" Avada Kedavra ! "
La voix était froide, sans aucune hésitation, comme si elle ne faisait rien de plus que parler. Malgré toutes les fois où il avait entendu l'incantation, Draco sursauta, ce qui provoqua quelques rires moqueurs derrière lui. Il n'y fit pas attention, et resta droit, à côté de sa mère. Un an plus tôt il aurait réagi au quart de tour, et aurait, à défaut de prendre sa baguette, répliqué une phrase à la Malefoy. Mais à présent, il connaissait bien pire et avait compris que si les Mangemorts ne faisaient que se moquer de lui, sans lui envoyer un sort, il devait s'estimer heureux.
Au bout de quelques heures, il fut autorisé à aller dans sa chambre. Draco ne se le fit pas dire deux fois : il quitta la pièce, essayant tant bien que mal de ne pas montrer son empressement.
Dès qu'il eut refermé la porte, il s'assit contre celle-ci, les yeux dans le vide. Ne rien faire était bien après tout. Se contenter d'ignorer la réalité, et de penser, voilà ce qui lui convenait.
Un éclair frappa. La forêt s'enflamma d'un coup, la marque des Ténèbres apparut au-dessus de celle-ci. Le sol, les arbres, le ciel, tout était rouge-orange. Le ciel semblait lui-même irradier de chaleur, alors qu'il s'agissait d'une nuit fraîche. Puis, tout s'arrêta d'un coup. La forêt n'existait déjà plus, réduite en cendres. Draco leva les yeux vers la seule silhouette aux alentours. Il vit des yeux rouges, accompagné du désormais familier " Avada Kedavra ! " . Affolé, il eut tout juste le temps de penser que l'incendie n'était pas terminé et d'essayer vainement de se protéger de son bras avant de...
Il se releva d'un coup dans son lit. Il s'était endormi sans même s'en rendre compte. Il respira bruyamment pendant un moment, essayant d'assimiler qu'il était toujours en vie, et que ce qu'il venait de vivre, ou plutôt de ne pas vivre était un cauchemar. Il se passa une main tremblante sur les yeux, et souffla profondément. Il sentait toujours son cœur battre avec acharnement contre sa poitrine.
Et ce fut ce même cœur qui s'arrêta l'espace d'un instant en entendant un grand bruit qui semblait.... arriver de nulle part. Dans un premier temps, il pensa à la respiration d'un monstre. On aurait dit une respiration lente et bruyante, destinée à l'effrayer. Il se leva d'un bond de son lit, et se mit contre une porte, prêt à foncer dans sa salle de bain si nécessaire.
Le bruit se rapprochait et devenait plus clair, et Draco vit apparaître quelque chose dans sa chambre. Pendant une seconde, il crut à un monstre envoyé par le Seigneur des Ténèbres. Puis il vit une couleur bleue, presque... bienveillante. Ce fut non sans ironie qu'il pensa à une marraine bonne fée qui viendrait le sauver du méchant sorcier qui menaçait le monde magique. Il avait toujours haï ces contes de fée célèbres de Beedle, racontés par sa mère le soir. Aussi, il n'était pas étonnant qu'il haïsse Saint Potter. Ce crétin avait toujours été l'incarnation vivante de tous ces contes.
Finalement, Draco put distinguer une.... sorte de boîte bleue. Avec les inscriptions " Police Public Call Box" écrites sur le dessus. Prudent, il observa d'un œil curieux la boîte. Elle n'avait pas grand chose d'extraordinaire en fait. Elle paraissait même aussi inutile que les technologies moldues que son père lui avait révélé.
Une porte s'ouvrit avec un petit grincement. La première chose que Draco vit sur l'homme qui en sortait fut le nœud papillon. Il n'avait rien contre ce genre de choses d'habitude, mais ici, on ne pouvait pas dire du nœud qu'il était élégant. Avec la veste marron clair et la chemise rose rayée, le nœud donnait d'avantage un aspect " clown" qu'aristocrate. S'il se sentit moins inquiet, il resta néanmoins sur ses gardes. L'individu semblait étrange, et regardait partout autour, en se marmonnant des choses à lui-même.... jusqu'à ce qu'il le remarque. Son visage s'éclaira alors d'un sourire, et il sortit de sa boîte avec un geste dynamique.
" Bonjour, bonjourno, bonsoir ! lui lança-t-il d'un ton ravi, je suis le Docteur, et je suis ici parce que... parce que... "
Il jeta un œil à sa boîte, comme s'il tentait de trouver une explication logique.
" Parce que je me suis trompé de route ! Et vous qui êtes-vous ? "
Face à un tel homme, l'arrogance de Draco resurgit un peu.
" Je suis Draco Malefoy " annonça-t-il d'une voix traînante.
L'urgence de la situation le frappa alors. Un homme, à l'aspect ridicule et digne des Weasley, venait de débarquer dans sa chambre, en clamant s'être trompé de route.
" Comment avez-vous fait pour venir ici ? demanda-t-il d'une voix pressante, c'est impossible. Et vous ne pouvez pas être là.
- Eh bien puisque je suis là, c'est que je le peux ! "
Draco sortit sa baguette.
" Wooh là ! " s'écria l'homme en sortant à son tour une sorte de... baguette?
Il n'était même pas sûr que c'en fut une.
" Qu'est-ce que vous faites ? lui demanda-t-il d'un ton agressif.
- Je ne fais rien du tout, rien du tout ", répéta-t-il en agitant sa baguette dans tous les sens.
Mais rien ne se produisit, si ce n'est un bruit énervant.
" Votre boîte ! L'Ordre a trouvé un moyen de transplaner par le biais d'un objet, c'est ça ? "
Ce ne pouvait être que ça. Si ce n'était pas l'Ordre, il devait s'agir d'un de leur allié en tout cas. La boîte, cependant, n'était pas encore mise au point vu le bruit qu'elle avait fait.
" L'Ordre ? Vous voulez dire l'Ordre de Xakirtanalus ? Hum, une planète charmante. J'ai rencontré ses Gins, et ils sont vraiment adorables... Ils me couraient après la dernière fois que je les ai vus ceci dit, donc je ne suis pas sûr qu'ils m'apprécient toujours...
- Qu'est-ce que vous racontez ? "
L'homme parut se rendre compte de son ton méprisant, et il leva la tête en prenant un air ridicule.
" Regardez-moi ça : Je suis Draco Malefoy et je suis un sorcier et je menace le Docteur, wouhou ! Et bien pas la peine de prendre ce ton avec moi, jeune homme, c'est inutile.
- Docteur qui ? s'agaça-t-il.
- Juste le Docteur ! répondit-il en retrouvant son air joyeux du début. Oh mais j'y pense c'est bientôt Noël, non ?
- Non. "
L'air réjoui de l'homme se mua en un air un peu étonné, puis il haussa des épaules.
" Il faudra que je réajuste les paramètres du TARDIS, vraiment, mais tant pis ! C'est Noël quand on veut avec moi ! Viens donc, j'ai quelque chose à te montrer !
- Vous êtes un moldu ? demanda Draco d'un ton suspicieux, ou un cracmol ? Ou... un Sang-De-Bourbe?
- Je suis le Docteur, un Seigneur du Temps qui vient de la planète Gallifrey ! Content ? Tu viens maintenant ? Tu es si lent que tu me fais penser à Rory ! "
Draco se sentit en colère contre cet homme fou, visiblement.
" Cette boîte, se mit à expliquer le Docteur en voyant son expression, est le TARDIS. C'est une machine à voyager dans le temps et l'espace. Tu peux y voir ce que tu veux, et rentrer quand tu veux. Rares sont ceux à qui le privilège est accordé d'y entrer... Je t'offre cette possibilité aujourd'hui, alors veux-tu venir ? "
Il l'observa un moment. L'attitude du Docteur contrastait nettement avec l'ambiance froide et ténébreuse du Manoir. Son corps entier lui criait de partir de quelque façon que ce soit de cet endroit, mais la peur de se retrouver dans une situation pire le taraudait.
Pourtant, le sourire rassurant que lui offrit le " Seigneur du Temps " le décida. Tant pis ! Rien n'était pire que le Seigneur des Ténèbres. Il voulait juste s'enfuir, et ne plus jamais avoir à faire avec lui.
Alors il monta dans la boîte, qui se révéla être une grande pièce circulaire bizarre avec une machine au milieu composée de plein de boutons. Le Docteur le rejoignit en tournoyant et sautillant comme un enfant.
" Bien ! Je t'offre trois voyages ! Un dans le passé, un dans le présent, et un dans le futur ! Où veux-tu aller ? "
Draco restait fortement sceptique à propos de ces prétendus voyages dans le temps, mais choisit de se prendre au jeu. Il avait été prévenu du danger des voyages temporels. Mieux valait éviter de se croiser soi-même. Il réfléchit attentivement à l'endroit où il aimerait aller.
" Je veux revenir en 1975 à Poudlard, décida-t-il.
- Aussitôt dit, aussitôt fait! " lui répondit-il avec énergie.
Le Docteur se mit à appuyer sur toutes sortes de bouton, paraissant même le faire au hasard, à moins que ce ne fusse par habitude. Soudain, il se sentit perdre l'équilibre. La machine bougeait. Toujours sans aucune discrétion, certes, mais elle bougeait, elle se déplaçait ! Et Draco avait beau se concentrer, il ne sentait aucune onde magique. Non pas qu'il pouvait déterminer si quelqu'un était un sorcier simplement en le regardant, mais étant habitué à la magie depuis toujours, celle-ci était naturellement présente autour de lui, à chaque heure, chaque seconde, de chaque jour. Aussi, quand celle-ci n'était plus dans le coin, il pouvait le ressentir. C'était une étrange sensation. Il ne s'était jamais éloigné d'elle, et n'avait donc jamais senti ce manque. Or, ici, il le pouvait. Cela voulait-il dire qu'il voyageait avec un moldu ? Mais à peine eut-il entrevu cette affreuse possibilité qu'il sentit l'appareil s'immobiliser avec un bruit sourd, et que le Docteur lui fit signe de sortir.
Retenant un soupir en observant l'air excité de l'homme, incapable de se montrer neutre, il le suivit, et ils ouvrirent tous les deux la porte.
Ce que vit Draco le figea. C'était Poudlard, oui, mais alors qu'il était censé faire froid dehors, un soleil éclatant commençait à illuminer le Parc, et faisait régner une douce chaleur. C'était le matin, assurément. Mais ça ne pouvait pas l'être. Non, ça ne le pouvait pas, car à peine deux minutes plus tôt, il faisait nuit.
Il se rendit compte que sa bouche était ouverte, et s'empressa de la refermer. Il se tourna alors vers le Docteur d'un air accusateur :
" Comment vous avez fait ça ?
- Avec le TARDIS. C'est simple, je te l'ai dit, c'est une machine à voyager dans le temps !
- Non, ce genre de choses n'existe pas, surtout avec un moldu !
- Je ne suis pas un moldu.
- Vous n'êtes pas un sorcier ! Vous êtes forcément un moldu !
- Vous appelez les moldus les personnes humaines dépourvues de pouvoirs magiques. Je suis un Seigneur du Temps, lui répéta-t-il avec insistance, et quand bien-même ne trouvez-vous pas les moldus formidables ? Ils sont... fascinants... "
Draco ne put retenir un regard dégoûté.
" Êtes-vous un ami d'Arthur Weasley ?
- Non, pourquoi devrais-je l'être ? "
Il leva les yeux au ciel. Vraiment, cet homme l'irritait !
" Dans tous les cas, ce n'est pas possible d'entrer dans Poudlard, passé ou présent ! Cette école est protégée par un nombre de sorts que vous n'imaginez même pas et...
- Les faits sont devant toi, rétorqua le Docteur d'un ton exaspéré, tu vois bien que tu y es, à ton Poudlard !
- C'est une illusion, trancha-t-il, c'est impossible de...
- Puis-je savoir ce que deux étrangers font ici à cette heure matinale ? " l'interrompit une voix.
Draco se figea, et pâlit. Cette voix... Non, il devait halluciner. C'était forcément une illusion. Forcément un rêve. Il tourna lentement la tête, n'osant pas y croire. Et pourtant, il vit devant lui, se tenant droit, Dumbledore. Ses yeux s'écarquillèrent, et il sentit son cœur s'emballer, paniqué. Il fallait qu'il parte. Tout de suite. C'était stupide d'être venu de toute façon. Comme s'il sentait qu'il allait reculer, le Docteur passa son bras sur ses épaules, toujours souriant.
" Nous venons tout juste d'arriver. Je suis le Docteur et voici mon associé, nous sommes ici pour examiner votre infirmerie à cause de l'éventualité d'une épidémie. "
Il lui tendit quelque chose que Dumbledore saisit et sembla lire. Il releva la tête vers eux et d'un air pensif, dit:
" Naturellement. Je suis le Professeur Dumbledore, Directeur de cette école. Entrez donc, nous serions ravis de vous accueillir. "
Il lui rendit son papier, et Draco se demanda ce qu'il pouvait bien y avoir marqué dessus pour que Dumbledore les laisse entrer comme ça. Mais quoiqu'il ait pu lire, il devait pourtant bien savoir que deux étrangers débarquant comme ça à Poudlard, avec une boîte bleue juste derrière eux était plus que suspect. Ils n'étaient pas censés pouvoir pénétrer dans l'école comme ça !
" Il ne nous croit pas... murmura Draco au Docteur, alors qu'ils marchaient en direction du Château.
- Je sais ", lui répondit-il sur le même ton.
Il le regarda, stupéfait que même en savant cela, il acceptait l'invitation.
" Quelque chose ne va pas, Mr Malefoy ? " demanda la voix de Dumbledore juste devant eux d'un ton aimable.
Il sursauta. Comment savait-il son nom? Avait-il utilisé la légilimancie?
" Je vois que vous êtes bien renseigné, fit remarquer le Docteur d'un ton faussement poli.
- La ressemblance avec les membres de la famille Malefoy est bien trop frappante pour ne pas être remarquée. Bien que je ne sache pas qui vous êtes exactement. "
Réalisant qu'il attendait son prénom, Draco répondit avec aplomb :
" Je suis Henri.
- Intéressant. Je croyais pourtant qu'Henri Malefoy se trouvait en France?
- Eh bien visiblement, il est revenu ", répliqua-t-il sur un ton ironique.
Un léger sourire apparut sur le visage de Dumbledore, qui se retourna, l'air chaleureux.
" Laissez-moi vous inviter dans le Château de Poudlard ! ", s'exclama-t-il avant d'ouvrir les portes d'un claquement de doigt.
Le Docteur eut un air légèrement amusé.
" Moyen pratique.
- Il est normal d'avoir quelques avantages lorsqu'on est le Directeur de Poudlard ", lui répondit-il avec un clin d'œil.
Il les conduisit ensuite jusqu'à l'infirmerie.
" Il va falloir interroger les élèves. Cependant, je pense qu'il serait judicieux de laisser Mr Malefoy être sous la couverture d'un inspecteur académique pour pouvoir mieux les questionner. Ils feront preuve de plus d'honnêteté et se sentiront plus en confiance. Nous ne voudrions pas déclencher une vague de panique pour une simple vérification de routine, leur confia Dumbledore.
- Bien entendu ! sourit le Docteur, n'est-ce pas Henri ? Cela vous va ? "
Mais avant qu'il n'ait eu le temps de répondre, le Seigneur du Temps le poussa vers la sortie :
" Dans ce cas tant mieux, à la prochaine ! "
Draco, la mâchoire serrée, se mit à suivre Dumbledore. L'autre le laissait seul à Poudlard, cette année, précisément. Formidable !
" Etant donné que ceci n'est que provisoire, vous pourrez aller et venir dans chacune des maisons. Je vous propose de dormir la première nuit chez les Serpentards, la deuxième nuit chez les Gryffondors, la troisième à Serdaigle et...
- La quatrième à Poufsouffle, compléta-t-il. Oui, je sais, j'ai compris. "
Alors il allait rester aussi longtemps que ça ici ? Autant dire pour toujours. Soudainement, il ne souhaitait plus rester à cette époque, et désirait fuir, loin d'ici. Il ne connaissait rien de cette année, ni aucune personne, et seuls les lieux restaient familiers. Mais il n'était pas idiot, et savait que les apparences renfermaient toujours d'autres choses.
Ils arrivèrent à la Grande Salle, qui commençait à se remplir peu à peu d'élèves. Certains le regardèrent passer avec étonnement, pour ne pas dire tous, et il s'efforça de ne pas y faire attention. Il était un Malefoy, tout ce qu'il devait faire était monter sur l'estrade avec Dumbledore et attendre.
Au bout de dix minutes, tout le monde semblait être arrivé. Draco n'osa pas regarder la Table des Serpentards, où il en était sûr, croiserait le regard d'une certaine personne... Aussi, il se contenta de lorgner les gens avec un air légèrement méprisant, comme il avait pris l'habitude de le faire en tant que Malefoy. Ils voulaient l'observer sans aucune retenue ? Très bien ! Qu'ils ne s'étonnent pas de recevoir du mépris en retour. Qu'était-il, une bête sauvage ?
Il eut une légère pensée envers Potter qui devait supporter cela tous les jours, avant de se rappeler que lui ne recevait pas des regards curieux et intrigués, mais des regards admiratifs. Sa situation n'était en rien comparable avec la sienne. Tandis qu'il balayait avec ses yeux les différentes tables des maisons, il repéra alors une personne en train de faire le clown chez - ô surprise! - les Gryffondors. Il afficha un léger rictus, avant de se rendre compte que cette personne n'était autre qu'un Potter. Certes, il était loin, mais Draco n'était pas bigleux, comme tous les membres de cette famille semblait-il, puisque même ce garçon portait des lunettes! Si Potter père n'était pas la copie conforme de son fils, comme Severus s'amusait à le répéter, il lui ressemblait tout de même et possédait des caractéristiques communes.
Il détacha son attention des Gryffondors, se rendant compte que Dumbledore était en train de le présenter.
" Henri Malefoy restera donc pour quelques jours à Poudlard, et dans ces circonstances exceptionnelles, pourra essayer les dortoirs, comme tout bon inspecteur académique, n'est-ce pas Monsieur Malefoy ? "
Pris au dépourvu, il répondit:
" Heu.. oui, c'est pourquoi je suis ici.
- Il a été convenu que Mr Malefoy irait d'abord à Serpentard ", annonça le Directeur avec un signe de main en direction de sa table.
Draco alla donc rejoindre sa maison, méfiant. Il entendait vaguement des petits rires moqueurs provenant de la maison Gryffondor, et se sentit révolté par tant d'irrespect. Bien sûr, il ne devait pas s'attendre à plus de leur part. C'était pitoyable.
Il s'installa sans réellement faire attention, à côté de la personne responsable de ce voyage. Severus Rogue.
Il pâlit.
" Bonjour, marmonna-t-il.
- Bonjour. ", lui répondit Rogue sur le même ton.
Il paraissait ne pas se soucier de sa présence, et finissait de manger la saucisse qu'il avait prise.
" Hé, hé, comment ça se fait que tu sois inspecteur académique? T'as l'air d'avoir le même âge que nous ! lui demanda soudain le garçon en face de lui.
- Hum...
- Il vient probablement de sortir de l'école et est en stage, tout simplement. Comme ils n'ont rien de spécial à lui faire faire, le Ministère a décidé de l'envoyer à Poudlard, là où il ne pourrait rien trouver, fit Rogue d'un ton désintéressé.
- C'est ça, effectivement, confirma-t-il, sauf que je dois poser des questions aux élèves aussi cette fois. Pour être sûr que rien ne cloche. "
Draco vit clairement apparaître un rictus moqueur sur le visage de Severus. Ce n'était pas très étonnant. Tout clochait dans cette école. De son Directeur aux toilettes qui pouvaient être mises hors service à cause d'un stupide fantôme pleurnicheur. Combien de fois avait-il entendu lors de sa première année ici les filles se plaindre car elles avaient été surprises par Mimi Geignarde! Son voisin de table se leva soudainement, l'air obnubilé par quelque chose. Il suivit la direction de son regard et découvrit que ce quelque chose était en réalité quelqu'un. Une rousse qui faisait partie des Gryffondors. Il leva un sourcil. Severus s'intéressait à des filles de cette maison ? Lui qui la détestait tant...
" Attends ! " ne put-il s'empêcher de lui dire en le voyant s'en aller.
Il reçu un regard froid et assassin, le défiant de continuer sa phrase.
" C'est juste que... je suis nouveau et j'aurais besoin de quelqu'un pour me faire visiter rapidement le château...
- Ecoute, en ce moment, on a les BUSE à passer alors tu devrais demander à un sixième année ou un quatrième année à la place de ceux qui ont des examens. Je dois aller réviser.
- Oui, réviser c'est évident, railla-t-il en lui montrant Lily du regard.
- Dans tous les cas, je suis occupé. Va embêter quelqu'un d'autre. "
Et il partit sans attendre sa réponse. Draco se sentit indigné envers ce comportement totalement irrespectueux. Oh, évidemment, il avait déjà eu à faire à son ironie légendaire et sa froideur qui faisait sa réputation mais généralement ce n'était pas dirigé contre lui.
" Ne t'en fais pas, il est toujours comme ça. C'est Severus...
- Hum...... Les BUSES sont bientôt terminées ?
- Oui, c'est le dernier jour. Il ne reste plus beaucoup d'épreuves à passer donc ça va un peu mieux maintenant. "
Il hocha la tête, et finit de manger son assiette. Il hésita sur la démarche à suivre. Devait-il aller en cours ? Il était censé être inspecteur académique mais ce n'était pas comme s'il était obligé d'aller surveiller les professeurs. Il y avait d'autres endroits à vérifier comme... l'infirmerie. Là où il était censé se trouver. Il n'avait pas confiance en l'homme. Celui-ci avait-il décidé de le laisser ici ? Il fallait qu'il vérifie s'il était toujours ici.
Ainsi décida-t-il de se rendre à l'infirmerie. Il franchit les portes de celle-ci le cœur battant légèrement plus vite que d'habitude, dans l'angoisse de découvrir son absence. Pendant un instant, il crut qu'il l'avait abandonné, mais le bruit d'un récipient qui venait de se renverser le rassura vite.
" Ouuuups! "
Il leva les yeux au ciel face à la réplique si enfantine. Pourquoi avait-il accepté ça déjà?
" Docteur ? " appela-t-il.
Il le vit finalement apparaître de derrière un rideau.
" Oh, Draco ! " s'exclama-t-il.
Le jeune sorcier regarda autour de lui, inquiet qu'on l'ait entendu.
" Pas si fort, grommela-t-il. Et si quelqu'un était dans le coin ?
- Oh. Oui. C'est vrai. Mais ça ne serait pas si grave !
- Pas si grave ? Quelqu'un pourrait me reconnaître dans le futur !
- Le temps efface bien des souvenirs ", dit-il avec un petit sourire triste.
Draco l'ignora, se contentant de s'asseoir sur un lit.
" Bon. Et maintenant qu'on est ici, qu'est-ce que je suis censé faire au juste?
- Je ne sais pas. C'est toi qui a choisi la destination. Fais ce que tu veux! répondit le Docteur en observant une fiole avec son espèce de baguette.
- Vous voulez dire que je pourrais changer le futur si je le voulais ? ironisa Draco.
- J'ai l'impression que tu es assez intelligent pour savoir ce que tu peux faire.
- Pourquoi m'avoir emmené ici?
- Parce que tu me l'as demandé.
- Non.. je veux dire... Pourquoi m'avoir fait une proposition pareille ? Vous vous ennuyiez ? "
Le Docteur, pendant un instant, ne répondit pas, et sembla intensément concentré sur la fiole, actionnant encore et encore sa baguette dessus.
" Peut-être ", admit-il avec une voix indéchiffrable.
Draco poussa un long soupir. Cet homme était fou, c'était évident. Il lui proposait, sans aucune raison apparente de venir avec lui, et prétextait s'ennuyer ? Réalisait-il même l'énorme pouvoir, l'énorme responsabilité qu'il avait de pouvoir aller partout dans le temps et l'espace ? Ce n'était pas très rassurant de savoir qu'un malade comme lui avait le pouvoir de changer les choses. Peut-être même l'avait-il déjà fait. Malgré tout, il ne croyait pas vraiment ça. Le Docteur paraissait " suffisamment intelligent pour savoir ce qu'il pouvait faire". C'était un idiot oui, mais pas si stupide que ça.
" Vous vous amusez bien ? l'interrogea-t-il en le voyant utiliser sa baguette pour la énième fois sur la petite fiole.
- Hum, répondit-il distraitement. Savais-tu que les cellules du monde magique sont comme celles du monde des moldus ? C'est fascinant. Elles ont les mêmes bases, ont exactement les mêmes fonctions, ont l'air tout à fait pareil. La seule différence est comment elles agissent. Elles n'ont pas le même moyen d'action sur le corps. "
Draco leva les sourcils. Qu'est-ce qu'il racontait encore ?
" Vous savez que si ce que vous disiez était vrai, votre théorie pourrait être reprise par des médicomages ? Que ça pourrait aider à trouver pourquoi il y a des Sang-De-Bourbe ici... "
Le Docteur lui jeta un regard dur.
" Je ne tolère pas les insultes ici, alors tu ferais mieux de garder ce mot pour toi. Et tu ne me crois pas ?
- Pourquoi je vous croirais? Je ne vous connais pas.
- Je t'ai cru, toi, quand tu m'as dit ton prénom !
- Ce n'était qu'un prénom. Il n'y aucune raison de mentir à ce propos.
- Dis ça à Henri Malefoy ", ironisa-t-il.
Draco leva les yeux au ciel.
" La situation l'exige ici.
- Penses-tu que la situation exige ici que je mente à propos des propriétés des cellules ?
- Si vous dites la vérité je ne vous croirais pas. Vous êtes juste un homme fou avec... pff... avec une espèce de boîte bleue... rien de plus. "
A son plus grand étonnement, le Docteur lui fit un sourire éclatant, et s'exclama :
" Tu as raison ! Tu devrais aller en cours, non ? Tu es ici pour une raison, non ?
- La raison en question ne veut pas me voir, répondit-il d'un ton traînant.
- Eh bien ne le lâche pas d'une semelle ! C'est la clef ! "
Draco retint un sourire. Il ne doutait pas une seconde qu'il s'agissait là de la stratégie du Docteur.
" Dans ce cas je vais y aller. "
Il entendit derrière lui un petit rire moqueur mais satisfait, et décida de ne pas se retourner, alors qu'il franchissait les portes de l'infirmerie pour la seconde fois.
Il n'avait aucune idée d'où se trouvait Severus à cet instant. Il avait été si empressé de le quitter pour cette... rousse. Bien sûr, il se doutait qu'il avait les BUSE à passer aujourd'hui, mais à cette heure-ci, il devrait logiquement être en train de réviser. Plongé dans ses pensées, il ne s'aperçut pas qu'il fonçait sur une personne en particulier. Ou plutôt, il ne s'en rendit compte que lorsqu'il sentit un choc brusque à son épaule. Il releva la tête, avec l'intention de jeter un regard noir à l'autre personne, comme si c'était de sa faute, mais ce qu'il vit le figea sur place. Il avait bousculé James Potter.
Il y avait bel et bien des différences entre lui et son fils, mais pas autant qu'il l'aurait pensé. Quand il l'avait vu de loin il lui avait semblé que la ressemblance n'était pas si importante que ça, mais finalement, il comprenait pourquoi tout le monde n'arrêtait pas de dire à l'autre bigleux de son époque qu'il était la copie conforme de son père!
" Fais attention, grommela James en se tenant l'épaule pour la forme.
- Tu voyais bien que je te fonçais dedans, rétorqua-t-il.
- Laisse tomber James, intervint soudain Sirius Black, qui se trouvait derrière lui, c'est juste un imbécile. Pourquoi ne pas nous focaliser sur Evans ?
- Elle doit être encore avec Rogue ", répondit-il l'air amer.
La conversation intéressa tout à coup Draco, qui se mit à les écouter attentivement.
" Bah ! Elle doit être encore au parc, à réviser! Il nous reste environ une heure avant le début du reste des épreuves!
- Allons-y ! " céda James avec un sourire enjoué.
Après un dernier regard noir échangé avec Draco, ils poursuivirent leur chemin, l'ignorant superbement. Quant à lui, il continua dans la même direction qu'eux, déterminé à trouver Rogue.
Si James voulait trouver Evans et que celle-ci se trouvait avec Rogue, alors cela voulait-il dire que la mère de Potter et Rogue étaient... amis à l'époque?
Non. Impossible. Il devait se tromper. Rogue ne se serait pas abaissé à ça. En tant que professeur, il ne faisait certes pas de remarques sur les Sang-De-Bourbe, mais il ne les défendait pas non plus avec passion.
Quand il fut dehors, Draco aperçut immédiatement Rogue et Evans. James et Sirius, par chance, ne les avait pas vus, trop absorbés par leur conversation sur le Quidditch. Alors il s'approcha d'eux, discrètement.
" Bonjour ", les salua-t-il.
Les deux étudiants, qui lisaient des feuilles de parchemin levèrent dans un même mouvement la tête vers lui.
" Encore toi ? grogna Rogue l'air mécontent.
- Bonjour, le salua Evans. Qu'est-ce qu'il y a ? "
Elle arborait un air gentil, qui lui rappelait celui de Potter. Toujours prêt à aider les autres, toujours à la disposition de n'importe qui. Ne se rendait-il pas compte que sa naïveté aurait raison de lui tôt ou tard ? Par ailleurs, la gentillesse de ce genre ne menait nul part.
" Hum.. j'avais pensé... enfin... je me demandais si je pouvais vous poser des questions. Pour... Poudlard, et son inspection, vous savez...
- Va demander aux autres ! s'exclama Rogue, exaspéré.
- Nous serions ravis de t'aider, répondit Evans, je m'appelle Lily, et voici... Severus. Que tu connais déjà... "
Elle jeta un regard d'avertissement à son ami, le défiant de dire autre chose. Et Draco fut stupéfait de constater que cette méthode, pourtant ridicule, marcha, puisque Rogue sembla s'adoucir légèrement.
" Que veux-tu nous demander ?
- Hum... est-ce que... vous vous sentez bien à Poudlard ? En... sécurité ? " balbutia-t-il.
Ce n'était pas dans ses habitudes de balbutier comme ça, mais il devait bien baragouiner quelque chose.
" Oui, répondit immédiatement Evans avec un grand sourire, je suis au courant des dangers de l'extérieur évidemment, et ça pourrait toucher l'école mais... avec Dumbledore comme Directeur, j'ai le sentiment que rien ne pourra jamais porter atteinte à notre vie tant qu'on est dans l'enceinte de Poudlard. Et puis le cadre de l'école est vraiment magnifique, je ne vois pas pourquoi on ne s'y sentirait pas bien et... "
Draco en avait déjà assez de sa réponse. Cependant, il fit semblant de l'écouter parler, conscient que s'il la coupait, Severus le découperait en morceaux. Il pouvait sentir son regard menaçant peser sur lui.
" Bien, se força-t-il à répondre d'un ton enjoué, et toi Severus ? "
L'élève jeta un bref coup d'œil à son amie, et répondit:
" Non. Personne n'est en sécurité nul part. Même si cet endroit est Poudlard. Il y a toujours une possibilité de se blesser et d'y mourir. Rien qu'avec les escaliers. Et puis... de nombreuses choses ne sont pas sûres dans le Château. "
Lily leva les yeux au ciel.
" Tu es rabat-joie ! C'est vrai qu'il y a des choses... surprenantes parfois, mais avec Dumbledore ici, rien ne nous arriverait !
- Arrête d'être si naïve ! protesta Rogue.
- Arrête d'être si pessimiste ! " rétorqua-t-elle.
Ils s'affrontèrent du regard pendant quelques secondes, durant lesquelles Draco en profita pour poser une nouvelle question:
" Comment vous êtes-vous connus ?
Mais en voyant les airs étonnés et suspicieux des deux étudiants, il crut bon d'ajouter:
" Pour... savoir si Poudlard a été utile pour construire de nouveaux liens, et tout ça... vous savez... construire des liens d'amitié... c'est bien. "
La rousse jeta un coup d'œil à son ami, comme pour lui demander son accord. Severus haussa des épaules, visiblement résigné à faire plaisir à son amie.
" On s'est connus avant l'école en fait, expliqua-t-elle, mais c'était une totale coïncidence ! Coïncidence heureuse, évidemment.
- Oh, lâcha-t-il, surpris, et pensez-vous que Poudlard a contribué à... renforcer ces liens d'amitié ?
- Oui ", répondit Rogue.
Draco se tourna vers la rousse. Curieusement, cette fois-ci, elle s'était tue, et ne paraissait pas vouloir répondre. Severus l'observa, dans l'attente évidente d'une réponse. Cependant, celle-ci devint évidente alors que le temps passait.
" Lily ? insista Rogue.
- J'imagine que ça nous a renforcé, oui, répondit-elle sans réelle conviction.
- C'est évident, répondit-il d'un ton ironique.
- Est-ce que ce sera tout ? " lui demanda son futur maître des potions d'un ton agacé.
Draco acquiesça, conscient que la remarque qu'il venait de sortir n'aiderait pas. Il s'éloigna donc d'eux, et décida d'aller se réfugier de nouveau à l'infirmerie. De toute manière, qu'est-ce qu'il pouvait faire d'autre ? Interroger des élèves ? C'était ridicule. Il était sous couverture d'une couverture. Le faire passer pour un Inspecteur Académique sous prétexte qu'un Inspecteur de santé déclencherait de l'inquiétude... foutaises ! Dumbledore savait très bien qu'ils n'étaient pas ce qu'ils prétendaient être ! Pourquoi les accepter alors ?
Il marchait dans un couloir quand il vit le Docteur, en train d'agiter sa baguette magique sur les murs, l'air concentré, et ne put retenir un gémissement de désespoir. Qu'est-ce qu'il était encore en train de faire ?
" Docteur, l'appela-t-il en jetant un coup d'œil autour de lui.
- Hmmm ?
- Qu'est-ce que vous faites ?
- Quoi, ça ne se voit pas ? Je scanne les murs ! Il reste des résidus de... " magie", je n'en avais jamais vu autant... sauf peut-être à l'époque de Merlin....enfin, il disait s'appelait Merlin, mais en réalité, je crois qu'il s'appelait Colin. Et en réalité, il n'était pas du tout barbu... comme quoi les mythes reposent sur des mensonges !
- Qu'est-ce que vous déblatérez encore ? Venez, partons d'ici ! "
Le Docteur arrêta alors sa baguette pour relever la tête vers lui, étonné.
" Tu as déjà fini ?
- Oui ! Allez ! Partons ! insista-t-il.
- Tu es si pressé que ça de retourner chez toi ? "
Draco frissonna en songeant au Seigneur des Ténèbres qui se trouvait chez lui.
" Je suis pressé d'avoir mes deux autres voyages que vous m'avez promis ! rétorqua-t-il d'un ton sec.
- Je vois, répondit-il. Et bien ça devra attendre !
- Quoi ? demanda-t-il, surpris.
- Vois-tu, j'ai besoin d'en savoir plus sur cette prétendue magie, précisa le Docteur, c'est..
- Ce n'est pas de la prétendue magie, souligna Draco, c'est de la vraie magie.
- Quoique tu dises " répondit-il avec un sourire.
Il n'en fut que plus agacé, avec l'impression d'être pris pour un idiot.
" Bref, j'ai besoin de temps. Laisse-moi jusqu'à ce soir, et nous partirons. Scanner votre espèce de magie me sera utile ! "
Et il brandit de nouveau sa baguette près des murs. Pendant un instant, Draco se sentit stupide à se tenir ici sans rien faire.
" Y'a-t-il.... quelque chose que je puisse faire ? finit-il par demander à regret.
- Il y en a bien une. J'aurais également besoin d'échantillons de ce Château. Rien d'important, bien-sûr, mais quelque chose qui aurait une parcelle de magie sur elle serait bien.
- Très bien. " soupira-t-il.
D'ordinaire, il se serait méfié de quelqu'un qui voudrait des objets magiques de Poudlard. Mais si le Docteur était dangereux, alors il aurait déjà fait n'importe quoi avec son pouvoir de voyager dans le temps.
Ainsi, il passa sa journée à se balader dans l'école, collectant à droite à gauche tout ce qu'il pouvait trouver. De simples photos dans les dortoirs de Serpentard ( ça ne manquerait à personne, ce n'était qu'une photo d'une fille et de son petit ami, rien de bien important... ), des miroirs enchantés pour dire aux étudiantes qu'elles étaient ravissantes ( il avait toujours méprisé ces objets, ils mentaient c'était évident) et une simple carte chocogrenouille. Il avait aussi réussi à dérober un Rappeltout, ce qui lui avait rappelé presque avec nostalgie sa Première année.
Il était dans le Parc en train de chercher le Docteur quand il vit la scène. Il n'avait pas réalisé que les BUSES étaient déjà terminées, mais apparemment elles l'étaient, puisque Severus Rogue venait d'être projeté par terre par James Potter, sous les yeux d'une foule d'élèves de Poudlard. Il s'approcha, ne sachant pas trop s'il devait intervenir. Son but était de ne pas se faire remarquer, il ne pouvait pas débarquer comme ça. Cependant, l'intervention de la rousse mit un terme à son dilemme. Evans était en train d'engueuler Potter, furieuse. Il s'approcha d'avantage, dans le but d'en entendre plus. Ce n'était pas grand-chose d'intéressant. Elle répétait " Laissez-le tranquille ! " d'un ton furieux, mais en même temps d'une voix si menaçante que Draco ne pouvait s'empêcher de se sentir quelque part impressionné par cette fille, malgré sa répugnance à côtoyer les gens comme elle. Cependant, quelque chose gâcha tout:
" Je n'ai pas besoin de l'aide d'une sale petite Sang-De-Bourbe comme elle ! "
Draco vit très clairement la rousse cligner des yeux, comme si elle réalisait ce que Severus venait de dire. Puis elle se ressaisit très vite, et lui rétorqua quelque chose aussi froidement qu'elle l'avait fait pour Potter. L'échange se poursuivit entre elle et James, mais il s'en fichait. Il observait Rogue, qui paraissait lui aussi réaliser la situation, affichant un air à moitié éberlué et plein de regrets. Pendant cet instant où personne ne le regardait, il eut le temps d'avoir un air rempli de douleur, et quelque part, plus familier à Draco. Ce fut le déclic. Il sut que cet instant serait un des instants qui définirait son Severus Rogue à lui. Et il sut qu'il ne pouvait pas intervenir. Il était clair qu'il y avait plus que de la simple amitié envers cette fille, et c'était ce qui le surprenait. Il avait cru au départ qu'il ne s'agissait que d'une simple amourette, mais il aurait dû se douter qu'avec tout ce qui était relié à Potter, ça ne pouvait pas être quelque chose d'aussi simple. Il était évident, au vu de la douleur sur le visage du futur Maître des Potions, que c'était de l'amour. Toujours pensif, Draco regarda Lily, qui se disputait toujours avec James. Au premier abord, elle ne semblait pas affectée par l'insulte de Severus. Néanmoins, pour quelqu'un qui était au courant de leur relation ( certes il ne l'était que depuis la matinée, mais il restait au courant...) , on pouvait voir, en se concentrant, qu'elle ressentait de la peine. Il était un Serpentard. Il était facile de lire les expressions du visage. Les Gryffondors étaient comme des livres ouverts.
Déjà, elle était furieuse comme jamais. C'était typique, ça. Se concentrer sur sa colère, pour ne pas éclater en sanglots devant tout le monde. Même ses yeux semblaient se battre car ils reflétaient une telle rage envers Potter qu'elle ne semblait pas justifiée.
Ensuite, sa voix s'était légèrement modifiée. Toujours ferme, oui, mais plus aigüe.
Et puis, il y avait le fait qu'elle n'arrêtait pas de se mordre l'intérieur de la lèvre.
Evans était blessée. Jusqu'à quel point, il l'ignorait. Il imaginait qu'elle ne devait pas l'aimer de la manière dont Rogue l'aimait, puisqu'elle finirait avec l'imbécile qui s'amusait à le torturer. Néanmoins, elle ressentait probablement de la peine.
Ainsi, Draco tourna les talons, l'esprit bien plus clair en tout ce qui concernait Rogue que jamais il ne l'avait eu.
Il retourna à l'infirmerie, avec la certitude curieuse qu'il y trouverait le Seigneur Du Temps. Et en effet, celui-ci était là, couvert d'une matière visqueuse.
" Qu'est-ce que vous avez fait ? lui demanda-t-il d'un ton dégoûté.
- Hum... rien. Ou presque. J'ai juste eu une petite entourloupe avec..... peu importe. Alors tu les as ? "
Se souvenant des objets qu'il avait volé dans l'école, il sortir de ses poches les différentes babioles magiques, sous les yeux émerveillés du Docteur.
" Formidable ! " s'exclama-t-il en saisissant une carte Chocogrenouille.
Il la lut, et son visage s'illumina d'un sourire enfantin, comme s'il reconnaissait quelque chose sur la carte. Mais Draco avait renoncé à comprendre toutes ses réactions bizarres depuis longtemps. Il s'installa sur un lit, attendant qu'il ait finit de tripoter ses nouvelles possessions.
" Vous êtes magnifiques ! fit une voix artificielle.
- Merci ", répondit le Docteur avec un petit sourire suffisant en reposant le miroir.
C'était presque amusant de constater à quel point on aurait dit Noël pour lui.
" Tu as trouvé ce que tu cherchais ? " lui demanda-t-il soudain.
Cette fois, il arborait un air sérieux, et un peu curieux.
" Je ne sais pas ", avoua-t-il.
Il ne savait même pas pourquoi il avait décidé de venir ici. Peut-être pour revoir l'école dans laquelle il avait grandi ? Certes il aurait préféré être à Dumstrang, mais c'était à Poudlard qu'il était allé. C'était ici qu'une grande partie de ses souvenirs se trouvait. A moins que ce ne fusse pour revoir Severus ? Un Severus Rogue qui n'avait pas tué Dumbledore, qui n'avait pas encore fait toutes ces horribles choses. Un Severus Rogue censé être comme celui qu'il avait connu, en plus jeune et innocent. Peut-être avait-il voulu voir ce qu'il l'avait changé ? Ce qui avait déterminé son appartenance aux forces du mal ? Ce qu'il avait trouvé au final le surprenait. Rogue s'était entiché de la mère de Potter. Et pas qu'un peu d'après ce qu'il avait vu.
" Que dirais-tu de continuer dans ce cas ? " lui demanda le Docteur.
Il ne s'était pas aperçu qu'il s'était rapproché jusqu'à son lit. Le Seigneur du Temps lui tendit une main pour l'aider à se relever, qu'il ignora néanmoins superbement. Il entendit un petit rire, comme un rire nostalgique, et ils allèrent au TARDIS.
" Où veux-tu aller maintenant ? " lui demanda le Seigneur du Temps.
Draco ne répondit pas. Il ne savait pas. Il y avait temps de choses qu'il pouvait voir qu'il ne savait pas réellement quoi choisir.
" Pourquoi pas.... la Lune ? C'est un excellent endroit lorsqu'il s'agit de s'amuser ! lui proposa le Docteur, ou bien... la planète de Galiciette ? Il y a des fruits qui ressemblent à des fraises, ils sont vraiment très bon ! Ou bien....
- Je voudrais aller dans le futur, répondit-il finalement, mon futur. "
Le Seigneur du Temps l'observa pendant quelques secondes.
" Tu es courant des conséquences que cela pourrait engendrer n'est-ce pas ?
- Je ne veux pas tout savoir de mon futur, se défendit-il, juste assez pour...
- Pour être sûr de ton camp? ironisa le Docteur. Sache qu'aucun futur n'est inscrit dans la pierre.
- Si je suis témoin de ce futur, si ça l'est ", rétorqua-t-il d'un ton méprisant.
Il n'était pas stupide, il avait étudié à Poudlard les voyages temporels, et il savait comment ça marchait. Certes, c'était dangereux de se rencontrer soi-même mais...
" Peut-être, mais le futur peut s'avérer être une illusion. Tu crois qu'il est comme ça, et tout à coup tu as une révélation, et tu finis là où tu t'y attends le moins.
- Je voudrais juste savoir où je serai dans... disons cinq ans. "
Le Docteur soupira, et lui indiqua d'un geste un endroit dans la manette du TARDIS.
" Mets tes mains là-dedans.
- Là-dedans ? répéta-t-il, sceptique.
- Oui, là-dedans, répondit-il d'un ton agacé, et pense à toi-même, dans cinq ans. Le TARDIS nous y conduira. "
Avec un soupir de diva, Draco s’exécuta, et se concentra. Pendant un instant, rien ne se passa, aucun bruit ne fut émis, aucune lumière étrange ne fut allumée, aucune odeur de brûlé suspecte. Juste le silence. Et puis tout à coup, il y eut une violente secousse, et la machine à voyager dans le temps s'actionna. Il ne sut combien de temps cela dura, mais maintenir sa concentration lui fut difficile.
Le TARDIS s'arrêta finalement en un bruit aigu, comme s'il riait. Stupide machine.
" Nous sommes arrivés ! " lui annonça le Docteur d'un ton enthousiaste.
Draco retira ses mains du petit trou de la manette fait pour cela, et s'avança lentement vers la sortie, le cœur battant. Il se sentait angoissé à l'idée de découvrir ce qu'il l'attendait. Serait-ce de la torture? Serait-il un Mangemort? Serait-il mort? Pire, serait-il à Azkaban? Selon le camp gagnant, diverses possibilités, aucune réjouissantes, s'offraient à lui. Pourquoi avait-il même décidé de regarder son futur? C'était stupide, il était évident que rien de bon ne l'y attendait.
Le Docteur lui ouvrit la porte, et l'invita à sortir. Avec une grande inspiration, il sortit.
Draco s'attendait à tout. Des nuages noirs au dessus de lui, lui en train d'assassiner quelqu'un, lui en train de mourir, lui dans sa tombe, lui en train de se cacher quelque part, de la pluie, des éclairs, du tonnerre, de l'orage.
A tout sauf à ça. Comme dans un des livres à l'eau de rose de Pansy, il faisait jour, le soleil brillait fortement, avec un magnifique ciel bleu. Et en face de lui, se tenait le Square Grimmaud. Que fichait-il ici? Pourquoi était-il devant la maison d'un de ses lointains cousins? Surtout lui. Black. Il avait beaucoup de famille, et il fallait qu'il soit ici?
" Hum, fit le Docteur, joli maison. C'est là que tu vis ?
- Comment je le saurais ? " répliqua Draco d'un ton méprisant, je ne connais pas mon futur.
Le Docteur parut légèrement vexé de son ton méprisant, et il répondit :
" Le TARDIS nous envoie quelque part, et à chaque fois pour une raison précise. Je pense qu'il est logique de penser que tu vis ici, Monsieur le génie. "
Draco leva les yeux au ciel et se décida à toquer. Néanmoins, le Seigneur du Temps prit sa main avant qu'il n'ait eu le temps de le faire.
" Je ne voudrais pas être alarmant, mais si ton futur toi t'ouvre, je crains que ça ne pose problème.
- J'ai juste à me lancer un sort de glamour dans ce cas.
- Un... quoi ? "
Il retint un sourire devant l'air intrigué du Docteur. Enfin quelque chose qu'il ne savait pas ! Aussi prit-il un malin plaisir à filer dans le TARDIS et prendre un miroir. Pansy lui avait confié comment s'en lancer un à soi-même une fois. Il avait eu des difficultés à apprendre le sort, mais il avait fini par retenir la technique! Il commença donc, intensément concentré. Il modifia tout d'abord la couleur de ses yeux, en y mettant du marron à la place. Il changea ensuite ses cheveux. Pendant une demi-seconde, il considéra la possibilité de se teindre en roux, avant de réaliser avec horreur qu'il allait passer pour un Weasley. Aussi décida-t-il de devenir châtain avec des cheveux bouclés. Enfin, il parvint à rendre ses traits un peu plus durs.
Il était toujours reconnaissable mais ça devrait aller.
" Je peux y aller maintenant ? " demanda-t-il au Docteur en le rejoignant dehors.
Celui-ci avait une expression bouche-bée sur le visage.
" Magnifique ! Comment tu as fait ?
- Un sort.
- Oh. Oui. C'est vrai. La magie... sourit-il, l'air de ne pas y croire.
- Mais.. en fait, mon futur moi devrait se souvenir de moi le visitant, non ?
- C'est possible, ça dépend de ta mémoire, répondit-il, mais dans tous les cas, il ne faut pas que quelqu'un d'autre puisse te reconnaître ! "
Draco avança son bras vers la porte, en prenant une grande inspiration. Il toqua. Et eut l'impression que le temps s'était ralenti.
Et la porte s'ouvrit. Sous le choc, il ne bougea pas. La personne qui venait d'ouvrir n'était pas son lui futur. C'était Potter.
Note d'auteur :
Donc voilà une petite fanfic composée de trois chapitres que les fans de Doctor Who aimeront peut-être ;) J'ai écrit cette fic dans le cadre de l'échange de Noël de cette année pour Dark Ella =)
Fanfic corrigée par Orchidee101210, merci à elle :D
Bonne lecture j'espère que vous aimerez :)
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