“L’important ce n’est pas ce qu’on est à la naissance mais la façon dont a grandi par la suite” -Albus Dumbledore.
Chapitre 1 : Crocs contre crocs.
L'immense fenêtre filtre les rayons lunaire, teintant ma chambre d'ombres argentées, me rappelant tes yeux. J'ai toujours comparé ton regard d'argent à la lune, comme si tu en découlais. Où est-ce tout ce qu'elle représente ? Une sorte de lien entre nous. Nous sommes rattachés en quelque sorte à cet astre. Mes réflexions échouent encore sans l'ombre d'un doute vers toi.
Et c'est sans surprise que je tourne la tête vers la porte lorsque que je t'entends l'ouvrir, t'apercevant. Tes cheveux d'encre démesurément longs pour un homme, sont éparpillés de ça et là, soulignant la pâleur des tes iris grises. Je sais que j'y passerais bientôt ma main, lissant tes boucles souples. Tu es de ces beautés froides un peu abîmées et torturées, de celles qu'on préfère dépasser.
Tu es semblable à la neige, beau mais froid. Tu as cet air nonchalant bien à toi et ce sourire quasi cruel sur tes fines lèvres. Tu détiens le charisme si particulier des Black, entre beauté et folie.
La sauvagerie ombrage ton maintient aristocratique, car aristocrate tu l'es. Malgré tes efforts pour t'en éloigner. Le déni a toujours été ce qui te caractérisait le mieux. Tu as toujours été comme eux, tu es fait de la même chair, du même sang. Arrogance et désir de pouvoir, sont inscrits dans ton ADN, c'est viscéral.
Tu es construit sur les même fondations. De manière tempétueuse, ta noirceur t'affronte pour se dévoiler. Tu es l'un des leurs, Sirius, ne détournes pas les yeux. Quand viendra la limite ? Quand arrivera la rupture où le masque tombera pour te découvrir ?
Foutu Black que tu es, tes crocs dans ma chair, ta haine sur mes lèvres. Tes mains balayant négligemment mon visage, quand viendra l'assaut ?
Ton poids sur mes barrières, tout tangue. Ta voix est un ras de marée qui me submerge malgré moi. Gris perle sondant le bleu pur, joute infernale.
« _ Fenrir ? »
Je préfère fuir ton regard, car je n'y trouve pas les réponses que j'attendais tellement. J'aurais dû te tuer et ce, depuis longtemps, or, je n'en trouve cependant pas l'envie. Ta proximité se fait violence, mais ton absence me donne l'instable. Attraction mortelle. La douceur de tes mèches ébènes habille mon épaule alors que tu y loges ton fin visage. Je sens ton souffle frôlant ma peau me renvoyant des frissons. Comme une sensation de manque comblée après un long moment de privation. Tel une drogue. Tu es dépendance et poison.
Je n'esquisse aucun geste car je sais que lors d'un prochain affrontement je devrai t'achever. C'est écrit ainsi, il n'y a pas d'échappatoire à ceci. J'ai été marqué par le Seigneur Noir ce soir. Les erronés tels que moi on les abat, Sirius. Il n'y a pas d'avenir pour les lycans sous le règne du Ministère de la Magie. Avec lui non plus, mais je n'ai pas eu le choix. Toi et moi on le sait, on s'arrache, se saigne et on se soigne, comme une équation bancale. Le bleu de mes yeux vrille rageusement ton gris orageux, mais nos absences toxiques.
Tu glisses ta main le long de mon bras gauche, te stoppant sur mon avant bras. Je contracte les mâchoires de douleur. Sais-tu combien la pose de la marque est douloureuse ? Elle se nourrit de tes parts d'ombres pour s'inscrire dans ta chair. Simple miroir de tes horreurs. Et mon passé est un cimetière, à en frôler la folie. J'ai le profil parfait du bon mangemort, Sirius. Haine, violences et carnage sont au rendez-vous. Je suis le loup garou le plus connu pour ma cruauté. Je suis la pire des abominations qu'on ne demande qu'à supprimer. Comment as-tu pu te lier à moi ?
Toi qui est censé représenter le bien à l'état pur avec ce foutu clan sous le signe de l'oiseau de feu. Comment pourrais-tu soutenir ce symbole encré ? Je me crispe alors que tu agrippes le bord de ma manche, la soulevant doucement, comme redoutant ce que tu vas apercevoir. Mais tu sais aussi bien que moi qu'elle sera là, ignoble, sombre et sanglante.
Je sens ta respiration se bloquer, la voir n'a fait que renforcer le réalisme de la situation. Ta main tremble alors que tu l'approches de mon bras. Tu y passes le bout de tes doigts, récoltant le liquide carmin encore frais...
Puis, comme prévu, tu t'éloignes sèchement de moi, comme brûlé par la réalité. Et je ne fais rien. Rien pour te retenir, rien pour t'expliquer, car il n'y a rien à dire. Plus rien à dire. Tes grands yeux gris me fixent avec horreur et stupéfaction. Aurais-tu oublié qui je suis ?
Je ne peux que te regarder avec tristesse, tout ça était couru d'avance. On aurait été fous de penser que ça puisse marcher, qu'on aurait pu tenir. Et aujourd'hui je vois le paradis brûler.
«— Pourquoi ? »
Je n'essaye rien pour t'expliquer, car il n'y a rien à dire. Plus rien à dire.
« — Fenrir, pourquoi ? »
Ta voix s'est mise à trembler, je serre les dents. Je me sens blessé par le ton que tu emploies, car je t'ai fait du mal. Je l'entends, je le sens. Je sens tes émotions.
« — Je n'avais pas le choix, le Ministère m'aurait tué.
— Lui te tuera aussi.
— Effectivement.
— Alors pourquoi l'avoir laissé faire ?
— Par désespoir ?
— On aurait pu t'aider !
— Je suis un loup-garou, et un meurtrier de surcroît ! »
Tu recules sous la montée de ma voix, je préfère me taire. Il n'y a plus rien à dire. Je te vois hésiter, tes traits si fins se tordent. Puis sans m'y attendre tu reviens vers moi passant tes bras autour de mon cou.
Et tu tatoues ta folie à même ma peau, Sirius, lèvres contre lèvres. Rage contre rage. Impact entre haine et désespoir au milieu d'un océan de tourmente.
Je ne suis qu'ombre qui tend à disparaître, pour boucler le cercle. J'ai le besoin vital de me briser au sol, comme une raison de me retrouver, mais c'est toujours toi qui me relèves et qui me maintiens. Tu m'es vital.
Bleu contre gris, la haine bien encrée. Je souffle ton nom du bout de mes lèvres ensanglantées, pour te cracher mon attraction à ce qui n'est d'autre qu'un éclat de moi.
Comment en est-on arriver à s'aimer ?