La chouette rentra à la maison le surlendemain. Lily n'était pas là, elle était encore à l'école à cette heure ci. Pétunia était toute seule chez elle, elle s'occupa donc de la réception de sa lettre.
La chouette se posa sur le rebord de la fenêtre de sa chambre et tapa avec son bec contre le carreau. Surexcitée, elle s'empressa d'ouvrir la fenêtre. Une enveloppe de parchemin était accrochée à la patte de l'oiseau. La jeune fille s'empressa de la détacher, la posa sur son bureau et courut remettre l'animal dans sa cage. Lorsqu'elle eut remonté les escaliers, essoufflée, elle s'assit sur sa chaise et prit l'enveloppe dans ses mains. Ecrit à l'encre turquoise, son nom semblait scintiller sur le parchemin jauni. « Pétunia Evans ».
Ne pouvant contenir son excitation, elle retourna l'enveloppe pour la décacheter. Elle passa lentement son doigt sur le sceau, représentant un aigle, un serpent, un lion et un blaireau entourant la lettre « P ». N'y tenant plus, elle déchira le haut de l'enveloppe à l'aide de son couteau suisse. Les mains tremblantes, elle saisit la lettre. Le ventre plein de papillons, elle entreprit de lire le parchemin, couverts de d'une écriture droite et élégante.
« Ma chère Pétunia,
Je peux comprendre votre surprise à l'idée que votre sœur soit une sorcière, et la pensée que vous vous faites d'en être une aussi. Cependant, j'ai bien peur que tout cela ne soit un malentendu. Je vous jure avoir relu plusieurs fois la liste des sorciers nés dans des familles de Moldus l'année de votre naissance, mais votre nom n'y figure pas. Je suis navré de vous le dire ainsi, mais bien que votre sœur soit une sorcière, vous n'en n'êtes pas une.
Sachez bien que ce genre d’événement est assez courant. Il est même très rare que deux frères et sœurs nés de parents Moldus soient tous deux sorciers. Je comprends votre déception, mais n'étant pas une sorcière, vous ne pourrez malheureusement pas intégrer notre école en septembre prochain avec votre sœur.
N'oubliez jamais que, même si vous ne pouvez pas faire de magie, vous possédez sûrement bien d'autres qualités qui ont, à mes yeux comme à ceux de beaucoup d'autres, bien plus d'importance que le don de votre sœur.
Avec mes plus sincères excuses et ma compassion,
Albus Dumbledore »
Incrédule, Pétunia relut la lettre deux fois pour être sûre d'avoir bien compris. Ce pouvait-il qu'il y ait eu une erreur de destinataire ? Non, son nom était écrit en faut de la lettre. Alors comment était ce possible ? Elle n'était pas une sorcière ? Mais pourtant, cela lui semblait si logique...
Elle songea à toutes ces choses étranges qui arrivaient à Lily depuis leur enfance. Rien ne lui était jamais arrivé de semblable. Elle s'était dit que c'était sûrement dû au fait qu'elle savait mieux se contenir que Lily. Mais si elle n'était pas une sorcière... Non, c'était impossible ! Comment Lily aurait-elle pu posséder un don pareil si elle en était dépourvue ? Elle ne méprisait pas sa sœur, mais cela lui semblait tellement... injuste. Ils n'avaient pas le droit de la rejeter ainsi s'ils acceptaient sa sœur parmi eux ! Comment les sorciers auraient-ils pu être si fourbes ?
La jalousie se répandit en elle comme un poison. Elle ne put empêcher des larmes de dépit couler sur ses joues. Avait-il raison ? Sûrement, lui soufflait une petite voix intérieure perfide. S'il lui disait qu'elle n'était pas une sorcière, c'est qu'elle n'en était sûrement pas une. Alors, devait-elle baisser les bras ? Abandonner, accepter de rester sur le carreau tandis que sa sœur deviendrait une magicienne ? Elle éclata en sanglots, de rage, de dépit, de tristesse aussi, et de jalousie, évidemment. Elle ne parvenait plus à retenir ses larmes, ni à calmer sa respiration saccadée.
Elle se leva brusquement, et jeta la lettre par terre. Non ! Non ! C'était impossible ! Elle tapa des pieds ; cria comme une folle, longtemps, prête à percer les tympans de ses voisins ; pleura toutes les larmes de son corps jusqu'à se sentir desséchée, jusqu'à sentir ses yeux gonflés ; puis s'écroula par terre, épuisée par cette crise de nerfs. Elle devait se ressaisir ; elle n'était pas folle ! Pourquoi réagissait-elle ainsi ? Elle se dit qu'elle devait ressembler à une enfant, une de ses gamines qui jouaient la comédie dès que quelque chose n'allait pas comme elles le voulaient.
Mais c'était ce qu'elle était en train de faire. Lentement, la colère redescendit, laissant plus ample part à son malheur. Sa tristesse. Elle avait l'impression qu'un gouffre s'ouvrait en elle. Non ! Elle refusait de céder, de désespérer ainsi ! Elle se remit brutalement debout, inspira de toutes ses forces pour calmer ses sanglots. Elle se moucha et essuya ses yeux rougis. Elle laissa remonter en elle se flux de colère, d'indignation, cette force qui empêcherait ce vieux fou d'avoir raison.
Non ! Elle refusait d'être rejetée comme cela ! Pourquoi sa sœur aurait-elle le droit d'apprendre la magie et pas elle ? Peut-être n'avait-elle pas de capacités innées, mais comme sa mère disait souvent, « tout s'acquiert en travaillant ». Oui, elle allait écrire de nouveau à ce soi-disant directeur de génie, et lui expliquer qu'avec des efforts, elle parviendrait à devenir une aussi brillante sorcière que n'importe lequel de ses brillants élèves.