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News

Nuit HPF du 23 août 2024


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 147e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 23 août à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits. vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
A très bientôt !



De Équipe des Nuits le 19/08/2024 00:41


Programme de juillet des Aspics


Bonsoir à toustes !

Un peu de lecture pour vous accompagner en cette période estivale... Vous avez jusqu'au 31 juillet pour, d'une part, voter pour le thème de la prochaine sélection ici et, d'autre part, lire les textes de la sélection "Romance" du deuxième trimestre 2024, et voter ici !

Les sélections sont l'occasion de moments d'échange, n'hésitez pas à nous dire ce que vous en avez pensé sur le forum ou directement en reviews auprès des auteurices !


De L'Equipe des Podiums le 11/07/2024 22:30


Assemblée Générale 2024


Bonjour à toustes,

L'assemblée générale annuelle de l'association Héros de Papier Froissé est présentement ouverte sur le forum et ce jusqu'à vendredi prochain, le 21 juin 2024, à 19h.

Venez lire, échanger et voter (pour les adhérents) pour l'avenir de l'association.

Bonne AG !
De Conseil d'Administration le 14/06/2024 19:04


Sélection Romance !


Bonsoir à toustes,

Comme vous l'avez peut-être déjà constaté, sur notre page d'accueil s'affichent désormais des textes nous présentant des tranches de vie tout aussi romantiques ou romancées les uns que les autres ! Et oui, c'est la sélection Romance qui occupera le début de l'été, jusqu'au 31 juillet.

Nous vous encourageons vivement à (re)découvrir, lire et commenter cette sélection ! Avec une petite surprise pour les plus assidu.e.s d'entre vous...

Bien sûr, vous pouvez voter, ça se passe ici !


De Jury des Aspics le 12/06/2024 22:31


145e Nuit d'écriture


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 145e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 14 juin à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits. vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
À très bientôt !


 


De L'équipe des nuits le 12/06/2024 12:33


Maintenance des serveurs


Attention, deux interventions techniques prévues par notre hébergeur peuvent impacter votre utilisation de nos sites les 28 mai et 4 juin, de 20h à minuit ! Pas d'inquiétudes à avoir si vous remarquez des coupures ponctuelles sur ces plages horaires, promis ce ne sont pas de vilains gremlins qui grignotent nos câbles ;)

De Conseil d'Administration le 26/05/2024 18:10


Le Dilemme par yunus

[2 Reviews]
Imprimante
Table des matières

- Taille du texte +
Note d'auteur :

Cette fic cadeau a été écrite dans le cadre de l'échange de Noël. Après tirage au sort, c'est LieoLof qui a été designée pour recevoir mon cadeau. Alors joyeux Noël à elle! En espérant que mon cadeau te plaise :)

Un énorme merci à ma merveilleuse bêta : lilimordefaim, qui m'a aidé à améliorer mon texte, et surtout qui a recadré mon personnage de Charlie qui n'était pas du tout convainquant ^^ Alors un grand merci à elle :hug:

Bonne lecture et n'hésitez pas à laisser une review :)

Alors que les rayons de soleil filtraient à travers les volets clos, le jeune homme se réveillait difficilement. Après s’être longuement étiré, il tâtonna le lit à côté de lui. Aline n’était plus là. Peut-être était-elle partie depuis plusieurs heures. Peu importe, il s’en fichait, il ne voulait pas la voir ce matin. Il savait qu’il avait fait une énorme bêtise. Il savait également qu’elle serait impossible à rattraper. Alors que faire ? Avait-il perdu Aline à tout jamais ? Il avait besoin de son amitié, de sa présence à ses côtés. Mais il s’était laissé aller la veille. Aline avait eu raison de lui, de sa faiblesse. 

Elle l’avait entraîné vers le lit, et ils avaient fini dans les bras l’un de l’autre, alors qu’ils s’étaient promis de ne jamais le faire. Ils avaient toujours cru que leur relation resterait platonique, et que jamais cette amitié ne se transformerait en amour. Pourtant il n’aimait pas Aline. Tout du moins il l’espérait. Il n’avait pas envie d’une femme, ou même d’une petite amie. Il voulait simplement vivre seul, et profiter de chaque instant avec ses amis. En réalité il n’avait qu’une seule véritable amie : Aline. 

Cependant ce matin-là, il avait l’impression de l’avoir perdue, peut-être à tout jamais. Il lui avait dit ce qu’elle ne voulait pas entendre : qu’il ne l’aimait pas. Pourquoi diable avait-il attendu d’être si proche d’elle ? Pourquoi s’était-il laissé enivrer par son parfum ? Oui, pourquoi ? Il avait lâché cette vérité comme une bombe. Une bombe qui avait tout détruit. Il ne l’aimait pas. Il s’était joué d’elle, de ses sentiments. Aujourd’hui il se rendait compte qu’Il la désirait sûrement depuis longtemps sans jamais se l’avouer complètement. Inconsciemment, il avait toujours su qu’elle se refuserait à lui, si elle n’était pas certaine que son amour n’était pas à sens unique. Car oui, Charlie avait senti que le comportement d’Aline avait changé, qu’elle ne le voyait plus simplement comme un ami, qu’elle espérait quelque chose de plus. Il avait lu par plusieurs fois le désir dans ses yeux, mais il n’avait jamais deviné les attentes qui l’accompagnaient avant ce soir-là.

Il lui avait gâché son bonheur en se servant d’elle. Elle ne lui pardonnerait jamais. Enfin avant cela, il faudrait déjà qu’il se pardonne lui-même.

En soupirant, il sortit difficilement de sous sa couette. La tête lui tournait, tous ses membres semblaient tétanisés. Il se traina jusqu’à la salle de bain et se hissa dans la douche. L’eau brûlante, suivit de l’eau glacée ne suffit pas à le sortir de sa torpeur. Finalement, ce fut la sonnerie du téléphone qui le fit sortir de sous la douche. Aline ? Il enroula une serviette autour de sa taille et se précipita dans la salle à manger pour attraper le téléphone.

Il n’avait jamais été vraiment à l’aise avec cet engin. Il avait mis beaucoup de temps à en comprendre le fonctionnement. Mais son père avait tenu à lui en offrir un pour son dernier anniversaire. La passion de son père pour les objets moldus ne datait pas de la veille. Depuis sa plus tendre enfance, Charlie avait été témoin de son engouement sans limite pour l’artisanat moldu. Même si le rouquin se montrait curieux, il ne comprenait pas toujours le plaisir que tirait son père de ses études. De toute façon, pour communiquer avec Aline, Charlie avait dû apprendre à s’en servir. Même si elle était au courant de sa différence, elle ne comprenait pas le fonctionnement des hiboux, ni de la poudre de cheminette, et le téléphone restait le plus pratique pour lui parler. 

La voix à l’autre bout du fil était puissante, comme si on cherchait à crier le plus fort possible pour se faire entendre. 

« Coucou mon chéri !

- Oh maman c’est toi…

- Et bien ton enthousiasme fait plaisir à voir Charlie ! Je te dérange peut-être ? 

- Non, non, désolé j’étais…sous la douche.

- Ah bon très bien. Je voulais t’envoyer un hibou mais ton père m’a encore obligé à utiliser cet engin de malheur ! Je ne vois vraiment pas l’intérêt de faire ça quand on peut se servir de la magie ! Je ne comprends vraiment pas ton père, on croirait qu’il…

- Bon maman tu m’appelais pour quoi ?

- Ah oui pardon, je voulais savoir quand tu allais rentrer ? 

- Demain normalement. J’arriverais pour manger demain soir. Ça te va ?

- Oui très bien. Tu amènes ta petite amie avec toi ?

- Maman on en a déjà parlé et tu le sais, je n’ai pas de petite amie !

- Et c’est pour quand ?

- Pour jamais !

- Tu es désespérant Charlie ! Même ton petit frère est marié !

- Je n’ai pas le temps avec mon travail maman ! Et ce n’est pas parce que Ron a trouvé une femme que je dois en faire autant ! Ce n’est pas une question d’âge mais de mentalité et tu le sais ! 

- Tu m’énerve ! A demain ! » 

La voix de Molly s’était accentuée pour finir par un cri strident, avant que celle-ci ne raccroche. 

Charlie était désespéré. Sa mère n’arrivait pas à comprendre pourquoi il n’était pas encore marié à son âge. Et à chaque fois que la conversation venait sur le tapis, la dispute n’était jamais loin. A chaque fois, c’était la même chose et Charlie commençait à en avoir marre de devoir toujours se justifier. Surtout que ses excuses étaient loin d’être crédibles. Mais sa mère refusait de comprendre qu’il ne souhaitait tout bonnement pas de femme. Il ne s’agissait pas d’une peur quelconque de fonder une famille, Charlie ne souhaitait tout simplement pas être responsable de la sécurité d’une femme. Il se sentait heureux dans son travail, et celui-ci lui prenait tout son temps. Etre responsable de quelqu’un lui paraissait totalement incongrue dans ses conditions de vie. Tout ce qu’il souhaitait, c’était vivre au jour le jour et ne pas se soucier du lendemain. Fonder une famille n’entrait pas dans ses plans.

Charlie se prépara pour partir au travail. Ce jour-là, c’est tout ce qui pouvait lui remonter le moral. Comme il s’en doutait, passer une journée en compagnie des Dragons lui fit le plus grand bien. Il ne se lassait jamais d’admirer ces êtres fiers, leur qualité de vol, leur beauté. C’était pour lui un spectacle merveilleux qu’il pouvait regarder des jours entiers. Les Magyars représentaient les dragons qu’il admirait le plus. Tout dans leur façon d’être, de voler au-dessus des cimes le fascinait. A chaque fois que le soleil venait se refléter sur leurs écailles, Charlie se sentait émerveillé, et presque libre, comme s’il pouvait se trouver là-haut avec eux.

Son travail lui prenait beaucoup de temps et lui offrait beaucoup de plaisir. Pourtant ce jour-là, il ne put s’empêcher de penser à Aline. Il aurait aimé être un dragon pour ne pas avoir à subir les contraintes des êtres humains. Il n’avait jamais été à l’aise avec les femmes. Pour lui, l’idée de ressentir quelque chose à l’encontre d’une femme lui avait toujours paru impossible. Aujourd’hui il ne savait plus quoi en penser. Aline représentait beaucoup pour lui, mais rien n’était plus fort que son amour pour les dragons. Alors il doutait. 

Ce soir-là, Charlie ne rentra chez lui que très tard. Par habitude, il s’arrêta dans la rue, à quelques mètres de sa maison. C’était une petite maison située en bordure de forêt, dans un lotissement typiquement anglais. C’est cette raison qui avait poussé Charlie à investir ici, cela lui rappelait son pays natal. Chaque soir depuis maintenant un an, Aline attendait son retour avec impatience et se postait à l’une des fenêtres de l’étage pour le saluer. Mais ce soir-là, personne ne vint ne serait-ce que pour ouvrir la fenêtre. Charlie se sentit perdu. Il réalisait soudain à quel point il tenait à elle et qu’elle lui manquait. Depuis maintenant un an il s’était habitué à sa présence, à toutes les petites attentions qu’elle lui offrait lorsqu’il rentrait du travail : un verre au coin du feu, des petites friandises préparées par ses soins et bien d’autres choses encore. Perdre toute cette présence d’un coup lui faisait mal. 

Il reprit ses esprits et se dirigea vers la boite aux lettres. Il ne trouva qu’une enveloppe à l’intérieur. Aucune adresse n’était écrite sur le devant, elle avait dû être déposée directement par l’envoyeur. Intrigué, le jeune homme entra rapidement à l’intérieur de la maison. Il déposa son manteau sur la patère à l’entrée, et s’assit sur le vieux fauteuil en cuir rouge qu’Aline avait ramené de la maison de ses parents. Son cœur cessa de battre un court instant lorsqu’il ouvrit l’enveloppe. C’était une lettre d’Aline. Elle était donc revenue ici durant la journée, sachant qu’il n’y serait pas. Elle avait tout fait pour l’éviter. 

 

« Mon cher Charlie,

J’imagine que tu t’attendais à ne plus jamais avoir de mes nouvelles, que je t’en voudrais à vie. Mais tu te trompes je ne suis pas comme ça. Ce que tu m’as dit m’a fait beaucoup de mal et tu le sais. Mais dans un sens, tu m’as permis de réfléchir à cette situation, et à nos attentes à tous les deux. Sommes-nous vraiment compatibles ? Je ne saurais le dire pour l’instant. Mais je crois que nous n’avons pas la même image de nous, de cette relation qui nous unie.

Tu te souviens de notre rencontre ? Tout m’avait plu chez toi : ton calme, ton amour des dragons, ton sourire ravageur, ta gentillesse, ton humour, et même tes petites tâches de rousseurs.

 

Charlie ferma les yeux un instant. Oui il se souvenait de cette rencontre qui avait eu lieu trois ans auparavant. A cette époque, il venait de perdre son jeune frère, Fred, lors de la bataille de Poudlard. Il était alors reparti en Roumanie, se plongeant dans son travail pour tenter d’oublier ce qu’il avait vécu. Aline avait représenté l’épaule sur laquelle il s’était reposé. Il l’avait rencontrée un week-end, durant une soirée donnée par l’un de leur ami commun. 

Au tout début, lorsqu’il était arrivé en Roumanie durant ses études, Charlie avait eu du mal à s’intégrer dans ce nouveau pays, loin de sa famille et de ses amis. Pourtant il s’était vite lié d’amitié avec Denes. Ce sorcier partageait la même passion que lui pour les dragons, et c’est grâce à lui qu’il avait trouvé sa place dans la ville et dans le travail. Denes était toujours présent lors de son retour après la bataille de Poudlard, mais leur relation changea à tout jamais suite à un incident survenu avec l’un des dragons dont ils avaient la charge. Charlie avait eu du mal à se remettre de cette épreuve, et se sentirait toujours coupable pour la blessure que l’incident avait infligée à Denes. Un moment d’inattention et le dragon lui avait échappé, pour se précipiter vers son ami et le brûler profondément. Cette épreuve les avait séparés. Pourtant, Charlie avait gardé contact avec les amis moldus de Denes. Il se sentait en confiance avec eux. Sachant la particularité de Denes, ils avaient appris que Charlie était également un sorcier. Mais personne ne le jugeait. Et c’est ainsi qu’un soir, durant une soirée donnée par l’un de ces moldus, Charlie avait rencontré Aline. Il ne l’avait pas remarquée immédiatement, c’est elle qui avait engagé la conversation en premier, expliquant qu’elle connaissait sa situation de sorcier, et qu’elle souhaitait en savoir plus. D’abord réticent, Charlie lui avait raconté sa vie : son enfance dans une famille de sorcier, la naissance de tous ses frères et celle de sa sœur, son adolescence à Poudlard, puis son arrivée en Roumanie. Au moment de parler de la bataille et de la perte de son frère, Charlie avait marqué une hésitation. Toute sa vie, il pouvait la raconter à n’importe qui sans problème. Pourtant il avait toujours gardé pour lui ce passage sombre de son existence. Peut-être pour oublier ce déchirement qu’il avait ressenti en découvrant son frère allongé sans vie. 

Mais en regardant le visage d’Aline, il n’avait pas vu de compassion, seulement de la curiosité. Il avait alors su qu’il pouvait lui faire confiance, et lui avait tout dévoilé. Aline n’avait pas cillé, ne l’avait pas interrompu. Elle s’était juste contentée de sourire et de lui prendre la main. Puis elle l’avait entraîné sur la piste de danse et ils avaient fini la soirée ensemble.

A cette époque, Charlie la considérait comme une amie et rien de plus. Celle sur qui il pouvait compter, et à qui il pouvait raconter toutes ses pensées, qu’elles soient positives ou négatives.

Charlie ouvrit les yeux. Tout était si facile à cette époque. Il n’avait alors rien à prouver, tout allait pour le mieux, il avait trouvé une amie qui savait le réconforter et passer du temps avec lui tout simplement ! Aujourd’hui tout cela était gâché par sa faute et il s’en voulait. Il reprit sa lecture.

 

« A  cette  époque,  je  me  disais  que  tu  représentais  le  garçon  parfait  dans  tous  les  sens  du  terme, et  je  voulais  aller  plus  loin  avec  toi,  tout  en  sachant  que  tu  ne  me  voyais  que  comme  une  amie. 

Mais j’aimais être à  tes côtés, discuter pendant des heures sur des sujets inutiles. Et cette situation semblait te satisfaire aussi. Je croyais que tu m’aimais… »

 

Charlie sentit sa respiration s’accélérer. Jamais il n’avait imaginé qu’Aline l’aimait déjà à cette époque, il pensait que c’était un sentiment beaucoup plus récent. Et par Merlin, où était-elle allée chercher l’idée qu’il l’aimait aussi ? Il n'avait pas le souvenir d'avoir donné l'impression d'agir autrement que comme un ami, il en était certain. Qu’est ce qui avait bien pu lui faire croire une telle chose ?

Il comprenait maintenant à quel point sa déclaration du matin-même avait dû la faire souffrir, si elle croyait à son amour depuis si longtemps.

 

«  Depuis  toutes  ces  années, j’ai  cru  que  tu  attendais  le moment  opportun  pour me  dire  ce  que  tu ressentais pour moi. Aujourd’hui je me rends compte à quel point je me suis trompée. J’ai tenté de te le dire moi-même à plusieurs reprises, mais tu ne l’a jamais compris. Tu as toujours cru que je te déclarais mon amitié, alors qu’en réalité je te déclarais mon amour. » 

 

Charlie se souvint alors de toutes les fois où Aline lui avait dit « Je t’aime ». Il avait toujours répondu par un « moi aussi » avant de l’enlacer et de parler d’autre chose. Mais la portée des sentiments de sa meilleure amie lui était restée inconnue. Pour lui, l’amour qu’il y avait entre eux touchait plus à la fraternité. Pourquoi n’avait-il pas vu qu’elle attendait autre chose ?

 

« Oui je t’ai toujours aimé, et c’est ce qui m’a permis de tenir durant toutes ces années. Je savais que tu  ne me ferais jamais  de mal,  que  quand j’étais  avec  toi,  plus  rien  ne  pouvait m’arriver.  Pourtant, j’ai toujours eu peur que tu trahisses mon cœur. Toutes les fois où je t’ai vu t’approcher d’autres filles je  sentais  mon  cœur  s’arrêter  de  battre  quelques  instants.  J’ai  toujours  eu  peur  que  tu  me  laisses pour quelqu’un d’autre. Car notre  relation n’aurait pas supportée une  troisième personne, je le sais aujourd’hui. Tu m’aurais abandonnée, laissée au second plan, et je n’aurais pas supporté ça. »

 

Charlie réfléchit un moment. Aline avait sans doute raison. Si une troisième personne était entrée dans leur vie, leur relation se serait trouvée changée. Il était impossible aujourd’hui pour lui d’imaginer sa vie sans Aline. Mais s’il avait rencontré l’amour, tout cela aurait sûrement été remis en question. Et si Aline avait elle-même rencontré l’amour, il lui en aurait voulu de le laisser tomber. Alors il savait ce qu’elle avait ressenti, et s’en voulut de ne pas l’avoir protégée.

 

« Et puis, j’ai cru voir une lueur d’espoir quand tu m’as demandé d’emménager avec toi. J’ai cru que les choses allaient changer entre nous, qu’on allait se rapprocher. Mais je comprends maintenant que ton intention était totalement différente de ce que j’avais imaginé. »

 

Charlie se souvint de ce moment. Ils étaient assis sur un banc dans un parc et mangeaient les sandwichs préparés par Aline. Ils aimaient se retrouver ainsi tous les deux durant leur pose déjeuner, c’était devenu un rituel. Mais ce jour-là, Charlie avait ruminé une idée qui le rongeait durant toute la matinée, et en avait fait part à Aline. Entre deux bouchées, il lui avait demandé : « Et si tu venais t’installer chez moi ? ». Aline avait failli s’étouffer en avalant de travers. Après quelques minutes et quelques gorgées d’eau, elle avait finalement repris ses esprits. Mais la demande de Charlie restait totalement incongrue, et elle se demanda si elle avait bien entendu. Une longue conversation s’était alors engagée entre les deux amis. Charlie était finalement parvenu, après une heure de discussion et de sérieux motifs, à convaincre Aline. Elle s’était installée chez lui quelques jours plus tard, apportant le peu d’affaires qu’elle possédait. 

Pourtant, Charlie lui avait fait comprendre qu'il s'agissait seulement d'une proposition motivée par sa situation financière difficile. Ils étaient assez amis pour partager le loyer et s’entendre sans problème. Mais surtout, cela leur évitait de payer deux loyers différents. Alors que Charlie avait vu le côté pratique de la collocation, pour Aline tout avait été différent. Elle avait vu autre chose dans cette proposition et s’était sentie vexée de ne pas avoir ce qu’elle désirait le plus au monde. Charlie se sentit soudain responsable du mal-être de son amie. Il n’avait jamais compris à quel point leurs sentiments étaient différents, tout était de sa faute. 

 

« Après l’emménagement, je me suis sentie abandonnée. J’ai remarqué que rien n’avait changé, que tu ne me considérais toujours que comme une amie. Alors je me suis faite une raison. Après tout, je ne pouvais t’obliger à m’aimer. J’ai commencé à laisser tomber mon rêve, pour me satisfaire de ce que j’avais. 

Mais hier…tout a changé. Je devais avoir un peu trop bu et toi aussi. Quand je t’ai vu sur ce canapé, avachi et  sans  force, je me  suis  souvenue  à  quel  point je  t’aimais.  J’ai  alors eu  cette envie  folle  de me fondre en toi, et tu ne m'en as pas empêché. C’était une énorme erreur, jamais je n’aurais dû me laisser aller. Puis je me suis sentie mieux, réalisant enfin que j’avais eu ce que je souhaitais, et que tu m’avais  offert  ton  amour. Mais je m’étais  trompée. Tu  l’as  fait  inconsciemment,  c’est moi  qui  t’ais forcé, et tu t’es laissé faire à cause de moi. Jamais je n’aurais dû espérer ton amour alors que chaque jour  tu me montrais qu’il était absent.  J’aurais dû sentir que  rien n’avait changé entre nous, que ce que tu ressens pour moi est toujours de l’amitié et rien de plus. Tout est de ma faute, tu n’as rien à te faire pardonner. Alors si tu es prêt à oublier ce qu’il s’est passé, viens me rejoindre. Je t’attends, et je t’attendrais toujours.

Je t’embrasse de tout mon cœur,

Aline. »

 

Charlie resta un instant les yeux fixés sur la signature douce et fine de son amie. Ainsi donc, elle s’estimait coupable alors que tout était de sa faute à lui. C’est lui qui n’aurait pas dû lui faire croire des choses imaginaires. C’est lui qui ne l’avait pas empêché de l’accompagner dans sa chambre la veille. Comment pouvait-elle s’en vouloir alors que durant toutes ces années il était resté impassible devant toutes ces démonstrations d’amour ? Il devait réparer les dégâts qu’il avait causés. 

Il se leva d’un bond, et transplana sans prendre le temps de réfléchir à ce qu’il faisait. Il débarqua sans crier gare au beau milieu du salon des parents d’Aline. C’était une maison très accueillante, avec des portraits de famille accrochés sur les murs du salon, une grande cheminée, des murs aux couleurs claires, et de vastes pièces. Il savait que lorsqu’elle avait des doutes, Aline venait se réfugier ici, surtout depuis que ses parents étaient partis en vacances à l’autre bout du monde pour quelques mois.

Il se précipita dans sa chambre, très petite par rapport au reste de la maison, et la trouva, assise sur son lit, les jambes repliées contre elle, une photo d’eux à la main. 

« Aline ! »

Celle-ci releva son visage baigné de larme, avant de se lever et de venir se blottir contre son ami. 

« Charlie je suis désolée !

- Désolée pour quoi ? Tout est de ma faute, je n’aurais pas dû te laisser miroiter tout ça.

- Mais j’ai été totalement aveuglée, j’aurais dû voir et comprendre ce que tu ressentais pour moi !

- Je t’assure que tu as eu raison d’imaginer tout ça. Peut-être qu’inconsciemment j’avais envie que tu crois à tout ça, peut-être que finalement tu n’avais pas totalement tort…

- Qu’est-ce que tu veux dire ?

- En lisant ta lettre, je me suis souvenu de tous ces moments passés avec toi, et aujourd’hui je me rends compte que je ne pourrais pas vivre sans toi. Alors peut-être que tu as raison, peut-être que je t’aime vraiment… »

Aline s’éloigna de Charlie et le regarda droit dans les yeux. Il ne mentait pas. Il le pensait vraiment. Pour la première fois depuis leur rencontre, Charlie venait de lui déclarer ses véritables sentiments. Du moins c’est ce qu’il semblait croire. 

Lentement, il s’approcha d’Aline, prit son visage entre ses mains, et l’embrassa. Aline marqua tout de même une brève hésitation.

« Tu es sûr de ce que tu fais ? On n’avait pas prévu ça, un jour on s’était promis de ne jamais en arriver là !

- Les choses changent ! dit-il avec un large sourire.

- Oui mais on ne sait pas ce qu’il va se passer après…

- Et alors ? Il faut se satisfaire du moment présent tu ne crois pas ? »

Aline lui rendit son baiser.

Charlie ne savait pas où cette relation allait le mener mais il s’en fichait, aujourd’hui il se sentait heureux. Et peu importe ce qui allait se passer par la suite, il savait maintenant que personne ne remplacerait jamais celle qu’il serrait fort tout contre son cœur.

Note de fin de chapitre :

Merci d'avoir lu :) Et n'hésitez pas à critiquer :)

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