« Quoi encore ? Pourquoi faut-il toujours que tu râles ? » l’interpella une voix rocailleuse.
Lucy se retourna et fit face à la femme. Célestina Moldubec... Un monstre en habit de lumières. Un cauchemars déguisé en diva. La pire bonne femme de l'univers, plus détestable même que tante Murielle.
« Je réfléchissais. » répondit Lucy essayant d'avoir l'air impassible.
La chanteuse balaya sa réponse d'un geste de la main.
« Pour quoi faire ? »
Lucy s'efforça de ne pas montrer son agacement.
« Parce que c'est utile. »
L'autre la toisa, sa peau noire tendue sur ses pommettes saillantes. Son était visage figé dans une éternelle grimace à cause de tous les sorts de jeunesse qu'on lui avait fait subir et ses yeux brûlaient d'ardeur. Lucy soutint son regard sans frémir. Comment sa grand-mère pouvait-elle être une fan de la première heure de cette horrible femme ?
« Vous feriez mieux de vous détendre, très chère, dit Célestina d'une voix glaciale. Je vais bientôt entrer sur scène et je ne veux pas de mauvaises ondes autour de moi. »
Lucy prit sur elle-même pour ne pas hurler de frustration. Elle déglutit et s'adressa le plus calmement du monde à sa patronne.
« Écoutez Célestina, je sais combien vous aimez la scène et combien c'est important pour vous mais vous ne pouvez pas chantez pour cette émission. »
« Pourquoi ? Ils sont d'accords. » fit la chanteuse avec un haussement d'épaule.
« Mais Célestina c'est une émission moldue ! » s'écria Lucy.
Un technicien qui passait la regarda avec des yeux ronds. Elle pinça les lèvres, étouffa un juron et se rapprocha de l'autre pour ne pas êtres entendues.
« Vous ne pouvez pas ... »
« Voyons Lucy, je vous ait dit milles fois qu'ils avaient acceptés. »
« Vous leur avez jeté un sortilège ! Je vous aie vue ! » riposta la jeune Weasley.
Célestina lui jeta un regard glacial.
« Vous n'avez pas de preuves. » fit-elle en réajustant son long châle pailletés.
« Ce n'est pas la question. C'est illégal ! Et … mince ! C'est une émission moldue ! Que pensez-vous en tirer de bon ? »
Célestina haussa les épaules.
« Je veux le faire, c'est tout. »
Lucy se frappa le front du plant de la main.
« Mais c'est pas possible ça... ! »
Célestina se désintéressa de sa jeune assistante et alla s'installer. Elle commença à enrouler des mèches de cheveux autour de sa baguette pour les faire boucler.
Lucy s’étouffa en voyant cela. Elle se hâta d'aller fermer la porte de la loge qu'on leur avait attribuée, les dérobant ainsi aux regards des techniciens et autres moldus qui déambulaient dans les couloirs.
« Célestina.... reprocha-t-elle. Ne pourriez-vous pas faire plus attention ! »
L'autre ne cessa de se coiffer, ne lâchant pas son reflet des yeux.
« Pourquoi ? Je vous paie bien pour ça non ? »
Lucy se contracta. Elle ferma les yeux, prit trois grandes inspirations, tourna sept fois sa langue dans sa bouche et renonça à traiter sa patronne de sale grognasse décérébrée. Elle s'éloigna le plus possible de la chanteuse en maugréant. Elles étaient relativement au calme dans la petite loge qu'on leur avait prêté mais on devinait l'agitation qui régnait dehors. La voix du présentateur résonnait dans les couloirs et Lucy tendit l'oreille pour l'écouter.
« Mesdames et messieurs, bienvenus sur le plateaux de The Voice, la première émission de chant à ne se baser que sur la voix ! Vous allez voir apparaître à tout instant et pour votre plus grand plaisir nos quatre coachs ! En cette soirée du 3 juin, nous allons vous offrir un show inoubliable ! Au programme, des prestations musicales incroyables, des coachs survoltés, des talents toujours plus déterminés... »
Lucy leva les yeux au ciel. Se présentateur avait l'air ridicule. Pour la millième fois de la soirée elle se demanda ce qu'elle faisait là. Si seulement elles ne s'étaient jamais retrouvée dans cette maison moldue... Si Céléstina n'avait pas insisté pour essayer tous les appareils électroniques de la maison... Si cette émission de chant n'avait pas été diffusée au moment où elles avaient allumé la télé, suscitant l’intérêt de la chanteuse. Probablement, alors, ne seraient-elles pas ici-même, sur le plateau de l'émission en question, attendant que ce soit au tour de Céléstina de passer.
Lucy tapa sa tête contre le mur. Elle détestait ce job, elle ne souhaitait pas à son pire ennemi d'être assistant de Célestina. Sur le papier ça laissait rêveur, beaucoup d'avantages, beaucoup d'argent, beaucoup de contacts auprès de personne susceptible de faire décoller sa carrière de journaliste. La vérité était tout autre. Célestina était une vieille peau, amère de ne plus avoir de succès, prête à commettre des crimes comme utiliser des sortilèges sur des moldus pour revivre quelques instants de gloire. Clairement, tout ceci n'était qu'un autre des ses caprices.
Alors que Célestina continuait de se coiffer, regardant avec amour son reflet dans le miroir, un téléphone laissé sur une table au coin de la pièce vibra. Lucy ne cilla pas, habituée à la technologie moldue mais Célestina poussa un cri d'horreur.
« Par Merlin ! Qu'est-ce que c'est que ce bruit ! »
Elle promena ses petits yeux perçants sur la pièce et avisa le téléphone remuant doucement. A petits pas elle s'approcha, baguette tendue.
« Quel est cet objet de malheur ? »
Lucy la regarda faire, un sourire ironique aux lèvre. Célestina s'approcha encore, le nez presque collé à l'appareil qui avait cessé de vibrer. Soudain, une sonnerie stridente provint du téléphone et la sorcière sursauta violemment. Elle agita sa baguette et une explosion retentit. Lucy s'apprêtait à crier pour l'en empêcher mais c'était trop tard, l'appareil reposait sur la table, une fumée noirâtre s’échappant d'un morceau carbonisé.
« Ce n'était qu'un téléphone ! » s'écria Lucy.
« Un quoi ? »
« Un téléphone, un objet moldu totalement inoffensif ! »
La chanteuse lui jeta un regard condescendant et rajusta son châle sur ses épaules une fois de plus. Lucy dépitée, regardait l'appareil qui avait connu un sort injuste. Elle suivit des yeux la fumée puis regarda l'objet de plus près. Il ressemblait à s'y méprendre au sien. C'est alors qu'elle ouvrit des yeux écarquillés et s'exclama :
« Oh non c'est pas vrai ! Il était neuf ! Je l'ai reçu il y à a peine dix jours ! »
Elle s'approcha de la carcasse du téléphone, le prenant entre ses mains. Il était irréparable. Elle le reposa sur la table avant de se tourner vers sa patronne, furieuse. Celle-ci lui adressa un regard froid, clairement indifférente à l'agacement de son assistante.
Lucy rageait. Elle était à deux doigts de dire à Célestina tout ce qu'elle pensait d'elle. Toute la colère refoulée depuis des semaines remontait.
« Vous êtes définitivement la personne la plus miséra... » commença-t-elle.
L'alarme incendie venait de se déclencher. Le son strident sortait à plein volume des hauts-parleurs et leur vrillait les tympans. Lucy réalisa. La fumée provenant du téléphone avait du déclencher l'alarme incendie. Elle se prit la tête entre les mains. Cette journée prendrait-elle fin un jour ?
L'homme en combinaison noire, tenant un fusil d'assaut à la main et qui venait d'enfoncer la porte de la loge où elles se trouvaient l'informa que ce n'était pas prêt de s'arranger de si tôt.
« Sécurité, veuillez mettre les mains bien en évidence et vous tournez. » hurla-t-il pour couvrir le bruit de l'alarme.
Lucy sentit son pouls s’accélérer. Il ne manquait plus que ça ! La police moldue allait leur poser un tas de questions auxquelles elle serait incapable de répondre avec cohérence. Avec le peu de chance qu'elle avait il faudrait faire intervenir la brigade des oubliettes et son père lui en parlerait pendant des années. Elle imaginait très bien ; « Franchement Lucy, le premier VRAI travail que tu décroches... Tu transformes toujours tout en catastrophes... A peine lâchée dans la ville et déjà fichée chez les Aurors... Tu as pensé à moi ? Que vais-je devoir dire aux journalistes ? ». Sans s'en apercevoir Lucy poussa un gémissement qui attira l'attention de Célestina.
« Mais voyons miss Weasley faites quelque chose ! C'est grotesque cette situation ! Je refuse d'être traitée en criminelle par une bande de moldus ! »
« Pitié Célestina fermez-là ! » s'écria Lucy.
« Quoi ? Comment osez-vous ? » s'égosilla la chanteuse, son visage se contractant de colère.
Lucy se tourna vers l'agent de police qui venait d'entrer.
« Monsieur je vous en prie éloignez là de moi ! C'est une folle dangereuse qui m'a attaquée ! »
L'homme haussa un sourcil dubitatif et se tourna vers Célestina qui hors d'elle s'était jetée sur Rose. La chanteuse, les yeux révulsés et l'écume au bord des lèvres tenait sa baguette pointée sur la jeune fille.
« Tu fais moins ta maligne hein ? Pétasse ! Souillon ! » cria-t-elle.
Elle était sur le point de jeter un sort lorsque le policier la plaqua au sol. Sa baguette lui échappa des mains et sa tête rebondit sur le carrelage. Elle s'évanouit, assommée. Le policier se redressa et regarda vers Lucy qui le fixait, effarée par la tournure des événements. Cette fois c'était sûr, son père allait la tuer.
« Excusez moi de ne pas vous avoir cru sur paroles. Vous aviez raison, cette femme a un grave problème ! »
Elle allait répondre lorsque tout à coup le bruit strident de l'alarme cessa.
« Ah, ça fait du bien ! » s'exclama le policier en ôtant son casque de protection.
Lucy sentit alors son cœur s'emballer. Comment était-ce possible ? Tout à coup, sa journée qui s'annonçait comme la plus horrible de toute son existene prenait une tournure bien plus agréable. La jeune fille écarquilla les yeux et rougit. L'homme devant elle était peut-être le plus beau qu'elle n'ai jamais vu ! Elle sentit ses jambes faiblir et il s'avança vers elle d'un bond souple.
« Vous allez-bien ? Je vais vous raccompagner, venez. »
Il lui tendit le bras et elle sentit une fois de plus la chaleur lui monter aux joues. Elle était sur le seuil de la porte lorsqu'elle se retourna. Elle regarda le médecin qui prenait la tension de Célestina, pensa à son père mais elle sourit. Rose ne la croirait jamais quand elle lui raconterait ! Décidément, le trois juin était parti pour être la date la plus mémorable de son existence !