On me juge
- « Je suis libre ! Nous sommes jeunes, nous sommes la nouvelle génération pourtant aucun de nous n'a pris des leçons des erreurs passées. Vos parents ont vaincu l'un des plus célèbres mages noir, ils sont allés au delà de toutes les limites imposées par la magie et aujourd'hui nous en n’avons tiré aucune leçon ! Nous continuons à voir le monde au travers des maisons dans lequel nous sommes repartis. Nous avons des parents héros ou mangemorts. Nous voyons le monde tout noir ou tout blanc. Griffondor : c'était un héros. Serpentard : c'était un mangemort. Pourquoi ? Je ne sais pas. Je n'ai pas de réponse, et pourtant aujourd'hui j'aimerais qu’un seul d'entre nous nous regarde comme nous sommes dans le présent et pas au travers de nos parents. Je ne sais pas faire de discours, je ne sais pas convaincre les gens, je mélange les mots et je suis probablement ridicule mais j'en ai marre que l'on me juge parce que je suis à Serpentard ! Et alors ? Je suis rusée mais je ne tomberai certainement pas dans la magie noire. Toute ma vie, on m'a jugé au travers de ma maison, de mes parents, que je dise cela ne changera rien, je le sais mais je dois le dire. Hier, aujourd'hui, demain on me jugera, à la moindre action que je ferai on me critiquera, on l'interprétera. J'ai des parents, qui étaient mangemorts mais ils croyaient ce que disait Voldemort, ils l'ont suivi de leur plein gré comme toi, tes parents ont suivi le survivant. On classe le monde en bien et en mal, en blanc et en noir ! Je vais probablement vous choquer, mais je suis fière de mes parents, ils ont suivi ce qu'ils pensaient juste. Oui, c'est horrible ce qu'ils ont fait mais je n'y suis pour rien, et si demain un mage noir venait à s'élever, je ne le suivrai pas, me battrai- je contre lui ? Je n'en sais rien. Mes paroles sont pour moi censées. Je ne veux plus juger les gens au travers de leur maison mais au travers de leurs actes, de leurs pensées, de la façon dont ils se comportent aujourd'hui. Je suis fière, peut-être trop mais c'est ainsi, quel est le rapport ? Je réponds à toutes les insultes que l'on me jette au visage, blessant par la même occasion. »
La jeune fille repris son souffle. Elle dévisagea toute les personnes présentes qui semblaient s'être pris une gifle. Des mèches de ses cheveux, attachés en chignon, voletaient autour de son visage. Elle avait les joues rouges et avant que quiconque ne puisse prendre la parole, elle reprit :
- « Nous sommes libres, nous sommes jeunes et beaux, nous sommes le futur. Nos parents ne peuvent plus changer, ils l'ont déjà fait suffisamment. Nous, nous pouvons, on peut changer, il n'est pas trop tard. Tout ensemble on peut. Unis. Nous ne serons pas toujours d'accord, presque tout le temps en désaccord plutôt. Nous ne nous connaissons pas tous, certains se détestent je pense, d'autres s'aiment, d'autres encore sont liés pour la vie. L'année prochaine, c'est nous qui changerons le monde des sorciers. L'un d'entre nous sera certainement ministre de la magie, un autre aurore, ou encore médicomage. Je ne pense pas que ce que je dis changera quelque chose, mais je suis sûre d'une chose, je ne changerai pas le monde toute seule, pas avec tout ces préjugés qui me pourrissent la vie. Que nous le voulions ou non, nous sommes liés par une chose, notre jeunesse. Suis-je la seule qui veut changer les choses ? Suis-je la seule qui désire que le monde arrête de me juger ? Je suis peut-être trop gourmande. Mais il y a une chose qui peut changer, votre point de vue sur moi ou tous les gens comme moi. »
La jeune fille dévisagea toute le monde, amis comme ennemis, professeurs comme élèves. Et alors qu'elle allait partir, des applaudissements commencèrent se faire entendre, elle sourit.