Il y a à peine trois ans, le ministère nous persuadait que Vous-savez-qui avait disparu à tout jamais.
Et soudain ... Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom avait pris le contrôle du ministère.
C'était tellement irréel.
Il était là, ombre menaçante planant au-dessus de nos têtes, épée de Damocles suivant chacun de nos gestes et nos déplacements les plus insignifiants. Il était là.
En apprenant la nouvelle, tout cessa d'exister sauf ... MOI. Moi et les images qui défilaient devant mes yeux, moi torturée, tuée, mutilée, moi et rien d'autre.
Vous-savez-qui ? Le nom avait hanté mes cauchemars lorsque j'étais enfant, sa simple mention faisait danser des fantômes dans les yeux de mes parents, amenait une mine hagarde sur le visage de mon père et un léger trémolo dans la voix de ma mère.
Ce sont, curieusement, les choses dont les adultes ne veulent pas parler qui font le plus peur.
Les kidnappeurs ? Les monstres sous le lit ?
Ah ! Je les défie quand vous voulez, armée des paroles de réconfort de mes parents.
Mais Vous-savez-qui ? Celui qui faisait trembler même ma mère, la femme la plus courageuse du monde, et faisait perdre tout ses mots à mon père, l'homme le plus intelligent du monde ?
La petite fille que j'étais était terrorisée.
En fait, la petite fille tapie au plus profond de mon être tremble comme une feuille.
La terreur, laide et brute, a dévoré mes sens. Un instinct bestial me hurlait de fuir, de me terrer, de tout faire pour échapper à cette réalité qui se confondait aux chimères qui naissaient dans mon esprit, et qui allaient à présent hanter mes nuits.
La panique engloutissait tout le reste. J'oubliai ma famille, mes amis, mes camarades ... Ne restaient que moi et ma peur. Et j'avais envie de la choyer, elle était la seule qui me tenait compagnie dans ma solitude épouvantée.
Et ...
Rogue pris le contrôle de Poudlard. Les Carrow débarquèrent, des grimaces hideuses et des menaces horrifiantes promettant la réalisation de mes pires cauchemars.
Un frisson permanent remontait le long de mon dos, des larmes manquaient de couler à tout instant, la hantise d'être prise pour cible accompagnait chacun de mes pas.
Petit à petit, il n'y avait même plus moi. Non, la peur s'était régalée de mon être, vorace et imposante, léchant précautionneusement les miettes, maître incontesté de mon esprit. Plus de résistance, la seule rebelle qu'était ma conscience vaincue, la peur me dictait mes actes. Ma voix, faible mais auparavant présente, s'était tue.
Ne restait que la peur.