Les personnages appartiennent à JK Rowling.
Bonjour :D
Voici le premier chapitre de ce two Shot écrit spécialement pour Hortensea. Je suis quelque peu sortie de ma zone de confort pour cette histoire, mais je suis contente d'avoir tenté d'écrire sur ce couple un brin atypique. J'espère que ce la vous plaira.
Bonne lecture
Son regard se posa sur la table de chevet sur laquelle trônait une pile désordonnée de parchemins. La jeune femme sourit devant cette montagne vacillante de documents, un élément qui lui rappelait un peu plus où elle se trouvait, sans qu'elle y croit complètement. Encore ensommeillée, elle attrapa le livre de Herbert Jones : De la nouvelle utilité des Runes Anciennes, et le plaça stratégiquement sur les parchemins afin d'empêcher leur chute imminente. Puis, elle s'assit sur le bord du matelas et s'étira. Elle se sentait tellement reposée. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas dormi aussi bien, sans un fantôme pour lui chuchoter des cauchemars. Car les regards vides des cadavres s'imprimaient douloureusement dans son esprit chaque fois qu'elle fermait les yeux. Souvent, même en plein jour, elle sentait la douleur d’un sort lui transpercer les chairs, lui rappelant la douleur de la torture…
On ne guérissait pas totalement de ce genre de traumatisme, elle en était bien consciente aujourd'hui. Elle qui avait toujours cru possible de tout réaliser par sa simple volonté, se rendait amèrement compte que la volonté n'avait aucun pouvoir face à ce maux. L'horreur de cette époque ne la quitterait jamais, peu importait les qualificatifs qu'on pouvait lui attacher : l'héroïne, la sauveuse, la brillante chef de cabinet, la lionne courageuse... Sa réussite professionnelle et personnelle ne suffirait jamais à effacer l'ombre qui lui tenait la main partout où elle allait. L'envie de s'enfuir et de tout abandonner l'avait souvent tentée. Il fut un temps, où elle rêvait de courir, courir, courir si loin que ses poumons brûleraient, que ses jambes se déroberaient, que l'air se changerait en poison et que son existence ne deviendrait qu'un souvenir. Elle voulait fuir les regards vides des cadavres, elle souhaitait s’évaporer en même temps que la culpabilité qui la poursuivait. Cependant, elle avait choisi la voie de la reconstruction et cela avait commencé en intégrant le Département de Régulation et de Contrôle des créatures magiques au lendemain de la Guerre. Ce poste l'avait aidée à recentrer ses priorités pour ne pas sombrer dans la folie.
La victoire n’avait pas engendré que du positif, et elle avait longtemps eu du mal à gérer sa nouvelle célébrité en tant qu’héroïne de guerre. Endosser un rôle de modèle n’était pas chose aisée. Comment s’accommoder d’un quotidien où l’on se sentait épié à chaque instant ? Ou bien jugé en permanence à chacune de ses décisions ? Ce n’était pas une place qu’elle avait désiré et elle n’avait pas été loin de craquer, mais ses responsabilités au Ministère avaient réussi à la distraire suffisamment pour étouffer ses angoisses.
Ce matin-là, ses idées noires s'étaient évanouies pour un temps. Elle ne pensait qu'au moment présent et à la chance qu'elle avait de connaître de nouveau le sentiment sécurisant de pouvoir compter sur quelqu'un. Elle enfila la robe de chambre bleu foncé sur laquelle étaient brodées les initiales « TN » et quitta la chambre. Dans la salle à manger, elle le trouva la tête posée au creux de sa main gauche et son regard d'un noir profond plongé dans le gros volume de Mille Traductions pour une Rune. D'autres livres étaient ouverts un peu partout autour de lui, si bien que le bois sombre de la table avait presque totalement disparu. Dans sa main, il tenait une plume avec laquelle il griffonnait sans cesse des notes sur un parchemin. Chaque fois qu'elle le voyait étudier, elle le trouvait si absent, complètement coupé du monde qui l'entourait. Il devenait inaccessible dans ce huis clos avec lui-même. Si proche physiquement et pourtant si loin du présent. Hermione se demanda si c'était la même impression qu'elle donnait quand elle-même étudiait alors qu'elle se dirigeait vers la cuisine, prenant garde de ne pas le déranger sa concentration. La bouilloire était encore en train de siffler doucement la Sonate au clair de Lune, son air préféré de Beethoven. Elle se servit une tasse de thé et continua d'observer en silence son ami.
Il était encore en pyjama, celui avec des rayures bleues et blanches. Il était si grand et si mince, que le pantalon remontait haut au-dessus de ses chevilles, laissant apparaître ses longs pieds osseux. Sa main aux doigts délicats, continuaient de faire crisser la plume sur le papier. Seule preuve de la véracité de son existence, maintenant, avec elle, à cet endroit précis. Parfois, Hermione avait du mal à croire qu'elle avait succombé aux charmes de cet ancien ennemi. Elle se rappelait la première fois qu'elle l'avait revu. Du malaise qu’elle avait expérimenté face au jeune homme quand elle l’avait trouvé derrière le comptoir d’une boutique d’apothicaire dans l’Allée des Embrumes. Elle s’y été aventurée pour y récupérer en toute discrétion les ingrédients nécessaires à sa potion de sommeil sans rêve. En poussant la porte de cette boutique isolée, Hermione avait eu un mauvais pressentiment. Ce sentiment désagréable s’était accompagné d’une impression de déjà-vu lorsqu’elle avait croisé le regard du jeune homme. Son allure longiligne et impeccable, ses cheveux bruns strictement coiffés sur le côté et ses yeux noirs n’avait laissé aucun doute dans l’esprit d’Hermione quant à son identité. Il s’agissait bien de Theodore Nott.
Voir cet ennemi qui n’en été plus vraiment un, avait fait remonter tout un passé. La mémoire d’un monde où tout semblait plus réel, plus brillant. Elle n’avait pas beaucoup de souvenir de lui. Il n’était pas de ceux qui se donnaient en spectacle, même s’il n’avait pas hésité à se moquer d’elle en quelques occasions. Assez discret pour ne pas faire de vague, mais aussi assez Mangemort pour participer aux atrocités de la guerre de près ou de loin. Elle ne s’attendait pas à le revoir un jour, pourtant elle se doutait bien qu’il devait continuer à vivre quelque part. Certains Mangemorts avaient été complètement blanchis ou avait fait amende honorable. Ce jour-là, même si l’envie d’échapper à ses yeux scrutateurs l’avait tentée, elle ne s’était pas enfuie. Elle avait acheté ce dont elle avait besoin, non sans subir les taquineries de l'ancien Serpentard qui l'avait reconnue. Mais étrangement sans aucune animosité. Elle avait eu l'impression de retrouver un vieil ami, ce qui l'avait fortement déstabilisée. Finalement, elle était repartie sans que cette rencontre n'ait plus de conséquence. Mais, deux semaines plus tard, elle l'avait recroisé par hasard dans un pub londonien, alors qu'elle broyait du noir après sa récente rupture de fiançailles. Hermione avait été surprise de s'entendre aussi bien avec lui. Ils avaient bu ensemble et beaucoup discuté jusqu'à la fermeture. Puis il lui avait proposé de la raccompagner...
Et voilà qu'elle se retrouvait deux mois plus tard dans son petit appartement désordonné. Où les piles de livres décoraient le parquet et où flottait un mélange d’odeur de vieux manuscrit et d’encre, une odeur qu’Hermione ne pouvait s’empêcher d’adorer. Elle inspira profondément cet effluve si réconfortant avant de boire une gorgée de son thé.
— Tu devrais aller te préparer. Tu vas être en retard.
La voix grave de Theodore avait des accents détachés, encore trop absorbé par le paragraphe qu’il était en train de lire pour dénier saluer la jeune femme. Hermione s’était habituée à son manque de tact, mais elle dut tout de même faire un effort pour ne pas lever les yeux au ciel.
— Tu sais que les gens normaux disent « bonjour » avant toute autre chose ? lui fit-elle remarquer.
Theodore interrompit sa lecture et leva ses yeux vers la jeune femme.
— Bonjour, reprit-il.
— C’est mieux, sourit Hermione, tout en s'installant près de lui.
— Tu vas être en retard, dépêche-toi.
— Je crois que je ferais mieux de ne pas y aller...
— Tu crois ça ?
— Oui. Je n’ai pas envie de gâcher l’anniversaire de David.
— Dis plutôt que tu as peur, rétorqua froidement Theodore.
— Tu sais que les hommes normaux traitent leur petite amie avec plus de compréhension et de douceur ?
— Tes parents finiront bien par comprendre tes choix, et s'ils n'y parviennent pas, tu n’auras qu’à te dire qu’ils sont idiots.
— Theo !
— Tu as agi dans leur intérêt, s'ils sont assez têtus pour te le reprocher toute ta vie, c'est qu'ils n'ont rien compris. On fait tous des erreurs, il faut juste apprendre à vivre avec. Et puis ton frère sera déçu si tu n'y vas pas.
Hermione sentit son cœur se serrer tout à coup. Theodore n'avait pas tort, elle était effrayée. Comme à chaque fois qu'elle devait être confrontée à ses parents, elle craignait d'apercevoir dans leurs yeux de la déception. Ils n'avaient jamais accepté le choix de leur fille d'effacer leur mémoire. Même si son initiative visait à les protéger, ils lui en voulaient de les avoir mis à l'écart, d'avoir modifié leur vie aussi radicalement sans leur accord. Ils considéraient qu'on leur avait volé une partie d'eux-mêmes. Une partie de leur existence s'était envolée temporairement, alors qu'une nouvelle s'était construite à Sidney. Ils avaient eu de nouveaux amis, avaient vécu de nouvelles expériences, avaient eu un fils... Et du jour au lendemain, ils s'étaient souvenus des parties manquantes du puzzle. Une confusion irrémédiable avait parasité leur conscience. A la fois soulagés de retrouver leur fille et profondément blessés d'avoir été manipulés. La jeune femme partageait cette dualité, elle avait du mal à imaginer ses parents vivre si paisiblement sans elle. Elle en arrivait même à penser qu'elle aurait peut-être mieux fait de ne jamais briser l'enchantement. Sans doute était-elle trop égoïste pour cela, car ses parents lui manquaient trop à l'époque et elle n'avait pas imaginé que ce sacrifice aurait pu effriter définitivement le lien qui les avaient toujours uni. A présent, David allait avoir cinq ans, et Hermione l'adorait, même si au début, elle lui en avait voulu d'exister, de l'avoir remplacée. Mais aujourd'hui, il était la raison qui maintenait leur famille unie. Il serait vraiment déçu de ne pas la voir à sa fête. Elle n'avait pas vraiment le choix, elle devrait donc affronter le regard accusateur de son père et de sa mère.
La jeune femme observa un instant son amant. Il était brusque et direct. Jamais il ne prenait la peine de mettre des filtres à ses pensées. Il n'avait pas peur du qu'en dira-t-on, les gens pouvaient bien penser ce qu'ils voulaient, il restait imperméable à leurs attaques. Elle avait l’impression que son franc parlé transperçait toutes ses défenses. Il ne lui cachait rien. Son honnêteté allait jusqu’à reconnaître d’avoir mal agi, mais ne le regrettait pas pour autant, il assumait ses actes. Il s’était construit à partir de ses erreurs, et ne les subissait pas. Il n’avait jamais prétendu avoir été un modèle durant les heures sombres qu’ils avaient vécu, car il refusait de se dérober face à ses responsabilités. Ses erreurs faisaient parties de lui. Elles avaient participé à construire ce Theodore qu'Hermione avait appris à apprécier. Au point qu'elle ne pouvait plus se passer de lui. Et cela commençait à l’inquiéter. Une petite voix tentait de se faire entendre au fond de son cœur pour la mettre en garde.
Elle avait trop souffert de la lente séparation qui s’était opérée entre Ron et elle. Ron avait choisi d’ignorer le désir de changements de la jeune femme. Il avait préféré noyer son traumatisme dans une routine assassine, et s’était attendu à ce que l’ancienne Gryffondor partage son état d’esprit. Cependant, Hermione avait choisie d’avancer, elle n’était plus une adolescente. La guerre les avait tous changé, même si Ron refusait de le reconnaître. Doucement, ils avaient emprunté des chemins différents, et même si l’attachement était toujours fort, Hermione savait que pour survivre, ils devaient continuer chacun de leur côté. Ce qu’elle n’avait pas anticipé c’était à quel point la séparation serait douloureuse. C’était comme si elle s’était amputée d’un membre. Ron avait toujours été là. Il avait occupé si longtemps une place importante dans sa vie et dans son cœur, qu’avancer sans lui paraissait insurmontable. Cependant, la solitude qui l'avait enserrée jusqu'à l'en étouffer, s'était évanouie dès lors que Theodore l'avait écoutée, lui avait tenue la main, l'avait embrassée, lui avait fait l'amour.
Ils avaient été une distraction l'un pour l'autre. Lui-même venait de vivre des épreuves difficiles. Le suicide récent de Blaise l'avait profondément affecté. Bientôt se tiendrait le procès en dernière instance de Drago. Il refusait d'admettre que ce nouveau procès lui pesait, mais Hermione voyait bien les efforts qu'il déployait pour ne pas se démasquer. Il existait une règle tacite dans leur relation, une seule et qui semblait bien illusoire : ne jamais poser de question. Cependant, plus le temps passait et plus Hermione avait du mal à cacher sa curiosité. Pour elle, ce qui était censé n'être qu'une passade, un moyen de reprendre sa respiration avant de replonger dans le vide, lui était devenu vital.
— J'ai quelque chose sur le nez ? demanda Theodore en se frottant l'arête du nez du bout de ses doigts fins.
— Non, sourit Hermione. Ton nez est parfait.
Elle embrassa tendrement le bout de son nez. Elle avait besoin d'un contact physique, comme pour se réassurer de la substance de ce moment. Chaque fois que la réalité paraissait trop irréelle, elle aimait lui prendre la main, sentir ses bras autour d'elle quand ils dormaient ensemble, enfouir son visage dans son cou et sentir son parfum unique ou tout simplement le regarder étudier et partager le même oxygène. Cette mauvaise manie, aurait dû la faire paniquer, mais c'était plus fort qu'elle. Elle avait besoin d'être près de lui chaque fois qu'elle doutait de ses propres sensations. Grâce à ce rituel, elle se sentait apaisée. Réellement apaisée.
Un cliquetis sur la vitre de l'appartement, attira leur attention. C'était le hibou postal qui souhaitait se mettre à l’abri de l’hiver. Hermione se leva et laissa le rapace entrer. Elle récupéra la Gazette qu'il venait livrer, glissa les cinq noises requises dans sa bourse et lui offrit quelques graines. Il ulula un bref remerciement avant de repartir sous la neige. Après avoir refermé la fenêtre, Hermione resserra le peignoir autour d'elle avant de retourner s'asseoir près de Theodore. Elle commença à déplier le journal et le regretta aussitôt. En première page s'étalait une photo représentant une armée d'elfes de maisons en body. Chaque costume ridicule était à l'effigie de la jeune femme.
— C'est pas vrai ! s'exclama Hermione.
— Quoi ?
— Regarde ce qu'ils ont osé faire ! dit la jeune femme en tendant le journal à Theodore.
Il eut du mal à cacher son hilarité face à ce défilé peu ordinaire.
— Tu aurais pu leur tricoter des moufles quand même, il fait si froid cet hivers, se moqua-t-il sous le regard sévère d'Hermione.
— Ils ne me laisseront jamais en paix. Depuis que ce décret de libération a été promulgué, tout est prétexte pour me rendre hommage. Cette fois, ils sont allés trop loin, je... Arrête de rire comme ça ! s'agaça-t-elle avant de lancer le journal sur l'ancien Serpentard.
— Excuse-moi, parvint à dire le jeune homme entre deux éclats de rire. Mais tu connaissais les conséquences avant de t'engager. Tu n'as que ce que tu mérites.
— Si tu te mets de leur côté, alors je n'ai plus qu'à aller prendre une douche. Au moins l'eau chaude me réconfortera un peu, contrairement à toi.
Sur ces mots, Hermione le laissa seul.
Merci d'être passé par là ^^ J'espère que ma vision de l'après guerre vous a plu. Je pense développer tout ça dans une fic sur Lily Luna, mais c'est encore flou.
Je vous dis à bientôt pour le deuxième chapitre qui sera du POV de Theodore :)