Qu’est-ce qui avait bien pu lui tomber sur la tête pour qu’elle soit si lourde ? Et pourquoi n’arrivait-il pas à ouvrir les yeux ? L’image du derrière gris et dodu de Croutârd qui s’éloignait dans l’herbe, puis celle des crocs blancs surmontés de deux yeux luisants et cruels qui se jetaient sur sa jambe, s’imposèrent à lui.
Un élancement, né dans son mollet, remonta jusqu’à son dos, au moment où Ron essaya de se retourner. Le chien l’avait mordu et l’avait traîné dans le souterrain. Celui qui débutait sous le saule cogneur. Sirius ! Il se rappelait maintenant. Sirius était à Poudlard, Sirius était un animagus qui l’avait attaqué, Croutârd aussi mais un animagus qui avait trahi les parents de Harry, le professeur Lupin, un loup-Garou. Et le loup-garou les avait attaqués. Ils avaient été attaqués. Tous les trois.
Ou était Hermione, que lui était-il arrivé ? Et Harry et lui ? Ron peinait à ouvrir ses yeux. Une lumière orangeâtre lui annonça qu’il avait réussi à entrouvrir les yeux. Mais tout était flou. Il sentait l’odeur des potions et de la pimentine. Il voyait de long nuage vertical ondulé.
Des rideaux. Il était dans l’infirmerie et des courants d’air faisaient ondulés les rideaux. Et où était Hermione ? Et Harry, bien sûr ! Où étaient ses amis, ses deux amis ? Est-ce qu’ils avaient été blessés ? Tués ?
Il tenta de relever la tête. Il échoua. Son crâne pesait un dragon et était rempli de filets du diable qui lui étranglaient les neurones à les en faire éclater.
Des murmures assourdis lui parvenaient. Il n’était pas seul. Il cilla, tenta de rendre l’image plus nette. Une silhouette se tenait là, dans la bouteille de potions. Non se secoua t’il intérieurement, elle se trouvait derrière la bouteille. Et la bouteille se trouvait devant ses yeux. C’est son contenu orange qui teintait toute la salle.
Ron grogna une nouvelle fois. Il espérait attirer l’attention de quelqu’un ; la silhouette ou Mme Pomfresh. Mais il échoua là encore. Non, la silhouette se tournait vers lui. Il reconnu soudain le visage griffé et tuméfié de Hermione. Elle était en vie. Blessée, mais en vie et toujours aussi lumineuse. Elle était en bonne santé. Elle allait bien, quoi. Et Harry, songea Ron dont les yeux restaient attachés à la chevelure auburn de sa jeune amie.
Une deuxième silhouette apparut. Elle parlait, elle aussi, mais d’une voix plus grave. Harry. Harry aussi allait bien et était en vie et le professeur Dumbledore. Ron fronça les sourcils, quand le directeur de l’école était-il arrivé à leur secours ? Il se rappelait de l’entrée prétentieuse du professeur Rogue, celle plus héroïque du professeur Lupin mais par de l’arrivée du professeur Dumbledore.
« #Trois tours devraient suffire. Bonne chance# »
Trois tours de quoi, se demanda Ron qui fixait toujours Hermione. Elle paraissait aller très bien. Et la couleur orangée de la potion mettait son teint en valeur. Il fallait qu’il ait eu très peur, pour qu’il s’inquiète du teint de Hermione. Ce n’était pas tous les jours qu’on se faisait attaquer par un Loup-garou, et qu’on voyait son amie tenter d’apprivoiser un monstre assoiffé de sang et de chair.
Le bruit d’une porte qui se ferme, le sortit de ses souvenirs, qui revenaient à peine et dans le plus grand désordre.
La deuxième silhouette s’approcha de son Hermione. Son amie était essoufflée, lorsqu’elle demanda.
« #Prêt# »
Prêt à quoi ? Et pourquoi ses amis ne venaient pas le chercher pour l’emmener avec eux dans leur aventure.
« #Qu’est-ce qu’on va faire ?# »
Oui ! Qu’est ce qu’ils allaient faire tous les deux ? Quand il y avait du danger ils y allaient tous les trois. Qui allait protéger Hermione lorsque Harry combattrait ?
Les silhouettes disparurent de la bouteille de potion orange. Le bruit de la porte, lui fit baisser la tête, qui cette fois obéit et glissa de quelques centimètres sur le coussin. Dans une bouteille remplie de liquide vert, il vit la porte s’ouvrir et deux silhouettes apparaître. Ses deux amis étaient de retour dans son champ de vision.
Ils étaient encore plus essoufflés que tout à l’heure mais paraissaient heureux. Hermione était belle à travers la bouteille. Le vert allait bien au teint de Hermione. Mais Hermione était toujours mignonne lorsqu’elle avait couru où pris l’air. Oui, il était vraiment très heureux de voir que ses amis allaient bien après cette terrible attaque de loups-garous.