« Maman ? »
Pas de réponses. Tu souffles Ginny, puis tu hausses des épaules. Tant pis. Tu attrapes ta tasse, et avales une minuscule gorgée, comme pour faire semblant. Du bout des ongles, tu grattes le bois dur de la table, et portes ton doigt à la bouche lorsqu’une écharde te pique. Tes yeux croisent ceux de ta mère, et tu frémis quand tu réalises que tu es invisible pour elle. Pleure pas Ginny, pleure pas. Tu reposes ton café, alors que le bruit de la porcelaine résonne dans la cuisine. Tes mains tremblent, et tu n'y peux rien. Même en fermant les yeux à s'en faire mal, impossible de se concentrer, impossible de faire cesser ce foutu boucan. C'est pas ta faute pourtant, si le tic tac de l'horloge te fait saigner les oreilles. C'est pas ta faute non plus, si Molly frappe sa cuillère contre les parois de son bol. Tu pourrais lui dire, mais à quoi bon ? Allez Ginny, desserre les paupières, et regarde en face de toi. T'es toujours restée debout, c'est pas le moment de s'effondrer. Voilà, tu vois, c'est simple. Maintenant, fais quelque chose, je ne sais pas, n'importe quoi ! Parle, chante, fais la vaisselle, joue au Quidditch, j'en sais rien ! Tout plutôt que de rester là, à regarder ta mère dans le blanc des yeux. C'est facile tu vois ? Tu lâches quelques mots, c'est bien. Tu expliques que Ron, Harry et Hermione sont partis régler une affaire au Ministère, avec l'aide de Percy. Tu racontes que Charlie est reparti en Roumanie, que ton père s'est plongé dans son travail. Tu parles de Bill et Fleur, qui aident à la reconstruction de Poudlard, en même temps qu'ils essayent de sortir Fred, non, Georges de sa léthargie. Regarde, Molly a relevé la tête. C'est parce que tu as dit Fred, et non parce qu'elle t'écoute. Ne sois pas déçue, elle reviendra, c'est sûr. Même si elle est loin, dans une contrée inconnue, où tu ne pourras jamais la rejoindre. Ne perds pas espoir, Ginny, tu la retrouveras un jour. En attendant, contente-toi de prendre soin d'elle, comme elle a pris soin de toi durant toutes ces années. Allez, petite Ginny, redresse la tête, relève le menton. Si tu l'appelles assez fort, ta mère se retournera, et reprendra le chemin de la maison. Bats toi, tu as affronté bien pire. Tu te pinces l’arête du nez, et sors ta baguette. D'un sort, tu verses de nouveau du café dans ta tasse. Tu passes une main sur ta nuque, puis inspire un grand coup.
« Maman ? »
Tu souffles.