Les petits cris des souvenirs dans ma tête sonnent, détonnent, à l'unisson. Les furtives images des émotions tournent, retournent, s'en vont. Sur un chemin bien noir, où les cailloux et les pierres font saigner mes passions.
Immobile dans cette immense plaine, je suis vide de sens, évidée, esseulée. Les ombres jouent et me mangent, me dévorent, et je m'allonge. La mer au-dessus de moi, calme, violente. Les vagues me secouent, et je tremble.
Il est temps d'ouvrir les yeux, de cligner de l'esprit pour y voir un peu moins sombre. Nouveau jour, nouvelle heure, nouvelle seconde.
Tiens, aujourd'hui on mange des concombres. Je tends les mains, la main, pour attraper la baguette, la fourchette. Je la plante dans l'assiette, puis la porte à mon nez, ma bouche. Je surprends un sourire satisfait. Vite effacé par des immenses pieds qui viennent me piétiner les reins, les yeux, les seins.
Je hurle, je pleure, je ris. On me couche, me borde, me rassure. J'ignore, tempête, et m'endors. Feins de m'endormir. Ferme ces yeux qui ont été si durs à ouvrir. On s'en va, sur la pointe des pieds, et je reste là, vide de sens, évidée, esseulée.
Je tends les doigts vers les siens, il ne les saisit pas. Il est là, pourtant, à moins d'un mètre sur ma droite, dans un lit semblable au mien. Il dort peut-être. Tant mieux pour lui, les lianes et les griffes reviennent vite.
Son visage, doux, fin, presque enfantin. Ses cheveux, bruns, courts. Son rire qui résonne entre les murs de Poudlard. Tout s'envole aussi vite que c'est apparu, et j'ai beau lever les mains, rien ne reviendra. Juste reste cette impression de sentiment, cette douceur qui va qui vient, cette émotion que je n'arrive plus à nommer.
Qui est cet inconnu, à ma droite, qui dort dans un lit ?
Les vagues me ravalent, et je me perds dans l'océan, jusqu'à ce que le manque d'air m'oblige à hurler. Ils sont là, autour, agités. M'apaisent, me calment, m'endorment. Croient m'endormir.
On ne dort jamais, les petits cris ne cessent de résonner.
Puis un autre entre, visage flou, voix qui grésille. Il me dérange, ils me dérangent, les vagues les balaient lorsque je ferme les yeux.
Mais l'autre n'a pas bougé. Je le sens, tout près de moi. Il parle, je crois. Peut-être à moi. Mais ses mots se perdent dans la forêt, certains s'arrêtent même à la lisière. Les vagues et les ombres m'ont laissée, alors je desserre les paupières, intriguée.
Il a des larmes plein les yeux, est-ce que ce sont des yeux ? On dirait les vagues, qui reviennent brusquement. Je n'ai pas envie, pas maintenant. Alors, je prends son pied, sa main, et le fixe avec insistance. Il semble ému, et baisse la tête. Les vagues ont disparu.
Petit bébé, blond, yeux bleus. Pyjama à rayures. Grosse tête. Joli sourire. Un mot, un nom, prend forme, les lettres s'assemblent, mon cœur bat un peu plus fort. Je l'ai sur le bout de langue, je murmure un peu, pour qu'il m'aide.
Il ouvre les yeux, mais les vagues me submergent. Peine, terreur, douleur. Résiste, l'Ordre va arriver, pense à lui, pense à ton fils. Endoloris, le mot résonne, les cris de souffrance redoublent, se mêlent avec ceux qu'il poussait lorsqu'il n'arrivait pas à dormir. Deux grands yeux cruels, une tignasse brune, une bouche tordue par la haine, qui ne cesse de crier. Pense à ton fils, mon amour, pense à lui.
C'est quoi, un fils ?
Les petits cris des souvenirs dans ma tête sonnent, détonnent, à l'unisson. Les furtives images des émotions tournent, retournent, s'en vont. Sur un chemin bien noir, où les cailloux et les pierres font saigner mes passions.
Bonjour !
Après une longue absence (blocage dans l'écriture, peu de temps, diverses obligations...), me revoilà ! Voici un tout petit OS, écrit impulsivement, mais qui, je ne sais pas pourquoi, compte vraiment pour moi.
Un immense merci à DameLicorne pour ses relectures, ses conseils, et sa patience (j'ai finalement choisi ce titre, mais c'est grâce à tes idées, car il en découle !) ! Vraiment, merci de tout coeur ! Merci également à toi Sun, pour ton oreille toujours attentive.
Enfin, merci à toi Fleur, parce que ce sont tes mots qui m'ont donné l'envie d'écrire de nouveau. Merci pour tout, pour cette fic extra que tu es en train d'écrire (Les Absents, allez vite la lire, c'est fantastique !), pour toutes tes gentillesses, merci d'être ce que tu es. Si nous n'avions pas échangé, et si tes mots ne m'avaient pas autant touchée, autant émue, si tu n'étais pas si extraordinaire, je pense que cet OS n'aurait pas vu le jour !
Je n'ai que des mots pour te remercier, alors voici ce petit texte, qui j'espère, saura te toucher !
Et voilà ! J'espère que ça vous a plu !
J'ai conscience que ce n'est pas très clair, alors quelques explications : il s'agit d'Alice, qui "de l'autre côté", sur "l'autre rive", vit, malgré tout. Elle en a peut-être l'air, mais en tout cas, je ne voulais pas qu'elle soit folle. Ce que je veux dire, c'est qu'il y a quand même un peu de logique, quelques souvenirs, des souvenirs d'habitudes peut-être, en elle. Elle reconnaît presque Neville, mais ce qu'elle a subit est plus fort. Condamnée à rester sur l'autre rive. Mais ce n'est que mon avis !
Merci beaucoup d'avoir pris le temps de lire !
Chouette.