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News

Nuitd du 17 janvier 2025


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 151e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 17 janvier. Vous tiendrez l’avenir au bout de votre plume tout au long de cette nuit spéciale astrologie de 20h à 1h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits et vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
A très bientôt !


De L'Equipe des Nuits le 11/01/2025 10:30


Nuit de Noël de décembre 2024


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 150e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 13 décembre. Il s’agira d’une édition spéciale ‘Noël autour du monde’, qui durera de 17h à 3h du matin. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits et vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
A très bientôt !



De L'Équipe des Nuits le 01/12/2024 21:51


Recrutement - Grand Ménage Orange


Appel à candidatures - Renfort sur le Grand Ménage Orange

Comme le titre de ce message l'indique, les modératrices sont en recherche (un peu) désespérée de plusieurs volontaires pour nous prêter main forte sur le GMO (pour rappel : lecture et vérification des fics des adhérents qui ne sont pas passées par la modération manuelle sur la période 2020-2024).

Au stade actuel, nous avons vérifié environ 970 chapitres sur 4800, soit près de 21 % du total, pour un GMO lancé en mars 2024... En raison de nos contraintes personnelles, nos vies IRL, notre motivation souvent fluctuante et le fait que nous sommes peu nombreuses, nous voyons avec difficulté le bout du tunnel.



Nous aurions besoin donc de plusieurs volontaires (tout renfort est le bienvenu, donc on accueille toustes celleux qui le veulent bien !), pour la durée qui conviendra à chacun.e (si vous n'êtes disponibles que pour 1, 2 mois, aucun problème, et si vous êtes d'accord pour nous épauler plus longtemps, c'est parfait aussi !), à partir du 1er décembre.

 

Les candidatures sont ouvertes du 13 novembre au 30 novembre, et vous pouvez postuler ou demander de plus amples informations sur ce que serait votre mission en envoyant un MP sur le forum à l'une d'entre nous (Eanna, Violety ou PititeCitrouille).

Merci par avance à celleux qui se proposeront !

Les Modératrices d'HPFanfiction


De Equipe de Modération d'HPFanfiction le 13/11/2024 15:50


Nuit de novembre 2024


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 149e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Samedi 30 novembre. Il s’agira d’une édition spéciale, dédiée à la gastronomie, qui durera de 17h à 3h du matin. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits et vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
A très bientôt !


De L'équipe des Nuits le 03/11/2024 17:05


Les Podiums en automne !


Bonsoir à toustes !

Félicitations à Tiiki et Juliette54 qui remportent respectivement le coup de coeur des lecteurices avec "Le Jeu de la Bruine" et le coup des Podiums avec "Et cincta ferro Bella", pour la sélection "Poésie" !

Nous nous retrouvons dans un mois avec notre sélection de texte sur le thème qui a remporté le vote pour l'hiver 2024 : la résistance !

 


De Equipe des Podiums le 01/11/2024 23:10


Nuit du vendredi 25 octobre 2024


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 148e édition des Nuits d'HPF, placée sous le signe de l’épouvante, se déroulera le Vendredi 25 octobre à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits et vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
A très bientôt !


De L'Équipe des Nuits le 09/10/2024 12:52


A noir par Les Nerles

[5 Reviews]
Imprimante
Table des matières

- Taille du texte +
Note d'auteur :

Cet OS est ma participation au concours ‘365 mots étranges et étrangers’, proposé par Ellie. Merci à elle de l’avoir organisé !

Les règles :
- la fic doit s’inspirer d’un mot ‘étrange’ et ‘étranger’ choisi en aveugle.
- le pays (état, ici) d’où vient le mot doit jouer un rôle dans la fic
- le texte doit contenir un proverbe (ou la définition du mot, pour certains participants)

Mon mot :
Kualanapuhi Fonctionnaire chargé d'agiter un plumeau au-dessus du roi pour que les mouches ne troublent pas son sommeil. (hawaïen)
Gregory a très chaud. Il y a des mouches qui volent, qui volent, qui volent. Ca fait longtemps qu’il n’a plus vu de mouches. En cette saison, normalement, il pleut tout le temps. L’une d’elles se pose sur son avant-bras. Il l’écrase sous sa paume.

Agatha fait claquer son éventail. Quelle canicule, elle dit, quelle canicule. Le soleil bouille dans sa robe noire, elle transpire à grosses gouttes.

Ce soir, peut-être, on aura de l’orage. Garrick le pense, parce que son pied droit est tout enflé. Il a délacé sa chaussure. La dernière fois, pareil, il pouvait à peine marcher, et on avait eu de l’orage.

Vincent est venu, avec ses parents. Pas comme Drago. Drago qui a dit « Beurk, non, sans moi. » Nancy et Luke Crabbe sont presque beaux sous leurs capuchons noirs. C’est fou, répètent-ils en agitant leurs éventails, cette canicule.

Gregory et Vincent ont pris place à la grande table, dressée par Agatha dans le jardin. Ils grignotent les restes du festin. Parfois, une mouche passe sur le plat de crumble ou la salade de pommes de terre. Ils la chassent avec leurs grandes mains.
Devant eux, un morceau de parchemin. Il y a près de dix minutes que Gregory y a épelé Chère Carrie. Depuis, il suçote sa plume.

- Ecris qu’il y a des tas de vahinés, suggère Vincent. Et qu’elles te donnent des colliers de fleurs. Et que tout sent le monoï.
- C’est des trucs de touristes, ça. Elle croit que j’y vais avec mon oncle, rappelle-toi.
- T’es con. T’aurais juste dû lui dire que…
- Je sais, l’interrompt Gregory.

Il ne sait pas très bien, en vrai, ce qui lui a pris. Mais Carrie Chang est forte en botanique, et il voulait l’impressionner.

- Drago, il aurait pu m’aider. Je crois qu’il y est déjà allé.
- Il ment.
- Justement. Il m’aiderait à mentir tout pareil.

Vincent ronge pensivement un os de poulet.

- Ca peut pas être si difficile. Faut juste se lancer. Attends… Ici, il fait très chaud. J’espère qu’il fait beau à Londres. J’ai presque hâte de rentrer et de voir de la pluie, point d’exclamation.

Gregory note fébrilement J’ai presque hate de rentrer… Vincent se masse les tempes, épuisé par l’effort.

- S’il ne faisait pas aussi chaud, suppose Agatha Goyle, peut-être, on aurait eu moins de mouches.
- Il y aurait eu des mouches de toute façon, répond Doria Greengrass.

Doria et ses deux filles sont venues en jaune. Agatha a grimacé, en les voyant arriver. Quand même, ce ne sont pas des choses qui se font. Mais comme Doria a pris son éventail et s’est assise avec les autres, on lui pardonne. Elle est gentille et elle ne se plaint pas. Sa salade de pommes de terre était très bonne.
Sa cadette Astoria a voulu essayer. Elle agitait l’éventail tellement fort, tellement concentrée, que sa frange blonde se soulevait. Très vite, elle est devenue toute rouge, et s’est écriée : « J’en ai assez, j’ai mal aux bras et puis ça sent mauvais ! »
Agatha a rigolé, elle lui a dit : « Tu as bien travaillé, va reprendre du gâteau. » Astoria s’est allongée dans l’herbe à côté de Daphné, et depuis, elles n’ont plus bougé. Dans leurs robes jaunes, elles n’ont pas l’air de trop souffrir de la chaleur.

- Il y a toujours des mouches, c’est vrai. Mais s’il ne faisait pas aussi chaud, on en aurait eu moins, insiste Agatha.
- Pour sûr, approuve Doria. Enfin, ce n’est pas grave.
- Et ça sentirait moins fort.
- Les mouches, ça ce n’est rien, commente Garrick. Mais j’ai peur que ce soir, il y ait de l’orage.

Gregory a reposé sa plume, il récolte les miettes sur le plateau de petits fours. Daphné s’est mise à chantonner, Ring-a-ring o' roses, a pocket full of posies, Astoria souffle sur un pissenlit. Les aigrettes passent au-dessus de la table et tombent dans les verres, collent aux cheveux de Vincent qu’il a couverts de brillantine. Gregory froisse le parchemin, il le jette dans un bol plein des carapaces vides des langoustines.

- Pourquoi t’as fait ça ? s’étonne Vincent. C’était très bien.
- Il faut que je lui parle des plantes… c’était quoi déjà ?
- Brighamia.
- C’est ça, brighamia. Il faut que je lui parle des brighamias.
- Chère Carrie, il fait très beau, les brighamias sont magnifiques…
- Mais non, tu comprends rien, il faut que j’explique comment j’aide mon oncle à les… à les polliniser.
- Elle s’en fout, des brighamias ! s’agace Vincent. Dis-lui que c’est super, et que tu lui raconteras tout à la rentrée.

Gregory secoue la tête. Il essaie de se rappeler l’image du brighamia dans le livre Moldu, les grosses feuilles grasses, le tronc enflé.

- Comment tu crois qu’on pollinise un brighamia ?
- J’en sais rien, répond Vincent.

Il gratte une tache de sauce brune qui a séché près des boutons de sa chemise.

- Réfléchis, le supplie Gregory. T’as eu un Acceptable en botanique.
- Ouais, et je t’ai aidé à réviser, donc si je le savais, tu le saurais aussi. On n’a qu’à demander à Daphné.

Daphné a roulé sur le ventre et Astoria l’écoute, les yeux fermés. Ring-a-ring o' roses, a pocket full of posies. Ashes! Ashes! We all fall down.

- Pas Daphné, décide Gregory. Elle va demander pourquoi on a besoin de savoir ça.
- Et alors ?
- J’aime pas Daphné. Elle est bizarre.

Vincent soupire. Des auréoles de sueur ont éclos sous ses bras, il sent un peu la soupe trop cuite.

- En tous cas, moi je retourne pas dans la libraire Moldue.

Gregory lui non plus ne tient pas à y retourner. Ils n’avaient rien trouvé sur la flore hawaïenne à Fleury et Bott, alors il avait convaincu Vincent, ça n’avait pas été facile, de l’accompagner sur Oxford Street.
Sitôt passé le seuil de la librairie, une Moldue les avait guidés vers le rayon ‘tourisme, guides de voyage’. Vincent et Gregory s’étaient longuement consultés, puis avaient porté leur choix sur un bouquin épais avec des tas de photos d’arbres et de fleurs. « Il y a bien une plante là-dedans, » avait dit Vincent, « qui aurait pu intéresser ton oncle. »
L’oncle de Gregory est chercheur pour une grande compagnie de cosmétiques sorciers. On l’envoie en mission dans les Galápagos, ou à Madagascar, où il récolte des échantillons de pollens, de pétales et de sèves. Il est l’inventeur de la crème luisante.
Au moment de payer, évidemment, Gregory avait réalisé qu’il n’avait pas d’argent Moldu. Le type derrière la caisse avait inspecté son Gallion avant de s’excuser : « Désolé, monsieur, nous n’acceptons que les livres anglaises. » Alors Gregory avait calé le bouquin sous son bras et était parti en courant, suivi par Vincent.
Le livre se trouve à présent sous son matelas, avec ses revues porno.

- On demandera à Pansy, se résigne Gregory.
- Les Parkinson sont sensés venir ?
- Ouais, mais ils ont prévenu qu’ils auraient du retard. Tu as pas remarqué ? Ils s’arrangent toujours pour manquer le banquet.

Non, Vincent n’en a rien remarqué. Qui donc voudrait s’abstenir de manger ? Gregory hoche la tête, il partage son sentiment.

- Maman m’a dit un truc comme quoi sa mère est bizarre avec la nourriture. Elle aime pas quand les plats se touchent, et on n’a pas le droit d’assaisonner quoi que ce soit, quelque chose comme ça.
- Complètement givrée.
- Complètement.

Le bruissement des éventails secoue l’air autour d’eux, mais il n’en fait pas moins chaud. Gregory se sent mal, le col de sa chemise l’étrangle. Il voudrait retirer son blazer, mais il craint qu’Agatha le réprimande. Les mouches bourdonnent entre ses oreilles.

- S’il y a de l’orage, déclare Garrick, il faudra dresser une tente.
- Ca peut se faire, ça peut se faire, répond Luke Crabbe.
- Mais le ciel est si clair ! proteste Agatha.
- Il y aura de l’orage. J’ai mal au pied droit.

Garrick Goyle a tout le temps mal aux pieds, mais maintenant qu’il est chef de famille, on ne peut plus le contredire.

- En ce cas, on dressera une tente.
- Ce sera bien, intervient Doria, un peu d’orage. Il fait si chaud.
- Et il y aura moins de mouches.
- Ca aussi se sera bien ! s’exclame Nancy. Mes bras commencent à fatiguer.
- Quand les Malefoy arriveront, la rassure Doria, ils pourront prendre le relai.

Le visage d’Agatha s’assombrit.

- Ah, les Malefoy, ils ne viendront pas.
- Vraiment ?

Doria parait déçue.

- Narcissa m’a expliqué… qu’avait-elle dit, déjà ? Une cousine en France, c’était prévu depuis longtemps, elle ne pouvait pas annuler.
- Comme c’est dommage.
- Avec un mensonge on va loin… oh, mais je n’ai pas dit ça. Les Malefoy sont des gens très respectables.
- Très respectables, raille Nancy, mais pour ce qui est de respecter les autres…
- Ah, ça ! grogne Garrick. Au fait, je vous ai raconté, cette fois où Lucius…

Luke Crabbe s’esclaffe. Tout le monde la connait, cette histoire. Mais Agatha bat des mains, et elle en oublie même d’agiter son éventail.

- Oh, Garrick, raconte ! Raconte pour Doria !
- Eh bien c’était en sixième, ou en septième année…
- Sixième, le corrige Agatha.
- Pour la fête d’Halloween, je m’étais noué les cheveux en catogan, et je vous jure, Lucius avait boudé pendant plus d’une semaine ! Il était persuadé que je l’avais copié.
- Alors que bon, il n’a tout de même pas inventé le catogan.
- Ce Lucius, quel phénomène, conclut Luke.

Doria glousse poliment. Nancy a rejeté son capuchon en arrière, la transpiration brille sur son front et colle aux pattes des mouches qui y passent et repassent.

- On penserait, continue Agatha, ils se connaissent depuis si longtemps, que Lucius aurait voulu venir. Ne serait-ce que pour soutenir Garrick.

Nancy approuve d’un mouvement de la tête. Elle renchérit :

- Et Narcissa, donc ! Elle aurait pu venir pour toi, Agatha. Ce genre de choses se fait, entre amies. D’autant que, je me rappelle très bien, pour le grand-père de Garrick, toute la famille Black avait fait le déplacement.
- Bellatrix, elle, serait venue.
- Pour sûr. Bellatrix n’aurait pas manqué ça.

Ils parlent pour parler. Personne ne tient particulièrement à ce que Bellatrix soit là. Un court silence s’établit, remué seulement par le frottement des éventails dans l’air brûlant, puis par le chœur vibrant des mouches. La voix de Daphné monte, un peu distante : Ashes! Ashes! We all fall down.

- Et Acacia, alors ? demande Nancy. Pourquoi Acacia n’est-elle pas là ?
- Oh, elle viendra. C’est juste que…

Agatha baisse la voix.

- Les banquets, elle n’aime pas ça. Vous savez, sa tante… une sale histoire. Elle aurait confondu le sel et la poudre d’égorgement, c’était pendant un repas de famille, et depuis… Acacia est un peu… comment dire…

Il n’est pas nécessaire de chercher comment dire, car juste à ce moment, les Parkinson apparaissent au milieu du jardin, à côté de la fontaine Portoloin.
Et Pansy et sa mère portent de longues robes rêches, avec des fraises de tulle noir qui leur font de tout petits cous. Adrastos, lui, a revêtu une cape plus traditionnelle ; la même, presque, que celle des époux Crabbe.

Agatha se lève pour les accueillir. Elle prend Acacia dans ses bras, Acacia qui se tient toute raide, et elle s’écrie :

- Ma chérie, comme je suis contente que tu aies pu venir ! Et toi, Pansy, tu es ravissante !
- Oui, oui, balbutie Acacia. Pardon pour le retard. C’est que, comme je te l’expliquais, ma cousine…
- Ces cousines, ce qu’elles peuvent être accaparantes ! Figure-toi que Narcissa non plus n’a pu décommander un rendez-vous avec sa cousine ! Assieds-toi. Il n'y a plus grand-chose à manger, nous avons dé-vo-ré, mais il doit rester de la salade de pommes de terre.
- Ca ira, ça ira, je t’assure…
- Tu manques quelque chose. La mayonnaise que fait Doria est excellente.

Garrick et Luke ont rejoint Adrastos, ils échangent de lourdes bourrades. Nancy et Doria se retrouvent seules, à secouer leurs éventails autour d’un tourbillon de mouches.

- Si, je te jure, elle a osé me dire, sa cousine française ! Alors qu’elles ne se parlent plus depuis son mariage.
- Quelle mauvaise foi, s’indigne Acacia.
- Avec un mensonge on va loin… que disait ton père, déjà, Garrick ? Ah, c’est cela : avec un mensonge on va loin, mais sans espoir de retour.
- Très juste.
- Eh bien, tant mieux, qu’ils restent en France, tranche Garrick.

Toutes ces dames vêtues de noir rient en chœur. Doria ne tarde pas à les imiter. Adrastos prend place entre Luke et Garrick. On lui tend un éventail. Le tourbillon de mouches se disperse paresseusement.

Ring-a-ring o' roses… Agatha saisit Acacia par le bras, la mène au cercle des adultes. A pocket full of posies. Doria l’invite à s’assoir auprès d’elle, mais Acacia reste debout, toujours, toujours toute raide. Ashes! Ashes! Elle détaille Doria du haut en bas, sa bouche tendue par un pli sévère, et Doria sait ce que ce regard signifie. Elle rougit et baisse les yeux. We all fall down.

- Pardon, bafouille-t-elle, je ne savais pas, je pensais… enfin, c’était idiot de ma part.
- Mais non, mais non, proteste Agatha tout en lui tapotant l’épaule, on ne vous en veut pas.
- Par cette chaleur, ajoute Nancy, ça se comprend. Moi, quand je vous ai vues arriver, je me suis dit : ah, j’aurais été bien inspirée de porter du jaune !

Doria enfonce son visage dans ses mains. Plusieurs mouches se posent sur ses cheveux blonds, et la couronnent comme d’une voilette.

- Pourtant, vous ne l’avez pas fait… qu’est-ce que peux me sentir bête !
- C’est normal, enfin, c’est votre première fois. Personne n’a la science infuse !
- Et puis, vous êtes venue !
- Vrai, ça, pas comme Narcissa.
- Bien entendu, je suis venue ! Ca m’a fait si plaisir, que vous m’invitiez !

Elle lève la tête. Son sourire est plaisant, et ses joues sont rosies—vraiment, elle n’aurait pu faire meilleure impression. Dommage, dommage que les Malefoy ne soient pas là.

- Depuis… enfin, depuis que John… je ne sors plus beaucoup, vous comprenez. Je suis contente de voir du monde. Et puis… je voulais tant présenter mes respects. Vous savez… c’est du sang de sorcier qui se perd. Il en reste si peu, de bonnes familles.
- Comme c’est bien dit.
- Très bien dit, répète Agatha.

Pansy a profité du bavardage des grands pour s’éclipser. Elle s’est attablée aux côtés de Vincent et Gregory. Sa fraise lui chatouille le cou, elle n’a de cesse de se gratter.

- Evidemment, plus de gâteau, bougonne-t-elle. Vous auriez pu m’en garder une part.
- Quoi, y avait rien à manger, chez la cousine ?
- Si, si…

Elle hésite. Ses ongles laissent de longues traces rouges sur la peau irritée.

- Mais on n’a pas eu de dessert, explique-t-elle finalement.
- Dis, tu saurais pas comment on pollinise un brighamia ?
- Un quoi ?
- Un brighamia. C’est une plante hawaïenne.
- C’est dans le devoir de botanique ?
- Non, c’est pour autre chose.

Pansy dévisage Gregory. A croire qu’il lui a annoncé vouloir partir en campagne contre l’armée des joncheruines.

- Pour autre chose ? Qu’est-ce qui te prend ?

Vincent hausse les épaules. Il a essuyé le reste de sauce brune avec ses doigts, et les lèche avidement. Deux mouches le lui disputent.

- Cet abruti est allé raconter à Carrie Chang qu’il partait en expédition avec son oncle. Celui qui bosse pour Vélane-Moi.
- Sans déconner, Carrie Chang, en troisième année ?

Le front et les mâchoires de Gregory sont déjà cuits par le soleil, mais il les sent brûler plus fort encore. Il espère de tout son être n’avoir pas rougi.

- Mais quel gros pervers, s’exclame Pansy, Carrie c’est un bébé !
- N’importe quoi, elle a que deux ans de moins que nous, se défend Gregory.
- Et donc, comment on en est arrivés aux brimingas ?
- Brighamias.
- Brighamias, brimingas…

Il essuie ses mains moites sur son pantalon, où quelques mouches s’agglutinent. Tout ce mouvement n’a pas l’air de beaucoup les déranger, elles digèrent mollement les restes du festin.

- Ben, on a un peu parlé, l’année dernière, et elle m’a trouvé sympa, je présume, parce qu’elle m’a invité à son goûter d’anniversaire.

Pansy glousse bruyamment.

- Son goûter d’anniversaire ! Comme c’est mignon !
- Oh, ça va ! s’emporte Gregory. Tu voulais que je t’explique, ou bien…
- Pardon. J’écoute. Je me tais.
- Je lui avais promis que je passerais. Mais comme c’est aujourd’hui…

Vincent se charge de conclure :

- Alors Greg a rien trouvé de mieux à lui dire que : désolé, finalement je peux pas, je suis à Hawaï avec mon oncle.
- Et les briming… brighamias, alors ?
- Carrie a trouvé ça classe, répond Vincent. Elle adore le cours de botanique et elle aussi aimerait faire des trucs genre... maquillage, tout ça. Du coup, elle a répondu qu’il fallait absolument lui décrire tout ce qu’il faisait là-bas.

Hmmm, fait Pansy. Il n’y a pas grand-chose à ajouter. Gregory, cependant, croit bon de lui préciser :

- Le brighamia est une espèce de plante endomique…
- Endémique.
- Endémique en Hawaï.
- Endémique de Hawaï, bon sang, tu le fais exprès ?
- De Hawaï, comme tu veux. On a lu ça dans un guide de voyage. Et on s’est dit, du coup, que je pourrais toujours lui écrire que je pollinisais des brighamias. Il y a des Moldus qui font ça.
- C’est bien la peine de mentir si c’est pour prétendre faire du travail de Moldu.
- Avec un mensonge on revient loin, soupire Gregory.
- Hein ?
- Mon grand-père disait un truc comme ça.

Daphné s’est redressée, il y a des taches vertes sur le dos de sa robe. De la main, elle fait signe à Pansy, qui lui répond. Elles ne disent pas ‘bonjour, comment ça va,’ puisque de toute façon, Daphné ne parle, pour ainsi dire, pas. Pansy, elle, parle bien pour deux, pour trois, alors elles se complètent, elles sont amies.
Et Gregory ramène Pansy à lui d’une tape sur le bras.

- Alors, tu vas m’aider, avec ma lettre ?

Elle fait semblant de réfléchir. Une mouche se pose sur son nez, elle la chasse distraitement, mais la mouche trace un demi-cercle, et à nouveau, y atterrit.

- Ok, pour dix Mornilles.
- Dix Mornilles ? T’es folle.
- C’est le prix d’une petite lettre. Un Gallion pour une poésie.
- Pfff. Va pour dix Mornilles…
- Je te dicte. T’as du parchemin ?

Gregory, plein d’espoir, sort de la poche de son blazer un rouleau frais de parchemin. Ses épais doigts tremblent.

- Chère Carrie, en été, les journées sont si longues, point-virgule, si longues d’être loin de toi.
- C’est pas un peu… ?
- C’est parfait. Prends en note : Et que dire de mes nuits, point d’exclamation. Sans parvenir à m’endormir, je compte les étoiles, compte, C-O-M-P-T-E…

Ring-a-ring o' roses

- Les étoiles qui encadrent... non, qui entourent, entourent la lune, point. Elles sont pareilles au scintillement, scintillement, S-C-I-N, de tes cheveux, virgule, si près des contours blancs de ton visage…

A pocket full of posies.

- Arrête, c’est vraiment cucul. Et tu parles pas du tout des brighamias.
- T’es chiant, quand tu veux, Gregory.
- Merde quoi, je te file dix Mornilles, je veux une vraie bonne lettre, pas le genre de niaiseries que t’écris à Drago.
- T’as raison, je recommence : Chère Carrie, comme je voudrais polliniser ton brighamia…
- Arrête ! Mais t’es trop conne !

Ashes! Ashes!

- Et toi, ta gueule !

Daphné s’interrompt, fronce les sourcils. Gregory respire fort, il est furieux. Puis, comme un défi, Daphné ouvre la bouche, elle hausse la voix :

We all fall down.

Astoria éclate de rire, elle fait écho sur la même mélodie.

We all fall down!

- C’est ‘Atchi ! Atchi !’ comme quand on éternue ! Pas ‘Ashes, ashes!’ vocifère Gregory.
- On s’en tape.
- Pansy a raison, on s’en tape, intervient Vincent. Et on s’en tape aussi de tes brighamias. T’as qu’à lui écrire que finalement, t’as pas pu aller à Hawaï, parce que ton grand-père a clamsé et que t’as dû rester pour la veillée. Voilà, hop, on repart à zéro, presque comme si t’avais pas menti.
- En plus, c’est une chinoise. Je suis sûre qu’ils font des trucs encore plus zarb avec leurs morts, décrète Pansy. Genre ils les donnent à bouffer aux carpes.
- Ca a rien de bizarre, s’écrie Gregory, c’est juste une veillée, putain ! D’abord, qu’est-ce que tu sais des chinois ?
- Autant que toi des brimingas !

Et Gregory se lève, il n’en peut plus de ses amis. Il marche d’un pas décidé vers les adultes réunis, là où le cercle des mouches est plus dense.

- Gregory, comme c’est gentil à toi de venir aider ! se réjouit Agatha. Prends ma place, je vais chercher la limonade. Qui veut de la limonade ?

« J’y vais, ne vous fatiguez pas, » propose Doria, qui aimerait bien ne plus se fatiguer à agiter les bras, mais Agatha insiste :

- Hors de question, restez assise ! Ici, on ne fait pas travailler les invités. Et puis, je dois vous avouer… pour ma limonade, j’ai mon petit secret, il n’y a que moi qui puisse la préparer comme ça. Vous m’en direz des nouvelles. N’est-ce pas qu’elle est très bonne, Garrick, ma limonade ?
- La meilleure.

Pansy et Vincent ont rejoint les sœurs Greengrass, ils dansent tous en cercle, à présent : Ring-a-ring o' roses, a pocket full of posies.

- Vos filles sont si mignonnes, Doria, s’attendrit Agatha. Daphné a l’âge de Gregory, c’est cela ? Ah… peut-être, avec un peu de chance—Agatha pouffe—on pourra les marier.

Doria pouffe de la même façon, pour faire joli, pour ne pas offenser.

- Il est bien trop tôt pour penser à cela !
- Mais oui, mais oui, je plaisantais ! Je vous disais, ma limonade, tout le monde en redemande, ça ne manque jamais. Quand Gregory était bébé…

Ashes! Ashes! We all fall down.
D’un coup, ils se laissent tous tomber dans l’herbe, ils rigolent, c’est idiot comme jeu, et puis ils se redressent, ils recommencent.

Gregory se concentre sur le va-et-vient de l’éventail. Les mouches s’y sont habituées, elles ne remuent plus que leurs milliers de pattes et laissent les courants passer entre leurs ailes. Malgré cela les grands ne cesseront de brasser l’air : eux aussi s’y sont habitués, il faut croire. C’est comme ça, ce sera comme ça jusqu’au soir, quand on dressera une tente, puis encore, jusque tard dans la nuit.

- …un petit sort d’ébullition ! Oh, très léger, juste ce qu’il faut…

Ring-a-ring o' roses…

Non il n’aime pas se disputer avec Vincent, ni avec Pansy. Ils savent pourtant que cela n’est que pour un temps. Qu’à leurs dix-sept ans, ils recevront la Marque tous ensemble. N’empêche, ce qu’ils peuvent être gonflants, parfois, à se croire si intelligents.

Chère Carrie, chère Carrie, chère Carrie…

- Il reste toujours quelques mouches, après la crémation, explique Agatha. Mais ma mère a inventé un spray, je vous passerai la recette…

Gregory se figure qu’il aurait dû aller au goûter de Carrie. Annoncer à sa mère : une cousine, je n’ai pas pu décommander.
Et pourquoi fallait-il, après tout, que Papi meure justement ce jour-là ? Six ans qu’il la traînait, cette variole du dragon.

Chère Carrie, les brimingas… non, les brighamias ont fleuri…

Ils ont l’air de s’amuser, sans lui. Plus personne ne songe à l’aider avec sa lettre, pas même son meilleur ami. Gregory est vexé, trahi.

A pocket full of posies.

C’est parce que Vincent est jaloux, il parvient presqu’à s’en convaincre. Parce qu’il réalise que lorsque Gregory mourra, chef de famille, ils se retrouveront tous là à secouer leurs éventails pour écarter les mouches. Il y aura Pansy, Astoria, et Daphné, s’il finit par l’épouser.

Même Drago, qui n’est jamais là pour personne, a déjà son monument, dans le parc du manoir : son monument en marbre blanc. Il en est fier, c’est amusant, il le fait visiter : « Là il y a mon grand-père, là il y a aura mon père, et celui-là, il est à moi. »

Mais Vincent ? Qu’est-ce qu’il adviendra de Vincent ?

Ils tournent si vite, à présent, Astoria ne parvient pas à suivre avec ses petites jambes, la ronde la soulève et ses tresses volent en claquant dans le vent.
Daphné, Pansy, Vincent, Astoria passent en filant devant lui. Et bizarrement, ils ne chantent plus que ce seul vers :

Ashes! Ashes! Ashes!
Note de fin de chapitre :

Traduction de la comptine :

Cercle, un cercle de roses,
Une poche pleine de petits bouquets.
Cendres ! Cendres !
Nous tombons tous.
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