Lord Voldemort, l’homme le plus terrifiant depuis Grindelwald, était invincible. Depuis son retour, il ne craignait plus le vieux débris de Dumbledore et encore moins cet avorton de Potter. Il fallait qu’il se débarrasse de ces gêneurs, mais ce n’était qu’une formalité. Un petit grain de sable sur la route de la grandeur.
Le Mage Noir ricana à cette idée. Comment le monde sorcier pouvait-il mettre tous ces espoirs dans un gamin binoclard ? Un petit Accio lunettes et le môme était à sa merci, il ne pouvait faire le poids face à son immense talent. Oh que l’idée était amusante, imaginer bébé Potter avancer les mains tendues tel un aveugle. Il ne put réprimer un grand éclat de rire démoniaque à cette image mentale hautement réjouissante.
BANG BANG BANG !
Un bruit dans la pièce voisine interrompit ses réflexions. Il se dirigea dans le salon attenant pour punir l’individu qui osait ainsi le déranger dans ses projets, pour se débarrasser de l’empêcheur de devenir le maître du monde.
A sa grande surprise, il trouva la pièce vide. Lord Voldemort était contrarié de n’avoir personne à torturer pour passer sa colère d’avoir été dérangé. Lorsque le bruit se reproduisit, il réalisa qu’il venait de l’armoire. Le Mage Noir fit une moue en réalisant qu’il s’agissait d’un vulgaire Epouvantard. Il devait demander… Non ! Pas demander… plutôt ordonner. Oui ! Ordonner au propriétaire de cette bicoque de se débarrasser de l’indésirable. Non pas qu’il avait peur. Lui Lord Voldemort, Seigneur des Ténèbres de son état, ne pouvait craindre une créature insignifiante dont n’importe quel marmot pouvait se débarrasser. La basse besogne n’était décidément pas du ressort de son immense talent magique.
— Lucius ! appela-t-il.
Mais l’homme n’arriva pas.
Lord Voldemort, exaspéré de ne pas être obéi au quart de tour, se lança un Sonorus avant de réitérer son appel. Le patriarche Malefoy avait grand intérêt à se montrer rapidement s’il ne voulait pas tâter de sa baguette. Mais seul un elfe apparu. Un insignifiant esclave, au long nez en forme de saucisse, les yeux couleur chocolat, vêtu d’un vieux rideau défraichi jaune moutarde, orné de fraises et de bananes ridicules*, lui faisait maintenant face.
— Gloubi désolé, puissant Seigneur des Ténèbres, monsieur, mais maître Malefoy absent. Maître Malefoy dire à Gloubi et à Boulga obéir à puissant Seigneur des Ténèbres. Quoi Gloubi pouvoir faire pour puissant Seigneur des Ténèbres, monsieur ?
— Débarrasse-moi de cet Epouvantard ! exigea-t-il sans accorder un seul regard à l’elfe.
— La magie de Gloubi ne sait pas faire ça puissant Seigneur des Ténèbres monsieur. Boulga pas pouvoir non plus, Epouvantard pour elfe de maison être… invisible.
— Incapable ! Va me chercher un sorcier alors ! Dépêche-toi, vermine ! éructa Lord Voldemort.
— Gloubi encore désolé, puissant Seigneur des Ténèbres monsieur, mais toute famille être partie avec Maître Malefoy, eux revenir ce soir.
— Comment ! tonna Lord Voldemort. Pourquoi sont-ils absents ? Ont-ils au moins une bonne raison ?
— Aujourd’hui être lundi. Le lundi Maître Malefoy faire catch dans boue.
Lord Voldemort poussa un cri de rage et lança un Maléfice cuisant à l’elfe qui repartit rapidement, se répandant en excuses.
Le Seigneur des Ténèbres enrageait du départ en douce de son hôte. Il était grandement impoli de leur part d’avoir laissé leur Maître seul dans la demeure, en compagnie de deux elfes incompétents et d’un Epouvantard, sans même avoir eu l’élémentaire politesse de lui proposer de les accompagner. Quelle grossièreté !
La créature de l’ombre choisit ce moment pour se manifester à nouveau. Elle l’empêchait fortement d’élaborer une solution pour se débarrasser du gêneur en chef, il avait nommé Dumbledore. Il lança un regard hautement assassin vers l’armoire, le bruit cessa immédiatement. Il ferma les yeux et se délecta grandement en s’imaginant en train d’allonger la barbe de Dumbledore jusqu’à ce qu’il se prenne les pieds dedans, le vieux fou s’écraserait le nez au sol, assom…
BANG BANG BANG !
— ARGGGGGGG !
Voldemort connaissait la théorie, mais ne l’avait encore jamais appliquée. Il y avait toujours eu quelqu’un pour faire cette basse besogne à sa place. Mais après tout, lui n’avait peur de rien. Il prit sa baguette en main et s’approcha du placard. Il avait une pointe de curiosité sur la forme que prendrait la créature. Si c’était l’avorton, il l’imaginerait sans ses lunettes, les mains en avant tel en aveugle, et si c’était le citronné du ciboulot, il se prendrait les pieds dans une barbe d’une longueur improbable, c’était simple après tout, d’autant plus qu’il n’avait pas vraiment peur d’eux. Lui Lord Voldemort, puissant Mage Noir, n’avait peur de rien, ni de personne.
Mais rien n’avait pu le préparer à l’horreur qu’il découvrit en ouvrant la porte. Il eut si peur qu’il recula de quatre pas. Livide – encore plus livide qu’à l’ordinaire – si cela était possible.
En face de lui un gigantesque cœur d’un rouge rutilant sur lequel « Je t’aime Tom » s’étalait en lettres dorées, clignotantes. Le message changeait pour le dire dans plusieurs langues.
Terrifiant !
— Riddikulus ! lança-t-il d’une voix blanche.
Mais comme il n’avait pas imaginé comment ridiculiser cette… chose, l’Epouvantard eu une réaction surprenante. Le cœur explosa, et une pluie de confettis dorés s’abattit sur lui. Il s’épousseta avec horreur, ne supportant pas ces paillettes sur la magnificence de sa terrifiante robe noire. Sur le sol, les confettis s’organisait pour écrire un nouveau message : « Tu es l’élu de mon cœur. Sans toi je ne suis rien. »
—Riddikulus ! réitéra-t-il, la voix un poil moins assurée.
La pluie de confettis se transforma en un feu d’artifice, représentant des petits Cupidons dansant des slows et d’autres qui pointaient leurs arcs en direction de son cœur.
Lord Voldemort frémit d’horreur, victime d’une sueur froide glissant le long de sa colonne vertébrale.
— Riddikulus ! tenta-t-il une nouvelle fois, la voix maintenant tremblante.
Les Cupidons disparurent laissant place à un écran de fumée. Lord Voldemort, puissant mage noir de son état, restait sur ses gardes. Dès que la brume se dissipa, Potter apparut devant lui. Le Seigneur des Ténèbres sourit, sa respiration se calma instantanément, il était prêt à lancer son sort, imaginant déjà le binoclard perdu sans ses précieuses lunettes. C’est alors que le gamin s’approcha de lui avec des yeux de merlan frits.
— Je t’aime Tom, marrions nous.
Voldemort était blême, incapable de réagir, lorsque Dumbledore arriva à son tour.
— Voyons Harry ne soit pas égoïste, moi aussi j’aime Tom, pourquoi ne pas nous marier tous les trois ? Qu’en penses-tu Tom ?
— Moi je trouve l’idée excellente professeur, répondit l’avorton, d’un air convaincu et ravi, comme ça Tom se sentira encore plus aimé et plus entouré.
Lord Voldemort, puissant Mage Noir, Seigneur des ténèbres de son état, mit une main sur son cœur et s’effondra au sol. Une expression d’horreur à jamais figé sur son visage, terrassé par une crise cardiaque, face à son pire cauchemar.
Un éclat de rire retentit.
— Bonne idée le coup de l’Epouvantard, Harry !
— Merci professeur, mais tout le mérite vous reviens. C’est vous qui m’avez toujours dit que l’amour était ma plus grande force. Mais EURK qu’il a été dur de jouer cette comédie.
Les deux sorciers éclatèrent de rire.
— Il faudra remercier le jeune Malefoy d’avoir fait l’acquisition de cette armoire à disparaître, sourit Dumbledore.
— Et aussi de son manque de discrétion concernant leur activité du lundi, pouffa Harry.
— Vu le service que ça nous a rendu, je vais fermer les yeux sur son excursion familiale hebdomadaire et lui laisser ses armoires opérationnelles.
Professeur et élève rentèrent dans l’armoire laissant derrière eux Lord Voldemort, puissant Mage Noir, Seigneur des Ténèbres de son état, face contre terre et victime de sa plus grande peur : l’amour de son prochain.
Fic écrite dans le cadre de l'échange de noël
Warning : Lecteur sérieux ou bougon s’abstenir ! Cette fic n'est pas sérieuse pour deux sous.
Merci Teddy Lunard pour la béta express de dernière minute.
* La description de Gloubi reprend les ingrédients du célèbre Gloubi Boulga de Casimir : De la banane écrasée, de la confiture de fraise, du chocolat râpé de la moutarde très forte et une saucisse (de Francfort je crois) crue mais tiède.
Quant à Boulga qui n'a pu intervenir : il a un nez en forme de banane, des yeux jaunes moutarde, un vieux torchon couleur fraise sur lequel sont imprimés des saucisses et du chocolat. ^^
J'espère que ça vous a plu. En tout cas je me suis bien amusée en tentant pour la première fois une fic WTF.