Voldemort vient d’ordonner une trêve d’une heure et depuis, je recherche le moindre visage vivante Aucune ne semble encore de ce monde. Je perçois alors un mouvement qui semble éclore sous un amas de pierres. Je me diriger vers le mouvement et retire une à une chaque pierre. Lorsque j’arrive au bout de ma recherche, je tombe sur le regard étoilé de douleur d’une jeune femme.
Je ne connais pas son nom mais je sais qu’elle est élève à Serdaigle. Quelle chance qu’elle aie survécu à la première attaque !
" Viens avec moi, je vais te conduire en sécurité, je lui indique en lui montrant du bout des doigts la Grande Salle.
- Je ne bougerai pas d’un poil ! Je n’irais pas avec vous ! refuse-t-elle en relevant son port de tête.
Mon teint brouillé et sale a dû l’effrayer
- Ne t’inquiète pas. Ça va aller. Nous allons te ramener à l’intérieur, je propose à la petite fille.
Elle reste quelques secondes à terre, refusant d’abord mon aide avant de se redresser pour venir avec moi dans la Grande Salle qui a été reconvertie en infirmerie en un instant. Je lui tiens la main fermement, pour lui transmettre le trop-plein de courage que j’accumule depuis quelques heures. Mon frère est mort, il m’a été enlevé sans que je ne puisse lui dire au revoir, sans que je ne puisse lui dire tout ce que je ressens pour lui ; lui qui a veillé sur moi pendant des années et qui est mort de la meilleure des façons pour lui… dans le rire. Le plus terrible de tous les mages noirs recherche mon petit ami, l’amour de ma vie, que j’attends depuis tellement d’années et qui a dû m’abandonner alors que ses sentiments se révélaient enfin à lui.
Je sens soudain une brusque présence à mes côtés, passionnée et amoureuse. Je reconnais alors son odeur parmi celles qui traînent dans le couloir et dans tout le château, je la connais tellement bien, au parfum chlorophylle ; elle m’a tellement manqué pendant ces derniers mois… mon amour pour lui est exclusif et j’ai eu tellement de mal à vivre sans ! Harry, que vas-tu faire ? Je redresse mon regard vers ce que je suppose être le sien. Il a une cape d’invisibilité, je le sais.
Jamais donc nous ne pourrons être en paix tous les deux ? Combien de personnes vont encore se mettre entre notre chemin ? Le doux parfum d’Harry s’éloigne vers la porte… Il part ; il part vers la forêt, là où Voldemort l’a appelé… Qu’est-ce que tu as appris Harry ? Pourquoi pars-tu si loin, encore une fois ?
Mon regard suit inconsciemment le chemin de cet invisible, comme si mon amour pouvait poursuivre un homme imperceptible.
Je resserre la pression de ma main sur le bras de la jeune fille qui s’appuie sur moi tant sa jambe la fait souffrir et nous avançons toutes les deux vers l’infirmerie. Ron et Hermione en me voyant arriver, me ramènent un brancard pour déposer la blessée. Je n’ai même pas le temps de prendre son nom qu’elle m'est enlevée par une personne que je ne connais pas ; une infirmière certainement.
Je vois au loin mon frère, George, seul, il est vidé de toute sensation… comme je le comprends ! Je remarque aussi que Ron et Hermione se prennent dans les bras l’un de l’autre ; comment n’ai-je pas pu m’en rendre compte ? Ils sont tellement amoureux !
Mon regard continue sa course dans la salle : Mc Gonagall, la joue griffée, se tient près de Slughorn, tenant sa bouteille de Whisky comme si sa vie en dépendait.
Bill s’approche de moi :
- Ce n’est pas fini Ginny.
Oh si ! Harry est parti ; et il ne va pas faire une partie de Quidditch dans cette stupide de forêt !
- Il est parti… je réponds simplement, d’une voix basse et trop calme.
- Parti où ? s’inquiète alors une voix au loin.
Je relève mes pupilles du sol et croisent celles anxieuses d'Hermione. Je tente de dire quelque chose mais aucun son ne sort de ma bouche.
- Ginny… où est parti Harry ? insiste-t-elle en se plaçant devant moi.
- Il est...avec lui. Il est dans la forêt… avec Voldemort, je conclus avant de fondre en larmes dans les bras de mon frère aîné.
Bill me serre aussi fort qu’il le peut dans ses bras avant que je ne les quitte quand mon second frère prononce :
- On doit aller le chercher !
Je relève ma tête et me retourne brusquement, attrapant à la dernière seconde le poignet de Ron :
- Non, surtout pas ! Tu…Il… S’il est parti… Il ne voulait certainement pas nous voir.
- Ginny, il t’a parlé ?
- Il était sous sa cape d’invisibilité. Il faut que tu restes ici Ron, et toi aussi Hermione. Il reviendra, je le connais, vous le connaissez. Il est fort ! j’achève, certainement aveuglée par mon amour.
Mon frère et sa petite amie s’éloignent de moi et s’installent sur l’un des bancs disponibles.
Les minutes passent, j’ai l’impression que ça fait des années que je patiente dans cette salle. Au loin toute ma famille est réunie et moi, je ne peux pas m’approcher. Je reste à l’embrasure de la porte ; j’attends qu’Harry revienne, avec ce sourire de victoire « Il est mort, c’est terminé Ginny… tout est fini ».
Mes pensées me happent, que va-t-on bien pouvoir faire une fois cette stupide guerre terminée ? Harry va vouloir se reposer, cela fait des mois et des mois qu’il vadrouille dans tout le Royaume-Uni. Maintenant que sa mission est terminée, il va pouvoir se relâcher. J’ai tellement hâte que l’on puisse se retrouver tous les deux, ensembles, enfin !
Ron et Hermione me rejoignent ; eux aussi sont impatients de le revoir ; eux aussi ont passé une année infernale avec Harry.
Au moment où Ron allait converser pour tenter de nous faire patienter, alors que l’impatience est perceptible dans sa voix, on entend un vacarme attirant tout le monde dehors et une voix qui se détache du bruit ambiant
- Harry Potter est mort.
Je réprime soudain un vomissent, qui me brûle la gorge comme de l’arachide, je tombe à terre, rattrapée à la dernière seconde par Hermione, manquant de me briser la nuque sur le béton :
- Il a été tué alors qu’il prenait la fuite, essayant de se sauver pendant que vous donniez vos vies pour lui. Nous vous apportons son cadavre comme preuve que votre héros n’est plus. La bataille est gagnée. Vous avez perdu la moitié de vos combattants. Mes Mangemorts sont plus nombreux que vous et le Survivant est fini à tout jamais. Il ne doit plus y avoir de guerre. Quiconque continuera à résister, homme, femme, enfant sera éliminé, ainsi que tous les membres de sa famille. Sortez maintenant du château, agenouillez-vous devant moi, et vous serez épargnés. Vos parents, vos enfants, vos frères et vos sœurs vivront, ils seront pardonnés, et vous vous joindrez à moi pour que nous reconstruisions ensemble un monde nouveau. Le message s’arrête et j’ai l’impression que mon esprit m’a joué un mauvais tour, que ce message n’était qu’un rêve ; mais lorsque je vois au loin la masse des Mangemorts s’avancer, dominés par Voldemort et Hagrid, je comprends que tout est vrai.
Mon sang tape sur mes tempes de plus en plus fort au fur et à mesure que la procession funèbre avance vers nous. Soudain elle s’arrête, à quelques mètres de nous et un cri glace l’atmosphère déjà gelée par les sanglots d’Hagrid.
La voix du professeur Mc Gonagall résonne pendant plusieurs secondes dans mes oreilles avant d’être rejointe par celles de Ron et Hermione et inconsciemment, la mienne :
- Harry ! HARRY !
Je le regarde entre mes larmes, son teint est comme il y a quelques heures, ses pommettes sont rougies, sa cicatrice est toujours là ; il me paraît si vivant… Mon cœur n’a pas l’impression d’avoir perdu l’amour de sa vie ; seul mon cerveau s’évertue à me le répéter.
Autour de moi les cris se mélangent aux rires des Mangemorts, ma tête est sur le point d’exploser tant tous ces sons me ravagent et d’un coup, plus rien.
- Pose-le par terre Hagrid, à mes pieds, c’est là qu’est sa place !
Le corps sans vie de mon petit ami se retrouve humilié au pied de son ennemi ultime ; l’homme qui aura décimé à lui seul tous les Potter ; l’homme qui aura rendu Harry orphelin et qui m’aura retiré le seul homme que j’ai jamais aimé. Voldemort continue alors son humiliation en insinuant tout un tas de chose jusqu’à ce que Ron lui claque le bec, se faisant agresser. La dégradation se poursuit pendant de longues minutes ; longues minutes pendant lesquelles mes larmes tâchent mes joues et mes yeux hallucinent en me faisant croire à la respiration de mon défunt petit ami.
Dire que tous les deux ont auraient pu vivre une belle histoire d’amour, qui aurait duré son temps, mais qui aurait été heureuse. Notre avenir n’était pas écrit, mon avenir n’était pas écrit et le sien n’aurait jamais dû l’être. J’aurais peut-être dû comprendre que son destin était scellé dès le 31 Octobre 1981 ; peut-être que j’aurais dû comprendre. Oui, mais heureusement mon cœur a été plus fort que le destin.
Brusquement, un cri, des hurlements et une clameur explosent dans l’assemblée que forment les membres de l’Ordre du Phoenix et les Mangemorts.
- HARRY. OU EST HARRY ?
Mon cœur loupe un battement et mon cerveau s’arrête : où est Harry ?
Un chaos s’en suit ; je me sens comme protégée ; comme si une âme veillait sur moi de là-haut. Je sais maintenant que ce sentiment est dû à Fred ; entre autre…
Dans la Grande Salle, les combats se succèdent ; les Mangemorts abandonnent, effrayés par nos forces, ou meurent, arrachés à la vie par nos forces. Un pouvoir semble s’être abattu sur nous, comme la fiole de Felix Felicis de l’année dernière, et tout l’Ordre du Phoenix en bénéficie. Bellatrix meurt, des mains de ma propre mère, qui me protège ; elle a déjà perdu un enfant, pas deux. Au centre de la pièce, Voldemort se bat contre trois de nos professeurs avec une simplicité déroutante.
- HARRY ! IL EST VIVANT ! crie soudain une voix.
Je me retourne et je le vois ; mon cœur bat la chamade et je me détends.
Il est là…