La flûte enchantée, qui planait au dessus du comptoir de la boutique « Honey Dukes », sifflait en boucle un joyeux noël aux nouveaux arrivants.
Les friandises et les gâteaux offraient leurs couleurs et leurs parfums fruités et Ron allait d'un rayon à l'autre avec son sac en papier. Devant lui, Hermione avait déjà remplis deux sacs pour leur ami, privé de Pré-Au-Lard pour cause de prisonnier en fuite.
Ron suivait son amie. Elle avait remonté ses cheveux. Il n'avait jamais fait attention à la façon dont son amie était coiffée. Il s'en moquait bien. Mais il ne savait pas pourquoi ; cette nuque, qui sortait du col de la lourde cape de Poudlard, retenait son attention depuis leur départ de l’école.
Sans doute un sentiment fraternel songea-t-il ; après tout elle allait attraper froid à se balader avec autant de peau rosé et soyeuse exposée au froid mordant et à la neige glacée.
La tête d'Hermione s'était penchée sur un panier rempli de suçacides. Elle semblait réfléchir. Le cou de son amie s'était encore allongé.
En regardant ce long et délicat cou, Ron ne pouvait s’empêcher de faire le rapprochement avec ceux des cygnes, qu’il avait parfois vu nager sur la mare devant sa maison et dont la tête se balançait souplement, dignement, presque royale.
Ron secoua sa propre tête. Il fallait qu'il se secoue et qu'il cherche des sucreries pour Harry qui était bloqué à Poudlard.
"Tu n'as pas encore rempli ton sac ?"
Ron s'aperçut que la masse de cheveux, qui surmontait la nuque si fragile et si douce, avait été remplacée par un visage dont les deux yeux le fixaient interrogatifs.
« J'ai pas eu le temps de voir ce que tu prenais, bafouilla-t-il avant de se rengorger pour poursuivre d'un ton plus sûr. Ce serait bête de prendre la même chose. Ce serait mieux que Harry puisse avoir une grande variété de friandises.
— Pour cela, réfléchit à voix haute Hermione, il faudrait que nous prenions chacun une allée, pour ne pas avoir les mêmes caisses de bonbons.
— Oui, c'est sûr, c'est même évident. »
Ron s'éloigna de son amie, et se mit en quête de quelques confiseries pour adoucir l'amertume de Harry, qui se retrouvait prisonnier de l'école.
Mais dans les bacs où s’empilaient les sucrées chocogrenouilles et autres savoureux délices du chaudron, il revoyait sans cesse une longue nuque à la lumineuse peau de pèche et au parfum de vanille.