Luna serra sa petite fille dans les bras. Elle était triste, Luna le savait mais en ignorait la cause. Elle tenta de l’interroger sur les raisons de son chagrin, mais Maia resta désespérément silencieuse, perdue dans ses larmes.

Harry frappa discrètement à la porte.

« Je peux entrer ? » demanda-t-il timidement.

Luna lui fit un léger signe de tête. Il entra, ferma la porte derrière lui et vint s'asseoir à côté de sa femme et de sa fille. Il jeta un coup d'œil à Luna qui lui indiqua qu'elle n'en savait pas plus. Harry déposa une main sur l'épaule de Maia et tenta à son tour de la consoler. Mais en vain. Elle semblait loin, perdue dans ses pensées. Cette tristesse la hantait depuis plusieurs heures, plus précisément depuis qu'elle était rentrée de sa journée passée avec ses amis. Cela faisait à peine deux jours qu’elle était de retour chez elle pour Noël, qu’elle avait exprimé son envie de retrouver ses camarades, refusant de patienter plus longtemps. Ses parents n’avaient rien trouvé à redire lorsqu’elle leur avait fait part de son désir de retrouver ses amis, car ils connaissaient tous deux, les liens forts que l’on pouvait lier à Poudlard. Mais à présent, ils commençaient à regretter sérieusement, confrontés aux traits bouleversés de Maia.

Après plusieurs minutes de sanglots, Maia daigna finalement relever la tête. Elle regarda ses parents, les yeux rougis par les sanglots, et leur adressa un léger sourire.

« Ma chérie dis-moi ce qui ne va pas ! » la pressa une Luna angoissée.

Mais Maia resta silencieuse. Durant un moment, elle observa ses parents, puis une question inattendue traversa ses lèvres tremblantes.

« Vous avez toujours su que vous vous aimiez? Depuis que vous vous êtes vu, vous saviez que vous alliez vous marier ? »

Harry et Luna se regardèrent, incrédules. Ils s'attendaient à tout sauf à ça. Harry tenta tout de même de lui répondre.

« Non on ne l'a pas su tout de suite. Tu sais, pour moi, le coup de foudre ça n'existe pas. Un amour ça se construit au fur et à mesure. Chacun doit consentir à faire des efforts, afin de pouvoir vivre heureux. Et comprendre les attentes de l'autre, ça prend du temps. Au début tu apprécies la personne, tu ne peux l'aimer. Cet amour il arrive seulement au bout d'un moment.

-Mais quand est-ce que vous avez su que vous vous aimiez ?

-C'est difficile à dire ma chérie, répondit Luna. Ça s'est fait sur plusieurs mois, voire même des années.

-Et après, vous vous êtes mariés ?

-Quand on a été sûr de notre amour mutuel, oui nous nous sommes mariés. C’est ton père qui m’a demandé en mariage. 

-Comment ça s'est passé ? Comment il a fait papa ?

-Il est tard ma chérie tu sais, tu devrais aller te coucher plutôt, annonça Harry, visiblement mal à l’aise.

-Racontez-moi s'il vous plait ! »

Devant les yeux implorants de leur fille, Harry et Luna cédèrent. Ils commencèrent alors le récit de l'un des plus beaux jours de leur vie.

***

C'était un après-midi ensoleillé. Luna se promenait dans le parc derrière sa maison. Elle aimait se retrouver seule parfois, pour penser, loin du tumulte de la vraie vie. Oui, elle aimait Harry plus que tout, mais rien n'enlevait son envie de solitude, pas même sa présence. Elle n'en était pas désolée pour autant, parce que Harry l'avait choisi, il avait toujours su à quoi s'attendre.

Après environ deux heures de marche, elle se décida finalement à rentrer chez eux. Dans cette maison dont ils avaient rêvé ensemble, et qui étaient devenu leur réalité. Sur le chemin du retour, elle se mit à courir, afin de retrouver Harry rapidement. Elle l'aimait, plus que tout. Il avait tout fait pour elle.

En passant le pas de la porte, elle se rendit compte que quelque chose n'allait pas. Les meubles avaient changés de place, laissant un grand espace vide au milieu de la pièce. Des centaines de colliers recouvraient le sol. Luna, d’abord surprise, fini par reconnaitre le sien, celui qu’elle portait en permanence et qui étaient composé de légumes. Celui qui lui avait valu de nombreuses critiques et moqueries tout au long de son adolescence. Mais Harry n’avait jamais rien dit, il l’avait toujours accepté telle qu’elle était, même avec un collier de légumes autour du cou. C’est ce qui lui avait plus chez elle, son caractère unique. Luna se retint difficilement de rire face à ce clin d’œil des plus surprenants.

Elle observa autour elle, mais aucune trace de Harry. Elle eu beau l’appeler, elle ne reçut pour seule réponse que l’écho de sa propre voix rebondissant sur les murs de la maison vide. Elle traversa la salle, en prenant soin de ne pas marcher sur les colliers. Après avoir fait le tour de la maison, elle dû se rendre à l'évidence : Harry était bel et bien absent. Pourquoi toutes ces attentions s'il n'était pas là pour en profiter?

Puis Luna aperçu une petite lettre posée au sol, au milieu de la pièce. Elle s'en approcha et l’ouvrit.

Là où l'on s'est embrassé la première fois

Luna réfléchit longuement. Là où l'on s'est embrassé la première fois. Dans le parc du château de Poudlard. Deux ans plus tôt. Devait-elle s'y rendre? Après quelques minutes de réflexion, elle déposa le mot dans son sac, puis transplana, un sourire aux lèvres.

Elle observa le haut portail menant à Poudlard. Cela faisait deux ans qu'elle n'y avait plus mis les pieds. La dernière fois, Harry l'avait entraîné dans le parc, durant la fête donnée en l'honneur des sauveurs de Poudlard. Main dans la main, elle l'avait suivi, se demandant ce qu'il pouvait bien préparer. Ils s'étaient arrêtés sous la pleine lune, devant le lac noir. Là, il lui avait dit qu'il l'aimait, qu’elle représentait le rayon de soleil qui illuminait cette fin de guerre, qu’avec elle il se sentait fort. Puis il l'avait embrassée. Luna se souvient de ce merveilleux jour. Elle s'était sentie forte, inébranlable. Après cette magnifique soirée, ils avaient appris à se construire, à former un couple à part entière. Luna aimait son côté aventurier et l’attention qu’il lui portait malgré sa différence. Harry se sentait calme et reposé à ses côtés. Même si ce rapprochement ne c’était pas fait rapidement, aujourd’hui ils ne le regrettaient pas. Après tout, cela valait le coup d’attendre. Ils étaient heureux à présent.

Perdue dans ses pensées, Luna s'éloigna et se dirigea vers le lac noir. Elle aurait tout le temps plus tard de redécouvrir l'intérieur du château.

Le lac se rapprochait. Luna était impatiente de savoir ce que Harry préparait. Elle aimait les petits jeux que Harry avait pris l’habitude de lui concocter. Il la menait souvent dans des endroits improbables qu’elle aimait particulièrement. Une complicité évidente les rapprochait dans ces moments de rire. Alors Luna se sentait bien. Car elle savait qu’il la ferrait toujours rêver quoi qu’il arrive. Mais cette fois-ci, tout semblait différent. Trop d’incertitudes l’envahissaient. Où Harry allait-il l’emmener ? Quelle serait la chute de cette nouvelle histoire ? Soudain fébrile, Luna se sentie impatiente. Elle voulait tout savoir maintenant, tout ce qu’elle allait vivre. Alors elle accéléra le pas.

Arrivé en vue du lac, elle remarqua un petit carré dessiné dans la terre, entouré de ballons rouges et or flottant à dix centimètres du sol. Un grand sourire s'étirant sur le visage, elle s'approcha et se plaça au centre du carré, s'attendant à ce que quelque chose tombe du ciel, ou que Harry débarque au détour d'un arbre. Mais rien. Au bout de quelques secondes seulement, elle sut que Harry n'était pas là. Alors elle regarda autour d'elle. Un ballon rouge attira son attention : une lettre y était attachée. Lentement, de ses doigts fins, Luna la détacha et l'ouvrit. La belle écriture d’Harry s'y étalait en lettres claires.

Là où tu as dit que tu m'aimais

Elle avait mis beaucoup plus de temps que Harry à dire ces mots. Six mois précisément. Et lorsqu’Harry ne s'y attendait plus, elle lui avait finalement avoué son amour. Ça lui avait couté. Un peu. Car ce n'était pas dans son caractère, elle aimait sa solitude, n’appartenir à personne. C’est ce que ces quelques mots représentaient pour elle. Elle ne voyait pas l’intérêt de les dire, alors que Harry savait parfaitement ce qu’il représentait pour elle. Mais pour lui, elle les avait dit. Une seule fois. Et Harry ne lui avait plus jamais demandé, car il en connaissait la valeur.

Elle mit ce nouveau message dans son sac, à côté de l'autre, et transplana. Direction le chemin de traverse.

Elle se retrouva directement au milieu d'une foule compacte. Manquant de suffoquer, elle s'éloigna et se colla contre le mur d'une boutique. Le temps de reprendre son souffle, elle leva les yeux. Elle était au bon endroit : la ménagerie magique. C'est entre la cage d'un crapaud et d'un chat qu'elle lui avait dit : « Tu sais Harry, je t'aime aussi! ». Après quoi elle l'avait embrassé. Puis elle lui avait tourné le dos, trop occupée à caresser un petit chat blanc qui semblait l'intéresser, au dépend de ses dernières paroles envers Harry.

Luna sourit à ce souvenir et poussa la porte de la boutique. Automatiquement, un vent frais fit voler ses longs cheveux blonds. La forte odeur, ainsi que le brouhaha qui y règne habituellement semblaient absents. Tous les animaux étaient endormis. Luna fit quelques pas dans la boutique et sentit un léger frisson l'envahir. Elle aimait le froid. Elle n'avait jamais su pourquoi. Mais elle aimait sentir ses poils se hérisser sur les bras. Harry le savait. Elle rigola en pensant à tout ce que Harry était prêt à faire pour elle.

Elle aperçut un léger mouvement au fond de la boutique.

« Il y a quelqu'un ? »

Pour toute réponse, l'ombre s'approcha. La propriétaire de la ménagerie s'arrêta à quelques centimètres de Luna et, sans rien dire, lui tendit une lettre. Une nouvelle. Luna commençait à être agacée par ce jeu de piste. Où cela allait-il la mener?

Elle ouvrit cette nouvelle enveloppe.

Courage mon amour c'est presque fini.

Vient te réchauffer auprès de moi après ce froid hivernal.

Là où tu as accepté d'avoir un enfant.

Luna inspira profondément. Elle se souvenait parfaitement de ce moment. Celui où elle avait finalement cédé. Pourtant, elle ne s’était jamais imaginée mère. Ce n’était pas vraiment fait pour elle. Mais pour Harry elle avait accepté. Son ventre grossissant en témoignait.

Elle mit cette nouvelle lettre à côté des autres, et transplana. Retour à la case départ : leur jardin.

Luna mit quelques secondes avant de reconnaître sa maison. De l’extérieur elle ressemblait à une forêt dense. Les murs étaient entièrement recouverts de feuilles et de fleurs orange. Toutes sortes de créatures magiques gambadaient autour des nombreux troncs d’arbres présents autour de la maison. Ceux-ci s’élevaient bien au-dessus du toit recouvert de roses. La porte d’entrée et les fenêtres n’étaient même plus visibles. Luna en eu le souffle coupé. C’était magnifique, une vraie maison fleurie comme elle en avait rêvé. Harry avait dû se dépêcher de créer ce merveilleux paysage, juste le temps qu’elle se rende à Poudlard et au chemin de Traverse. Pourtant, l’ensemble était parfait.

Une myriade d’oiseaux se dirigea lentement vers elle, sortant de nulle part. Tout en l’encerclant, ils lui barrèrent la vue. Une puissante lumière l’éblouie. Puis les oiseaux disparurent dans une pluie d’étincelles, laissant place à un Harry éblouissant dans un beau costume tout neuf. Un grand sourire illuminant son visage, il prit Luna par la main.

« Qu’est-ce qu’il se passe Harry ? C’est quoi tout ça ?

-Tu méritais que je prenne du temps pour toi.

-Mais pourquoi ?

-Attends que je t’explique. On vit depuis un moment ensemble maintenant. Tu m’as dit que tu m’aimais. Tu as accepté d’avoir des enfants. A partir de là, j’ai imaginé ma vie avec toi, tout ce qu’on pourrait construire ensemble. Et j’ai compris qu’il ne restait plus qu’une chose à faire pour concrétiser tout ça. Alors j’ai décidé de te faire revivre tous les moments importants de notre vie, toute l’évolution que nous avons vécue, en espérant que tout cela te rappellerait de bons souvenirs. Alors maintenant que tu es là devant moi, après avoir vécus tant de choses ensembles, il ne me reste plus qu’une question à te poser. Et la réponse que tu donneras, pourra me rendre heureux au-delà du raisonnable. Alors, Luna Lovegood… »

Harry posa un genou à terre sans lâcher les mains de Luna. Celle-ci sentit son cœur s’accélérer.

« Veux-tu m’épouser ? »

Elle s’y était attendue. Elle avait compris depuis quelques secondes où Harry voulait en venir. Mais elle n’avait pensé à l’effet que cela pourrait avoir sur elle. Elle se sentie trembler. Son cœur manqua quelques battements. Tout ce qu’elle parvint à articuler fut :

« Harry, c’est une demande en mariage ? »

Harry ne put se retenir de rire. Elle était tellement parfaite, tellement innocente, tellement fragile. Elle le faisait rire. Et même en un moment aussi solennel, elle ne perdait pas de sa fraîcheur. Harry l’aimait pour tout ça. Il se redressa, prit son visage entre ses mains et l’embrassa.

« Oui c’est une demande en mariage. Mais tu sais, quelle que soit ta réponse, je t’aimerai toujours. 

-Mais Harry, bien-sûr que je veux t’épouser ! Pourquoi tu en doutes ?

-Je ne doute pas de toi. Je suis heureux.

-Harry ?

-Oui ?

-Je t’aime. »

Un grand sourire illumina le visage d’Harry. Elle lui avait dit une deuxième fois. Il était heureux. Et il allait épouser la femme de sa vie. Que demander de plus ?

***

Maia regarda ses parents tour à tour. Les larmes avaient recommencé à couler sur son visage. Des larmes de bonheur pour ses parents. Des larmes de peur. La peur de ne jamais connaître pareil bonheur. Elle expliqua à ses parents que son petit copain l’avait laissé tomber quelques heures plus tôt. Qu’elle pensait que c’était l’homme de sa vie, et que maintenant elle se sentait seule. Harry et Luna la rassurèrent. Elle avait le temps de connaître le véritable amour. Elle trouverait l’homme de sa vie un jour ou l’autre.

Mais Maia ne put s’empêcher de penser que la demande en mariage de son père était la plus belle qui puisse exister.