Sirius entend l'agitation du dessous. C'est rare, le manoir est souvent silencieux, un silence vertigineux qui pèse jusque dans sa chambre. Par moment, il s'efforce de ne pas s'agiter, lui non plus, pour respecter la logique des lieux (des Dieux ?). Il redoute de briser le silence.
Il entend des cris, parfois, il ne sait pas d'où ils viennent.
Il entend, au fond de lui, une voix pleine de révolte qui l'incite à tout taire et tout cacher. Un lourd secret enveloppe le manoir, c'est pour cela qu'ils sont si discrets. Il l'a compris tout seul.
Il entend rarement son père qui marche, pour passer de la chambre au bureau, sans jamais dévier ; quant à sa mère... grand mystère.
Puis, des gens se confinent au rez-de-chaussée - il n'est pas invité - Sirius descend, et il entend, à nouveau, des mots ici et là, jusqu'au moment où l'elfe le trouve. Ce sont simplement des bribes de conversation qui indiquent que la situation est grave, ils parlent de mort et de pouvoir, de crâne et d'argent, d'enfants et de mouchoirs. Il ne comprend pas tout, les mots ne sont pas destinés à ses oreilles, peut-être même qu'il les interprète mal, que ce sont d'autres mots qui sont prononcés et qu'il les transforme en ceux, plus familiers, qu'il connaît. L’elfe fait cesser toute recherche de vérité.
Il entend sa mère lorsqu'elle s'adresse dans le vide. Il entend ses supplices et ses plaintes. Il s'efforce de les étouffer en agissant correctement, mais ce n'est jamais suffisant. Alors les plaintes reprennent, lui, les entend.
Sirius sent. Il y a des odeurs qui sont plus glaçantes que les autres. Il ne sait pas d'où elles viennent, ce qu'elles signifient, ni si elles lui sont destinées, s'il est le seul à les distinguer ; personne n'en parle.
Il sent l'odeur de sa mère lorsqu'il la croise, parfois, il se love contre son corps, et alors le parfum de sa poitrine suffit à chasser l'autre, effrayante.
Il sent l'adrénaline chaque fois qu'il s'aventure dans les différents couloirs, il ne devrait pas être là mais sa curiosité s'en moque.
Il sent que quelque chose ne tourne pas rond, ici, mais c'est son foyer, alors il déambule pour oublier. Il s'enfuit chez Regulus et, son rôle l'exige, il prétend.
Sirius voit...
Il croit voir. Ce n'est jamais la réalité. Ce sont des rêves, des cauchemars, parfois, une tête difforme qui se penche sur lui, il était sur le point de s'endormir. Il voudrait hurler mais c'est l'elfe de maison, cela ne justifie pas de cris. Il lui ordonne de partir. L'elfe dit qu'il doit vérifier que tout est en ordre. Sirius le laisse agir. Il ne le regarde même plus. L'elfe est bizarre, il l'a toujours été.
Il croit voir sa mère. Il ne sait plus si c'était elle, à l'époque, il y a fort longtemps. Elle lui avait souri. C'était cette image, bien ancrée dans son esprit, qui aujourd'hui l'incite à l'espérer près de lui.
Il croise l'armoire du deuxième étage, lors de ses déambulations quotidiennes. Il l'évite car l'armoire est vivante, il le sait, elle n'a pas de bonnes intentions. Il se demande, quelle est cette porte, à côté de l'armoire, que renferme-t-elle, pourquoi n'y est-il jamais entré. D’ailleurs, pourquoi n'est-il jamais entré dans certaines chambres ? Ce Manoir qui est le sien et qu'il connaît si mal... Ses propres frustrations, il y a la mère d'abord.
Il angoisse d'être là mais c'est son animation journalière d’explorer l'appartement, alors il y retourne, malgré lui. Bien sûr, le deuxième étage, il veut toujours l'éviter. Ce n'est pas chose aisée quand il faut se divertir.
Il voit si distinctement cette porte qui semble lui parler. Viens, lui dit-elle, entre. Il avance. Vers cette chambre que rien ne trahit. C’est d’elle que vient le bruit, ou de l’armoire.
Sa mère est derrière lui.
— N'ouvre pas cette porte, je le dis pour ton bien.
Elle le prévient, sèchement.
Il retourne toujours bouleversé de ses expériences du deuxième. Un frisson lui parcourt l'échine quand il y repense, qu’y a-t-il, cette chambre l'appelle aussi vivement qu'elle le repousse. Même dans ses rêves, elle impose sa présence. La porte s'ouvre, il se dirige à l'intérieur, et c'est toujours un vide démesuré qui le réveille.
Il sait qu'un jour il ira. Il est obligé. Mais pas maintenant, lui souffle sa conscience, et elle a certainement raison.
Un jour, il ouvrira la porte et il découvrira la vérité. Même si c'est pour son mal, comme le dit sa mère. Sans même la connaitre, il la déteste déjà.
Sirius entend, sent, voit, ou du moins croit entendre, sentir, voir cette maison. Chaque pièce est un puzzle qu’il faut identifier pour soulager sa conscience. Quel grand secret renferme l’ensemble ?
Car il y a un secret. C’est ce que veut dire le silence.
Et puis… Il y a des fantômes aussi. Il en est persuadé. Il a vu, ou cru voir, une moitié de femme, un jour, au fond du premier étage. Elle ne portait qu'un foulard pour se protéger, ses seins étaient très légèrement dévoilés, et elle est partie.
Il a voulu en faire part à ses parents. Finalement, il a pensé que c'était tabou, comme tout le reste ; le silence du Manoir, ses chambres interdites, ses odeurs inconnues...
Il grandira et il saura. C'est ce qu'il se dit.
Cela n'y change rien, dans le fond, qu'on le prenne pour un fou ou non, il sait qu'il y a un fantôme qui se ballade dans le manoir, peut-être même plusieurs, et que ce sont eux qui font la loi ici, qui imposent le silence.
COUP DE CŒUR DES BLEUES : Que ça fait plaisir de lire des histoires sur des familles qui s'entendent à merveille et pour lesquelles tout se passe pour le mieux !
Hey !
Après un long moment d'absence, je vous retrouve avec cette nouvelle histoire qui fera je ne sais pas encore combien de chapitres à vrai dire, centrée sur Sirius (évidemment !), mais plus largement, cette fois, sur la famille Black (même si c'est quand même très focalisé sur Sirius, je préfère prévenir, presque tout sera de son point de vue. Et Walburga, oui, oui, oui, comment m'en passer ?).
J'ai choisi un style totalement différent (à part, peut-être, de Sirius Black et l'armoire verte, justement), puisque cette histoire est plutôt "baroque" on va dire. J'ai essayé de prendre la direction d'un thriller familial, mais je ne suis pas certaine du résultat, car, je vais être honnête, j'écris au jour le jour, mais je fourmille d'idées ! D'ailleurs, j'ai écrit ce chapitre tout à l'heure, presque d'un coup, et je n'ai pas souhaité le reprendre de peur de perdre le ton général (qui est important !).
Ce chapitre est une sorte d'introduction, pour présenter l'ambiance du Manoir. Dedans, Sirius est très jeune, il doit avoir cinq ans. Vous verrez que la suite n'aura aucun rapport, il s'agira surtout de dialogues, du dynasmisme de la famille en elle-même, on ne parlera plus des mystères qui planent ici.
Au-delà de ça, je tiens à vous dire - pour ceux que ça intéresse - que je suis très contente parce que je n'avais plus touché à la fanfiction depuis bien longtemps. C'est une review qui m'a fait replonger dans cet ancien vice. Je l'ai reçue il y a trois jours, et hier, j'ai décidé pour de bon de m'y remettre. Enfin, ce matin, en me réveillant, une multitude d'idées a envahit mon esprit. Cela faisait si longtemps que je n'avais pas eu un élan d'inspiration aussi fort, je n'ai pu penser à rien d'autre qu'à cette histoire, tout le long de mon stage, je ne faisais qu'écrire des extraits, sans m'arrêter. C'est aussi pour cela que je poste aussi rapidemment, je suis dans une excitation qui m'empêche de prendre mon temps. J'espère que ce sera quand même à un niveau acceptable et que je ne vais pas vous décevoir :)
Les Black sont fascinants. Surtout la famille de Sirius à vrai dire, je suis beaucoup moins friande de ses cousines. Je trouve qu'il y a tant à dire sur eux, mais le plus difficile, dans cette entreprise, est de rester dans la subtilité. J'ai passé ma journée à me renseigner sur leur sujet, et, en faisant certains liens, on arrive à des choses passionnantes. J'espère pouvoir les conter, j'espère avoir le talent suffisant pour exprimer mes idées.
Enfin, je tenais à remercier grandement Chouette, l'auteure de la fameuse review qui m'a donné envie de poster ici à nouveau. C'est pour ces raisons que, tout naturellement, je lui dédie cette histoire, en espérant très sincérement qu'elle va lui plaire.
Et bien, il ne me reste plus qu'à vous souhaiter une bonne lecture !
N'hésitez pas à me donner votre avis, n'ayez pas peur, je ne mords pas (ou à peine :mg:)