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News

Nuit HPF du 23 août 2024


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 147e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 23 août à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits. vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
A très bientôt !



De Équipe des Nuits le 19/08/2024 00:41


Programme de juillet des Aspics


Bonsoir à toustes !

Un peu de lecture pour vous accompagner en cette période estivale... Vous avez jusqu'au 31 juillet pour, d'une part, voter pour le thème de la prochaine sélection ici et, d'autre part, lire les textes de la sélection "Romance" du deuxième trimestre 2024, et voter ici !

Les sélections sont l'occasion de moments d'échange, n'hésitez pas à nous dire ce que vous en avez pensé sur le forum ou directement en reviews auprès des auteurices !


De L'Equipe des Podiums le 11/07/2024 22:30


Assemblée Générale 2024


Bonjour à toustes,

L'assemblée générale annuelle de l'association Héros de Papier Froissé est présentement ouverte sur le forum et ce jusqu'à vendredi prochain, le 21 juin 2024, à 19h.

Venez lire, échanger et voter (pour les adhérents) pour l'avenir de l'association.

Bonne AG !
De Conseil d'Administration le 14/06/2024 19:04


Sélection Romance !


Bonsoir à toustes,

Comme vous l'avez peut-être déjà constaté, sur notre page d'accueil s'affichent désormais des textes nous présentant des tranches de vie tout aussi romantiques ou romancées les uns que les autres ! Et oui, c'est la sélection Romance qui occupera le début de l'été, jusqu'au 31 juillet.

Nous vous encourageons vivement à (re)découvrir, lire et commenter cette sélection ! Avec une petite surprise pour les plus assidu.e.s d'entre vous...

Bien sûr, vous pouvez voter, ça se passe ici !


De Jury des Aspics le 12/06/2024 22:31


145e Nuit d'écriture


Chers membres d'HPF,

Nous vous informons que la 145e édition des Nuits d'HPF se déroulera le Vendredi 14 juin à partir de 20h. N'hésitez pas à venir découvrir les nuits. vous inscrire !
Pour connaître les modalités de participation, rendez-vous sur ce topic.
À très bientôt !


 


De L'équipe des nuits le 12/06/2024 12:33


Maintenance des serveurs


Attention, deux interventions techniques prévues par notre hébergeur peuvent impacter votre utilisation de nos sites les 28 mai et 4 juin, de 20h à minuit ! Pas d'inquiétudes à avoir si vous remarquez des coupures ponctuelles sur ces plages horaires, promis ce ne sont pas de vilains gremlins qui grignotent nos câbles ;)

De Conseil d'Administration le 26/05/2024 18:10


Ça me pèse... par Ellie

[6 Reviews]
Imprimante
Table des matières

- Taille du texte +
Note d'auteur :

J'ai écrit toutes sortes de songfics, avec les paroles, sans les paroles, avec un peu de paroles, avec toutes les paroles... Mais j'avais envie d'en essayer une en intégrant les parole directement dans le texte. C'est donc une songfic sur Rootless Tree de Damien Rice. Les paroles sont traduites librement (parfois très librement ^^') par moi-même. J'ai adapté des fois, la même ligne dans le refrain est traduit de façon différente selon le personnage. J'ai également sauté quelques répétitions, sinon ça aurait juré un peu plus XD

Lisez ma note de fin aussi s'il vous plaît, je dis des trucs importants.

La première fois que je revois Ginny Weasley, après la guerre, c’est à Poudlard. Le 2 mai 2003, cinq ans exactement après. Les circonstances sont solennelles, la cérémonie à laquelle nous allons assister s’annonce longue et pleine d’émotions, et pourtant la rousse affiche un large sourire. Accrochée au bras de celui qui est maintenant son fiancé, elle écoute une histoire que lui raconte son frère, des étincelles plein les yeux, avant d’éclater de rire à la conclusion de celle-ci.

Le son me ramène brusquement en arrière, à la dernière fois que je l’ai entendu. C’était dans une salle de classe vide, à l’automne 1997, l’année où Potter était parti chasser les Horcruxes, laissant Ginny seule à Poudlard. Elle était malheureuse, j’étais perdu ; ça nous a semblé presque naturel de nous retrouver, d’abord une nuit par hasard, puis d’autres moins par hasard. Ce que je voulais d’elle, c’était qu’elle se vide la tête, qu’elle oublie qui j’étais, juste le temps d’une nuit. J’étais étrangement bien avec elle.

Bien sûr, je ne pouvais en parler à personne. Pas à mes amis de Serpentard, encore moins à mes parents. Ils n’auraient jamais compris, n’auraient jamais accepté ce que je faisais. Quand j’ai atteint l’adolescence, qu’ils ont jugé que j’avais l’âge de commencer à avoir des relations sexuelles, ils n’ont pas dit un mot sur les sentiments, la protection, tout ce qu’il y a dans une discussion normale sur le sujet. Non, ils m’ont dit d’être fidèle à mon nom, à ma lignée. « Ne salis pas ton lit », m’avait dit mon père avec un regard froid.

C’est pour cela que je ne pouvais pas envisager de leur parler de Ginny Weasley, la traîtresse à son sang. Même si ce n’était que physique, que du sexe, pas de sentiments. En tout cas, c’est ce que je croyais. Ce que je me faisais croire.

Le jour où Potter est réapparu, elle m’a quitté. Je lui ai demandé ce qu’avaient voulu dire les derniers mois, pour elle. Ce qu’elle m’a répondu, je ne l’ai jamais oublié.

« Nous faisons ce dont nous avons besoin pour nous sentir libres. »

Jusqu’à ce jour, ça me pèse, comme un arbre sans racines.

Quand j’émerge de mes pensées, c’est pour sentir plusieurs regards peser sur moi. Je n’ai pas à chercher longtemps d’où ils viennent : le groupe de Potter m’a repéré et me toise comme si j’étais un vil insecte écrasé sous leur semelle.

— Qu’est-ce qu’il fout ici, lui ? demande Ron Weasley juste assez fort pour que je l’entende.

Granger répond quelque chose en haussant les épaules, puis lui prend le bras. Un dernier regard dur, puis ils m’ont tous tourné le dos, se dirigeant vers leurs places. Au premier rang, évidemment, parce que les héros sont toujours au premier rang.

Avant que je me détourne à mon tour pour me diriger vers la mienne – au fond de l’assemblée –, Ginny lance un regard par-dessus son épaule. Ses yeux rencontrent les miens, et je vois sur son visage une expression que je ne sais déchiffrer. Entre la pitié et le désir, la honte et le regret, la curiosité et le rejet.

Je passe la cérémonie entière à repenser à ce regard. Et je me demande encore une fois pourquoi je suis venu.

*

Quand je rentre chez moi, ce soir-là, je suis épuisé par cette journée où personne ne m’a adressé un mot. C’était comme s’il y avait une bulle autour de moi : personne ne s’était approché, tout le monde me regardait de loin. Et je restais. Je ne sais pas trop pourquoi. Peut-être un relent de mon entêtement d’antan : on voulait visiblement que je m’en aille, alors je faisais tout en mon pouvoir pour rester. Peut-être aussi dans l’espoir de pouvoir échanger quelques mots avec Ginny.

Ce qui n’a pas eu lieu. Elle ne s’est même pas approchée de moi, à part pour se servir du champagne alors que j’étais en train de faire de même. Et alors que nous étions côte à côte, assez près pour se toucher, elle n’a même pas levé les yeux vers moi.

En me dirigeant vers ma chambre à coucher, je jette mon veston sur une chaise du salon. Un morceau de papier plié en quatre se glisse de la poche et tombe par terre, mais je ne remarque pas sa présence avant le surlendemain en fin d’après-midi, quand je décide de faire un peu de rangement.

Quand je le vois, je fronce les sourcils. Je ne me souviens pas d’avoir mis quelque chose dans ma poche. Je le prends, le déplie, et le fixe d’un air ébahi pendant de longs moments. Il n’y a que quelques mots écrits dessus – une date, une heure, une adresse – mais je reconnaîtrais cette écriture entre mille.

Le message est de Ginny.

Et le rendez-vous est dans un quart d’heure. Mon aversion pour le ménage fait que je n’ai pas le temps de réfléchir à ce que je fais, à me poser cinquante questions sur le bien-fondé de ma décision. J’enfile mon veston, remets le message dans ma poche, et transplane aussitôt vers l’endroit du rendez-vous.

À peine apparu devant l’immeuble en question, je sais exactement où je me trouve : un petit hôtel dans un coin sorcier de Londres, un coin secret… Je n’ai que le temps de prendre mes repères qu’une vieille dame aux cheveux gris s’approche de moi et m’agrippe par l’avant-bras.

— Viens avec moi, grogne-t-elle en me tirant vers la porte d’entrée.
— Eh oh, vous êtes qui ? je m’exclame en calant mes pieds, refusant de suivre une inconnue comme ça.

Elle se tourne vers moi et me foudroie du regard. Un regard noisette, que j’ai l’impression de très bien connaître.

— Suis-moi, Drago.

Cette fois, elle n’a pas besoin de me tirer. Je la suis jusqu’à une chambre au fond du deuxième étage, les sourcils un peu froncés et le regard un peu perplexe. Elle ouvre une porte avec une grande clé en bronze et m’invite à entrer, toujours avec ce regard noisette. Une fois que je suis entré dans la pièce – la chambre, vraiment, car celle-ci ne comprend qu’un grand lit et deux fauteuils, même pas de table –, elle ferme la porte et se tourne vers moi. Ses cheveux gris, qui frôlaient ses épaules, s’allongent et prennent une teinte rousse. Sa peau pâle perd ses rides et gagne des taches de rousseur. Ses lèvres s’arrondissent, rosissent, et forment bientôt un petit sourire.

— Un petit truc qu’on utilise souvent avec Harry, quand on se promène, dit Ginny. Quand on ne veut pas se faire reconnaître.

Je me rembrunis à la mention de Potter, mais Ginny s’approche de moi et pose ses lèvres sur les miennes. Je n’ai jamais su résister à ces lèvres, à cette bouche, alors après quelques secondes à peine je passe une main dans son dos, l’autre dans ses cheveux, et la tire si près de moi que même pas un courant d’air ne pourrait nous séparer.

Après un long moment, elle pose une main sur mon ventre et me pousse doucement, à reculons, jusqu’à ce que l’arrière de mes genoux heurte le rebord du lit. Je tombe à la renverse et elle me surplombe, un sourire prédateur sur les lèvres. Avant qu’elle ne puisse poursuivre sur sa lancée, je me redresse sur mes coudes et demande d’une voix douce :

— Ginny, qu’est-ce que tu fais ?

Elle perd son sourire et me regarde, se mordant une lèvre. Après un instant de silence, voyant qu’elle n’a pas l’intention de répondre, je poursuis :

— On n’a pas fait… ça depuis cinq ans, c’était juste pour… pendant la guerre, quoi. Pourquoi maintenant ? Tu es fiancée, Ginny, bordel ! Avec Potter !

Elle hausse les épaules et baisse le regard, sans néanmoins se déplacer d’entre mes jambes.

— Je sais pas, je t’ai vu l’autre jour, et tu me manquais. Je m’ennuie, Drago, je crois. Tu mettais du piquant dans ma vie, avant, et j’ai besoin de ça encore. Je veux juste pouvoir m’échapper un peu, on peut faire ça ? Juste, ce que je veux de nous, de ça,  c’est se vider l’esprit, juste pour aujourd’hui. Retrouver notre vie d’avant, retrouver notre passion d’avant !

Cette fois-ci, c’est moi qui l’attire à moi, qui la fais tomber sur mon torse. C’est moi qui la déshabille, qui la caresse, qui la fais soupirer, gémir, crier. Qui la fais oublier.

Et, bien sûr, ça ne dure pas qu’une journée, qu’une rencontre. Les quelques fois où nous nous rencontrons en public, nous faisons semblant de nous énerver, nous nous lançons quelques insultes à la tête. Et plus tard, nous nous faisons pardonner de la plus agréable des façons. Les rendez-vous clandestins, les secrets, les courtes soirées fiévreuses et excitantes : tout recommence comme lors de ma septième année, comme si nous avons fracturé le temps et sommes retombés à seize et dix-sept ans.

Mais nous étions aveugles.

Parce que nous n’avons plus seize et dix-sept ans, nous ne sommes plus à Poudlard, la guerre ne fait plus rage autour de nous. Le monde a évolué, et nous aurions dû voir qu’il n’y avait plus la place pour notre… pour nous. J’aurais dû le voir.

Le soleil est en train de se lever au-dessus de notre petit hôtel. Ginny est toujours endormie et je la regarde, je la mange des yeux. C’est tellement rare que je puisse l’avoir pour toute une nuit, mais cette fin de semaine, Harry est à l’étranger, et c’est moi qui peux profiter de la vue de Ginny au petit matin. Un petit sourire flotte sur mes lèvres.

Je crois que je l’aime. C’est complètement idiot comme sentiment, je sais. Un Malefoy ne peut pas se permettre d’aimer n’importe qui – surtout pas elle. Mais voilà. J’étais malheureux après la fin de la guerre, je ne savais pas quoi faire de ma peau, jusqu’à la retrouver. Et maintenant… je ne suis pas heureux, mais je suis bien.

Évidemment, je ne pourrai jamais lui dire. Et ça me pèse, comme un arbre

— Drago ?

Les yeux de Ginny s’ouvrent et se fixent sur mon visage. Je lui souris, mais elle ne me répond pas, et après un instant mon sourire se flétrit.

— Qu’est-ce qu’il y a ?

Elle soupire et se redresse dans le lit, s’adossant contre le mur et serrant le drap contre sa poitrine nue, un geste de pudeur qu’elle n’a pas habituellement quand nous sommes ensemble. Je me déplace pour lui faire face, cachant aussi ma nudité, si c’est le ton qu’elle veut donner à notre matinée.

— Je voulais t’en parler hier soir, dit-elle sans lever les yeux, mais…

Elle finit avec un vague geste vers la porte, et je souris un peu en me remémorant la soirée. J’étais arrivé avant elle, et je lui avais à peine laissé le temps de fermer la porte derrière elle avant de la faire basculer sur le lit, pour ce qui s’est avéré être une des nuits les plus passionnantes que nous avons passées ensemble. Mais ce sourire s’évanouit bien vite lui aussi, et je prie la jeune femme de continuer.

— Eh bien, je voulais te dire que… – elle prend une grande inspiration – Harry et moi allons commencer à tenter d’avoir un bébé.

Je la fixe plusieurs instants, incertain de la réponse qu’elle attend à cette annonce.

— Ginny, je ne peux pas dire que je suis ravi de savoir ça, mais… Pourquoi tu me dis ça, en fait ?

Elle lève finalement le regard, et je m’aperçois que ses yeux sont pleins d’eau.

— On ne peut plus se voir, Drago. Je ne peux pas risquer que…
— … Que l’enfant que tu feras à Potter soit le mien.

Ma voix est froide, plate, sans émotion. Ginny baisse les yeux. Plusieurs moments se passent sans que nous ne disions quoi que ce soit, sans même que nous n’esquissions un geste. Jusqu’à ce que Ginny commence, d’une voix basse :

— Drago, je suis vraiment désolée, mais je –
Va te faire foutre.

Ma voix était encore moins forte que la sienne, mais elle arrête de parler aussi brusquement que si j’avais hurlé.

— Pardon ?
— Tu as bien entendu. Va te faire foutre. Va te faire foutre, toi et ton Potter, et ton bébé.
— Drago, je –
— Après tout ce que nous avons traversé ensemble, c’est comme ça que ça va se terminer entre nous ? Je n’ai été qu’une distraction, c’est ça, un à-côté pour t’amuser un peu en attendant que l’homme de ta vie te rappelle à ses côtés.

Ginny pleure maintenant, les larmes coulant sur ses joues. Elle secoue la tête, ses longs cheveux roux caressant son dos.

— Drago, j’aimerais t’expliquer, tu n’as jamais –
Laisse tomber, Ginny.

Je me lève pour me diriger vers la salle de bains.

— Il est clair que ce que nous avons partagé, ce n’est rien, pour toi, dis-je d’une voix froide
— C’est pas vrai, Drago, je -
— J’aimerais quand tu sois partie quand je ressortirai, je continue comme si elle ne m’avait pas interrompue.

Puis j’entre dans la salle de bain et je ferme la porte derrière moi. Délicatement, mais le son qu’elle fait résonne dans le silence comme un claquement.

Je m’appuie contre la porte, reposant l’arrière de ma tête contre le bois, et je ferme les yeux. J’entends clairement les bruits de la chambre, comme si je m’y trouvais toujours : les sanglots de Ginny, d’abord, puis le silence, comme si elle espérait que je reviendrais sur mes paroles et que je ressortirais d’ici pendant qu’elle était toujours là. Et enfin, ce qui me semble des heures plus tard, les sons de la jeune femme qui récupère ses affaires, et se dirige vers la porte. Un instant de silence, puis :

— Au revoir, Drago.

La porte de la chambre s’ouvre, se referme, et je suis seul. Je bouge alors pour la première fois depuis que je suis entré dans la petite pièce, pour me déplacer jusqu’au lavabo surplombé par un petit miroir taché. Je contemple un instant mon visage hagard, mes yeux rouges, ma bouche grimaçante, puis envoie un coup de poing violent vers mon reflet avec un grognement. Le miroir se fracasse, me montrant un instant mon visage en mille morceaux, avant de tomber dans le lavabo et sur le sol.

Je reste sans bouger un long moment, reprenant mon souffle, puis retourne dans la chambre, prenant garde à ne pas marcher sur les fragments de miroir avec mes pieds nus. Je récupère ma baguette, que j’avais laissée dans la poche de mon manteau, et me lance un Episkey sur la main pour en arrêter le saignement.

Je me laisse ensuite tomber sur le bout du lit et promène mon regard sur la petite pièce. Ginny a tout pris : il ne reste plus de signe d’elle ici.

En pensant à elle, je serre le poing sur ma baguette.

Je ne veux rien de plus que notre relation redevienne ce qu’elle était avant tout ça, avant les secrets et les rencontres clandestines, les baisers et le sexe. Qu’on ne soit plus que des vagues connaissances qui ne nous apprécions pas particulièrement. Voire pas du tout. J’espère que la prochaine fois qu’on se verra, les insultes qu’on se lancera au visage ne seront pas feintes. Que Ginny apprendra à me honnir comme le font son frère et son mari. Je veux qu’elle me déteste. Qu’elle me haïsse, pour me libérer de l’enfer dans lequel je me mets quand je suis avec elle.

Pour que je puisse apprendre à ne plus l’aimer.

***

La première fois que je revois Drago après notre seconde rupture, c’est le jour de mon vingt-quatrième anniversaire, le 11 août 2005. Harry a obtenu une rare journée de congé et nous a amenés, James, le deuxième qui n’est toujours pas sorti de mon ventre et moi, au Chemin de Traverse. Journée d’été en pleine canicule – et ventre de huit mois – oblige, nous entrecoupons la journée avec un arrêt bien mérité chez Florian Fortescue.

— Tu vas prendre ta pistache habituelle, je suppose ? demande Harry.
— Socolat !
— D’accord, monsieur James veut du chocolat !
— De la pistache, oui, je réponds en passant une main dans les cheveux bruns de mon fils.

Harry me fait un clin d’œil, puis disparaît à l’intérieur de la boutique bondée pour se mettre à la fin d’une file d’attente interminable. Je sais qu’il hait se servir de sa célébrité pour recevoir des traitements de faveur, et habituellement je partage entièrement cet avis, mais aujourd’hui je ne serais pas contre qu’il se serve de son nom pour qu’on puisse avoir nos glaces au plus vite. Mais je sais qu’il ne ferait jamais ça, alors je prends mon mal en patience.

À côté de moi, James s’agite, et je fais tout mon possible pour le garder en place. Du haut de ses dix-huit mois, il ne comprend pas encore les vertus de la patience, et j’ai un mal fou à le garder assis. Quand il se met à pleurnicher, le visage rougi et bouffi par la chaleur et l’énervement, je sens des regards commencer à se tourner vers nous. Je commence à en vouloir à Harry d’avoir eu cette idée stupide de nous faire passer la journée dehors alors qu’il doit faire au moins cinquante millions de degrés Celcius, quand une ombre se pose sur notre table.

— Ah, enfin ! Je commençais à me demander si…

Mais ce n’est pas Harry. Celui qui se tient face à moi, à contre-jour, n’est nul autre que Drago Malefoy. Bien sûr.

Il me tend une enveloppe.

— Joyeux anniversaire.

Mes yeux passent de l’enveloppe à son visage, jusqu’à ce qu’il soupire et agite celle-ci quelque peu.

— Habituellement, Ginny, quand quelqu’un nous offre quelque chose, on le remercie et on le prend.

Mécaniquement, je tends la main et attrape l’enveloppe blanche en le remerciant d’une voix plate. Je ne l’ouvre pas, la regarde à peine avant de la glisser dans mon sac, mais il ne fait aucune remarque. Il me regarde juste avec un petit sourire, avant de hocher la tête.

— Bon, eh bien… à la prochaine.

Je le vois lancer un coup d’œil en biais vers la boutique de Fortescue. Je suis son regard et je vois Harry, trois cornets dans les mains, qui revient vers nous. Je sens mon cœur faire un bond dans ma poitrine, mais quand je me retourne, Drago a disparu. Il n’est même plus sur la terrasse. À côté de moi, James est si concentré sur une chenille qui est en train de traverser la table que je ne crois même pas qu’il a remarqué l’échange qui vient de se dérouler.

— Et voilà, de la pistache pour madame et du chocolat pour monsieur !

Je sursaute si violemment que je me heurte le genou contre le dessous de la table. Harry s’occupe d’abord de James, qui a oublié sa chenille aussitôt a-t-il entendu le mot « chocolat », puis me tend mon cornet vert avec un froncement de sourcils.

— Ça va, chérie ? Tu es toute blanche.

Je laisse échapper un rire faible, qui sonne forcé même à mes propres oreilles.

— J’ai seulement chaud, dis-je. Et je suis fatiguée. Si ça ne te gêne pas, on pourrait rentrer à la maison après ?

Plein de sollicitude, Harry hoche la tête et s’assied face à James, débarbouillant son visage qu’il a déjà recouvert de chocolat en à peine trente secondes.

Quant à moi, je garde une main posée sur mon sac à main. Je sens la carte qui y est cachée, celle de Drago, et j’ai en même temps envie de l’ouvrir et la lire immédiatement, et de la jeter au feu sans voir ce qu’il a à me dire.

— Tu ne manges pas ?

Je sursaute encore, et remarque que ma glace a déjà commencé à fondre. J’attrape une traînée verte avec ma langue avant qu’elle ne touche mon doigt, et je souris à mon mari. Je ne peux pas laisser Drago avoir cet effet sur moi, pas quand ça fait plus d’un an que je n’ai pas pensé à lui, que j’ai enfin réussi à passer autre chose et à me consacrer entièrement à ma famille en construction. Je refuse de le laisser avoir un quelconque effet sur moi.

Je ne lirai pas sa carte.

*

J’ai lu sa carte.

Beddington Park
13 août
14 h 30

J’ai levé les yeux au ciel. Il n’y avait aucun doute dans ma tête qu’il avait fait exprès de copier le format de premier mot que je lui ai envoyé, en 2003.

Laissant ma curiosité m’emporter – et ayant déduit qu’il ne voulait rien de plus que me parler, vu mon état de femme enceinte jusqu’aux yeux et le lieu public de notre rencontre –, je laisse James chez ma mère le matin du 13. Elle ne me demande pas de me justifier, comprenant très bien que des fois, enceinte comme je suis, je préfère ne pas avoir à m’occuper d’un enfant débordant d’énergie en plus.

— Tu es sûre que tu ne veux pas passer la journée ici ? me demande-t-elle pour la énième fois alors que je suis sur le pas de la porte.
— Non, merci maman. Je vais aller lire sur le bord du lac à Beddington, c’est une belle journée. Je reviendrai le chercher vers dix-sept heures.

Je suis vite retombée dans mes vieilles habitudes. Pour des sorties secrètes, mentir le moins possible. Si quelqu’un me voit au parc avec Drago, il sera plus simple d’expliquer que nous nous sommes rencontrés par hasard si j’avais déjà dit que c’est là que je passerais la journée que si j’avais dit la passer au lit.

Pas qu’on aura quoi que ce soit à cacher, cette fois.

Je prends le Magicobus – ne pouvant pas transplaner à ce stade de ma grossesse – et plaisante avec Reggie, le neveu d’Ernie qui a repris le système de transport au décès de ce dernier, jusqu’à mon arrivée au parc.

— À bientôt, Reggie !
— N’oubliez pas de dire à m’sieur Potter que j’dis bonjour, hein !
— C’est promis.

Je descends les quelques marches, lui adresse un signe de la main alors que l’autobus disparaît au bout de la rue, puis me dirige vers le banc qui fait face au lac qui a toujours été notre point de rendez-vous. Quand je vois que celui-ci est déjà occupé, je soupire. Je suis arrivée avec quinze minutes d’avance, justement pour être la première arrivée. J’aurais dû m’attendre à ce que Drago fasse la même chose – en mieux, puisque c’est lui qui est déjà installé sur le banc.

— Bonjour, Ginny, dit-il alors que je m’approche de lui.

Il ne se lève pas, ne tend pas une main pour m’aider à m’asseoir. Alors je ne lui réponds pas et m’installe à ses côtés. Le silence s’étend autour de nous, semblant presque devenir palpable. Je m’apprête à perdre patience et lui demander ce qui lui a pris de me déranger comme ça quand il ouvre la bouche.

— Je vais me marier.

Mes paroles s’assèchent dans ma bouche et je ne peux que le regarder, perplexe.

— Avec Astoria Greengrass, continue-t-il. La sœur de Daphné. Elle était à Serdaigle, deux ans après moi.
— Pourquoi tu me dis ça ?

Il se tourne vers moi, les yeux ronds. Comme si je devais connaître la réponse, comme si je ne devrais pas m’étonner.

— Qu’est-ce que tu veux dire ?
— Je veux dire… Pourquoi maintenant ? Ça fait deux ans qu’on ne s’est pas vus, croyais-tu que… Qu’est-ce que tu cherches en me le disant ?
— Je cherche à…

Il hésite, fronce les sourcils. Comme s’il n’en est pas certain lui-même.

Ce que je veux de tout ça, c’est apprendre à laisser aller.
— À laisser aller quoi ? Moi ?

Il secoue la tête avec énergie, me regarde avec un sourire en coin.

Non, pas toi. J’aime Astoria, tu sais. Ce n’est pas un mariage par dépit, accepté parce que je ne pourrai pas avoir mieux.

Son sourire s’élargit quand il voit le rouge me monter aux joues.

— Non, je veux oublier tout ce qui a été dit entre nous, à Poudlard et… après. Je veux pouvoir enfin fermer la porte définitivement sur cette petite aventure.

Je pourrais lui dire que pour moi, la porte est fermée depuis longtemps, mais ça serait méchant. Je garde les yeux baissés et me mordille la lèvre pendant qu’un nouveau silence prend place entre nous. Encore une fois, c’est Drago qui finit par l’interrompre.

— Bon eh bien, c’est tout ce que j’avais à dire.

Il se lève, hésite.

— J’espère que tu pourras être heureux pour Astoria et moi, Ginny. Comme j’ai appris à l’être pour Harry et toi.

Quand je lève les yeux, quelques secondes plus tard, il a disparu.

*

Le lendemain matin, Harry et moi sommes installés à la table de cuisine, lui devant une tasse de café et la Gazette du Sorcier, moi devant un croissant et le dernier roman que m’a prêté Hermione, quand il émet une expression d’étonnement.

— Tiens, c’est marrant, la Gazette annonce les fiançailles de Malefoy, dit-il. Je n’aurais pas cru qu’ils oseraient, au même endroit où ils ont annoncé les nôtres, celles de Ron et Hermione, Luna et Rolf… Écoute ça, « Drago Malefoy épousera Astoria Greengrass, fille cadette de M. et Mme Raoul Greengrass, ce 30 septembre 2005. » Ils ne disent rien sur sa famille à lui. Quelle surprise…

Ma bouche est sèche. Je n’arrive même plus à avaler ma bouchée de croissant.

— Enfin, rien de plus qu’une autre union de parfaits petits Serpentard, je suppose.
— Elle était à Serdaigle, je précise d’une voix sourde.
— Ah ? Si tu le dis, je ne me souviens pas du tout d’elle.

Il plie le journal, se lève, contourne la table et se penche pour m’embrasser.

— J’y vais. J’espère que James va dormir encore un moment, que tu puisses profiter du silence.

Je souris et lui souhaite une bonne journée.

Je n’attends même pas d’entendre la porte d’entrée se refermer derrière mon mari que je tire le journal abandonné vers moi et le rouvre à la page de l’annonce des fiançailles de Drago. Je regarde la photo, lui avec son bras autour de la taille d’une jeune brune. Tous les deux souriants, tous les deux heureux. Je déglutis.

Harry me dit souvent que les criminels, particulièrement les tueurs, réinventent leur histoire se font un scénario dans lequel ils ne sont pas coupables. « Et le pire, c’est qu’ils y croient dur comme fer ! »

Je n’avais jamais compris comment ils faisaient, avant aujourd’hui. J’ai mis des années à me raconter que Drago n’avait été qu’un corps chaud chez qui j’avais trouvé un peu de réconfort et beaucoup d’excitation. Qu’il avait été au bon endroit au bon moment, c’est tout. Que ça aurait pu être n’importe qui… Je me le suis dit tellement souvent que j’ai fini par m’en convaincre, mais aujourd’hui, devant cette photo, je dois m’avouer que je me mentais. Et ça me pèse…

Allez vous faire foutre, je crache soudain vers la photo.

Je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi il me l’a annoncé personnellement, hier. Qu’est-ce qu’il me voulait, qu’est-ce qu’il voulait que je fasse. Ou que ça me fasse. Je ferme le poing. Après tout ce qu’on a vécu ensemble, pourquoi tient-il à me faire mal comme ça ? Par vengeance ?

— Eh bien, je te dis de laisser tomber tout de suite, dis-je au Drago qui me sourit sur la table.

Je ne me laisserai pas emporter par cela. Je l’ai mis derrière moi une fois ; j’y parviendrai encore. Facilement.

— Comme si ça te faisait quelque chose, de toute manière.

Je parle toute seule dans ma cuisine, mais ça m’est égal. Ce n’est pas comme s’il y avait quelqu’un pour me voir ou m’entendre.

— Tout ça, tout ce que je pense de toi, ce n’est rien pour toi. Tu vas être heureux avec ta petite Astoria, tu vas vivre dans ton petit manoir avec tes petites prétentions habituelles et je n’aurai plus jamais à te voir ni à te parler. C’est un soulagement, toute cette histoire, en fait.

J’essuie rageusement une larme qui a osé couler sans permission.

— Tu sais, je ne savais pas ce que tu pensais de moi, avant. Si tu m’aimais autant que tu le disais, ou quoi. Mais aujourd’hui, je me rends bien compte que tu me détestes. Et si tu me détestes, alors déteste-moi bien, mieux que je t’ai détesté, parce que… parce que…

C’est l’enfer quand tu es là, dans mes pensées.

Je baisse la tête, maintenant que je me suis défoulée simplement triste, mais un hurlement de l’étage supérieur me rappelle à moi-même. Je me lève et me dirige vers les escaliers pour monter lever mon fils.

Au passage, je jette la Gazette dans la cheminée. Je ne m’arrête pas pour regarder le visage de Drago noircir puis disparaître dans les flammes.

***

La première fois que je revois Ginny après le divorce, c’est le 7 mars 2015, au Terrier, pour le trente-cinquième anniversaire de Ron. Elle est assise sur un des fauteuils du salon, seule, et elle a le visage tiré, entre la tristesse et la fatigue. J’ai envie d’aller vers elle, tellement que je fais quelques pas en sa direction, mais avant que je ne puisse même entrer dans son champ de vision, Malefoy apparaît à côté d’elle, et à sa vue le visage de Ginny s’illumine d’un sourire radieux.

Comme si ce n’était pas assez, voilà qu’entrent à sa suite trois enfants. Mes enfants. Malefoy ébouriffe les cheveux de James quand il passe à côté de lui, adresse quelques mots à voix basse à Albus, qui éclate de rire, passe un bras autour des épaules de la petite Lily pour la serrer contre lui.

Va te faire foutre, je dis, les poings serrés.

Je ne sais pas si je m’adresse à Malefoy, à Ginny, ou à la foutue petite famille parfaite qu’ils semblent former. Aucun d’entre eux ne m’entend, ne se tourne vers moi, ne semble même être conscient de ma présence. J’avale mon verre de whisky Pur-feu d’une traite et fais demi-tour. J’avance vers la cuisine, sans trop savoir vers où je me dirige, tant que c’est loin d’eux quand je croise Hermione et Ron.

— Harry, salut ! dit Hermione en m’embrassant. On a à peine eu le temps de se voir aujourd’hui ! Tu t’amuses bien ?

Je lui réponds d’un minuscule sourire et me tourne vers Ron.

— Pourquoi tu l’as invité ? je demande en faisant un geste de la tête vers le salon.
— Ginny ? Parce que c’est ma sœur…
— Pas Ginny. Malefoy.

Le nom grince entre mes dents.

— Je répète, Ginny est ma sœur, dit Ron. Comment tu crois qu’elle l’aurait pris si je n’avais pas invité Drago ? Tu te souviens de ses sortilèges de Chauve-Furie, non ?
— Écoute, Harry, je sais que c’est dur pour toi, dit Hermione en me posant une main sur le bras. Mais si tu donnais une chance à Drago, tu verrais qu’il a beaucoup changé depuis Poudlard.

Je les regarde d’un air incrédule. Drago. Ils l’appellent Drago.

Après tout ce qu’on a traversé, tout ce qui s’est passé entre nous, je n’arrive pas à croire que vous acceptez qu’il soit avec Ginny. Qu’il soit entré dans votre famille.

Ron et Hermione s’échangent un coup d’œil. Leurs sourires et leur bonne humeur ont disparu.

— C’est toi qui l’a réhabilité, je te rappelle, dit Ron, un peu sèchement. Je sais que tu souffres parce que Ginny est partie, mais –
— Vous savez quoi, laissez tomber. C’est pas important, de toute manière.

Je pose mon verre vide sur la table la plus proche et me dirige à grands pas vers l’entrée.

— Harry, attends ! appelle Hermione en me suivant. Tu vas où ?
— Je rentre, je réponds en enfilant mon veston. Je ne peux pas rester ici.
— Vraiment ? Même pas pour Ron ? C’est son anniversaire, et tu es son meilleur ami.

Je la regarde, les yeux plissés. Ce n’est pas son genre d’essayer de me faire culpabiliser.

— Dommage. Détestez-moi, alors, ça simplifiera sans doute les choses.
— Non, Harry, ce n’est pas ce que je voulais –
Laisse-moi partir, Hermione. Tu ne comprends pas.

Je tourne les yeux vers Ginny et Malefoy, qui sont en train de s’embrasser. Je sens mon cœur se briser à nouveau.

C’est l’enfer d’être près d’elle.

 

 

 

Note de fin de chapitre :

Je ne suis pas entièrement convaincue par ce texte, mais j'ai travaillé dessus pendant tellement longtemps que je le publie quand même, advienne que pourra.

Ceux qui me connaissent et/ou ont déjà lu de mes Drinny savent que ce n'est pas du tout comme ça que je vois le couple normalement. Pour moi Harry et Ginny ont une rupture en bons termes et elle se met avec Drao après seulement, elle ne trompe jamais personne. En puis les enfants aux prénoms stupides ne voient jamais le nour, ce qui est un avantage non-négligeable de mon petit scénarion :D

N'hésitez pas à me laisser un petit commentaire pour me dire ce que vous en avez pensé !

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