitant. Elle inspira longuement pour chasser les sanglots qu’elle était sur le point de pousser et les larmes qui allaient couler. Il flottait encore dans la pièce l’odeur de la pluie qui s’était arrêtée quelques minutes plus tôt. Lorsqu’elle la sentait, Lily ne pouvait empêcher les souvenirs de s’insinuer dans son esprit. La lettre de Petunia. « Papa et Maman sont morts. Un accident de voiture. » Le bureau de Dumbledore. « Bien sûr, bien sûr. Vous pouvez y aller, évidemment. Bien sûr. » Le quai de la gare de Pré-au-Lard avec Mary et Marlene. « Tu es sûre ? Dumbledore ne nous en voudra pas si on vient avec toi. Bon, d’accord. Lily, on est tellement désolée. Vraiment. » La maison vide, les arrangements floraux mornes pour les funérailles sur la table du salon. « L’enterrement est demain à 10h. Ne sois pas en retard. Je vais chez Vernon, il y a à manger dans le frigo. » L’enterrement, le lendemain, avec les amis de la famille. « Toutes nos condoléances. Je suis désolé Lily. Tiens le coup, gamine. Tu peux venir chez moi si tu veux. Désolée. » La pierre tombale, le bruit de la pluie sur son parapluie, et puis James, à côté d’elle. James la serrant contre lui. « Ca va aller, Lily. Ca va aller. » Et le parfum de la pluie, encore.
Lily chassa une larme de sa joue et pressa ses paumes contre ses yeux. Le pire n’était pas les souvenirs, ou bien l’idée de leur mort. Elle avait dû s’y faire, apprendre à vivre avec la douleur, et même si elle avait encore du mal à ne pas pleurer en pensant à eux, elle parvenait à esquisser un faible sourire lorsqu’elle se rappelait les bons moments, et même les mauvais. Non, le pire était le sentiment de culpabilité qui la prenait chaque jour quand elle se levait et qu’elle essayait d’avancer. Quand elle déjeunait avec ses amis et qu’elle parvenait à sourire et parfois à rire aux blagues idiotes des Maraudeurs. Quand James la regardait avec ce sourire en coin et que son cœur battait un peu plus fort, quand leurs mains se frôlaient et qu’elle avait un peu plus chaud, quand il s’asseyait à côté d’elle le soir sur le canapé devant la cheminée et qu’elle se sentait un peu mieux. Il était trop tôt. Elle ne pouvait pas encore tourner la page, penser à autre chose qu’à eux. Elle ne devait pas les oublier. Trop souvent, elle avait l’impression de les voir s’éloigner d’elle. Leurs visages devenaient flous, elle n’était plus si sûre de leur rire ou de leur voix, elle ne se souvenait pas parfaitement des moments qu’ils avaient passés ensemble. Alors, elle se perdait dans ses pensées, se rappelait les instants, les expressions, les éclats de voix, et elle laissait le reste de côté. Ils étaient une priorité.
Le craquement du feu la berça. L’horloge sonna dix-huit heures, mais Lily n’avait pas faim. Elle posa sa tête contre l’accoudoir, serra ses bras contre elle et ferma les yeux, se laissant emporter par les souvenirs. Elle eut un sourire en revoyant son père se battre avec acharnement contre son jeu de Batailles explosives et sa mère ne pouvant retenir ses rires de l’autre côté de la pièce. Elle n’eut pas de mal à retrouver l’odeur des cookies au chocolat qui cuisaient dans le four tandis que sa mère faisait ses mots croisés sur la table de la cuisine. Le bruit de son père bêchant le jardin lui réchauffa le cœur, car elle savait qu’il arrangeait le potager pour qu’ils aient de bonnes framboises. L’été, quand elle revenait, le seul moment où elle réussissait à passer un petit peu de temps avec Petunia sans qu’elles ne se disputent ou ne s’ignorent était lorsqu’elles allaient cueillir les framboises juteuses. Une dans le panier, une dans la bouche, c’était leur tradition depuis que Lily savait marcher. Un instant hors du temps où elles étaient à nouveau Petunia et Lily, les deux sœurs, les deux amies. Elles chantonnaient un air connu, criaient quand elles voyaient une araignée et riaient quand le jus des fruits colorait leurs lèvres de rouge. Puis, elles rentraient dans la maison et tout redevenait comme avant. Petunia avait cet air de dégoût, Lily d’insolence, et elles fusillaient chacune l’autre extrémité de la pièce.
Malgré tout, Lily se sentait rassurée. Les disputes avec Petunia, les regards fatigués et impuissants de leurs parents en les voyant s’éloigner de jour en jour, de seconde en seconde, tout cela semblait si familier qu’elle souhaitait retourner à cet instant. Même si elle se rappelait la colère qui l’avait envahie quand Petunia l’avait traitée de monstre, même quand Lily avait rétorqué avec une remarque tout aussi cruelle, elle ne pouvait s’empêcher de s’accrocher à ce souvenir de toutes ses forces. Elle se rappelait bien leurs tons secs et les éclairs dans leurs yeux, elle se rappelait des soupirs venant de la cuisine et l’indignation qui l’avait habitée parce que ses parents n’intervenaient pas. En y repensant, elle était contente qu’ils n’aient pas pris parti. Ca n’aurait qu’empirer les choses, qu’importe le côté choisi.
Petunia retira alors sa perruque blonde et se révéla être Vernon. Lily se demanda comment elle n’avait pas remarqué plus tôt les traits grossiers, la moustache mangeant sa bouche et les veines violacées sur son front. Même avec des cheveux longs et blonds, Vernon était reconnaissable entre mille. Etonnamment, il avait la même voix que Petunia ce que Lily trouva très amusant.
– Qu’est-ce qu’il y a de drôle ? persifla-t-il. Papa et Maman sont morts, il n’y a rien d’amusant. Et puis arrête de jouer les martyrs, ça ne te va pas.
Lily fronça les sourcils. Jouer les martyrs ? Qui était-il pour lui faire un commentaire pareil ? Elle se leva en serrant les poings, prête à se défendre, quand Vernon rétrécit. Il s’affina également, ses cheveux poussèrent et devinrent d’un blond foncé. Un grand sourire étirait à présent le visage de sa mère.
– Lily chérie, il y a de la glace dans le frigo, tu peux la chercher ? Et appelle ta sœur, tu veux ? J’ai loué Avanti ! Papa rentrera tard ce soir, on peut le regarder sans qu’il ne râle !
Elle rit et Lily trouva ce son merveilleux. Bien vite, cependant, il fut couvert par un bruit incessant et qui lui serra l’estomac. Elle observa les alentours mais rien ne pouvait en être l’origine. Elle s’apprêtait à interroger sa mère mais celle-ci avait disparu. Le bruit se fit plus fort.
Lorsqu’elle se réveilla, les flammes dans la cheminée étaient un peu moins vigoureuses et la Salle encore silencieuse. Elle n’avait pas dû s’endormir très longtemps si personne n’était encore revenu du dîner. Elle se redressa difficilement, massa sa joue endolorie et ses yeux gonflés avant de se tourner vers la fenêtre. Le bruit de la pluie battant contre les carreaux l’avait tirée de son sommeil. Elle détourna les yeux et sursauta. James était assis à côté d’elle et la fixait.
– Réveillée ? demanda-t-il inutilement.
Elle hocha la tête.
– Tu ne manges pas ?
– Comment ça ? s’étonna-t-il en haussant les sourcils.
– C’est l’heure du dîner, tu n’es pas avec les autres ?
James eut un sourire mais ne répondit pas. Il se tourna vers les flammes et sembla s’y perdre un moment.
– Tu vas bien ? s’enquit-il finalement dans un murmure.
Sa question la prit de court, elle resta silencieuse de longues secondes.
– Je ne sais pas, avoua Lily la voix rauque. Je… je vais mieux, dit-elle après avoir réfléchi. Pas bien, mais mieux.
Il pinça les lèvres et bougea la main, comme s’il hésitait à prendre la sienne. Il secoua la tête et poussa un profond soupir en se massant les tempes.
– Je ne sais pas quoi dire.
– Il n’y a pas grand-chose à dire, le rassura-t-elle. Il n’y a jamais grand-chose à dire dans ces situations.
– Je sais. Je déteste ça. Je veux t’aider.
Il se laissa glisser sur le canapé et appuya sa tête sur le dossier. Elle l’imita et posa la sienne sur son épaule.
– Tu m’aides, lui confia Lily un peu plus tard. Tu es là, c’est bien assez.
James tourna la tête pour la regarder. Elle n’avait pas levé les yeux et fixait sans la voir l’âtre devant eux. Le feu était plus faible et il ne pouvait pas bien distinguer la couleur de ses joues. Il avait toujours su définir l’état de Lily grâce à la couleur de ses joues. Rouges, et elle était malade ou travaillait dur pour les examens. Rose, et elle était heureuse ou lisait un roman d’amour. Blanche, et… Blanche, et elle souffrait.
Il lui prit la main et la serra. Elle lui rendit son étreinte presque aussitôt et son cœur manqua un battement. Il tenta de calmer le rythme frénétique de son cœur.
– Tu as faim ? demanda James en ignorant son estomac qui se tordait délicieusement.
– Un peu, avoua-t-elle. Je vais descendre, il doit bien rester…
– Lily, il est plus de trois heures du matin.
Elle se redressa brusquement et constata qu’il n’avait pas menti en se tournant vers l’horloge.
– Mais pourquoi vous m’avez laissée ici ?
– Mary et Marlene sont restées avec toi jusqu’à minuit passé, mais elles n’étaient pas loin de s’endormir, elles aussi, alors je leur ai promis de rester avec toi.
– Vous auriez pu me réveiller, dit-elle en rougissant légèrement.
Il haussa les épaules en lui tendant une petite assiette enroulée dans une serviette.
– Elles m’ont dit que c’était une des premières fois que tu dormais sans faire de cauchemars, expliqua-t-il alors qu’elle croquait dans une carotte. Elles ne voulaient pas risquer de tout gâcher.
– Quand même, marmonna-t-elle.
Lily savoura la tranche de pain et de jambon. Elle n’avait pas mangé depuis midi et était affamée.
– Pourquoi tu es resté ? demanda-t-elle quand elle eut fini.
– Mary m’a promis de me jeter en pâture au calamar si j’osais te laisser.
Lily eut un sourire. Ca ressemblait effectivement à une chose que Mary pouvait dire.
– Et puis je ne voulais pas que tu te réveilles seule.
Le rythme de son cœur accéléra et son estomac se serra. Chaleur et culpabilité. Bien-être et sentiment de les trahir. Il saisit à nouveau sa main qu’il avait lâchée pour la laisser manger et elle la retira brusquement. James fit la grimace.
– Désolé, dit-il. Je ne voulais pas…
– Non, le coupa Lily. C’est juste que…
Sa voix se brisa et elle se fit violence pour ne pas fondre en larme. James semblait s’en vouloir terriblement et elle grimaça à son tour. Elle ne voulait pas pleurer. Elle ne voulait pas le blesser. Elle voulait… Que voulait-elle ? Elle voulait prendre la main de James sans se sentir coupable. Elle voulait qu’il la prenne dans ses bras sans penser les trahir. Elle voulait l’embrasser et se laisser aller. Elle voulait avancer.
– Tu devrais aller te coucher, dit-il d’une voix douce en s’apprêtant à se lever.
– Ne me laisse pas, supplia brusquement Lily en attrapant sa manche.
Il hocha la tête mais resta silencieux. Elle poussa un soupir. Une larme coula sur sa joue et avant qu’elle ait eu le temps de la chasser, James leva sa main pour l’essuyer. Elle y appuya sa joue et ferma les yeux avant de la saisir dans la sienne. Elle la serra fort, essayant par ce simple geste de lui communiquer tout ce qu’elle pouvait ressentir. Peur, attirance, culpabilité, soulagement. Amour, peut-être. Elle ne savait pas trop ce que c’était, l’amour, elle savait juste que son cœur qui faisait des cabrioles et ses joues qui rougissaient un peu trop à son contact signifiaient quelque chose. Doucement, James se pencha et embrassa son front. Elle leva la tête vers lui et le regarda dans les yeux. Bruns avec une petite pépite dorée. Elle ne l’avait jamais remarqué, ce petit éclat coloré, mais il donnait à son regard un éclat de malice qui lui allait bien. Elle eut un sourire. Petit, portant encore les marques de la tristesse qui l’habitait, une esquisse de ceux qui étiraient ses lèvres avant, mais c’était suffisant pour le moment.
James entremêla leurs doigts. Elle avança un peu. Il posa sa main libre sur sa joue. Elle avança encore. Il posa ses lèvres sur les siennes. En douceur, sans la brusquer. Elle pouvait encore reculer, si elle hésitait. Elle n’en fit rien.
Il n’y avait pas de coucher de soleil en fond. Pas de pré en fleur, de flocons tombant du ciel, d’étoiles au-dessus de leur tête. Rien de tout cela, juste James et Lily, leurs cœurs qui battaient à cent à l’heure, leurs lèvres qui bougeaient en rythme et le parfum de la pluie qui flottait encore dans l’air.
Quand ils se séparèrent, James appuya son front contre celui de Lily et ils restèrent ainsi un long moment, les yeux fermés, à savourer l’instant.
– Je suis là, murmura finalement James.
– Merci, répondit-elle en serrant sa main.
La pluie avait un parfum particulier. Une odeur de terre un peu sucrée, un peu musquée, qui annonçait la fin de la tempête et parfois, l’arrivée du soleil.
Merci d'avoir lu :) j'espère que vous avez apprécié !