Peter, lui, quand il se regarde dans le miroir, il voit Queudver.
Les dents de rongeur et la peau grêlée.
Queudver le traitre, le rat, le lâche. Celui dont on se moque, qu'on écrase, qu'on tourmente. Mais jamais on n'aurait pensé qu'il trahirait, hein ? L'invisible petit rat, le fardeau, le bon copain un peu stupide mais pratique quand on a besoin de regonfler son ego, et bien, il leur a montré.
Les yeux petits et enfoncés, animés d'une lueur maligne. Quelle sensation de puissance ! Il sourit au miroir.
Vraiment, Peter, vraiment ? Tu te sens puissant, intelligent, digne de ton maître ? Ah ! Mais non, Peter, mais non !
Le cheveu rare et les rides d'anxiété, marques des années passées á se terrer, comme un rat ...
Tu es et tu seras toujours Queudver !
Les dents de rongeur, la peau grêlée. Les yeux petits et enfoncés, animés d'une lueur ... maligne ?- non - perverse. Le cheveu rare, les rides d'anxiété ... Quel beau portrait !
Des maraudeurs á Voldemort, quelle différence ? Les maraudeurs étaient même préférables. Au moins, eux, ils se souciaient un peu de lui. Mais ... Trop tard, trop tard. A chercher l'ombre de la puissance, Peter a fini par complétement s'effacer. Oui, maintenant il est Queudver. Le restera à jamais, sans doute. Son reflet est là pour le lui rappeler.
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Sirius se regarde rarement dans le miroir. A quoi bon ? Il se sait beau, irrésistible, même. Enfin, ça, c'est la raison officielle.
La raison officieuse, qu'il enfouit sous ses rires et ses vantardises, il préfére la garder pour lui. Dès qu'il voit son reflet, il voit sa famille. La famille de Sang-Pur qui lui donne envie de vomir, auxquels il aimerait ne pas appartenir.
Là. Ses yeux bleus. Comme ceux de sa mère. Ce sont les mêmes, sauf que Sirius essaie de les faire pétiller. Il ne sait pas si ça marche. Ses yeux, c'est le fantôme du regard de sa mère, haineuse et stupide. Il se souvient de ces yeux bleus qui lançaient des éclairs et lui décochaient des regards dédaigneux.
Sa bouche. Bien dessiné, esquissant une moue élégante. ça, c'est son père. Cette bouche, il l'a trop souvent vu se tordre en un pli amer et méprisant, avant de lâcher une énième tirade assassine.
Enfin, son nez. Ce nez droit, aristocrate, parfait. Ca, c'est Bellatrix. C'est ce qu'il déteste le plus. Ce nez, il l'a vu se froncer de dégoût devant des moldus, mais le pire, le pire, c'est quand il se plissait. Quand il se plissait, elle riait en torturant quelqu'un.
A quoi bon se regarder ? Sirius préfère oublier son reflet. Trop de mauvais souvenirs.
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Remus croise son reflet souvent. Il ne peut pas l'éviter. Il est là, partout : sur la surface du lac, à travers les vitres, parfois même sur les gouttes de pluie.
Son teint hâve, souvenir de la dernière pleine lune.
Ses yeux noisettes lui rappellent la sauvagerie dont il peut faire preuve, ces nuits. Ils s'étirent, ses pupilles deviennent verticales, ses iris jaunes et cruels. Ses yeux n'ont alors plus rien à voir avec ceux, doux et compréhensifs, qui le regarde. Et pourtant. Il a l'impression qu'il reste toujours une petite lueur jaune, dans ses yeux.
Sa bouche qui, quand elle s'étire en un sourire, laisse entrevoir des dents un peu trop pointus. Apparemment, il est le seul à les voir, ces canines acérées, mais il est sûr qu'elles sont là. Il vit dans la hantise que quelqu'un, un jour, les remarque.
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James aime bien se regarder dans le miroir. Il peut ainsi décoiffer artistiquement ses cheveux, faire des grimaces à son reflet, ou bien lui décocher un sourire ravageur, selon son humeur.
Parfois, quand il s'observe, il se demande si c'est à cause de son physique que Lily ne veut pas sortir avec lui. Il ne sera jamais aussi beau que Sirius, ni aussi adorable que Remus, certes. Mais il n'est pas non plus hideux, n'est-ce pas ?
Peut-être a-t-elle remarqué le miniscule endroit où il n'a plus aucun poil sur son sourcil gauche ?
Il l'aime bien, pourtant, lui. Il le tient de l'explosion de son chaudron en potions en quatrième année. Sirius l'avait aidé, et toute la classe s'était retrouvée couverte d'une substance verdâtre et visqueuse. Hilarant !�
Ou peut-�tre est-ce la petite bosse sur son nez ?�
�a, c'est le match de quidditch Pousouffle/Gryffondor en cinqui�me ann�e. Un cognard avait cass� son nez, mais il avait refus� de se faire soigner avant d'avoir gagn� le match. Et il l'avait gagn� ! 210-40. Un record. D�cid�ment, cette petite bosse il l'adore. �a prouve son d�vouement � sa glorieuse maison, Gryffondor.�
Ou alors, c'est la cicatrice au coin de sa m�choire. Remus la lui a faite, celle l�. La nuit de pleine lune du 14 janvier de sa sixi�me ann�e, alors qu'il essayait de le calmer. Il ne la regrette pas. A chaque fois qu'il la regarde, il �prouve de la fiert� pour ce que les maraudeurs ont accompli. Aider un ami, le faire se sentir mieux, �a n'a pas de prix.
Son visage n'est pas si mal, finalement.