Yo !
Voici ma participation au concours de Princesse "Tatou... L'Art dans la peau". Dont le but était de mettre à l'honneur le tatouage. C'est ce que j'ai essayé de faire avec un Teddy un brin manipulateur.
les conditions étaient les suivantes :
- Vous pouvez choisir librement le tatouage de votre personnage, ainsi que son histoire, mais vous devez expliquer le symbolisme de ce tatouage et ce qu’il représente pour votre personnage, et pourquoi il a décidé de se le faire tatouer. (ex: Si Harry Potter avait réellement eu un Magyar à Pointes tatoué sur le torse :lol: , vous auriez dû expliquer pourquoi le Magyar, et pourquoi le torse !)
- Cinq des douze mots suivants seront obligatoires à placer => pigments, henné, scarification, social, celtique, traditionnel, subtilité, ethnie, marque, pointilliste, estampe… …Et mention très spéciale pour ceux qui réussiront à placer le mot «horimono » :fan: , qui signifie littéralement la sculpture en Japonais, mais qui désigne plus communément le Tatouage.
- Dernière contrainte : cela serait intéressant de retrouver dans votre fiction l’étymologie du mot Tatouage, qui est la suivante : « Le mot vient du Tahitien ‘tatau', qui signifie marquer, dessiner ou frapper et dérive de l'expression « Ta-atouas ». La racine du mot, ‘ta’ signifie « dessin » et ‘atua’ signifie « esprit, dieu ». »
- La fiction comptera minimum 500 mots jusqu’à un maximum de… 10 000 mots pour les plus audacieux ; ) et tous les formats sont acceptés (comme les drabbles ! )
Merci à Bevy pour ses conseils, des câlins pour toute ton aide et surtout tes précieux encouragements ;-)
Le titre est inspiré de la chanson de Bénabar, "Infréquentable" et le résumé m'a gracieusement était offert par Bevy (merci ma poule ^^)
Bonne lecture !
— Tu vas me faire la tête encore longtemps ?... Dom ?!
La jeune femme continu de l'ignorer royalement. Si elle croit être la plus têtue des deux, elle se met le doigt dans l’oeil ! Teddy est bien décidé à la faire réagir, il est déterminé à mettre au clair les évènements du Nouvel An.
— Je ne t'ai pas invitée pour que tu joues les chaperons, dit-il en se rapprochant de la rouquine.
Il enlève sa casquette et ses lèvres frôlent les mèches ravageuses tout près de son oreille. Un instant, son propre culot le brûle de l'intérieur, puis plus rien ne compte à part l'odeur de jasmin qui s'échappe de la peau diaphane sous son souffle.
— Arrête. Tu sais très bien que ça ne fonctionne pas sur moi.
C'est vrai qu'elle voit très clair dans son jeu. Depuis toujours elle entrevoit l'égoïsme qu'il dissimule derrière les sourires charmeurs. Elle discerne la manipulation tapie sous ses gestes tendres. Il aurait préféré lui cacher ses défauts qui l'écoeurent, cela aurait facilité les choses. Il voudrait être meilleur pour qu'elle l'accepte, mais il est trop tard. Il est ce Teddy qui aime être adulé, celui qui joue les grands frères pour la tribu Weasley-Potter, celui qui prodigue les bons conseils, qui a des tonnes de potes, qui est doué en métamorphose, qui amuse la galerie avec ses anecdotes, celui qu'on a de cesse d'envier. Teddy c'est le type cool par excellence. Mais derrière ce masque, se cache des faiblesses indicibles, une grossièreté immuable. Son arrogance s'imprime en majuscule dans son coeur et pourtant personne ne peut le voir tirer les ficelles de ces marionnettes aux têtes vides. Il s’étonne souvent de sa capacité à manipuler le monde qui l’entoure. Oui, tout le monde. Sauf Dominique Weasley. Et ce mystère l'agace et le fascine tout à la fois. L'élucider est devenu son obsession.
— Fais attention, une moustache de ton dragon dépasse.
Teddy se raidit d’un coup et son regard quitte les lèvres desséchées de la jeune femme. Il vérifie que le dragon fraîchement tatoué de la veille n’essaye pas de se faufiler vers son avant-bras. Fort heureusement, c’est une fausse alerte pour cette fois. D’ailleurs un sourire moqueur s’affiche face à la lui.
— Tu es fière de toi ?
— Très fière !
— Tu sais comme ils sont strictes ici. Si je laisse un seul de ces moldus voir mon tatouage, on ne me loupera pas. Je suis bon pour faire un séjour dans l’une de leur cellule miteuse. Il paraît qu’à côté, Azkaban c’était de la gnognotte. Prends les choses un peu plus au sérieux, s’il te plaît !
— Tu aurais dû y penser hier soir ! Bon sang mais quelle idée de te faire tatouer !
— Toichi-san est le meilleur dans le domaine de l’estampe, je ne pouvais quand même pas passer à côté de cette occasion. C’est d'ailleurs l’une des raisons de ce voyage.
— Vraiment ? Personne ne m’a prévenue…
— Tu es une rabat-joie, voilà pourquoi personne ne te parle des bons plans, marmonne Teddy en reportant son attention sur la masse bruyante qui les entoure.
— Et puis franchement, reprend Dominique, un dragon ? C’est d’une banalité.
— J’ai mes raisons, d’accord.
— Explique-moi.
Cette fille a vraiment le don de l’enquiquiner. Teddy aurait préféré qu’elle garde le silence finalement, car il n’a aucune envie de lui dévoiler la signification de son tatouage. Quand il s’agit de jouer, il est le premier dans les starting block, mais quand il faut devenir plus sérieux ça l’ennuie. Seulement, Dominique est comme ça, elle aime gratter la croûte de vernis qui éblouit tous les autres. Elle n’a pas le temps pour les enfantillages ou les distractions. Elle pressent que cette marque qu’il gardera à vie n’est pas le résultat d’un énième caprice d’orphelin comme les autres le pensent.
— J'attends, le rappelle à l’ordre Dominique.
Ses cheveux roux coupés au carré encadrent son regard qui brille, et Teddy sait alors qu’elle meurt d’envie de savoir. Elle a beau lui en vouloir, elle est aussi joueuse que lui. Et aucun des deux ne souhaite endosser le rôle de la souris dans cette chasse.
— Ryu est mon nouvel animal de compagnie.
— Ryu ? Tu lui as donné un nom, c’est sérieux ?
— Oui, pourquoi pas, il sera avec moi pour toujours. N’est-ce pas Ryu ? susurre le jeune homme à son épaule.
— C’est ridicule, tu es ridicule… Mais admettons, pourquoi un dragon ? Pourquoi te faire graver pour toujours cette bestiole ?
— Ce n’est pas simplement un dragon.
— Ça m'en a tout l'air pourtant, rétorque Dominique avec une mou sceptique.
— Qu'est-ce que tu peux être psycho-rigide parfois. Tu me rappelles ta mère, se plaint Teddy. Mais je veux bien jouer les Illuminateur pour toi. Tu savais que le mot « tatouage » venait du Tahitien ‘tatau', qui signifie marquer…
— …dessiner ou frapper. Oui et il dérive de l'expression « Ta-atouas », dont la racine ‘ta’ signifie « dessin » et ‘atua’ « esprit, dieu », récite Dominique en levant les yeux au ciel. Oui, je t’ai déjà entendu réciter ton petit speech à tes copains.
L'humour ne suffira pas pour lui permettre d'échapper aux questions de la jeune femme. La superficialité ne lui suffira jamais, le regard intense qu'elle pose sur lui en est une nouvelle preuve. Il n’arrive pas à soutenir ces regards trop réels. Alors, il préfère profiter de ce court répit pour observer les jambes écorchées de la rouquine. Son short en jean peine à dissimuler la musculature de ses cuisses, obtenue à force de baignades dans des lacs, d’escalade aux arbres ou de balades à cheval. Sa peau a pris une couleur caramel sous ce soleil de plomb, et le dessin de ces sandales s’est imprimé sur ses pieds tachetés. Ses ongles au vernis écaillé et poussiéreux mériteraient un rafraichissement. Et c’est autant de détails disgracieux qui donne envie à Teddy de faire glisser ses doigts le long de ses mollets brûlants.
A elle, il peut l’avouer. Elle comprendra la douleur qu’il a voulu marquer sur sa peau. Cette injustice qui le suit depuis toujours et qu’il a voulu voir se matérialiser. Il espère même que cela lui fera baisser sa garde. Une Dominique amadouée sera toujours plus simple à convaincre.
— Très bien. J'ai choisi un dragon, parce que dans la mythologie asiatique c'est un gardien, un protecteur.
— Tu te sens menacé Lupin ?
— Oui, murmure le jeune homme en observant le creux de ses mains.
— De quoi est-ce que tu as peur ?
— Du grand méchant loup...
Dominque ne dit rien, elle fronce les sourcils et attend. Elle sait qu'il manque des mots. Le texte à trous de Teddy doit être complété, mais la ponctuation l'oblige à faire une nouvelle pause. Le silence de la rouquine murmure des mots doux qui font regretter au jeune homme de ne pas être à la hauteur. Il voudrait effacer ses péchés et s'enfoncer dans la douceur de ses yeux noisette. Ses mêmes yeux qui le forcent à avouer des secrets douloureux. Des peurs, tout le monde en porte au fond de leur cœur. Celles de Teddy ne sont pas si différentes, mais lui a eu besoin de la sentir à la surface de son être. Si elle est capable de faire des dégâts au fond de lui, pourquoi ne pas la laisser s’exprimer à l’extérieur ?
— Mon grand méchant loup à moi, c'est la peur d'être abandonné.
C’est comme si le temps était suspendu. Le brouhaha des gens n’existe plus, la chaleur a disparu et seule la main de Dominique qui effleure sa peau fragile semble avoir de la substance. Ses doigts sont des lames qui tranchent ses dernières réticences. Sa volonté d’être meilleur n’est plus qu’un lointain souvenir et il se sent prêt à toutes les bassesses pour que sa faiblesse soit réciproque. Il a plein d’idées derrière la tête et vendrait jusqu’à l’âme de son parrain pour étendre les secondes de douceur que lui offre Dominique, même si ça ressemble à de la pitié…
¬— Ryu ne m’abandonnera jamais, dit-il avec un sourire triste.
— Teddy, tu n’es pas seul. Tu as ta grand-mère, tu as Harry. Tu as tes amis. Tu nous as tous, voyons. Nous sommes ta famille.
— Harry n’est pas mon père. Ma grand-mère me traite d’original. Elle ne me prend pas au sérieux. Mes amis ne me connaissent pas vraiment. Et votre tribu me voit comme quelqu’un d’à part. Ils auront beau faire ce qu’ils peuvent pour m’intégrer, j’aurais toujours l’impression de ne pas être à ma place. Et il y a toi. Tu me détestes et je ne sais même pas pourquoi !
— Ne me fait pas passer pour la méchante. Tu sais très bien pourquoi je t’en veux. — A ton tour de t’expliquer, rétorque Teddy en soutenant avec insolence le regard de Dominique.
— Ne fais pas l’innocent, tu as laissé tomber Victoire alors qu’elle était au plus bas, siffle la rouquine entre ses dents.
— Je n’ai laissé tomber personne. Ça ne marchait plus entre nous, alors elle a décidé de me quitter. Point final.
— Elle n’allait pas bien au moment où elle a pris cette décision. Elle avait la pire opinion d’elle-même ! s’emporte la jeune femme.
— J’ai essayé de l’aider, mais elle m’a clairement rejeté à chaque fois, tente de se défendre Teddy. Qu’est-ce que j’étais sensé faire ? Comprend moi bien, j’ai une profonde affection pour ta sœur, mais notre couple n’était qu’un béguin de jeunesse, qu’elle a fini par idéaliser, comme tout le monde…
— Alors tu préfères la laisser crever avec ses délires ?!
— Je ne suis pas un héros ! Je ne sauve pas les gens ! éclate Teddy. Bon sang, Dom, qu’est-ce que tu attends de moi ? Traite-moi de monstre si tu veux, mais j’ai mes propres démons à gérer, je n’ai aucune envie de m’encombrer des problèmes des autres.
— C’est le principe même de l’amour, figure-toi. On s’oublie pour soutenir l’autre dans les moments difficiles…
— Et toi alors, qu’est-ce que tu as fait pour l’aider à s’en sortir ?! Tu fais la sourde oreille quand elle parle de ses défauts imaginaires. Tu la rends médiocre en réussissant tout ce que tu entreprends. Tu te contentes de jouer les témoins muets quand elle se réfugie dans les toilettes à la fin des repas !
La claque est partie toute seule. Ça la surprit, mais il ne peut pas dire qu’il lui en veut. Il s’est montré si odieux. Il s’imagine s’arracher les deux yeux pour se punir d’avoir laissé échapper ce venin. Teddy relève son regard honteux vers la jeune femme. Il peut lire dans ses yeux embués la culpabilité et l’impuissance. Ces mêmes sentiments qu’il ressent quand il pense à Victoire. Pourtant, sa joue en feu, n’est pas aussi douloureuse que l’idée qui lui traverse l’esprit à cet instant. Car, malgré cette scène, il n’a qu’une envie hideuse qui grignote ses neurones. Il veut la prendre dans ses bras et lui promettre qu’ils s’en sortiront ensemble. Il ne souhaite qu’une chose, corrompre son coeur pour qu’ils puissent vivre une idylle coupable.
— La vérité fait toujours mal, pas vrai ? ose-t-il dire à haute voix.
Dominique se contente d’observer le ciel bleu plein de nuage cotonneux.
— Comment Toichi-san s’y prend-t-il pour rendre le tatouage vivant ? demande-t-elle finalement sans regarder le jeune homme.
— Il réalise ses propres pigments, dit-il en portant sa main à sa mâchoire. C’est ce qui lui prend le plus de temps, des mois pour certaines couleurs. C’est en tout cas ce qu’il nous a expliqués.
— Quelle technique utilise-t-il pour tatouer ?
— Une technique de tatouage traditionnel : le Tebori. Il implante une aiguille au bout d’un manche en bois qui canalise sa magie, et il la pique ensuite dans la peau pour réaliser le dessin. C’est le même principe que pour les moldus, sauf que grâce à la magie, c’est plus rapide.
— C’est douloureux ?
— Très ! A un moment j’ai même eu l’impression qu’on m’arrachait le bras… Celui qui voudrait se faire tatouer par ce Maître juste pour faire le beau, ne tiendrait pas plus d’un coup d’aiguille. Je fais le fier, mais crois-moi, c’est comme si des griffes s’enfonçaient dans ma chair chaque fois que le dragon essaye de se déplacer et ça n’est pas près de s’améliorer.
— C’est une bonne chose. Tu mérites de souffrir.
— Sympa…, grimace Teddy. Tu sais, Toichi-san dit que les tatouages suivent l’âme après la mort. Ils deviennent des guides de l’au-delà. J’aimerai pouvoir le croire.
— Il te guide vers où ?
— Vers ceux qui t’ont aimé ou un truc du genre…, murmure Teddy avec gêne.
— C’est normal que tes parents te manquent, tu ne devrais pas en avoir honte.
— Ce que je ne connais pas, ne peut pas me manquer Dom.
— Tu te voiles la face. Et jouer le clown auprès de tes amis ne t’aidera pas à surmonter ta peur.
— Mais Ryu m’aidera ! Et chaque fois qu’il voudra migrer en dessous de ma ceinture, précise le jeune homme avec un clin d’œil, je me rappellerai que la peur n’évite pas le danger. Que la douleur peut m’atteindre en toute circonstance.
— Très profond comme réflexion. C’est ce que tu vas expliquer à ta grand-mère?
— T’es dingue ! Pour elle les tatouages c’est de la scarification pure et simple. Si elle apprend pour mon tatouage, elle serait prête à me dépecer de sa propre baguette pour être sûre que j’en suis débarrassé.
— C’est normal. Elle veut être sûre que tu ne seras pas jugé, un tatouage peut-être mal perçu. Pour le moment, tu t’amuses avec tes amis, mais dans un contexte social plus large, quand tu devras postuler à des postes d’interprètes, crois-moi, ça aura son importance. Tant dans le monde moldu que sorcier ! Ça ne te dit rien la Marque des Ténèbres ? Beaucoup de gens associent encore les tatouages à cette époque, il y a de quoi y réfléchir à deux fois. C’est comme ici, au Japon les tatouages sont mal perçus à cause des Yakuzas.
— Et bla-bla-bla… Pour moi, ce qui compte, c’est ce que je ressens sur le moment, explique le jeune homme en se rapprochant de Dominique. J’avais besoin d’être rassuré, j’en avais vraiment besoin. Alors j’ai fait le grand saut…
— Tu réagis comme une tête brulée.
La distance qui les sépare à présent, nargue les règles de la bienséance. Ils respirent le même air, et Teddy l’espère, partagent les mêmes obsessions.
— Tu m’as embrassé le soir du Nouvel An, murmure le jeune homme alors que leurs nez se frôlent presque.
— J’étais ivre, il y avait du gui et personne pour nous espionner.
— On pourrait réessayer. Voir si la magie opère. Même maintenant qu’il fait jour et que tout ce monde est là pour guetter nos erreurs.
— Non, on ne peut pas.
— Et si je te dis que je t’aime ? dit-il sans rougir de son audace.
— Tu crois m'aimer parce que tu veux ce que tu ne peux pas avoir Teddy.
— Horimono !
Teddy et Dominique tourne la tête vers la voix qui les a interpellés. La bulle pleine d’interdits a éclaté et il découvre tout près d’eux un petit garçon habillé d’un t-shirt à rayure rouge et noir qui tient un cornet de glace au chocolat. Sur sa tête trône un petit chapeau de paille et sur son visage, s’affiche la surprise et l’inquiétude, tandis que son doigt pointe le bras de Teddy. Une vieille femme protégée par un parapluie courre après lui et l’attrape par les épaules. Elle le réprimande sévèrement avant de se tourner vers les deux amis :
— Gomenasai. Gomenasai*, dit-elle tout en faisant des courbettes.
— Demo, Obâchan*…
Le jeune garçon n’a pas le temps d’ajouter un seul mot, car la vieille femme le tire de nouveau dans la foule. Ne reste plus que sa glace entamée qui dégouline sur la pierre chaude.
— Tu crois qu’il a vu mon tatouage ? panique Teddy, tout en vérifiant que son Dragon est toujours bien caché sous sa manche.
— Détends-toi, c’est qu’un gamin. Personne ne le prendra au sérieux.
— On ferait quand même mieux de rejoindre les autres…
Au même moment, Ian apparaît avec une glace pilée dans chacune de ses mains. Il tend un des pots à Dominique, non sans en profiter pour frôler ses doigts au siens, ce qui n’échappe pas à Teddy.
— Hey, pourquoi t’es aussi pâle ? demande Ian.
— Figure-toi que notre courageux Teddy s’est fait une petite frayeur, se moque Dominique. Dommage que son Ryu n’est rien pu faire pour lui !
— Ryu ? C’est qui ça ? l’interroge Ian.
La rousse lui explique la symbolique des dragons et les deux étudiants échangent un rire complice, ce qui déplaît à Teddy. Pourquoi s’amuse-t-elle à flirter avec cet idiot, en allant jusqu’à dévoiler ses secrets les plus intimes ? Il verrait bien son poing sur sa face de mulot à ce guignol. Teddy ne voulait pas de lui, mais un de ses amis a eu la bonne idée de l’inviter. Et le voilà qui essaye de lui voler sa proie. Tantôt à aider Dominique à descendre du métro, tantôt à lui chuchoter des choses à l’oreille. Et elle qui rit de ses messes basses ! Elle devrait être hermétique à ses avances, au moins en sa présence. Mais le jeu se poursuit, chaque seconde de leur coexistence fait partie d’une bataille et Teddy se demande s’il aura les épaules assez solide au final. Chaque coup lui fait perdre un peu plus de sa dignité. Il est allé jusqu’à se parjurer en avouant ses sentiments à Dominique. Il se rappelle les mêmes promesses dites au creux du cou de Victoire. Il sait qu’il manque de crédibilité, mais son manque de moral l’a devancé comme souvent.
Les autres membres du groupe les rejoignent, et Victoire lui donne le pot de glace qu’elle a acheté pour lui.
— Tu n’as rien pris pour toi ? s’inquiète Teddy.
— Nan ça va. J’ai pas très faim. Et puis la gastronomie japonaise ne me dit rien…
Il sait qu’elle n’a rien avalé de la journée, et à cette idée, un nœud se forme dans son ventre.
— N’importe quoi. Tiens, on va partager, dit-il en lui offrant une cuillère de glace pilée.
En voulant éviter la bouchée, Victoire renverse la moitié de la glace sur son t-shirt. Alors que sur le tissu une tâche rose s’étale, elle rit avec Teddy de cette maladresse. Et c’est comme s’ils avaient fait un bond dans le passé. Le couple idyllique est réuni pour un show privé sous le soleil d’un pays qui n’est pas le leur. Ils rient si fort que ça en devient absurde. Mais, seul Teddy a conscience que ce manège n’est que mise en scène. Sans s’en rendre compte, le jeune homme cherche le regard de Dominique. Quand enfin elle daigne regarder dans sa direction, c’est la culpabilité qui ressurgit et se matérialise en un mur fait de non-dits et d’envies. Pourtant, dans cette partie sans gagnant, Teddy a décidé d’abattre ses dernières cartes. Il passe son bras autour des épaules de Victoire, sans briser le contact visuel avec sa sœur cadette. Il l’a perdue d’avance, mais il n’est pas prêt à déclarer forfait. Tant que la partie se poursuit, persiste l’illusion d’une corruption possible. Il sourit à la rouquine. Si la flatterie n’a pas fonctionné, alors la torture de voir sa sœur bercée par de faux espoirs sera peut-être plus convaincante.
De toute façon, si ça tourne mal, il sait qu’il ne sera plus seul désormais, car son dragon ne le quittera jamais. Il est condamné à être le témoin de toutes ses fourberies. La sensation de griffes qui lui enserre le cœur, a migré vers ses membres et érafle sa peau tout entière.
Pour les traductions :
*Pardon, pardon
*Mais, Mémé…
C'est peut être un peu long , peut être un peu bizarre comme vision de Teddy, mais c'est celle que j'ai. J'espère que vous avez passé un bon moment quand même. Je m'excuse pour la banalité dans le choix du tatouage, mais en pensant Japon, franchement j'avais cette idée de Yakuza qui se font tatoué tout le corps et tout ça, et voilà, ça a donné ce texte. même que ça vus donnera peut-être envie de vous faire tatouer un dragon.
Si cette vision désenchantée de la Next Gen vous plaît, je vous invite à aller lire Coccinelle qui est écrit du POV de Dominique et évoque la boulimie vomitive de Victoire. Dans le même registre, Bevy a écrit de supers textes à ce sujet, je vous les conseille.
Surtout n'oubliez pas d'allez lire les autres participations au concours ! :D
A bientôt