Andromeda lâcha sa lourde valise sur le plancher de sa chambre avec un soupir de soulagement. Elle avait du monter sa malle jusqu'au deuxième étage, et ses épaules et ses bras souffraient de la lourde charge qu'ils avaient du supporter. Elle ne pouvait pas attendre le moment où elle aurait légalement le droit de faire de la magie en dehors de Poudlard. Tout serait alors si facile ...
Les elfes de maisons avaient immédiatement pris en charge la valise de Narcissa. Bellatrix avait quant à elle disparut dès la sortie du Poudlard Express, non sans avoir jeter sa valise à la tête d'un elfe qui avait presque failli être écrasé sous son poids.
Andromeda avait dû trainer sa valise jusqu'au Portoloin, les elfes la dédaignant complétement (sur ordres de ses parents, Andromeda n'en doutait pas).
Bien qu'elle soit habituée à ce genre de traitement, elle ressentait un petit pincement au cœur à cette énième preuve que ses parents ne l'aimaient pas autant que ses sœurs.
Et surtout, une boule de fureur naissait dans son estomac parce qu'elle n'avait absolument rien fait pour mériter ce traitement.
- Miss ?
Un des elfes de maison la regardait craintivement, la voix légèrement tremblante.
Une des autres choses qu'elle détestait ici, c'était la façon dont les elfes lui parlaient toujours comme si elle allait les punir, leur faire mal, ou les gronder. C'était exaspérant. Tout le monde dans cette maison avait compris qu'elle n'était pas une "vraie" Black, une de celles qui se comporte comme des reines des glaces et qui estiment que les elfes sont leurs esclaves attitrés. Tout le monde, sauf les elfes de maison.
Andromeda avait l'impression de n'être pas assez Black pour sa famille, mais de l'être trop pour les autres.
- Quoi ?, aboya-t-elle.
L'elfe se ratatina sur lui-même.
Andromeda savait que passer sa colère sur lui était complétement injuste, mais ça faisait tellement de bien.
Elle se sentait quand même un peu coupable.
La jeune fille essaya de sourire à l'elfe, mais ses lèvres refusaient de bouger.
- Mon ... Mons ... Monsieur, bredouilla l'elfe, v... Ve ... Veut ... Veut ...
- Et bien, il veut quoi ?
Andromeda s'efforça de garder une voix calme, mais son agacement allait grandissant. Il ne pouvait pas rassembler le courage d'articuler une phrase ? C'était assez ridicule et vraiment insupportable.
- Que vous ... Vous ... Vous changiez pour le diner. Il ... Il sera servi à huit heures, acheva-t-il péniblement, avant de prendre ses jambes à son cou.
La jeune fille s'effondra sur son lit.
Elle avait été tellement bien à Poudlard. Et maintenant, elle devrait endurer deux longs mois d'insultes, de coups et de sorts de Bellatrix. Ainsi que de silences méprisants ponctués d'ordres froids, accessoirement.
Génial.
Andromeda prit son oreiller et hurla dedans.
Puis, elle se résigna à choisir une robe dans son placard - n'importe laquelle, de toute façon aucune ne remporterait l'approbation de ses parents - et descendit l'escalier sans prendre la peine de coiffer sa longue chevelure brune ou de se maquiller.
Elle était laide, et rien ne pourrait l'arranger, sa mère lui avait bien fait comprendre.
Narcissa attendait sagement devant l'entrée de la salle à manger, vêtue d'une robe bleu pâle qui flattait sa silhouette menue.
Sa sœur hocha la tête en la voyant arriver, et Andromeda vit l'habituelle lueur de pitié mêlée d'incompréhension faire briller ses yeux.
Narcissa avait l'allure d'un ange, avec ses longs cheveux blonds qui encadraient son visage délicat, sa peau de porcelaine et ses grands yeux bleus ciel. Andromeda savait que son caractère, en revanche, était tout sauf celui d'un ange.
Narcissa était orgueilleuse, et son nom lui allait à merveille : plus vaniteuse de son apparence qu'elle n'existait sûrement pas.
Mais elle aimait bien sa petite sœur, parce que c'était la plus gentille de sa famille avec elle. Narcissa lui parlait rarement, mais elle semblait toujours un peu ennuyée lorsque leurs parents critiquaient Andromeda et lui faisaient des remarques mesquines.
- Narcissa, ma chérie, vous êtes ravissante.
Leur mère Druella, ou Cruella comme Andromeda aimait l'appeler, venait d'entrer dans le vestibule.
Elle ressemblait à s'y méprendre à Narcissa, et ne manquait jamais de la complimenter sur son apparence. Druella savait très bien que ses compliments s'appliquaient alors aussi à elle-même. Alors qu'elle flirtait avec la cinquantaine, Druella était aussi belle qu'à ses vingt ans, et ne manquait jamais de le souligner par les stratagèmes les plus invraisemblables.
Narcissa rosit de plaisir, manquant la véritable motivation de la flatterie. Andromeda containt difficilement un soupir désabusé.
Un elfe vint ouvrir la large porte qui menait à la salle à manger et les trois femmes s'assirent dans un silence seulement troublé par l'écho des chaises en fer forgé qui raclaient le sol de pierre.
- Bellatrix ne revient pas, cet été, déclara Druella d'une voix mesurée.
Andromeda se retint de sourire.
Si Bellatrix n'était pas là, l'été s'annonçait bien plus supportable que ce qu'elle avait prévu.
- Elle a décidé de partir avec Lestrange on-ne-sait-où, expliqua la voix trainante de leur père, Cygnus, qui entrait dans l'immense pièce, la lumière du gigantesque lustre noir l'entourant d'un halo inquiètant, heureusement le sang de Rodolphus est un des plus purs d'Angleterre.
Cygnus, bien qu'approchant la soixantaine, se tenait toujours aussi droit, et sa haute stature et ses cheveux poivre et sel lui conféraient une aura autoritaire qui terrifiait Andromeda.
Druella émit un petit bruit désapprobateur.
- Vous auriez dû lui interdire, Cygnus. Vous savez bien que nous avons promis Bella aux Malefoys.
Il prit place, portant un oeil ennuyé sur sa femme.
- Druella, vous savez bien que cette enfant est incorrigible. Laissez-là, le pire qu'elle puisse faire c'est torturer un moldu ou deux.
- Lestrange parlait souvent de cet homme, Jedusor, qui ...
Cygnus la coupa froidement, balayant d'un revers de main l'argument.
- Druella, il suffit. Jedusor avait l'air d'un jeune homme très bien. Il n'est absolument pas convaincu de cette nouvelle mode sur l'égalité du sang. Et c'est un descendant des Gaunt.
Druella garda son regard droit devant elle, les lèvre serrées en une ligne dure.
- Très bien, Cygnus, mais vous vous chargerez d'arranger la situation avec les Malefoy.
Cygnus ne porta aucune attention à Druella, et tourna la tête vers ses filles.
- Narcissa, vous êtes exquise, lâcha-t-il d'une voix sans émotion.
Narcissa eut un petit sourire satisfait.
Cygnus l'examina un instant.
- Les Malefoy veulent une Black, Druella, peu importe laquelle, remarqua-t-il d'un ton qui ne souffrait aucun contradiction.
Druella parut comprendre et baissa la tête, soumise au jugement de son mari.
Andromeda sentit son coeur s'accélerer. Son tour venait, et la peur qui avait pris place dans son estomac s'infiltrait lentement dans ses veines au fur et à mesure que le regard de son père s'attardait sur sa silhouette.
- Vous, lui dit-il finalement avec un dégoût non dissimulé, vous irez travailler chez un de mes amis. Cette paresse et cette indolence que vous affichez en permanence m'insupportent.
Andromeda acquiesqua avec obéissance, mais dans sa tête, elle levait les yeux au ciel. Narcissa et sa mère étaient bien plus paresseuses qu'elle.
Mais moins de temps elle passait dans cette maison, mieux se serait.