Un grognement lugubre couvrit le crépitement monotone du feu, qui dansait dans le poêle et faisait se trémousser les ombres et les reflets sur les rideaux de velours rouges du dortoir de Griffondor.
Aucun mouvement ne répondit au menaçant grondement.
Le feu reprit son chant pétillant, accompagnant le sautillement des flammes et la ronde des lumières et des ténèbres entre les plis des lourdes tentures sang. Un courant d’air anima brièvement les étoffes.
Et un grimoire traversa la pièce et tomba lourdement sur le sol.
Les couvertures d’un des lits se redressèrent et libérèrent une chevelure orange. Un regard furieux embrassa la pièce mais ne put trouver aucune cause ou victime à son terrible courroux.
Neville avait fui le premier la tension de son terrifiant compagnon, presque immédiatement suivi par Seamus et Dean. La porte s’était refermée mais n’avait pas pu étouffer la cavalcade précipitée des adolescents qui se repliaient vers la salle commune et sa rassurante civilisation.
Ron était resté seul avec ses bougonnements. Son humeur maussade s’était retourné contre son livre de potion et le désagréable et prétentieux professeur qui enseignait cette pénible matière qu’il avait espéré éviter cette année.
Elle ! Tout était sa faute à elle. Elle, elle était là-bas avec cet arrogant nabot fanfaron de McLaggen.
Cet espèce de matamore, bravache et bellâtre, toujours sûr de lui, qui avait tenter de se faire engager dans l’équipe de Quidditch ; qui continuait à prétendre donner des conseils au capitaine de l’équipe, à l’équipe et surtout qui continuait à briguer ouvertement son poste à Lui.
Et c’est cette espèce de butor opportuniste que Slughorn invitait à ses réunions. Ce maniéré enseignant qui était incapable de se souvenir de son nom à lui.
« W.E .A.T.H.L.E.Y R.O.N » épela-t-il dans un hurlement aux rideaux.
Oui, songea Ron dans un nouveau vagissement. Il était Ron.
Le Ron qui était le meilleur ami de l’élu.
Le Ron qui était descendu avec l’élu pour protéger la pierre philosophale.
Le Ron qui avait vaincu un troll, avec l’aide de l’élu, d’accord, mais alors qu’ils étaient tous deux en première année.
Il était le Ron qui avait vaincu l’échiquier magique de McGonnagall.
Le Ron qui s’était défendu, et avec une baguette cassée encore, contre une multitude d’araignées géantes.
Le Ron qui était descendu dans la chambre des secrets pour attaquer le basilic et lui reprendre sa Ginny de sœur qui, elle aussi, était invitée aux réunions de Slughi.
Le Ron qui avait combattu tout une armée d’êtres de l’eau, « d’un ronflement peut-être, » siffla t’il entre ses dents au souvenir de sa bêcheuse et insupportable mam’zelle je-sais-tout de fausse amie.
Mais tout de même, il était revenu vivant du lac et avait aidé le champion à sortir la petite sœur de Fleur des eaux glacées. Même cette semi Velane avait été capable de reconnaitre son rôle héroïque.
La chaleur envahit son visage au souvenir de l’effleurement des lèvres fraiches et douce et le rouquin se rejeta en arrière et se retourna dos à la porte et surtout dos au lit de Harry qui l’avait lâchement abandonné pour ce poseur de Slughorn.
Le monde ne tournait décidément pas rond. C’est lui, Ron Weasley, qui devrait se trouver au bras d’Hermione Granger et être le centre de l’admiration de tous. Avec Harry, d’accord.