James bouillonnait d’excitation. Tout ce qu’il voyait autour de lui était source de ravissement ; le train crachait une épaisse fumée noire qui ébranlait les chapeaux pointus des parents venus accompagner leurs enfants, les hiboux, crapaud, chats et autres rats s’agitaient, piaillant dans leurs cages, affolées par l’énorme pagaille qui régnait sur le quai de la gare et les élèves se pressaient contre de lui, leurs blasons de Poudlard s’affichant fièrement sur leurs poitrines au côté des couleurs de leurs maisons. Il semblait à James qu’il n’avait vécu que pour ce jour. L’été n’avait jamais paru aussi long. Bien sûr, il y avait son stupide frère Albus, sa sœur Lily et toute sa ribambelle de cousins qui l’avaient occupé pendant les longues et chaudes journées chez ses grands-parents au Terrier. Ils étaient même partis en France, à Paris, et bien que sa mère était fascinée par le fait que les moldus aient pu construire sans magie « La tour des felles » rien ne pouvait provoquer en lui plus de bonheur que de penser à Poudlard. Il avait passé pratiquement la totalité de ses vacances à s’entrainer au quidditch avec sa mère – en vue d’être accepté comme poursuiveur dans l’équipe de Gryffondor —, à rester blotti contre son père, lui posant toutes les questions possibles et inimaginables sur Poudlard – son père lui avait assuré qu’a sa connaissance il n’y n’avait jamais eu de passage secret dans l’école — et avait même commencé à lire ses livres de cours en compagnie de sa tante Hermione – mais c’était l’activité qui l’avait le moins passionnée —. Son meilleur souvenir de l’été était sans nul doute sa visite chez Mr Olivander & Sons. Jamais il n’aurait pu penser qu’être choisi par sa baguette provoquait autant de bonheur. C’était une baguette en cyprès, un bois particulièrement noble d’après Mr Olivander en plume de phénix de 27,5 cm comme son père. Cependant celui-ci lui avait confisqué de peur que James s’en serve et le jeune garçon avait du se contenter d’un vulgaire bâton, qui n’avait pourtant pas manqué de produire des résultats intéressants lorsque celui-ci s’était exercé aux sortilèges enseignés dans « Forces obscures : comment s’en protéger ».
« Vous pouvez partir maintenant, c’est bon, je me débrouille », lança-t-il à l’adresse de ses parents avec un ton qu’il essayait de rendre désinvolte. À en juger par le regard de sa mère, il était clair qu’il ne parviendrait pas à se sauver de cette façon et qu’il lui fallait tenter une nouvelle manœuvre. Sa main posée sur sa hanche, il tordit ses sourcils dans une expression d’agacement « Maman ! Je suis grand maintenant ! » dit – il en haussant la voix afin de montrer l’étendue de sa maturité
« Mon très cher James, j’espère que tu as conscience que tu ne partiras pas d’ici avant de nous avoir dit correctement au revoir » répondit-elle en souriant.
« Mais maman » soupira James, exaspéré. « Il y a du monde autour ! »
« Ginny, comment avons-nous élevé notre fils ? À peine 11 ans et c’est déjà un dur » dit son père, plus attendri que réellement agacé. « Approche James »
James se dirigea en trainant des pieds vers son père et celui-ci s’abaissa à hauteur de son visage dévoilant sa cicatrice. James pouvait entendre les murmures et les chuchotements des élèves et parents qui s’attardaient en passant devant leur duo. Il avait l’habitude de ce genre de comportement. Toute son enfance avait été marquée par le succès de ses deux parents, les demandes d’autographes, les lettres admiratives et les embrassades reconnaissantes. Si cela semblait agacer Albus ou Lily, James en avait quant à lui toujours tiré une grande fierté. Il était cependant déçu de ne pas avoir hérité des yeux ou même des cheveux de son père contrairement à Albus. Avec ses taches de rousseur et ses yeux bruns, il ressemblait davantage à Ginny. Fort heureusement, son épaisse chevelure auburn ne faisait pas totalement de lui un Weasley.
« Attends de voir papa, je vais faire autant de grandes choses que toi. » C’était sa plus grande conviction. Il jouait depuis toujours très bien au quidditch et était le sorcier le plus doué de son ancienne école. Il deviendrait soit un excellent jour de quidditch soit un puissant sorcier, il en était certain.
« Tu as bien le temps James, ne commence pas tout de suite avec les bêtises, tu sais ce que ta mère te ferait. » Harry Potter marqua un silence, le temps de laisser à James d’imaginer toutes les punitions que pourrait inventer Ginny. Son visage s’étira en une sorte de grimace, l’idée n’était pas très plaisante. « Ne te fais pas remarqué, travailles bien et ne sois pas déçu si tu n’es pas à Gryffondor, toutes les maisons se valent et… »
« Hé papa, ne me sors pas ce discours à moi, entraines-toi plutôt l’année prochaine pour Albus Minus, moi, je VAIS aller à gryffondor » dit-il en bombant le torse et en haussant la voix assez forte pour que son petit frère l’entende. Harry se redressa en lui frottant la tête. « Va embrasser ton frère et ta sœur. » James souffla de façon à ce que son père comprenne la difficulté de la tâche qu’il lui demandait, mais se dirigea tout de même vers le reste de sa famille, conscient qu’il ne pourrait y couper. Il déposa un tendre baiser sur la joue de sa jeune sœur, puis s’assurant qu’aucun de ses parents ne le voyait donna un coup dans l’épaule de son frère. « Contemple ma puissance, Albus Minus, contemple la puissance du Gryffondor ! »
« La répartition n’a pas encore eu lieu, papa dit que tu pourrais très bien te retrouver à Serpentard avec le sale caractère que tu as » remarqua son frère avec un regard de défi. « Toi, Minus, tu iras à Pousouffle et tu imploreras les Gryffondors de te sauver des Serpentards, alors j’espère pour toi que je n’en serais pas un ! »
Ne laissant pas le temps à son frère de formuler une réponse, il retourna vers ses parents qui discutaient avec Hannah Londubat et sa fille Suzanne. Hannah Londubat était une amie de la famille et James avait toujours joué avec Suzanne. James ne l’aurait jamais avoué, mais il était bien content de faire sa rentrée en sa compagnie.
« — Neville y est allé en avance, il doit préparer la rentrée comme chaque année, mais il vous embrasse tous très fort et espère te voir jeudi pour le cours de défense contre les forces du mal des septièmes années Harry »
« — Ah beurk, j’avais oublié qu’on allait devoir se farcir ton père Suzanne » coupa James
« James » rugit Ginny, « Excuse-toi tout de suite ! »
« Pardon, Hannah, mais c’est vrai que ce n’est pas drôle de l’avoir comme prof ! » Ginny donna une tape sèche sur la tête de son fils et lui jeta un regard scandalisé.
Hannah rougit tandis que Suzanne pouffait à côté d’elle. Ginny attrapa le jeune garçon par le col et le tira à l’écart tandis qu’Harry présentait ses excuses à Hannah.
« Ton petit jeu ne marche pas avec moi, tu ferais mieux de te tenir à carreau une fois à Poudlard. Ton père t’a-t-il raconté qu’on accrochait les élèves par les pieds dans les cachots de Poudlard ? »
Son regard brillant de colère se changea presque en un instant en un regard embué de larmes. Ginny attrapa son fils et le serra fort contre elle. « Maman, tu m’étouffes ! »
Il posa sa main tendrement sur l’épaule de sa mère. « Je t’écrirais tous les jours si tu veux ». Ginny laissa échapper un petit rire qui fit rougir James. « Une fois par semaine, ça sera bien assez mon gros dur. » James, piqué au vif se précipita vers Suzanne qui l’attendait à l’entrée du train. Avant d’entrer, il jeta un dernier coup d’œil à sa famille. Sa sœur pleurait déjà dans les bras de sa mère. Albus, lui, les mains dans les poches, regardait le sol. Il se sentait trembler à l’idée de les quitter, de quitter sa chambre, ses voisins moldus, les gâteaux de sa mamie, les disputes avec son frère, les matchs de quidditch contre sa mère et les câlins de sa sœur. Le regard bienveillant de son père lui donna un sursaut d’énergie. Pour lui, l’aventure commençait maintenant, comme elle avait commencé pour Harry Potter des années plus tôt.
Une fois dans le train, James et Suzanne se mirent en quête d’une place dans le Poudlard Express. Cette place était importante, c’était celle qui déterminait ses futurs amis. Son père avait rencontré Ron dès leur premier voyage. Ainsi, James voulait prendre le temps de bien la choisir. Victoire, la cousine de James, préfète de Pousouflle arpentait le long couloir du train. Elle vint les embrasser quand elle les aperçut. James bomba le torse, fière face à tous les prétendants de Victoire qui ne profitait pas du même traitement de faveur. Victoire avait toujours deux ou trois garçons qui gravitaient autour d’elle. Pourtant, les seules choses qui semblaient l’intéressé étaient le quidditch, ses amis, et les cours. C’est pour ça que James l’appréciait tant, elle n’était pas comme sa pimbêche de sœur Dominique. Les compartiments du poulard express contenaient un grand nombre des cousins de James. Louis qui faisait aussi sa première année était resté en compagnie de la pimbêche Dominique et de ses amies, une flopée de Serpentardes qui n’attendait plus que le jeune Louis rejoigne les vipères. James espérait sincèrement que Louis échapperait à ce sort, ils étaient de bons copains et James n’avait pas envie que celui-ci devienne son ennemi. Pourtant, c’est ce qui ne manquerait pas d’arriver s’il allait dans la maison des argents et verts. Son père avait beau lui dire que cette maison n’était pas pire qu’une autre, son oncle Ron lui avait assez parlé de leurs querelles avec Drago Malefoy et les autres Serpentards. Et puis après tout, Voldemort était un Serpendard. Plus loin, son cousin Fred, un quatrième année du même âge que Dominique, rêvassait dans un compartiment de Serdaigles. James lui fit un signe de la main, mais celui-ci ne le remarqua pas, le regard perdu dans le vague comme à son habitude. Enfin, il aperçut deux de ses cousines, des Gryffondors qui n’avaient qu’un an de plus que lui, et entra dans leur compartiment en compagnie de Suzanne.
« James ! James ! » S’écrièrent les deux filles dans un rire hystérique. Molly et Roxanne vinrent se jeter dans ses bras « Assieds toi James », elles lui firent une place entre elles deux sans prêter attention à Suzanne qui émit un raclement de gorge sonore.
« Tu veux quelque chose Londubat ? » Questionna Molly d’un ton agressif. Elle avait toujours été un peu rude, ses épais sourcils bruns qui contrastaient avec sa chevelure roux pétard étaient perpétuellement froncés, peu importe qu’elle rie, qu’elle pleure ou qu’elle rouspète. Elle et Roxanne avaient toujours été de bonnes camarades de bêtises de James. Tous les trois rendaient folle leur grand-mère Molly. James ne put s’empêcher de sourire en se rappelant la fois où ils avaient déguisé la goule en grand père Arthur.
« Dis Londubat, j’espère que ton père ne boit plus, je n’ai pas envie de le voir vomir dans une de ses plantes stupides » Suzanne fronça les sourcils, agacé et sortit du compartiment sans attendre plus longtemps.
James hésitait entre rire et s’indigner.Il n’avait jamais su si toute cette histoire inventée par Rita Skeeter, à propos du problème de boisson de Neville Londubat, était vraie ou pas, mais ce qui est sûr, c’est qu’elle faisait beaucoup rire ces cousines.
James passa une partie du voyage en compagnie des deux cousines, écoutant, fasciné, les deux filles décrire la salle commune de Gryffondor. Il avait déjà entendu ses parents et ses oncles le lui raconter un million de fois, mais il ne s’en lassait jamais. James ne voyait pas ce qu’il y aurait de pire qu’être dans autre maison que Gryffondor. Certes, Victoire était à Pousoufle et n’avait peur de rien, mais quand même…
Certains des copains de ces deux cousines entraient pour les saluer, mais ne restaient pas longtemps. Les deux filles semblaient se suffirent à elles seules, riant d’une même voix, parlant des mêmes choses. Au bout d’un certain temps, lassé des discussions dans lesquelles il n’avait pas son mot à dire James parti à la recherche de Suzanne. Il espérait ne pas avoir à s’excuser. Il avait horreur de ça. Ses parents lui demandaient en permanence de s’excuser auprès d’Albus, mais James ni pouvait rien si son frère n’était qu’un bébé, incapable de tenir sur un balai. Même la petite Lily montait beaucoup mieux que lui. Minus disait que ça ne l’intéressait pas, mais James était persuadé qu’il avait juste peur.
Suzanne était dans un compartiment en train de rire avec un garçon au long nez et une fille aux cheveux noirs et brillants. Il s’assit avec désinvolture et croisa le regard de la fille. Elle avait les yeux aussi noirs que ses cheveux et leur dureté le mirent mal à l’aise.
« C’est mon ami James. » Dit Suzanne toujours en riant en s’adressant aux deux autres enfants « Lui c’est Siegfried et elle Edmée. Des filles de Serdaigle sont entrées, elles voulaient toutes s’assoir à côté de Siegfried, et Edmée, tu l’aurais vu, dit-elle dans un hoquet, elle a… »
James n’écoutait plus Suzanne et regardait le garçon qui semblait à la fois gêné et fier. James ne voyait pas pourquoi des filles souhaiteraient absolument s’asseoir à côté de lui, il avait des cheveux et des yeux d’un brun banal et un nez trop long.
-« Qui sont tes parents ? » Lui demanda James, provoquant un nouveau hoquet, d’indignation cette fois,chez Suzanne.
-« Mes parents ? interrogea le garçon, perplexe.
-« Te fatigues pas Potter, il est né-moldu » répondit la dénommée Edmée.
-« Tu sais qui je suis ? » L’interrompit James avec un grand sourire.
-« C’est qui ? » questionna Siegfried
-« Ses deux parents sont de très grands héros de guerre », intervint Suzanne.
James attendait la réaction du garçon avec impatience. Il adorait avoir l'impression d'être en quelque sorte lui aussi un héros de guerre.
-« Ah, mais donc, toi, tu n’as rien fait » dit Siegfried,
James piqué au vif, rougit de façon très perceptible ce qui fit ricaner Edmée et Siegfried tandis que Suzanne restait stoïque.
« Pire que ça, surenchérit Edmée, il ne fera jamais rien d’autre que d’être le fils de Harry et Ginny Potter. »
James se leva précipitamment se jetant avec hargne sur Siegfried, il n’entendit plus rien de ce qui se passait autour de lui, administrant des coups que le jeune garçon lui rendait avec tout autant de colère. James ne savait déjà plus vraiment pourquoi il se battait, mais il refusait que ce garçon puisse se croire libre de l’humilier. Un éclair vint soudain les éjecter d’un coin à l’autre du compartiment. À l’embrasure de la porte se tenait Victoire, furieuse. « James ! Déjà ? » Elle tenait sa baguette dans une main, prête à la dégainer de nouveau si James ou Siegfried osait dire quelque chose.
« Et toi, qui es-tu ? » Demanda-t-elle à l’adresse de Siegfried qui la regardait autant impressionner par sa beauté que terrifié par la colère qui émanait d’elle. « Siegfried Sharp » marmonna-t-il en baissant les yeux. « Siegried Sharp, dès que tu seras réparti, j’enlèverais 10 points à ta maison »
« Il finira à Serpendard, c’est sur ! » S’écria James en le pointant du doigt.
« 20 points seront retirés à ta maison James ! Viens avec moi » dit Victoire en lui attrapant la manche. Elle le tira jusqu’à l’avant du train dans le compartiment des préfets. James était furieux, il n’était même pas encore arrivé à Poudlard qu’il faisait perdre des points à sa maison !
« Assieds toi, tu ne bouges pas d’ici jusqu’à la fin du trajet » « C’est ton premier jour ! Quand ta mère va savoir ça… »
James lui adressa un regard paniqué et les yeux bleus de Victoire s’adoucirent. « Je ne lui dirais rien si tu restes tranquille. »
James soupira et posa sa tête contre la fenêtre. Il ne pouvait pas croire que ce Siegfried Sharp puisse lui gâcher sa première journée. Cette Edmée était encore pire que lui. Il espérait ne plus jamais les revoir. Il enfouit sa tête dans ses genoux et s’endormit. Victoire le tira de son sommeil quelques heures plus tard lorsqu’ils furent enfin arrivés à Poudlard.