J'attrape ma veste sur le dossier de la chaise, jette un dernier regard dans le miroir et sors dans la rue.
Je sens glisser sur mon visage de fines gouttelettes de pluie gelée. L'air frais de la nuit se glisse à travers mes vêtements et me fait frissonner. A chaque nouvelle respiration de la fumée sort de ma bouche. Froid.
Je remonte le col de ma veste pour tenter de me protéger. L'humidité.
Je fais quelques pas avant de tourner dans une ruelle sombre où, je transplane à quelques rues du lieu de mon rendez-vous.
Quelques badauds se promènent dans les rues. Je m'en moque. Je ne fais pas attention à eux et ils ne font pas attention à moi.
Très vite, j'arrive devant la porte d'entrée. J'entends des rires et de la musique à l'intérieur. Je vois à travers la fenêtre donnant sur la rue des ombres se mouvoir.
Je n'ai pas vraiment l'habitude de sonner avant d'entrer chez James et Lily. Chez eux, c'est un peu comme chez moi. Mais, ce soir, j'attends sur le perron. Je laisse la musique m'entourer. Je laisse le crescendo de ce morceau que j'apprécie, atteindre doucement chaque connexion de mon cerveau. Je souris. Souvenir.
Je suis tellement pris par les paroles que je ne fais pas attention à la porte qui s'ouvre devant moi.
- C'est à l'intérieur que cela se passe, me lance joyeusement James en m'invitant à entrer. Bon anniversaire Patmol, ajoute-t-il en me donnant une accolade fraternelle. Je souris. Nostalgie.
La maison sent bon comme toujours et encore plus lorsque Lily cuisine. Mon estomac se réveille et mon ventre grogne. Faim.
Je m'approche du feu qui ronfle dans la cheminée et tend les mains devant moi. Je laisse la chaleur m'englober et réchauffer mon corps et mon âme.
J'aime la chaleur. Je déteste le froid et l'humidité. Je déteste le froid qui me pénètre le corps à m'en faire mal. Je déteste frissonner des heures durant et ne pas pouvoir me réchauffer. Maladie.
J'ai presque envie de ronronner tellement je me sens bien devant cette cheminée. C'est un peu idiot surtout quand on connaît mon animagus.
J'entends des pas. Je sens le parfum de Lily envahir la pièce. Tendresse.
- Joyeux anniversaire Sirius.
Je me tourne et lui souris. Elle s'approche de moi et me serre contre elle.
- Tu n'étais pas obligé de faire tout ça, je murmure doucement en profitant de cette étreinte.
- Tu le mérites, elle répond en se reculant. Le repas est bientôt prêt. Pas de bêtises tous les deux.
Elle sourit. James et moi rions. Ce n'est pas comme si nous faisions des bêtises lorsque nous étions ensemble. Pincement au cœur.
Remus nous rejoint quelques minutes plus tard. Nous sommes tous les trois assis dans le salon et nous discutons joyeusement. Mélancolie.
J'entends des bruits de casseroles dans la cuisine. Lily refuse notre aide. Elle s'obstine chaque année à me préparer une fête d'anniversaire. Chaque année, je lui dis que ce n'est pas nécessaire et chaque année, James me supplie de faire acte de présence. Mais, au fond, je suis content d'avoir un jour à moi.
Nous passons à table. Le repas est somptueux. Je me ressers plusieurs fois de chaque plat, comme si je n'avais plus mangé de vrai repas depuis de nombreuses années.
La bouche pleine, j'écoute d'une oreille attentive la conversation qui tourne autour des enfants de mes meilleurs amis.
- Harry n'écrit plus vraiment. Je peux le comprendre, à son âge, nous pensions à autre chose que donner des nouvelles à nos parents. Sa sœur, par contre, a encore besoin de partager avec nous, ces moments de vie à Poudlard.
Je souris. Amertume.
Quelques minutes plus tard, la maison est plongée dans le noir. Je lève les yeux au ciel. Elle s'obstine. Je ne suis plus un enfant mais, au fond de moi, cela me fait plaisir. Alors, je joue le jeu sans me forcer.
Je vois s'avancer de la cuisine des flammes que je devine être des bougies qui vacillent de gauche à droite par le mouvement du gâteau.
James entonne « Joyeux anniversaire » reprit très vite en chœur par Remus et Lily. Tristesse.
Je sens la présence de Lily à ma droite lorsqu'elle dépose le gâteau devant moi.
- Fais un vœu, elle chuchote.
Je me penche, je ferme les yeux, je pense très fort à ce vœu en soufflant les bougies. Celles-ci s'éteignent les unes après les autres.
Lorsque plus aucune source de lumière éclair la pièce, j'entends les applaudissements de mes meilleurs amis.
Je ris. Cela m'amuse. Cafard.
Je cligne plusieurs fois des yeux lorsque les lumières sont à nouveau allumées. Mes yeux s'habituent rapidement.
Lily prépare les assiettes à dessert pendant que j'enlève les bougies et coupe quatre parts. Je ne prends pas la peine de vérifier si le compte est bon, je connais suffisamment Lily pour savoir qu'elle n'a pas dû se tromper sur mon âge. Elle me tend les assiettes que je sers les unes après les autres. C'est devenue comme une routine au fil des ans. Réminiscence.
Repu, heureux, j'observe ma famille avec paresse.
James égal à lui-même fait rire tout le monde. Toujours autant amoureux de sa femme après toutes ces années, il lui sourit amoureusement.
Remus, fatigué par ses transformations est toujours mon repère de sérénité et sans doute de maturité.
Lily, bienveillante avec ses amis et sa famille ne changera sans doute jamais.
Vide.
J'observe ces trois visages que je connais et côtoie depuis pas mal d'années maintenant. Je suis reconnaissant à la vie de les avoir mis sur ma route car je suis devenu l'homme que je suis grâce à eux. Manque.
James sert le digestif et envois d'un coup de baguette, trois verres dans nos directions respectives. J'attrape le mien et le bois cul sec. Je sens l'alcool descendre dans ma gorge. J'aime sentir cette brûlure.
Le moment est parfait. Je me sens bien. Je me sens heureux. La chaleur de ce foyer m'englobe encore et toujours. Je souris. Solitude.
La conversation est joyeuse. Chacun ajoute des éléments aux anecdotes de Poudlard. Nous rions à gorge déployée. Moment parfait. Morosité.
On sonne à la porte. James se lève et va ouvrir. Je continue de discuter avec Remus et Lily.
J'entends de loin une voix d'homme que je n'identifie pas tout de suite jusqu'au moment où Peter apparaît dans la pièce. Animosité.
Mon corps se tend. Mon souffle se bloque. Mes sourcils se froncent. Je ne comprends pas immédiatement mon malaise. Une colère sans nom s'empare de moi. Je sens mon sang bouillonner dans mes veines. Ma main se plaque automatiquement contre ma baguette. J'ai besoin de lui faire du mal. Fureur.
- Pas Petigrow
Mes amis me regardent mais n'interviennent pas. Lui, se contente de me regarder avec un sourire sur les lèvres. Je veux faire partir ce sourire idiot. Agitation.
La mâchoire serrée, je me lève d'un bond et je saute sur lui. Colère.
Dans ce mouvement incontrôlable de mon corps, je renverse plusieurs chaises qui se trouvent près de moi.
Surpris, il n'a pas le temps de réagir. Nous tombons sur le sol. Il ne se débat pas.
Mes mains glissent automatiquement autour de son cou. Satisfaction.
Je vois son visage devenir rouge, ses yeux s'écarquiller et s'humidifier. Je sers encore plus fort. Envie de vengeance. Je veux lui faire du mal. Délectation.
- TRAÎTRE !
Son visage devient violet mais je m'en moque. J'ai besoin de ça. Il roule des yeux et je sers encore plus fort.
- Sirius
Je tourne la tête vers mes amis qui se tiennent debout à mes côtés. Remus a disparu. Je ne vois aucun sentiment sur leur visage. Ils sont inhumains, fantomatiques. Je sens une larme rouler le long de ma joue. Désespoir.
- Il doit payer, je murmure. Vous êtes mort à cause de lui. Tristesse.
Mon corps tremble. Mon cœur se serre. Je sanglote. Peur.
Les yeux écarquillés, je ne quitte pas James et Lily des yeux. Ils sont là sans être là. J'ai envie de hurler ma douleur. Hurler de rage. En une seconde, ils disparaissent. Douleur.
- Non...non...non. Cauchemar.
Vengeance. Ce mot résonne dans mon esprit et contamine chacune de mes cellules. Vengeance.
Je sers plus fort mes mains autour de son cou. Je vois dans ses yeux le souffle de la vie s'éloigner. Rage.
Il convulse sous moi. Son corps se tend et puis ses muscles se relâchent lorsque la vie le quitte.
Un son sort de ma bouche. Presque silencieusement au début avant de devenir un son plus fort qui se répète encore et encore. Je ris.
Je ris pendant des heures. Mes mains toujours autour de son cou. Je ris de le voir comme cela, mort. Folie.
Au bout d'une heure, mon corps cède. Épuisé, je m'effondre sur le sol de ma cellule comme une poupée de chiffon. Je ferme les yeux. Seul.
Quelques minutes après, je perds connaissance.