Cachée derrière la porte, observant Léane par l’ouverture, Joanne se demandait de quelle façon elle allait pouvoir embêter sa sœur aujourd’hui. Cette dernière était assise sur son lit, plongée dans un roman moldu. La jeune sorcière relevait fréquemment la tête pour jeter un coup d’œil plein d’espoir à la fenêtre. Joanne savait très bien ce qu’elle attendait : sa lettre pour Poudlard. Cette année, Léane rentrerait enfin à l’école de sorcellerie tandis que Joanne débuterait sa troisième année.
Un sourire se dessina sur ses lèvres. Maintenant, la jeune fille savait exactement comment faire enrager sa sœur : elle lui volerait sa lettre. Cela faisait des jours que Léane l’attendait avec impatience et Joanne savait que cela rendrait sa sœur furieuse. Et c’était justement ce qu’elle souhaitait plus que tout.
L’adolescente descendit alors discrètement et s’assit dans son jardin, attendant à son tour impatiemment qu’un hibou arrive. Joanne savait qu’il viendrait sûrement dans quelques heures et il fallait absolument qu’elle l’intercepte avant sa sœur.
La sorcière s’allongea donc dans l’herbe, profitant de la chaleur matinale et s’amusant à regarder les deux oiseaux qui avaient trouvé un peu d’ombre dans le grand saule pleureur de son jardin. Elle joua avec ses boucles brunes tout en faisant des ronds dans l’herbe avec sa baguette.
Finalement après une longue attente, un bruissement d’ailes se fit entendre non loin. Une chouette hulotte se dirigeait vers leur maison. Elle entendit Léane crier, signe que cette dernière avait vu l’oiseau arriver. Joanne se dépêcha alors de prendre sa lettre qu’elle plia dans sa poche, gardant celle de sa sœur à la main.
- Ca y est, j’ai ma lettre ! Joanne, donne-la-moi !, s’exclama sa petite sœur qui se tenait face à elle, les yeux brillants d’excitation.
Pour toute réponse Joanne se mit à courir, poursuivie par sa sœur qui n’aspirait qu’à récupérer son bien.
- Joanne arrête ça tout de suite ! Je le dirai à maman ce soir quand elle rentrera !
Pour toute réponse, Joanne arrêta de courir et se tourna vers sa sœur, un sourire aux lèvres. Léane s’arrêta elle aussi, ses joues rondes d’enfant rougies par sa course. Elle tentait tant bien que mal de reprendre son souffle tout en appuyant sa main sur son ventre dans l’espoir de faire passer un point de côté douloureux.
- Voyons, Léane, ne dis pas de bêtises. Tu sais très bien que maman n’en aura rien à faire.
Joanne se rapprocha de sa sœur et se pencha pour se mettre à sa hauteur. Elle sentait son souffle saccadé contre son visage. Son sourire s’agrandissait tandis que Léane ne la quittait pas des yeux.
- Oui, maman n’en aura rien à faire puisqu’elle ne t’aime pas. Personne ne t’aime.
Les deux sorcières restèrent un moment à se regarder, leurs nez se frôlant presque. Joanne se remit alors à courir, la lettre toujours à la main. Elle s’enferma dans sa chambre tandis que Léane frappait de toutes ses forces contre la porte.
Joanne soupira et s’allongea sur son lit, satisfaite. Léane était furieuse, et elle avait à nouveau pu lui rappeler que personne ne l’aimait. Pourtant une pointe de remords l’envahit, qu’elle s’empressa cependant de chasser bien vite. Après tout, sa frangine l’avait bien mérité. Elle était intiment persuadée que sa petite sœur était responsable du malheur de sa mère. Si sa famille n’allait pas bien, c’était à cause d’elle. Voilà pourquoi Joanne était si méchante. Elle s’assurait simplement que Léane soit remise à sa place et comprenne bien que tout était de sa faute.
La jeune fille poussa un soupir satisfait alors qu’elle repensait au jour où elle avait fait croire à sa sœur qu’elle lui apprendrait à voler sur un balai. Elle s’était juste débrouillée pour la faire tomber alors qu’elle commençait à prendre de la hauteur ; Léane s’était alors cassé le bras. Joanne se souvenait encore de la colère noire de sa mère qui avait dû rentrer de son travail pour emmener sa sœur à Ste Mangouste.
« Tu ne nous apportes que des soucis ! avait-elle crié en secouant Léane qui pleurait. Ne m’oblige plus jamais à quitter le travail pour une de tes bêtises ! »
Et dire qu’en plus cette veracrasse qui lui servait de sœur avait tenté de la dénoncer ! Cependant, Joanne n’avait jamais recommencé une telle chose, se doutant que la colère de sa mère pouvait très bien se retourner contre elle, qui était censée la surveiller.
Elle décida finalement d’ouvrir à sa sœur, qui frappait toujours de ses petits poings contre la porte.
- Pourquoi es-tu si méchante ? Je ne t’ai jamais rien fait ! hurla Léane.
Joanne regarda sa petite sœur qui avait les cheveux en pétards et dont les yeux étaient un peu trop brillants. Soudain tout s’éclaircit dans son esprit. Léane avait cru qu’à Poudlard, tout serait différent. Qu’elle aurait enfin le droit d’être heureuse parce qu’il n’y aurait plus sa mère pour lui crier des remarques acerbes. Mais Léane avait oublié un point important : sa soeur. Joanne comptait bien ne lui laisser aucun repos. Oui, en s’arrangeant un peu elle pourrait faire en sorte que cette dernière n’ait pas beaucoup d’amis. Cela devrait être facile, de lui rendre la vie infernale.
- Tiens, ta lettre, dit Joanne en la lui tendant.
Sa sœur ouvrit de grands yeux, avant de la saisir de sa main hésitante. Elle serra la lettre contre son cœur, comme si elle n’y croyait pas.
-Merci, murmura-t-elle.
-Ne pense pas trouver refuge à Poudlard, Léane. Personne ne t’aimera là-bas non plus.
Joanne claqua la porte au nez de sa sœur. Oui, il n’y avait pas de raison que Léane soit heureuse. C’était elle la responsable. Responsable du malheur de sa famille.