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News

Nuit HPF du 23 août 2024


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 147e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 23 août à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits. vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
A très bientôt !



De Équipe des Nuits le 19/08/2024 00:41


Programme de juillet des Aspics


Bonsoir à toustes !

Un peu de lecture pour vous accompagner en cette période estivale... Vous avez jusqu'au 31 juillet pour, d'une part, voter pour le thème de la prochaine sélection ici et, d'autre part, lire les textes de la sélection "Romance" du deuxième trimestre 2024, et voter ici !

Les sélections sont l'occasion de moments d'échange, n'hésitez pas à nous dire ce que vous en avez pensé sur le forum ou directement en reviews auprès des auteurices !


De L'Equipe des Podiums le 11/07/2024 22:30


Assemblée Générale 2024


Bonjour à toustes,

L'assemblée générale annuelle de l'association Héros de Papier Froissé est présentement ouverte sur le forum et ce jusqu'à vendredi prochain, le 21 juin 2024, à 19h.

Venez lire, échanger et voter (pour les adhérents) pour l'avenir de l'association.

Bonne AG !
De Conseil d'Administration le 14/06/2024 19:04


Sélection Romance !


Bonsoir à toustes,

Comme vous l'avez peut-être déjà constaté, sur notre page d'accueil s'affichent désormais des textes nous présentant des tranches de vie tout aussi romantiques ou romancées les uns que les autres ! Et oui, c'est la sélection Romance qui occupera le début de l'été, jusqu'au 31 juillet.

Nous vous encourageons vivement à (re)découvrir, lire et commenter cette sélection ! Avec une petite surprise pour les plus assidu.e.s d'entre vous...

Bien sûr, vous pouvez voter, ça se passe ici !


De Jury des Aspics le 12/06/2024 22:31


145e Nuit d'écriture


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 145e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 14 juin à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits. vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
À très bientôt !


 


De L'équipe des nuits le 12/06/2024 12:33


Maintenance des serveurs


Attention, deux interventions techniques prévues par notre hébergeur peuvent impacter votre utilisation de nos sites les 28 mai et 4 juin, de 20h à minuit ! Pas d'inquiétudes à avoir si vous remarquez des coupures ponctuelles sur ces plages horaires, promis ce ne sont pas de vilains gremlins qui grignotent nos câbles ;)

De Conseil d'Administration le 26/05/2024 18:10


La voix du mal par yunus

[12 Reviews]
Imprimante
Table des matières

- Taille du texte +
Note d'auteur :

Histoire écrite dans le cadre du concours de Clo32 dont le but était d'écrire une fanfiction autour d'une citation de livre devant apparaître au début et à la fin de l'histoire. La citation choisie est "Le dernier espoir c'est la fuite" (B.Werber, Le papillon des étoiles).

Les 5 mots à inclure dans le texte sont : histoire, café, rouge, autrui et existence

Un grand merci à Jeanneuuh pour avoir corrigé mon texte et avoir remarqué toutes les petites erreurs que j'avais pu commettre ;) 

Le dernier espoir c’est la fuite

Mrs Cole frappa doucement à la porte de la chambre et attendit. Comme elle s’en doutait, personne ne répondit. Elle savait pourtant que la jeune fille n’avait pas quitté sa chambre de la journée. Alors, sans y avoir été invitée, elle tourna la poignée de la porte et s’engouffra dans la chambre sombre. La petite pièce était seulement composée d’un lit en fer, d’une armoire, d’un bureau et d’une chaise en bois. Au mur, aucune photo, ni aucune marque ne laissait penser que quelqu’un dormait là. Seule une fenêtre à barreau de taille moyenne faisait face à la porte, si haute qu’elle ne laissait voir qu’une portion du ciel bleu en ce jour d’été.

Sur le lit était allongée une jeune fille aux longs cheveux blonds et à la corpulence élancée. Depuis quelques jours, elle perdait beaucoup de poids et les traits de son visage s’en ressentaient. Ils étaient tirés, présentant une dangereuse maigreur.

Mrs Cole s’approcha du lit sans bruit, après avoir posé délicatement le plateau de repas qu’elle apportait sur le bureau. La jeune fille avait les yeux clos et sa respiration laissait penser qu’elle dormait. Mrs Cole soupira. Cet enfant avait subi de terribles épreuves durant les derniers jours, et tout le monde pensait qu’elle ne retrouverait jamais le sommeil. Mais ce diagnostic n’avait pas pris en compte l’état de fatigue avancé de la jeune fille.

S’assurant que rien ne manquait dans la chambre, elle tourna les talons et s’apprêta à sortir. Soudain, un cri déchirant retentit. La jeune fille venait de faire un bon sur son lit et semblait vouloir fuir des monstres imaginaires. Mrs Cole se précipita vers elle et tenta de lui attraper les poignets afin qu’elle se calme et ne se fasse pas mal. Mais elle semblait prise d’une sorte de folie inconsciente. Sûrement un cauchemar dont elle ne parvenait pas à se débarrasser. Mrs Cole prit alors une profonde inspiration et, se maudissant pour le geste qu’elle allait commettre, donna une gifle à la jeune fille. L’effet fut immédiat : elle ouvrit les yeux subitement, des gouttes de sueur perlant sur son front. Lorsqu’elle croisa les yeux de la directrice de l’orphelinat, son cri s’intensifia et elle tenta de s’éloigner le plus possible de cette femme qu’elle semblait ne pas reconnaître. Elle s’écarta d’un bond et partit s’enfermer dans l’armoire. Lentement, Mrs Cole se leva et vint frapper quelques coups sur le portant.

« Laissez-moi tranquille !

-          Amy s’il te plaît sors de là, tu ne peux pas rester enfermée dans cette armoire !

-          Et pourquoi ?

-          Il faut que tu manges ! Je t’ai apporté ton plateau repas.

-          Je n’ai pas faim !

-          Tu es trop maigre Amy tu risque de tomber malade.

-          Je m’en fiche.

-          S’il te plaît Amy fait moi plaisir et vient manger un petit morceau.

-          Non ! Allez-vous-en ! Laissez-moi tranquille !

-          D’accord comme tu voudras. Je vais te laisser le plateau sur le bureau jusqu’à demain matin. Tu mangeras quand tu en auras envie. »

La directrice ne reçut aucune réponse et soupira de plus belle. Elle ne savait plus comment réagir avec cette petite et ne voyait pas comment la faire manger. Pourtant elle en avait besoin !

Elle sortit de la chambre, tout en croisant les doigts pour qu’Amy en profite pour se précipiter sur la nourriture, à l’abri des regards. Dans le couloir, elle croisa Mrs Noise. Cette femme d’un certain âge s’occupait de l’ensemble des élèves de l’établissement, veillant à ce que leurs chambre soit propres et leurs repas complets. Elle était également disponible pour répondre à tous les problèmes pouvant survenir avec les enfants et occupait le poste d’infirmière. Elle s’enquit auprès de la directrice de l’état de la petite Amy Benson dont la santé l’inquiétait beaucoup.

« Pas de changement, lui apprit à contrecœur Mrs Cole. Elle fait des cauchemars qui la bouleversent et as peur de toutes les personnes qui l’approchent. Elle est de plus en plus maigre et n’a plus aucune joie de vivre. Je ne sais pas comment faire...Et vous, avez-vous réussit à obtenir plus de renseignements auprès du petit Dennis Bishop ?

-          Non, mais au contraire d’Amy il ne réagit plus à rien. Il ne parle plus et reste allongé toute la journée à observer le plafond de sa chambre. Il ne mange plus non plus mais son corps semble résister plus facilement que celui de la petite.

-          Comment une telle chose a-t-elle pu arriver ? Comment avons-nous pu laisser passer ça sans nous rendre compte de ce qui se tramait ! Si nous ne sommes plus capables de surveiller et de protéger les enfants dont nous avons la charge, que va devenir l’orphelinat ?

-          Je ne sais pas Lorein, honnêtement je ne sais pas. Nous ne savons toujours pas ce qu’il s’est passé ?

-          Je continue à penser que le petit Jedusor y est pour quelque chose. Ils sont entrés à trois dans cette grotte, mais Tom semble le seul en bonne santé.

-          Qu’est-ce qu’un enfant aurait pu faire pour traumatiser autant deux de ses camarades ?

-          Je ne sais pas. Mais de toute façon c’est un enfant étrange. Regardez ce qui est arrivé au lapin de Billy Stubbs…pendu à une poutre le pauvre !

-          Et vous pensez que Tom aurait pu...

-          Ce n’est qu’une supposition ! Mais c’est vraiment un enfant étrange et ça ne m’étonnerais pas qu’il soit derrière toute cette histoire. Je n’ai aucune preuve contre lui donc je ne peux rien faire. Nous devons continuer à le surveiller, et par la même occasion veiller à ce qu’il ne fasse plus de mal aux autres. Et surtout, qu’il ne s’approche pas d’Amy et de Dennis !

-          J’y veillerais Lorein, je te le promets.

-          Merci. »

****

Amy resta dans l’armoire durant un temps qui lui parut infini. Elle ne voulait pas prendre le risque de croiser quelqu’un, que ce soit Mrs Cole, Mrs Noise ou même un autre élève qui aurait voulu s’introduire dans sa chambre pour prendre de ses nouvelles. Ou pour autre chose... La possibilité de croiser Tom la terrifiait au-delà de tout ce qu’elle avait pu vivre jusqu’à présent. Depuis plusieurs jours elle restait cloitrée dans sa chambre afin de tenter d’oublier ce qui s’était passé. Mais son esprit restait bloqué dans la grotte. Elle n’avait aucune idée de comment c’était arrivé. Tom les y avaient emmenés d’une façon qui leur avait échappée. Ils s’y étaient retrouvés sans se souvenir du chemin emprunté, comme si Tom les y avaient transportés de force tout en les droguant. Ils avaient voulu partir mais Tom les en avaient empêché, les traitant de trouillards et leur assurant qu’ils le paieraient s’ils ne l’écoutaient pas. Alors, apeurés, ils l’avaient suivi, s’enfonçant de plus en plus dans un noir profond.

Amy n’avait jamais apprécié Tom, elle le trouvait bizarre, méchant et insensible à la tristesse d’autrui. Pourtant, même si elle ne le considérait pas comme quelqu’un de fréquentable, jamais elle n’aurait pensé qu’il puisse faire du mal volontairement à ses camarades. C’était pourtant ce qui s’était produit dans cette grotte de malheur. Après une longue marche ils s’étaient finalement arrêtés au bord d’un lac souterrain d’une noirceur sans pareille. Toujours autant terrifiés, Amy et Dennis avaient attendus que quelque chose se produise. Ils s’étaient tellement enfoncés dans les profondeurs de la cavité que même s’ils décidaient de s’enfuir en courant, Tom aurait eu largement le temps de les rattraper avant qu’ils atteignent la sortie. Il courait beaucoup plus vite qu’eux, ils l’avaient déjà vu à l’œuvre lors d’une course organisée par l’orphelinat.

Résignés, ils avaient regardés Tom observer le lac. Une envie incompréhensible se peignait sur son visage. Amy avait alors pris conscience qu’il allait leur faire du mal, peut être les noyer dans ce lac afin de mettre fin à leur existence d’orphelins perdus. Elle s’était tournée vers Dennis et avait remarqué son regard vide, comme s’il refusait l’éventualité de leur situation.

Tom s’était alors tourné vers eux, une lueur machiavélique dans le regard, puis avait levé les mains à hauteur de son visage. A partir de ce moment, seules quelques brides de souvenirs étaient restées ancrées dans la mémoire des adolescents. Tout le reste semblait caché derrière un mur infranchissable, comme si leur esprit avait voulu qu’ils oublient ces terribles moments.

Amy avait perçu un certain nombre de moments uniques durant ces instants de flou, comme de nombreuses photos sans mouvement qu’elle devait déchiffrer afin de comprendre tout ce qui s’était passé, même si les sentiments qu’ils avaient éprouvés durant ces instants restaient intacts.

Dennis allongé sur le sol, les bras en croix et le regard vide.

Tom à quelques centimètres de son visage à elle, un doigt sur sa bouche et le regard brillant.

Un mal de crâne terrible la faisant tomber au sol.

Du sang coulant le long du crâne de Dennis.

Tom, penché au-dessus d’elle, les yeux rouges.

Des murmures dans son esprit.

Un serpent ondulant sur le sol en direction de Dennis.

Un cri silencieux.

Du froid.

Du noir.

Puis plus rien.

                Après ces instants de terreur insoutenable, Amy s’était réveillée dans son lit, enroulée dans d’épaisses couvertures et un bandage autour de la tête. Depuis ce jour, d’horribles bruits résonnaient dans son esprit, des murmures, des cris de personnes qu’elle ne connaissait pas. Des portes grinçaient constamment et elle ressentait une peur que rien ne parvenait à faire taire.

A chaque fois qu’une personne s’approchait d’elle et qu’elle ressentait de nouveau cette peur envahir chaque parcelle de son corps et de son cœur, elle s’enfermait dans l’armoire, comme elle venait de le faire pour échapper à Mrs Cole. Tout ce qu’elle voulait c’était disparaître, que le monde l’oubli et qu’elle puisse vivre comme avant.

Mrs Cole devait maintenant être assez loin pour qu’elle puisse sortir de l’armoire. Elle s’apprêtait à actionner la poignée lorsque la porte de la chambre s’ouvrit. Amy s’arrêta dans son élan, tentant de faire le moins de bruit possible. Une voix s’éleva alors dans la chambre. Cette voix qu’elle avait redouté d’entendre depuis quelques jours et qui lui glaçait le sang. Cette voix sonnante et froide, dure et douce à la fois. La voix de Tom.

« Amy je sais que tu te caches ici, ouvre-moi je ne te ferrais rien je te le promets. »

Tout dans le son de sa voix contredisait ses paroles bienveillantes. Elle savait qu’il n’hésiterait pas à lui faire mal à nouveau, physiquement et moralement. Alors, les muscles tétanisés, elle ne bougea pas d’un pouce en croisant les doigts pour qu’il finisse par partir.

« Je sais ce que tu ressens Amy, je sais ce qui se passe dans ta tête. Je peux t’aider à faire sortir toutes ces voix qui te murmurent des choses que tu ne comprends pas. »

Amy ne bougea toujours pas, mais elle ne put ignorer les paroles que Tom venait de prononcer. S’il pouvait lui enlever ces bruits qu’elle entendait, peut être devrait-elle l’écouter pour une fois…

« Aller Amy, ouvre moi, j’enlève ces bruits de ton esprit et plus jamais tu n’entendras parler de moi je te le promets !

-          Je ne peux pas te faire confiance ! Qu’est-ce que tu nous as fait dans la grotte ?

-          Je ne vous ais rien fais je t’assure ! On vous a retrouvés inconscients avec une forte fièvre. Vous avez dû manger quelque chose qui vous a rendu malade.

-          J’ai vu Dennis au sol, avec du sang sur le visage !

-          Il est tombé, et toi aussi, vous vous êtes blessés.

-          Non tu mens ! Tu nous as fait du mal ! Et puis…il y avait un serpent…

-          Non Amy je te jure qu’il n’y avait aucun animal de cette sorte. Vous avez juste eu une hallucination due à votre fièvre.

-          Et ces voix que j’entends ? Tous ces bruits ?

-          Je ne sais pas ce que c’est. Mais j’ai certains pouvoirs et je peux te les enlever.

-          Des pouvoirs ?

-          Oui, des pouvoirs que tu ne peux pas comprendre alors je ne t’en parlerais pas. Sors d’ici et je te montre ce que je peux faire. »

Amy hésita durant de longues secondes, puis se dit qu’elle ne perdait rien à essayer. Elle ne lui faisait toujours pas confiance mais au point où elle en était, elle ne voyait pas comment sa situation pourrait être pire. Alors lentement, elle sortit de l’armoire. Tom se tenait là, debout à côté du lit. Il portait un t-shirt noir et un pantalon gris. Malgré ces habits sommaires, Amy ne put s’empêcher d’être une nouvelle fois perturbée par sa beauté. Elle avait toujours aimé son visage fin et son sourire charmeur. Ce qui s’était passé dans la grotte n’avait pas entaché sa beauté, même si son cœur ne possédait pas cette même qualité.

« Allonge-toi sur le lit. Pour que je te guérisse ce sera plus facile si tu es reposée. »

Méfiante, Amy s’exécuta pourtant, elle ne voyait pas comment faire autrement. Elle se dirigea vers son lit et s’y allongea. Tom lui fit signe de fermer les yeux et elle obéit, de nouveau à conte-cœur. Il posa ses deux mains sur son visage et parla dans une langue sifflante qu’elle ne comprit pas. Elle sentit alors un poids onduler sur son ventre et ouvrit soudainement les yeux. Ce qu’elle vit la paralysa. Un serpent vert foncé d’une longueur d’un mètre environ remontait du pied de son lit, se faufilait entre ses jambes et commençait à remonter vers son visage. La bouche grande ouverte, des gouttes de sueurs perlant sur son front, Amy ne parvenait qu’à observer le serpent sans pouvoir esquisser le moindre geste. C’est alors qu’elle l’aperçu. Ce regard. Tom se tenait debout à côté d’elle et se délectait du spectacle dont il était responsable. Amy ne douta plus de sa volonté de la supprimer pour qu’elle ne raconte pas ce qu’il s’était passé. Alors, prit d’un soudain excès de conscience sur sa position des plus désavantageuses,  elle prit son courage à deux mains, poussa un puissant cri et donna un coup de pied dans le serpent dont la tête arrivait désormais au niveau de son épaule.

Le serpent traversa la pièce et alla percuter le mur d’en face. En retombant il fit basculer le bureau, sur lequel se trouvait toujours le plateau repas, provoquant un bruit se répercutant sûrement dans le couloir. Toute l’action s’était produite sous les yeux médusés de Tom qui s’attendait certainement à ce qu’elle reste paralysée de peur jusqu’à ce que l’attaque du serpent se termine. Il se tourna vers elle, une nouvelle lueur brillant dans ses yeux. Une lueur de rage et de vengeance. Mais avant qu’il ait pu esquisser un geste dans sa direction, des bruits de pas se firent entendre dans le couloir.

****

Mrs Cole et Mrs Noise buvaient tranquillement leur café dans la salle de repos lorsqu’un fracas, précédé d’un cri, provenant de la chambre d’Amy leur était parvenu. Elles s’étaient précipitées, redoutant une nouvelle crise de la part de la petite. En entrant dans la chambre, elles eurent juste le temps d’apercevoir Tom murmurer des paroles inaudibles à l’oreille d’Amy, celle-ci se débattant nerveusement sur son lit.

« Ecarte-toi d’elle Tom ! hurla Mrs Cole

-          Mais Madame, je voulais seulement la calmer ! répondit Tom d’une voix étrangement calme et posée qui ne lui ressemblait pas. J’étais venu voir comment elle allait, prendre de ses nouvelles, et je l’ai trouvée en train de faire un terrible cauchemar ! Elle était tellement terrorisée qu’elle s’est levée d’un bond et s’est cognée contre son bureau. Du coup je l’ai remise dans son lit et j’essayais de lui dire des paroles réconfortantes. »

Mrs Cole regarda Amy, ne parvenant pas à savoir si Tom lui mentait ou non. Le visage livide de la jeune fille et les tremblements de son corps pouvaient signifier plusieurs choses.

« Amy, lui demanda calmement Mrs Noise, est-ce que Tom dit la vérité ? »

Le regard toujours apeuré, elle tourna les yeux vers Tom, tentant de sonder son esprit, puis finit par acquiescer. Mrs Cole sentait qu’Amy ne disait pas la vérité, mais elle ne pouvait punir Tom si elle n’avait aucune preuve de ses actes. Elle lui ordonna alors de retourner dans sa chambre, ce qu’il fit sans ajouter un mot.

****

Parvenu dans le couloir, Tom se mit à sourire. Ce sourire machiavélique qu’il aimait de plus en plus arborer. Il avait réussi à terroriser Amy sans que celle-ci n’ait envie de le trahir. Mrs Cole et Mrs Noise n’avaient rien contre lui et il le savait. Rien dans cette chambre ne pouvait l’inculper pour les actes commis envers la jeune fille. Le serpent avait disparu.

****

Tu ne diras à personne ce qui s’est passé dans la grotte, ni ici, sinon je te le ferrais payer, je te le promets. Je te ferrais tellement de mal que tu ne pourras plus jamais parler ni marcher. Alors réfléchit bien. Et tais-toi. Sinon je te retrouverais, où que tu sois.

Après le départ de Tom, Mrs Noise et Mrs Cole, Amy resta longtemps allongée sans bouger, les derniers mots de Tom résonnant encore dans son esprit. Maintenant elle le savait, il ne reculerait devant rien pour la faire souffrir, et jamais il n’avait voulu l’aider. Comment avait-elle été aussi bête pour croire qu’il l’aiderait à enlever ces voix ? Une larme coula le long de sa joue et vint s’échouer sur l’oreiller. Non c’était trop facile, il voulait qu’elle dépérisse, seule dans sa chambre sans pouvoir parler à personne. Mais elle ne se laisserait pas faire, elle savait qu’elle avait la force. La force de fuir. C’était la seule solution après tout ! Il était persuadé qu’il la retrouverait où qu’elle aille, mais si elle fuit l’orphelinat et qu’elle part se cacher loin, comment pourrait-il la rattraper ?

Décidée, elle se leva précipitamment, prit son sac à dos dans l’armoire et le remplit de tout ce qui comptait pour elle, c’est-à-dire pas grand-chose : la pierre rose offerte par ses parents au moment de sa naissance, seul et unique cadeau de leur part avant qu’ils ne l’abandonnent, l’article de journal décrivant leur mort, tués dans un accident de voiture quelques années plus tard, un t-shirt et un pantalon de rechange. Ne sachant pas combien de temps elle marcherait avant de retrouver un foyer, elle préférait prévoir un long voyage. Elle ne possédait pas d’argent ni de nourriture dans sa chambre, et devrait donc voler pour voyager et se nourrir. Mais peu importe, rien ne pouvait être pire que de rester à l’orphelinat et de subir les menaces de Tom.

Elle avala le repas déposé par Mrs Cole un peu plus tôt dans la journée et dont le contenu avait été projeté au sol lors de l’attaque du serpent. Elle engloutit le tout en quelques secondes tellement la faim la tenaillait, puis ouvrit la porte de sa chambre. Après s’être assuré que le couloir était vide, elle se dirigea vers la sortie. Alors qu’elle actionnait la poignée, une pensée lui revint en mémoire. Elle n’avait pas vécue seule toutes ces atrocités, une autre personne méritait une seconde chance loin de cet orphelinat, et surtout loin de Tom. Dennis.

Rebroussant chemin, elle se dirigea vers la chambre de Dennis Bishop, située un peu plus loin dans le couloir. Elle entra sans frapper et le trouva allongé, son regard vide toujours tourné vers le plafond blanc. Sa chambre ressemblait à toutes les autres présentes dans l’orphelinat : un lit, une armoire, un bureau, une chaise, et une simple fenêtre à barreaux. Il ne sembla pas remarquer que quelqu’un venait de pénétrer dans la chambre. Amy s’approcha du lit et remarqua chez son camarade la même maigreur que celle dont elle était victime. Tous deux étaient en mauvaise santé. Elle ne savait pas si Tom s’en était de nouveau prit à Dennis comme il l’avait fait avec elle, mais elle en doutait. D’après ce qu’elle avait compris, Dennis n’avait pas dit un seul mot depuis que c’était arrivé. Tom devait penser qu’il ne risquait pas de parler de son rôle dans cette histoire et qu’il était inutile de tenter de le faire taire.

« Dennis c’est moi, Amy. Tu m’entends ? »

Dennis ne réagit pas, mais la jeune fille sentit tout de même une réaction traverser son corps immobile. Il l’écoutait.

« Je sais que comme moi tu n’as pas envie de parler de ce qu’il s’est passé. Je ne sais pas ce que Tom nous as fait, mais une chose est sûre c’est que ce ne sera sans doute rien par rapport à ce qu’il nous ferra si on parle. Il est venu dans ma chambre tout à l’heure, il voulait de nouveau être sûr que je ne parlerais pas et a essayé de m’agresser, tout en me menaçant. Je n’ai pas l’intention de parler à Mrs Cole et Mrs Noise car je sais qu’il l’apprendra de toute façon. Mais je ne peux plus rester ici, j’ai trop peur qu’un jour il finisse vraiment par nous faire du mal. Alors je m’en vais. Je quitte l’orphelinat. Je ne sais pas où j’irais mais rien ne peut être pire qu’ici. Viens avec moi je t’en prie ! J’ai peur de partir toute seule et d’être livrée à moi-même. Je sais que plus rien ne te retient ici et que tu as peur de lui aussi. Il ne pourra plus rien nous faire une fois qu’on sera loin. Dennis…s’il te plait! »

                Dennis n’avait pas bronché durant toute la tirade de son amie, comme s’il n’avait pas entendu. Pourtant, au bout de quelques minutes de silence, il tourna la tête vers elle, son premier geste depuis l’agression. Des larmes coulaient sur son visage. Visiblement il avait été touché que quelqu’un puisse comprendre ce qu’il ressentait. Alors il se leva…et retomba immédiatement sur le lit. Toutes ces journées d’immobilité lui jouaient des tours et il lui était impossible de se tenir debout. Amy s’approcha du bureau et lui ramena le plateau repas que Mrs Noise lui avait déposé. Elle le força à manger et Dennis finit par retrouver peu à peu les couleurs de son visage. Il lui fallut encore quelques minutes supplémentaires pour se mettre debout. Il fit quelques pas en se tenant à tout ce qu’il pouvait se raccrocher, et lorsque ses muscles engourdis permirent de le porter, il ouvrit la porte de son armoire, remplit son sac à dos de quelques affaires, puis se tourna vers Amy pour lui faire comprendre qu’il était prêt. Il n’avait pas prononcé un mot.

                Les deux adolescents sortirent sans encombre de l’orphelinat, ne comprenant pas pourquoi les entrées et sorties des élèves étaient si peu surveillées, surtout depuis ce qu’il s’était passé avec Tom, et la promesse de Mrs Cole et Mrs Noise de les surveiller principalement tous les deux.

Alors qu’ils s’enfonçaient dans une ville qu’ils ne connaissaient pas, n’ayant vécu toute leur vie que dans l’orphelinat Wool, loin des tracas du monde quotidien, Amy Benson et Dennis Bishop se sentaient mieux que depuis des années. Ils étaient libres. Libres de leurs mouvements, libres de leurs décisions, libres de toutes les contraintes imposées par Mrs Cole et Mrs Noise. Et surtout, ils étaient libres de leurs pensées et de leurs choix. Ils avaient choisis de fuir pour ne plus subir la tyrannie de leur camarade. Ils avaient choisis de fuir la seule vie qu’ils connaissaient pour d’enfoncer dans une vie dont ils ignoraient tout. Mais ils s’en fichaient. Ils étaient heureux. Et surtout, ils étaient ensemble. Quel que soit l’endroit où leurs pas les mèneraient, ils savaient que tout irait bien. Et c’est tout ce qui comptait à leurs yeux.

Ils étaient heureux.

****

Bien des années plus tard, dans une petite bourgade au Nord de Londres, une ombre se faufilait entre les murs des maisons. Il faisait nuit. C’était un jour de décembre comme les autres. Les familles se préparaient à fêter Noël, bien que beaucoup d’entre eux n’aient pas la tête à faire la fête. L’ombre passa devant toutes ces fenêtres éclairées, laissant apparaître le spectacle écœurant de familles heureuses. Il aurait tout donné pour entrer chez eux et mettre fin à leurs sourires de façade, pour leur donner la peur dont ils étaient tous victimes, la peur de le voir apparaître chez eux pour détruire leurs vies. Mais ce soir-là, il n’était pas là pour eux. Il cherchait une famille spéciale. La seule qu’il s’était promis de détruire pour le moment. Ceux qui l’avait trahit bien des années auparavant et dont la vengeance trainait dans un coin de sa tête depuis tout ce temps. Ils n’avaient jamais parlés. Mais ils s’étaient enfuit. Enfant, il n’avait rien pu faire. Mais depuis, il avait appris beaucoup de choses. La puissance de son pouvoir lui avait permis de les localiser, et en ce jour, il venait leur donner ce qu’il leur avait promis.

Tu ne diras à personne ce qui s’est passé dans la grotte, ni ici, sinon je te le ferrais payer, je te le promets. Je te ferrais tellement de mal que tu ne pourras plus jamais parler ni marcher. Alors réfléchit bien. Et tais-toi. Sinon je te retrouverais, où que tu sois.

                Ils n’avaient jamais parlés mais c’était insuffisant.

Il trouva finalement ce qu’il était venu chercher. Il observa l’homme et la femme assis sur le canapé devant un feu de cheminée, les deux enfants jouant sur le tapis avec des jouets moldus. Ils avaient retrouvés une vie normale. Malgré toutes les recherches effectuées à l’orphelinat pour retrouver les deux enfants, personne n’avait jamais réussi à les retrouver, et tout le monde l’avait accusé, lui, de les avoir fait disparaître. Ils ne l’avaient pas puni par manque de preuve, mais lui n’avait pas oublié leur trahison.

                Il pénétra dans le jardin de mauvais goût, et entra de force dans une maison moldue décorée de façon toute aussi écœurante. Les enfants poussèrent des hurlements tandis que les parents, terrifiés, tentaient de les protéger du mieux qu’ils le pouvaient. Mais personne ne lui résistait jamais. Il tua les enfants en premier pour voir la souffrance dans les yeux de leurs parents. Puis, levant sa baguette vers le couple agenouillé auprès de leur progéniture, il récita la formule ultime, dont le pouvoir ne pouvait être contré. Et certainement pas par des moldus. Les deux orphelins tombèrent au sol, leurs regards fixés sur leur ancien camarade qu’ils ne reconnaissaient certainement pas. Ils ne comprenaient pas. Pourtant, eux non plus n’avaient rien oublié.

Le seigneur des ténèbres regarda durant quelques instants le fruit de son travail, puis un profond rictus vint tailler son visage de serpent. Alors qu’il repartait tranquillement en direction de son avenir, il se dit que plus rien ne pourrait l’empêcher d’assouvir ses désirs de pouvoir sur le monde à présent. Car il venait de mettre fin à la dernière barrière de son passé qui l’empêchait d’avancer. A présent, plus personne ne lui résisterait.

 

Le dernier espoir c’est la fuite

Note de fin de chapitre :

Merci d'avoir lu et n'hésitez pas à laisser un commentaire ça fait toujours plaisir :)

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