Je ne méritais vraiment pas ça. Père et Mère auraient pu me placer dans une jolie maison de retraite à la Nouvelle Orléans, comme notre cousine Galatée -je te parle de celle de 26 ans qui est à moitié barge et qui aime chanter la Complainte du Chaudron à tous les Moldus du coin, pas de la Galatée complètement sénile qui me prend pour ton mari (elle voit Drago partout, d’ailleurs, tu devrais y faire attention, elle pourrait le séduire avec son argent et ses culottes en dentelles)-, ou encore dans une mignonne petit bicoque en Irlande. A vrai dire, au point où j’en suis, je crois que j’aurais même accepté la chambre à côté de ce vieux beau de Gilderoy Lockart –il aurait continué à m’envoyer des mots d’amour destinés à lui-même, ça aurait au moins eu l’avantage d’être drôle.
Mais m’exiler chez les Moldus ? Je sais bien qu’ils goûtent particulièrement tout ce qui se rapproche de l’idéal gouvernemental du moment –après tout, vu ce qu’ils ont fait pendant la guerre, ce n’est pas de trop. Je suis toujours traumatisée par cette main à quatre doigts ; tu peux dire ce que tu veux, je suis certaine qu’elle venait du laitier qui s’était égaré chez nous un jour-, mais…La solution envisagée est quand même drôlement extrême, tu ne trouves-pas ? Je veux dire, si encore j’avais cassé son fichu collier … Mais là, je n’ai fait que l’emprunter. S’il n’avait pas été protégé par un fichu maléfice, personne ne se serait rendu compte de mon emprunt, et j’aurais pu continuer à faire tomber les héritiers comme des mouches.
A ce propos, voilà un autre sujet de complainte : trouves-tu normal qu’en plus d’être exilée chez les Moldus, je sois exilée chez les péquenaux ? Aucun riche héritier à séduire, aucun Don Juan à qui briser le cœur. Mon potentiel, qui était déjà sous exploité –j’ai déjà séduit tout le monde à Londres, ça en devenait lassant- est ici carrément mis au placard. Je veux dire, évidemment, je fais tourner les têtes, mais il n’y a absolument pas de challenge. Je vais finir par croire qu’aucun Moldu n’est mignon en ce bas-monde –à se demander comment ils se reproduisent. Ne prends pas cet air outragé en lisant mes mots, Astoria, plus personne ne regarde notre courrier depuis le début des années 2000. Arrête de jouer à la bourgeoise bien-pensante, c’est lassant.
J’habite dans une ferme. Une ferme, tu te rends compte ? Je suis réveillée tous les matins à l’aube par un stupide coq, et je ne peux pas utiliser mes pouvoirs, vu que cette stupide malédiction n’a toujours pas été levée –je hais ta fichue belle-mère et son fichu médaillon, je les hais, je les hais !...Toutefois, si elle envisage de me rapatrier dans le monde civilisé, je crois que je pourrais facilement revoir mon opinion à son sujet. Elle serait carrément trop super, à ce moment-là-, pour tuer ce stupide animal. J’envisage sérieusement de recourir à l’emploi de ce que les Moldus appellent « armes à feu ». Il y en a de toutes sortes, et de toutes tailles, plus ou moins puissantes. C’est moins subtil qu’un bon Avada Kedavra, mais je dois reconnaitre que c’est sacrément spectaculaire –par
Merlin, j’ai l’impression de parler comme Arthur Weasley…Remarque, vu l’empressement qu’a Drago à se conformer aux nouvelles règles, peut-être que tu vas devoir envisager un ménage à trois avec l’un des membres de la famille Weasley-Potter.
Tu peux considérer mes lettres comme des documentaires/prospectus de prévention/lettres de suicide, à ce moment-là.
Mais que ça ne te serve pas de prétexte pour me laisser dans ce trou à goules.
Sors-moi de là, par pitié,