« Cher Professeur Dumbledore,
Je m'appelle Pétunia Evans. Peut-être que vous le savez déjà, mais je vous le dis quand même : je suis la sœur de Lily Evans. Ma sœur a eu onze ans cette année, et un professeur de votre école est passé à la maison pour lui dire qu'elle est une sorcière, et qu'elle va aller étudier la magie à Poudlard en septembre prochain. Mais ça, vous le savez déjà.
En réalité, je ne vous écris pas à propos de Lily, mais à propos de moi. Parce que, si ma sœur va dans votre école, pourquoi est ce que je n'y vais pas aussi ? J'ai eu treize ans cette année, et il y a deux ans, vous avez dû m'oublier car je n'ai pas reçu ma lettre pour aller dans votre école ! Je suis certaine qu'il s'agit d'une erreur, et je ne suis pas vraiment fâchée, car vous devez avoir beaucoup de travail. Mais j'aimerais tout de même que vous corrigiez cela, parce que si Lily doit venir, je dois venir aussi, n'est ce pas ?
Mes parents n'ont pas pu vous faire part de cette erreur, car ils sont ce que vous appelez des « Moldus ». Vous savez, je me suis bien renseignée sur votre monde, et je suis d'autant plus pressée de le rejoindre ! Tout a l'air si intéressant !
J'espère une rapide réponse de votre part.
Avec mes salutations distinguées,
Votre future nouvelle élève Pétunia Evans »
Pétunia contempla la lettre qu'elle venait d'écrire. Elle trouvait le ton qu'elle y prenait un peu audacieux ; qu'importe, il fallait bien qu'ils rectifient leur erreur ! Elle avait été oubliée parmi les élèves de première année deux ans auparavant, c'était évident. Après tout, comment se pouvait-il que Lily soit une sorcière si elle-même n'en était pas une ? Lily était la cadette, Pétunia était le modèle. Il n’était tout simplement pas pensable que sa petite sœur possède des capacités qu'elle même n'avait pas.
Elle rangea la lettre dans une enveloppe qu'elle avait acheté la veille. Elle attrapa son stylo à plume et prit grand soin de s'appliquer lorsqu'elle écrivit le nom du destinataire, « Albus Dumbledore ». Elle se dit qu'elle était décidément très intelligente : lorsque le petit sorcier était venu voir Lily pour lui donner sa lettre et lui expliquer le fonctionnement de leur monde, Pétunia avait tout écouté. C'est ainsi qu'elle avait su qu'il lui suffisait d'écrire le nom du destinataire sur l'enveloppe, car les hiboux savaient trouver tous seuls ceux à qui ils devaient livrer le courrier. Elle se dit que c'était aussi une chance que Lily se soit acheté une chouette la semaine précédente lorsqu'elle était allé faire ses courses de rentrée.
Pétunia descendit les marches de l'escalier sans faire de bruit et entra discrètement dans la chambre de Lily. Elle ne voulait pas que sa sœur ou ses parents sachent ce qu'elle faisait. Aucun ne semblait avoir fait la déduction logique qui s'était imposée à elle quand Lily avait reçu sa lettre – comprendre qu'elle aussi était une sorcière ! Elle était passablement frustrée d'être tenue à l'écart ainsi : depuis que ce fichu sorcier était venu, il n'y en avait que pour Lily ! Pétunia n'avait même pas eu le droit d'assister à toute l'entrevue, au nom d'un prétendu « code du secret magique ».
Alors elle voulait leur faire la surprise. Elle imaginait déjà la fierté de ses parents, la joie de Lily, et leurs excuses pour ne pas avoir compris qu'elle aussi, était une sorcière. Elle se voyait déjà brandissant une baguette magique, exécutant les plus puissants sortilèges.
Discrètement, elle ouvrit la cage de la chouette de Lily. Avec un ruban, elle attacha la lettre à l'une de ses pattes. Le petit sorcier avait dit d'utiliser un bout de ficelle, mais elle voulait que sa lettre ait l'air soigné ; elle n'était tout de même pas n'importe qui. Elle voulait que sa lettre se distingue des autres.
Malgré les difficultés, elle finit par réussir à extraire l'animal de sa cage. Avant de libérer la chouette, elle se pencha vers sa tête et murmura :
- Vas trouver Albus Dumbledore pour moi, c'est important. Je te fais confiance petit oiseau, ne me déçois pas !
Puis elle relâcha son étreinte et laissa l'oiseau s'envoler. Elle ne put empêcher un sourire de se dessiner sur ses lèvres. En septembre, elle aussi étudierait la magie. Le cœur léger, elle quitta la chambre de sa sœur et retourna dans la sienne avant que cette dernière ne rentre. Lily était encore sortie jouer avec le fils Rogue, un petit garçon très bizarre aux cheveux gras qui portait toujours des vêtements étranges. Pétunia espéra que tous les sorciers ne soient pas comme lui.