La main crispée sur sa baguette, il ouvrit la porte et entra. Il jaugea la salle d'un rapide coup d'oeil, les Carrows, Greyback, et Yaxley, ils étaient là et ils le regardaient.
Puis il vit Malefoy, une main tremblante qui peinait à tenir sa baguette, l'autre qui s'essuyait nerveusement sur son pantalon, et la réalité le frappa; bien sur qu'il n'y arriverait pas, il n'avait pas ce stupide courage fonceur de griffondor, et surtout, il n'était pas un tueur.
Il n’osait pas regarder Dumbledore, qu’il savait être là, et pourtant il le fallait.
Alors lentement, il bougea sa tête et ses yeux se posèrent sur lui.
Par Merlin, qu'avaient-ils fait ?
Il se tenait devant lui, plus faible que jamais, comme s'il allait se dérober au mur tant il glissait le long de celui-ci.
Il lui avait caché beaucoup de choses cette année, et il aurait pourtant pu les savoir, après tout Potter était nul en occlumancie, mais il avait voulu respecter la volonté du directeur de ne pas chercher à savoir. Sauf qu’en voyant l'état dans lequel il était, il commençait à le regretter.
Mais par Merlin, qu'avaient-ils fait ?
Il hésitait, mais sa tension montait à chaque battement de coeur, et son coeur battait vite, si vite.
Ce n’est qu’un sort, se dit-il, mais Dumbledore, il était sans défense maintenant, si pitoyable, si peu lui, si fatigué.
Il le regarda dans les yeux, puis son regard passa sur son élève avant de revenir à son mentor.
Il garda son visage fermé, par Salazar, pourquoi paniquait-il ? Ce n'était certainement pas la première fois qu'il allait tuer.
Il avait l’impression que tout se passait au ralenti, calme toi Severus, bon sang ! se fustigea t-il.
Etonnamment, il y réussit, car il savait que tout se jouerait dans la minute. Non moins d’une minute, car les autres s’impatientaient déjà.
Il écouta sans vraiment l'entendre, Amycus qui lui parlait.
S'il voulait garder sa position envers Voldemort, il devait le faire, c'était crucial, c'était à lui de le tuer.
Il s'étonna lui même en se disant qu'il n'aimerait pas que quelqu'un d'autre le fasse à sa place de toute façon.
Alors il s'avança vers lui en le regardant dans les yeux, prêt à lancer l'interdit fatidique, mais c'était sans compter sur le vieux directeur.
Il suppliait, il le suppliait lui, en l’appelant par son prénom. Ne me suppliez pas Albus, je vous en prie. Arrêtez !
Sa voix lui glaçait le sang, mais il ne pouvait pas renoncer, pas maintenant, il était trop tard pour reculer.
Alors, avec répugnance mais silencieusement, et en tentant d'occulter la voix suppliante d'Albus, il s'avança et d'un ton presque haineux, car il lui en voulait de lui avoir demandé ça; non de le lui avoir ordonné, il prononça la formule tant redoutée :
- Avada Kedavra.
Le retour à la réalité fut violent, il eut soudainement l’impression qu’il avait arrêté de respirer depuis qu’il était entré dans la salle.
La bile le menaçait, mais il n’avait pas le temps de penser à ce qu'il venait de faire, ils devaient fuir, et survivre.
-Vite, filons d’ici, dit-il d’une voix absente, avant de chopper Malefoy par la peau du cou et de l’obliger à franchir la porte, devant les autres. lls traversèrent rapidement le champs de bataille dans le château, mais il ne pouvait pas échapper à celui qui se déroulait dans son esprit.
Vieux fou, pourquoi me laisser ça sur la conscience ? Pourquoi m’avoir fait promettre une telle chose ?
Pour sauver l’âme de Malefoy, lui avait-il dit.
Et mon âme à moi, Dumbledore ? La mienne ?
L'ennui c'est qu'il n'avait pas prévu que le gamin Potter le voit. Il avait senti qu'il était là, dans un coin de la salle sous sa cape d'invisibilité. Mais que pouvait-il y faire ? La pensée du garçon remonta sa colère envers son mentor, et pourtant il ne voulait pas lui en vouloir maintenant. Non, pas alors qu'il venait de le tuer, pas alors qu'il était sans défense, et qu'il le suppliait. Il savait lui qu'il ne le suppliait pas de l'épargner, non, il le suppliait d'achever sa vie, et c'était ça qui le torturait.
Oh Albus, est-ce là ma punition ?
N'avait-il mérité que ça après toutes ces années, alors qu'il s'en voulait déjà tellement ?
Mais il n'avait pas le loisir de pleurer. Il devait fuir, il devait protéger Drago.
Alors il tria rapidement ses pensées, pour ne pas y penser. Il pleurera plus tard, quand il sera seul, et encore une fois, il se détestera.
Il voulait sortir le plus vite du château, mais Potter le suivait.
Alors sa peine se transforma en rage, et il se retourna, et répliqua, en le provoquant. Le gamin voulait lancer des impardonnables, quelle blague !
Il ne se contrôlait plus, il attaquait avec rage, il l’insultait même. Il n'avait plus l'esprit clair, devant lui c'était le fils de James Potter qui se tenait, plus Harry. Toute sa rancœur envers son père sortit, renforcée par les insultes du gamin.
Il n'en pouvait plus, il fallait qu'il parte.
Il devait avoir l'air d'un dément, mais il ne se contrôlait presque plus.
Il se dépêcha de rejoindre les limites du château, et les transplana Drago et lui.
Il se souvint d’une vieille locution latine, Cave ne Cadas, prend garde à la chute.
Mais c'était trop tard. Albus, la seule personne qui le connaissait vraiment, était mort, et c’est lui qui l'avait tué.
Voilà.
N’hésitez pas à me donner votre avis !