I. L'invité
— Alice, combien de fois t'ai-je dit de ne pas courir dans les escaliers ? Dit Helen, sa mère, dans un soupir las alors qu'elle l'attend au bas des marches.
— Mais Maman, ils sont là ! Rétorque l'enfant, toute excitée.
— Et alors ? Ce n'est pas une raison pour se rompre le cou que je sache !
Alice s'apprête à lui répondre mais Helen l'en dissuade d'un simple regard réprobateur. L'enfant baisse alors automatiquement les yeux. Elle est consciente qu'avec sa mère, il ne faut pas insister sous peine d'être envoyée au piquet, et c'est bien là, la dernière chose qu'elle souhaite aujourd'hui. Si elle le fait, elle ne pourra pas jouer avec lui alors qu'elle en meurt d'envie.
— Que les choses soient bien claires jeune fille, poursuit Helen d'un ton strict, nous avons des invités pour le thé. De ce fait, j'attends de toi qu'à partir du moment où tu mettras les pieds dans ce salon, tu te fasses aussi discrète et aussi obéissante qu'un elfe de maison. Du moins, jusqu'à ce que je te donne l'expresse autorisation de pouvoir aller jouer avec notre plus jeune invité. C'est bien compris ?
— Oui Maman, répond machinalement l'enfant qui lance en même temps des regards furtifs derrière sa mère tentant ainsi de l'apercevoir au détour d'un couloir.
— Et par pitié, ne cours plus dans les escaliers, d'accord ?
La petite fille hoche rapidement de la tête, trépignant d'impatience. Helen laisse échapper un dernier soupir. Elle a conscience que tout ce qu'elle vient de dire est probablement déjà ressorti de l'esprit de sa fille. Cependant, elle entretient l'espoir qu'Alice sera se tenir cette fois-ci devant son amie et son jeune garçon à l'allure timide et réservé. Ce dernier semble tellement calme et posé à l'inverse d'Alice que l'on peut qualifier de Nimbus 1000 : une véritable tornade à elle toute seule. Ces deux enfants sont très opposés. Mais ils sont des contraires qui semblent s'entendre à la perfection.
— Allez, on y va, dit Helen en inspirant profondément comme pour s'insuffler du courage.
Elles avancent alors en direction de leur petit salon où l'elfe de maison de la famille a déjà pris soin d'installer les invités. Helen marche en tête, le dos droit, la tête haute et le menton en avant, comme est censée le faire une personne de son rang. Derrière elle se tient Alice, le dos courbé, les bras ballants comme toujours, au grand désespoir de ses parents. Helen pousse néanmoins la porte et fait son entrée, offrant à ses invités l'un de ses plus beaux sourires.
— Frank ! S'écrie alors Alice en dépassant sa mère et en se jetant au cou de son ami sans plus attendre.
Helen ferme les yeux et soupire. Elle est désespérée par le trop plein d'enthousiasme et d'énergie de sa fille qui la met toujours mal à l'aise devant cette chère Augusta Londubat qui ne peut s'empêcher quant à elle d'esquisser un doux sourire à la vue de leurs jeunes enfants enlacés. Mais une chose est sûre pour Helen à cet instant précis : il faudra qu'elle revoie activement avec sa fille, le concept de discrétion en présence de sorciers de vieilles et nobles familles.