Réponses à la table #4 d'Accio Prompts de LostInTheSun et Aosyliah.
Comme toutes mes Miss, les publications hebdomadaires se feront le jeudi.
La maison était silencieuse. Complètement et entièrement silencieuse.
Depuis que sa mère était revenue de l’hôpital, presque deux semaines auparavant, il y avait un véritable tourbillon qui régnait dans la maison. Tata Léopoldine avait passé presque dix jours à la maison, avec tonton Gaspard. Toutes les amies d’Apolline étaient passées au moins une fois – ce qui énervait grandement Fleur, puisqu’elles insistaient chaque fois pour lui pincer les joues, comme si elle avait encore quatre ans. Même Grand-mère avait élu domicile dans la chambre d’amis. Ce n’était pas pratique tous les jours d’avoir une vraie Vélane à la maison : tous les hommes qui passaient la porte oubliaient pourquoi ils étaient venus.
Mais aujourd’hui, le calme était revenu. La veille, Apolline avait finalement réussi à convaincre sa mère que celle-ci pouvait retourner chez elle, et maintenant les Delacour étaient enfin seuls dans leur maison. Fleur poussa sa couverture au bas de son lit, frissonnant quand l’air frais de ce début d’automne frappa ses jambes nues, et glissa ses pieds dans ses grosses pantoufles roses. Elle enfila ensuite la robe de chambre que lui avait offerte Léopoldine pour son dernier anniversaire et sortit dans le corridor.
La porte de la chambre de ses parents était ouverte et elle les voyait, profondément endormis. Le son de ses pas étouffé par ses pantoufles, Fleur descendit à la cuisine, où elle se coupa deux tranches de pain – si son père l’avait vue, il l’aurait réprimandée, car elle n’avait pas le droit de se servir du couteau à pain sans supervision – qu’elle couvrit d’une quantité considérable de Nutella. Elle hésita un instant à sortir une assiette et manger à table, comme une jeune fille bien élevée – sa mère aimait beaucoup quand elle se conduisait comme une jeune fille bien élevée – mais décida finalement de monter son butin à l’étage et de manger dans sa chambre. Au diable les miettes !
Elle vérifia néanmoins que ses parents étaient toujours endormis avant d’entrer dans sa chambre. Assise sur son lit défait, elle avala la première tranche en un temps record et s’apprêtait à entamer la seconde quand elle entendit un bruit provenant de la chambre d’en face. Elle déposa le pain encore entier sur sa table de chevet et se dirigea vers la porte, essuyant ses mains sur sa robe de chambre – sa mère ferait plus tard une remarque sur la longue traînée de chocolat qu’elle y avait laissée.
Elle entra dans la chambre d’en face, fraîchement peinte en violet, et se rendit au berceau appuyé contre le mur du fond. Le minuscule bébé qui s’y trouvait avait le visage tout plissé en un début de pleur.
— Salut Gabrielle, murmura Fleur en posant une main sur le ventre rebondi de l’enfant. Comment ça va ce matin ?
La petite fille ouvrit ses yeux – bleus, comme ceux de toute sa famille – et se détendit quand elle reconnut sa grande sœur. Ses gémissements se transformèrent en gazouillis heureux et elle agita les bras et les jambes, envoyant le petit drap qui la couvrait valser au bout du berceau. Fleur rigola quand Gabrielle attrapa un de ses doigts, formant un petit poing en serrant de toutes ses forces.
— J’ai hâte que tu sois grande, comme ça on pourra jouer ensemble. J’ai plein de poupées. Tu pourras les prendre quand je serai à Beauxbâtons. C’est dans deux ans. J’ai hâte ! Je te raconterai tout quand je rentrerai les fins de semaine.
Fleur passa une dizaine de minutes à raconter tout et n’importe quoi à Gabrielle, qui buvait ses mots – sans en comprendre un seul, bien évidemment. Si absorbée qu’elle était par son monologue, elle n’entendit pas ses parents s’approcher de la porte et s’appuyer contre le chambranle, le bras de son père autour de la taille de sa mère et des sourires attendris identiques sur leurs deux visages.
Oui, le calme était revenu chez les Delacour.